Jean Ansar ♦
La fumisterie de l’art contemporain enfin dénoncée
Le palmarès cette année est bien meilleur que le festival lui–même. Même si on eut droit aux conformismes habituels sur la place insuffisante des femmes et la lutte des homosexuels, la grande récompense cette année a été iconoclaste. On passera donc très vite sur le convenu.
Nicole Kindman omniprésente – elle a monté trois fois les marches – a reçu le prix du 70ème anniversaire, créé pour l’occasion, ce qui est bien pratique. Cela n’enlève rien au prix mérité du film ou elle jouait, qui a remporté un prix du scénario « La mise à mort du grand cerf sacré ».
Nicole Kindman omniprésente – elle a monté trois fois les marches – a reçu le prix du 70ème anniversaire, créé pour l’occasion, ce qui est bien pratique. Cela n’enlève rien au prix mérité du film ou elle jouait, qui a remporté un prix du scénario « La mise à mort du grand cerf sacré ».
Le Grand Prix a récompensé un film français sur la lutte des homosexuels pendant les premières années sida. C’était le favori bien sûr de la critique française. Il ne pouvait en être autrement. Une femme a obtenu le prix de la mise en scène, une autre le co-prix du scénario. Les femmes étaient partout sur les plateaux de télévisions mais ce n’était pas encore suffisant pour Monica Belluci, maîtresse d’une cérémonie chaotique, qui n’a pu se passer d’un petit couplet féministe complètement éculé.
Le prix d’interprétation de Diane Kuger était mérité et encore plus celui du fantastique Joaquin Phoenix inoubliable Commode de Gladiator.
Mais l’événement c’est la palme d’or pour « The square ».
La bulle financière des nantis autour de l’art contemporain est enfin dénoncée avec talent dans un film qui s’écarte du politiquement correct comme rarement sur la croisette. Un film drôle et qu’il faut voir. Le jury a rompu avec un certain conformisme.
Christian est un père divorcé qui aime consacrer du temps à ses deux enfants. Conservateur apprécié d’un musée d’art contemporain, il fait aussi partie de ces gens qui roulent en voiture électrique et soutiennent les grandes causes humanitaires. Il prépare sa prochaine exposition, intitulée « The Square », autour d’une installation incitant les visiteurs à l’altruisme et leur rappelant leur devoir à l’égard de leurs prochains.
Le plus drôle est ailleurs.
Le petit monde de nantis dénoncé par ce film était là à applaudir la récompense qui se moquait d’eux. Ils sont la bulle. The Square, c’est ce qu’ils font tous les jours à Cannes, les fausses élites pseudo intellectuelles, friquées et larmoyantes. Ils sont les investisseurs de «l’art comptant pour rien ». Ce sont eux qui sont ridiculisés par cette palme d’or. L’ont-ils compris, si sûrs d’eux, si suffisants, ce n’est pas sûr.
La critique a été prise à contre pied, c’est bon signe. Bon signe aussi le nombre de films d’actions, policiers ou violents, qui va attirer un vrai public de cinéma.
Paradoxe, c’est au moment où le festival n’intéresse plus personne ou presque et surtout pas le public que le palmarès surprise de 2017 est le meilleur depuis bien longtemps. Il en faudra plus cependant pour réconcilier le festival avec le peuple des salles et la fracture avec les snobs et le petit monde médiatico-culturel des insignifiants suffisants de la croisette… insignifiants et suffisants comme l’art contemporain .
Palme d’or : “The Square” de Ruben Östlund
Prix du 70ème anniversaire: Nicole Kidman
Grand prix : “120 battements par minute” de Robin Campillo
Prix de la mise en scène : Sofia Coppola pour “Les proies”
Prix du scénario : “Mise à Mort du Cerf Sacré” de Yórgos Lánthimos
“You Were Never Really Here” de Lynne Ramsay
“You Were Never Really Here” de Lynne Ramsay
Prix d’interprétation féminine : Diane Kruger dans “In the fade” de Fatih Akın
Prix du jury : “Nelyubov” (Faute d’amour) de Kornél Zvyagintsev
Prix d’interprétation masculine : Joaquin Phoenix pour “You Were Never Really Here” de Lynne Ramsay