Nietzsche
et le nazisme
« L’homme
ne se sert de la raison
que
pour être plus bestial que la bête »
Goethe,
Faust,
Prologue
Les
exégètes français de Friedrich Nietzsche, avant la Grande Guerre,
ont fort bien compris qu’il était un paranoïaque au délire
littéraire particulièrement riche et brillant (Coll., 1997).
En
1901, le philosophe positiviste Alfred Fouillée a fort bien résumé
l’attitude mentale nietzschéenne qui est une reprise de ce que
l’on connaît des philosophes présocratiques (dont le philologue
Nietzsche était un spécialiste) : « L’athée
est celui qui n’adore que soi et se proclame l’unique… Le
système de Nietzsche revient à l’antique doctrine des deux
morales, l’une pour les forts et les maîtres, l’autre pour les
faibles et les esclaves »
(in Coll, 1997).
Contrairement
à tant de littérateurs frileux d’après 1945, les Français de
1914 n’auraient éprouvé aucune difficulté à établir la
filiation directe entre la doctrine hitlérienne et celle du
Nietzsche des années 1882-89, le Nietzsche de La
Volonté de Puissance
(paru après sa mort).
Vers
1895, dans une lettre adressée à André Gide, Paul Valéry fait de
Nietzsche « avant
tout un auteur contradictoire… un philosophe de la violence »
(in Gaède, 1960). Valéry et Nietzsche, c’est l’antithèse
irréductible du froid intellectuel, individualiste et délicieusement
petit-bourgeois, et du passionné, qui se présente en prophète
d’une grande aventure collective. Nietzsche, musicien (de petit
talent), perçoit l’homme comme l’incarnation d’une dissonance
(Gaède, 1960).
Depuis
1945, l’on ne compte plus les ouvrages ridicules où l’auteur se
contorsionne pour opposer la Weltanschauung hitlérienne aux textes
de Nietzsche. On y va du couplet sur Nietzsche le judéophile
(Münster, 1995), ce qui est pure absurdité, ou le « libre-penseur »
(Lance, 1992), ce qui est au mieux une banalité, Nietzsche étant à
la fois un penseur d’une originalité flamboyante, un psychotique
délirant et un ennemi acharné des sectes, notamment la maçonnique :
« Je
me méfie des libres penseurs comme de la peste »
(lettre de 1888, citée in Raymond, 1999).
En
1944, dans le cadre de la propagande de guerre made in USA, le
critique dramatique Ludwig Marcuse (à différentier de son homonyme
Herbert, le philosophe marxiste) cite quelques rares passages
philo-juifs et antiallemands de Nietzsche (en faisant abstraction du
contexte, ce qui est toujours une faute grave, particulièrement chez
Nietzsche dont la pensée évolue de lustre en lustre) et oppose
l’athée Friedrich au déiste raciste Adolf Hitler. C’est à la
fois puéril et cocasse. La seule véritable opposition entre les
deux hommes, que Marcuse n’a même pas été capable de relever,
tient à l’élitisme anti-plébéien de Nietzsche et à la ferme
volonté du Führer populiste d’élever le niveau intellectuel de
son Volk.
En
1972, lors d’un colloque d’ambiance très parisienne – soit un
mélange de mièvrerie, de gauchisme et de fausse subtilité énoncée
en un langage abscons -, un seul homme, Norman Palma, eut
l’intelligence et le courage de se moquer des précieux ridicules
nietzschéens d’après 1945, qui ont torturé les textes de
Friedrich et tronqué leurs citations pour tenter de faire de leur
idole « un
grand homme de la liberté ».
« Il
semble qu’on ait tout simplement oublié que la vision du monde de
Nietzsche s’est actualisée dans la réalité de l’Allemagne
nazie »
(Norman Palma, 1973).
L’on
va tout à tour, dans ce chapitre, envisager la soi-disant
germanophobie et la non moins mythique judéophilie de Nietzsche, son
mépris très réel des morales platonicienne et chrétienne, qui ne
sont nullement comparables, contrairement à ce qu’il pensait,
enfin sa conception de l’humanité et sa nécessaire évolution
vers une Surhumanité.
Bien
qu’il nie toute valeur à la philosophie optimiste et niaise des
romantiques, Nietzsche s’exprime comme eux. Ce n’est ni un auteur
classique ni un moderne, mais un auteur lyrique et romantique, gavé
de Shakespeare, d’Hölderlin, d’Heinrich von Kleist et de Byron.
Traduire le maître-livre de Nietzsche, Volonté
de Puissance
– en réalité composé de bric et de broc après sa mort par de
pieux exégètes - tient de la gageure : ou l’on suit mot à
mot le texte (ce fut le cas de Geneviève Bianquis en 1935) et il
devient quasi-illisible pour un esprit français nourri de
‘’Voltaire’’ et de Diderot, ou l’on l’adapte à la clarté
française (comme l’a fait Henri Albert, pour la réédition de
1989) et ce texte fondamental devient abordable.
La
soi-disant haine nietzschéenne du germanisme est une invention
d’auteurs germanophobes, durant et surtout après les guerres
mondiales, qui ont fort mal étudié les variations complexes de leur
héros, de 1866 à la fin des années 1880.
En
1883, lassé d’être méconnu en terres germanophones, alors qu’il
commence à percer en France, Nietzsche se laisse persuader par un
faussaire polonais que l’un de ses grands-pères aurait été un
noble polonais, nommé Nietzsky, sur lequel il délire dans Ecce
Homo.
En réalité, Max Dehler, cousin germain maternel de Friedrich, a
établi une étude généalogique fort poussée de la famille, d’où
il ressort que les deux lignées du philosophe (celle des Nietzsche
et celle des Oehler) sont allemandes (Saxonne, pour la lignée
paternelle) depuis au moins le XVIe
siècle : des pasteurs, des enseignants et des fonctionnaires du
côté paternel, des pasteurs et des bouchers du côté maternel
(Blunck, 1955).
Au
printemps de 1866, lors de la guerre qui oppose la Prusse à la Saxe,
au Hanovre et à l’Autriche-Hongrie, Friedrich soutient la Prusse
(comme le prouve sa correspondance, in Blunck, 1955). En 1867-68, il
est cavalier au 4e
Régiment d’artillerie de campagne de Prusse et s’y sent très
heureux, même si un coup de sabot de cheval lui vaut un abcès de la
paroi thoracique. En 1868, il écrit de Bismarck : « Je
lis ses discours comme je boirais un vin capiteux »
(Blunck, 1955). C’est pour devenir professeur à l’Université de
Bâle qu’il renonce à la citoyenneté prussienne en avril 1869,
devenant citoyen helvétique, mais, en 1870, il s’engage comme
auxiliaire étranger dans l’armée prussienne, où il est employé
comme infirmier (Blunck, 1955).
Certes,
il écrit, en janvier 1869, lorsqu’il est pressenti pour le poste
de Bâle, qu’il « a,
en gros, de la sympathie pour la grandeur croissante de l’Allemagne,
mais aucune tendresse pour sa forme prussienne »
(Bianquis, 1959), mais il correspond avec le Pr Johannes Stroux de
Bâle, connu pour sa haine des Prussiens. En 1871, il oppose
« l’héroïsme
allemand à l’aplatissement franco-juif »
(correspondance citée in Baroni, 1975) et salue (in Introduction
à la Naissance
de la tragédie) :
« l’actuelle
gloire du nom allemand ».
En 1885 (dans un fragment publié ultérieurement dans Volonté
de Puissance),
il écrit des Allemands qu’ils « ne
sont encore rien… mais deviendront quelque chose de grand ».
En 1887, dans un fragment qui ne sera publié qu’après sa mort, il
écrit « Haendel,
Leibnitz, Goethe, Bismarck [sont]
caractéristiques de la forte espèce allemande »
(cité in Liebert, 2000).
Dans
ses cinq conférences bâloises consacrées à « L’avenir
de nos établissements d’enseignement »
(de 1872), puis ses quatre Considérations
inactuelles
(ou intempestives, comme l’on veut), écrites de 1873 à 1876,
Nietzsche, très fâché du fiasco éditorial de sa Naissance
de la tragédie
en terres germaniques, alors que le livre a été élogieusement
commenté en France, se dit offusqué de « l’esprit
triomphant allemand »
et salue la civilisation française où l’on sépare fort bien la
culture de l’art militaire, omettant de déplorer l’aveuglement
des élites françaises qui négligent la technologie, singulièrement
celle de la construction de fusils et de canons à longue portée.
Il
a raison de s’attaquer au formalisme de l’enseignement des
humanités, où l’on s’intéresse davantage à la forme des
écrits qu’à leur contenu, où l’on n’apprend pas aux
étudiants à développer leur pensée propre, mais ceci n’est
nullement spécifique de l’enseignement germanique. On peut
accepter ses idées sur la nécessaire éducation physique des
étudiants, à l’imitation des antiques Doriens (il y reviendra
dans Volonté
de Puissance),
mais il omet de préciser que cette éducation est déjà bien plus
poussée dans l’enseignement secondaire allemand qu’en France.
Il
ironise, dès cette époque, sur l’Allemand, « Philistin
de la culture »,
omettant de citer sa source, Clemens Brentano, qui jamais ne fit de
la cuistrerie une spécificité germanique. En critiquant vertement
David Strauss, qui n’aime pas les écrits de Nietzsche, Friedrich
apure des comptes personnels, faisant le procès des critiques
littéraires, qu’il étend de façon grotesque à l’ensemble des
lecteurs du IIe
Reich.
En
1888 (cela fait quatre ans déjà qu’il doit publier ses livres à
compte d’auteur, in Favrit, 2002), il reproche aux Allemands « de
perdre leurs vertus viriles »
au profit de la culture intellectuelle (in Crépuscule
des idoles,
un titre wagnérien). Il ajoute : « l’Allemand
est dépravé par deux grands narcotiques : l’alcool et le
christianisme »,
ce christianisme qui a rendu mous, bonasses et repentants les
« nobles
Germains… superbes bêtes blondes ».
Ce qu’il reproche à Bismarck, ce n’est nullement sa politique
expansionniste des années 1864-71, ce sont ses lois sociales et la
domination du négociant et du parlementaire dans un « régime
d’épiciers »
(Volonté
de Puissance,
VP
pour faire simple).
Il
est ridicule d’accuser Schopenhauer d’avoir inculqué à
Friedrich l’idée de l’inégalité fondamentale entre les humains
(Goyard-Fabre, 1977) : Arthur ne faisait qu’énoncer une
évidence et semer sur un terrain très réceptif. Déjà, lorsqu’en
1873, Nietzsche s’en prenait à David Strauss, il vitupérait les
idées de « justice,
égalité, liberté »
envisagées comme « la
grand-route de l’avenir ».
Le libéralisme et le christianisme sont pour Nietzsche les deux
composantes du « nihilisme
européen ».
De 1880 à 1888, il se présente comme un « médecin
de la civilisation »,
voué au « renversement
des valeurs morales »,
pour éviter d’en arriver au « dernier
homme »,
l’esclave-type, entièrement dévirilisé, moralement nivelé, en
résumé au bisounours décérébré de la propagande mondialiste du
XXIe
siècle.
Dès
1862, Nietzsche s’est dégagé « des
illusions, produits d’un âge infantile des peuples »,
c’est ainsi qu’il désigne la croyance en une divinité bonne et
bienfaisante (in Premiers
écrits).
En 1871, il s’attaque à l’optimisme de la philosophie socratique
et platonicienne du Bien et du Juste, la rapprochant un peu plus tard
de l’optimisme chrétien, alors que les écrits de Platon sont fort
éloignés de la niaiserie chrétienne de l’Agapè, soit l’amour
supposé de la divinité pour les hommes et vice-versa, avec la
pratique de la charité comme conséquence désastreuse pour la
société. De Socrate à Saül-Paul de Tarse, en passant par Platon
et le Christ, toute morale n’est qu’une « psychologie
de l’entrave »
(VP,
aphorisme 184). Faire de Platon « un
sémite,
marqué
de bigoterie juive »
(Crépuscule
des idoles)
est, en revanche, du pur délire.
Saül
de Tarse-saint Paul a créé le « Dysévangile »
(L’Antéchrist,
de 1888) ordonnant à l’être humain d’obéir à l’État et de
ne plus se préoccuper que de son salut individuel : la vie
n’est plus qu’une « prison »
dont on s’évade par la mort, après une vie de renoncement. Jésus
était « plutôt
heureux »,
tandis que Saül est lugubre. Que Jésus ait emprunté, via les
esséniens, sa notion de paradis aux Perses et que cette notion
existait aussi chez les Égyptiens et les Grecs antiques, Nietzsche
ne s’y intéresse guère. Le christianisme paulinien est un vice
moral, un « nihilisme
passif »
(L’Antéchrist),
tandis que l’attribut du surhomme sera la virilité, « nihilisme
actif »
(VP).
En
1888, dans Le
cas Wagner,
la haine et la jalousie le font délirer au point de placer l’opéra
populacier Carmen
de Georges Bizet au-dessus de toute la production wagnérienne. L’on
comprend que l’athée reproche au grandiose Richard son optimisme,
indissociable de sa foi chrétienne, mais la musique de Parsifal
demeure sublime, même si l’on peut faire, sans dommage,
abstraction du livret. En dépit de sa haine, Friedrich doit en
convenir : dans son œuvre ultime, il écrit de Wagner qu’il
eut le « coup
de génie de la séduction ».
À la même époque, in Ecce
Homo,
il fait de Wagner « le
plus grand bienfaiteur de ma vie ».
Emportés
par leur haine commune de Wagner, Nietzsche et plus tard Theodor
Wiesengrund-Adorno (1946, dans un livre délirant de haine) n’ont
rien compris à l’œuvre du génial Richard, du moins durant les
vingt dernières années de sa vie. Irrité par la révolution
industrielle autant que par les Philistins de la culture, Wagner se
penche sur les grands moments de l’histoire germanique, les mythes
germano-scandinaves et sur quelques stéréotypes : l’amour,
la régénération de l’homme après la faute, l’espoir d’un
monde meilleur. Il est grotesque d’écrire « la
rédemption wagnérienne substitue à la transcendance un fantasme de
survie »
(Adorno, 1946) : qu’est-ce qu’un marxiste peut comprendre à
l’âme chrétienne ? Nietzsche ne s’y est pas trompé :
le Richard qu’il admirait tant est retombé dans l’errance
chrétienne. Succès, progéniture, amour partagé avec son épouse,
cela fait trop de provocations pour Friedrich, écrivain solitaire,
déserté par le succès.
Dans
Crépuscule
des idoles,
Nietzsche oppose « l’Aryen »
dominateur et civilisateur au christianisme, « religion
anti-aryenne par excellence »,
poursuivant l’œuvre du judaïsme qui « commence,
dans l’ordre moral, la révolte des esclaves »
contre les maîtres guerriers (in Généalogie
de la morale).
S’il rejette Schopenhauer, comme il l’a fait avec le Christ,
c’est en raison de la pitié que le pessimiste athée vouait à
l’humanité souffrante. Son attitude la plus cocasse des années
1886-88 est de vanter les mérites de Spinoza, en oubliant que
celui-ci fait de l’instinct de conservation le fondement de
l’esprit et de l’activité des humains, soit l’inverse des
fééries nietzschéennes de cet ultime lustre de vie consciente.
Sur
la « race
sacerdotale »,
comme il nomme les Juifs dans Généalogie
de la morale,
de 1887, Nietzsche a écrit des choses contradictoires. Il cautionne
le racisme juif en affirmant que les Juifs forment « la
race la plus vigoureuse, la plus tenace et la plus pure »
(in Par-delà
bien et mal),
caractérisée par le fait « d’avoir
de l’esprit et de l’argent ».
Tout naturellement dans ce mode de pensée, l’anti-judaïque n’est
qu’un envieux ! Il pousse la flatterie jusqu’à vanter la
« clarté
et la logique »
des penseurs juifs ; c’est en partie vrai pour l’Ecclésiaste
ou les écrits de Spinoza, mais ni pour les rédacteurs du Talmud,
ni pour Karl Marx, ni pour les psychanalystes ou pour Ludwig
Wittgenstein, on reconnaît volontiers qu’il ne pouvait le prévoir
pour les derniers cités.
Divers
aphorismes de Volonté
de Puissance
(VP)
sont d’une tonalité fort différente : « folie
juive des grandeurs »
(aphorisme 118) ; « La
prêtraille juive s’est entendue à présenter tout ce qu’elle
affirmait comme étant préceptes divins… et à introduire tout ce
qui contribue à conserver Israël, à lui faciliter l’existence »,
Israël désignant ici la nation juive (aphorisme 99) ; « Les
Juifs revendiquent toutes les vertus pour eux-mêmes et considèrent
le reste du monde comme leur contraire »
(120) ; « Les
Juifs…[sont]
des
gens qui ont grandi à l’écart de l’odeur de la culture… rusés
par instinct, emplis de toutes les superstitions possibles » :
on croirait lire certains passages de Mein
Kampf
ou des Libres
Propos
d’Adolf Hitler.
Durant
les années 1880, Nietzsche se propose de détruire les fondements de
la morale platonicienne-chrétienne, se faisant le prophète d’une
éthique inverse, orientée vers la création d’une surhumanité,
fondée grâce à la reproduction dirigée de la véritable élite,
celle des qualités morales et du caractère, sans déterminer de
sous-race précise où chercher cette élite, à condition de la
trouver en Europe (Le
Gai savoir
et VP).
« L’éternel
retour »
(Leitmotiv des années 1885-97), c’est la continuité entre la
« morale
d’esclaves »
socrato-platonicienne et celle du « poison
chrétien »
(Goedert, 1977). Il est indispensable, pour l’Européen, de s’en
éloigner, d’en revenir à l’enthousiasme guerrier et à la
créativité de « l’Aryen »
(VP
et
correspondance des années 1885 sq., in Favrit, 2002). « Les
Grecs nous offrent le modèle d’une race et d’une civilisation
devenues pures : espérons qu’un jour, il se constituera aussi
une race et une culture européennes pures »
(Le
Gai savoir,
de 1882).
Il
n’est pas faux, mais assez incomplet, d’écrire que, selon lui,
« l’histoire
avance vers une restructuration de la domination »
(Palma, 1973) et, surtout, Friedrich se trompe sur un point majeur :
il n’a jamais compris que l’humanité, élite comprise, était
composée d’une majorité d’humains voulant croire en un
déterminisme surnaturel et que rien ne permettait de prévoir s’il
en serait de même ou non avec la Surhumanité.
Le
panthéisme d’un Héraclite ou d’un Spinoza était peuplé d’une
divinité indifférente aux heurs et malheurs des humains, placés de
ce fait « par-delà
le bien et le mal ».
Pour Nietzsche, une morale n’a pour unique but que de protéger les
esprits faibles et simples du désespoir. Le chrétien est « un
gentil petit mouton absurde »
(VP,
aphorisme 117). En opposition, son antimorale est « le
monde comme tentative d’établir la fierté humaine »
(VP,
aphorisme 169, paraphrasant Schopenhauer).
Au
« nihilisme
naturel »,
qui est « la
naïveté hyperbolique de l’homme qui le fait se considérer en
lui-même comme le sens et la mesure des choses »
(VP),
et à l’antithèse classique Bien-Mal des « pieux
faussaires »,
ce « nihilisme
qui sert de ‘’vérité’’ à l’espèce inférieure, le
troupeau humain… ce désengagement de la volonté… cette
autodestruction »,
il oppose les nouvelles valeurs, fondées sur la domination du Fort
sur le Faible, étant précisé que le Fort est austère, chaste,
inventif, matériellement désintéressé, mais obnubilé par
l’avenir évolutif de son espèce (Par-delà
bien et mal ;
Généalogie
de la morale ;
L’Antéchrist ;
et surtout : VP).
En aucun cas, l’homme n’est « le
centre du devenir »
(VP).
C’est
la « morale
des maîtres »,
très exigeants pour eux-mêmes, opposée à la « morale
de l’esclave »,
défendant le sot égalitarisme, la bonté et la pitié. « On
a voulu avoir un dieu pour se dérober à la vocation de l’homme :
qu’il crée »
(VP).
« Ce
qu’il faut combattre, c’est la contamination des parties saines
de l’organisme social… La morale de pitié est une morale de
décadence »
(Leitmotiv des années 1887-1888). « Partout
où la perspective hédoniste est au premier plan, on peut conclure à
une infirmité de l’homme »
(fragment paru in VP) ;
c’est la volonté de se surpasser qui est l’unique valeur morale
(Par-delà
bien et mal).
La nature est « immorale »
autant que dépourvue de signification et de but (VP).
En
pratique, Nietzsche dénonce le laisser-aller physique et moral, dont
témoignent l’alcoolisme, la précocité et l’abus des relations
sexuelles. En 1886-88 (fragments regroupés in VP),
il oppose à l’étudiant allemand ivrogne et débauché l’étudiant
(mythique) juif sobre et chaste… un « étudiant
juif »
très différent de ce que l’on a connu en France en 1968 !
Déjà opposé depuis longtemps au parlementarisme et aux doctrines
égalitaires, il tonne en 1888 contre la prolifération des
intermédiaires dans le monde économique, mais aussi dans le milieu
intellectuel, « les
parasites de l’esprit »,
authentiques négociants de la littérature, de la philosophie, des
sciences et des arts plastiques (1888).
Depuis
l’adolescence (cf. sa dissertation de 1862, intitulée Fatalité
et histoire,
in Blunck, 1955), Friedrich est persuadé de l’innéité des dons
physiques, intellectuels et moraux. « C’est
la naissance qui ouvre l’accès du monde supérieur : il faut
y avoir été préparé par une longue sélection… Ce sont les
ancêtres, le lignage qui décident »
(1862). « La
force intérieure est infiniment supérieure à l’influence du
milieu ; beaucoup de ce qui semble être une influence
extérieure n’est qu’une adaptation des qualités intrinsèques
de l’être humain »
(fragment de 1886 in VP).
« Tes
ancêtres ont payé les frais de ce que tu es devenu »
(VP).
Dès
1878, Nietzsche développe une analyse fausse de l’évolutionnisme
(dans un court texte, déjà intitulé Volonté
de puissance,
in Chassard, 1975). « Ce
qui me surprend le plus… c’est de voir toujours le contraire de
ce que Darwin et son école veulent voir : la sélection en
faveur des plus forts, des mieux doués, le progrès de l’espèce
humaine. Partout, je constate le contraire… l’inévitable
domination des moyennement doués et même des individus inférieurs
à la moyenne ».
Dans
Crépuscule
des idoles,
Nietzsche a de nouveau critiqué Darwin, récusant l’expression
« lutte
pour la vie »,
la remplaçant par celle de « lutte
pour la puissance ».
Adolf Hitler estimera, très naturellement, qu’il s’agit d’une
inutile querelle de mots, puisque la compétition est la réalité
sociale de la vie animale. C’est par l’effet d’un contresens
que Nietzsche (in Aurore,
de 1880, et Généalogie
de la morale,
de 1887) nie tout intérêt à la thèse évolutionniste pour un
individu : nul ne conteste que l’éducation a pour buts de
réprimer les tares innées et de favoriser l’expression du
meilleur des qualités intrinsèques, mais Darwin et Wallace ne se
sont intéressés qu’à l’évolution des espèces et non à
l’évolution mentale des individus et des sociétés humaines.
Le
héros-type nietzschéen, c’est Prométhée, le Titan créateur de
l’homme à qui il donne le feu. Dans l’histoire humaine, son
héros est Napoléon Ier,
« synthèse
de l’inhumain et du surhumain »
(Par-delà
bien et mal).
Durant son ultime décennie de vie consciente, Nietzsche ne
s’intéresse qu’à la genèse de la surhumanité. Si « la
vraie vie consiste
en
la survie collective »
par la succession des générations humaines (Crépuscule
des idoles),
il importe de sélectionner les reproducteurs, d’interdire la
procréation aux tarés (VP
et correspondance des années 1880 sq., in Favrit, 2002). « Périsse
les faibles et les ratés : premier principe de notre amour pour
les hommes. Et qu’on les aide à disparaître… S’il m’est
démontré que la dureté, la cruauté, la ruse, la témérité, la
pugnacité sont de nature à augmenter la vitalité de l’homme, je
dirais oui au mal et au péché »
(L’Antéchrist).
Violeurs et criminels violents doivent être castrés (in Janz,
1985-3).
« L’humanité
n’est qu’un matériel d’essais »,
pas le but ultime de l’évolution (fragment publié de façon
posthume, in Goedert, 1977). L’humanité égalitariste et niveleuse
ne peut produire que le « dernier
des hommes ».
À l’opposé, il faut « sélectionner
une race de maîtres… aristocratie nouvelle et inédite, dans
laquelle des philosophes despotiques et des tyrans artistes
imposeront leur volonté pour les millénaires à venir…
travaillant en artistes cette matière : l’homme »
(VP).
« Tel
sera l’homme pour le Surhumain : dérision, honte douloureuse…
Il faut que l’humanité situe son but au-delà d’elle-même, non
pas dans un monde erroné [le
surnaturel],
mais dans le dépassement d’elle-même »
(Ainsi
parlait Zarathoustra).
Les
reproducteurs doivent être des Européens (à plusieurs reprises,
dans VP,
il évoque les « Aryens »
des légendes völkische). « L’aspect
de l’actuel Européen me donne de grandes espérances : il se
forme une race audacieuse et dominatrice, établie sur la large base
d’un troupeau fort intelligent »
(VP).
« Le
temps approche où il faudra lutter pour la domination de la planète
et cette lutte sera menée au nom de principes philosophiques »,
une lutte dirigée par des « philosophes
artistes, inspirés par l’amour du futur »
(VP).
C’est
par une rigoureuse sélection, maintenue durant des siècles, voire
un millénaire, que l’on parviendra au produit parfait. « L’espèce
supérieure ne pourrait-elle être obtenue mieux et plus vite en
élevant et en sélectionnant certains groupes
d’essais ?
»
(Ainsi
parlait
Zarathoustra).
Plus tard, l’on créa l’organisation Lebensborn. Ni le philosophe
délirant, ni son admirateur également délirant Adolf Hitler ne
connaissaient quoi que ce soit de la genèse des mutations créatrices
d’espèces nouvelles. Par la sélection des reproducteurs
(l’eugénisme), l’on ne fait qu’améliorer un ou quelques
caractères physiques ou mentaux, sans changer l’essence de
l’espèce. C’est ce que font les éleveurs depuis des siècles.
Sa
morale est un renversement des valeurs : il faut abandonner le
« Tu
dois »
pour le « Je
veux [créer] l’homme
supérieur »
(Ainsi
parlait Zarathoustra).
« Vivre ?
C’est rejeter constamment ce qui veut mourir. C’est être cruel,
impitoyable pour tout ce qui vieillit et s’affaiblit en nous et
chez les autres… le grand secret pour rendre l’existence plus
féconde… c’est de vivre dangereusement »
(Le
Gai savoir,
de 1882). « L’homme
n’est malheureusement pas assez méchant… son amollissement, sa
moralisation forment sa malédiction »
(1887, in VP).
« Nous
voulons des sensations fortes…Nous cherchons des états dans
lesquels la morale bourgeoise ne prenne plus la parole, encore moins
la morale des prêtres »
(1888, Le
cas Wagner).
« La
nature a donné à l’homme des pieds pour écraser, non pour fuir »
(Généalogie
de la morale,
de 1887). « Qu’est-
ce qui est bon ? Tout ce qui élève, chez l’homme, la volonté
de puissance et la puissance elle-même. Qu’est-ce qui est
mauvais ? Tout ce qui provient de la faiblesse »
(L’Antéchrist).
« Vaincre
la pitié est, pour moi, une vertu aristocratique »
(Ecce
Homo).
Il
ne faut pas aimer le prochain, mais « aimer
le lointain »,
dans le sens d’une évolution de l’humain vers le surhumain,
c’est le Leitmotiv depuis Ainsi
parlait Zarathoustra
jusqu’à l’entrée de Nietzsche dans le néant. Ce surhomme doit
être « le
perfectionnement du corps entier, non du seul cerveau »
(VP).
Le christianisme, religion de mépris du corps, fut « la
plus grande calamité de l’humanité »
(Crépuscule
des idoles).
« Le
monde n’est que volonté de puissance et rien d’autre… La mort
de dieu ouvre le chemin de la redécouverte du monde… Le Surhomme
est le sens de la Terre »
(VP).
En
outre, et à la notable différence du populiste Adolf Hitler, depuis
son adolescence, le philosophe témoigne d’un total mépris envers
les travailleurs manuels (nombreux exemples in Peters, 1978). L’élite
reste ouverte à qui émerge du troupeau, mais la « bête
humaine »
incapable de pensée personnelle est mûre pour l’esclavage
(Par-delà
bien et mal et
VP).
« La
morale se fonde sur la pure avidité d’exister… Tout ce qui
existe est juste et injuste à la fois, et justifié dans les deux
cas »
(Naissance
de la tragédie).
« La
joie du devenir enferme aussi en elle la joie de détruire »
(Crépuscule
des idoles).
« Il
n’existe pas de phénomène moral, mais uniquement une
interprétation morale des phénomènes… Presque tout ce que nous
nommons civilisation supérieure repose sur la spiritualisation de la
cruauté »
(Par-delà
bien et mal).
« La
bonté est peut-être ce qui empêche l’homme d’évoluer vers son
plus haut degré de puissance et de splendeur »
(Contribution
à la généalogie de la morale).
« Il
y a pour le ‘’mal’’ des perspectives d’avenir »
(Ainsi
parlait Zarathoustra).
« La
haine, la joie de nuire, la soif de prendre et de dominer, d’une
manière générale tout ce qu’on appelle le mal, n’est au fond
qu’un des éléments de la conservation de l’espèce… Ce sont
les esprits les plus forts qui ont fait progresser le plus
l’humanité… en rallumant les passions… en réveillant le goût
du risque et de l’inédit. Il faut de la ‘’méchanceté’’ –
et généralement recourir aux armes – pour imposer du nouveau aux
humains »
(Le
Gai savoir).
« Voici
venir les Barbares nouveaux : les cyniques, les conquérants,
qui uniront la supériorité intellectuelle, la santé à la
surabondance des énergies »
(VP) :
une espèce nouvelle pour qui le bien de la collectivité doit
toujours et en toute circonstance l’emporter sur l’individu
(fragment de publication posthume, cité in Granier, 1971).
On
comprend que lors de sa conversion au catholicisme, motivée par un
désir de réponse à une angoisse existentielle que Freud n’avait
absolument pas calmée bien au contraire, le néophyte Gustav Mahler
se soit détourné de Nietzsche et de son « antimorale
du surhomme »
(Liébert, 2000) : dès 1896, le musicien hypersensible a
parfaitement compris ce que presque plus personne ne semblera savoir
à partir de 1945.
Adolf
Hitler a lu et annoté les 19 volumes des œuvres complètes de
Nietzsche (le 20e
tome est un index), parus chez Kröner à Leipzig de 1894 à 1904,
puis la correspondance, éditée en 5 volumes en 1911, chez Insel
Verlag de Leipzig. Sous le IIIe
Reich, une nouvelle édition, accompagnée de notes et de
commentaires, est parue chez Bock à Munich. En 1934, Adolf Hitler
s’exclame : « Le
National-Socialisme est plus qu’une religion, c’est la volonté
de créer le surhomme… L’homme est le dieu en devenir…
J’affranchis l’homme de la contrainte de la raison pure, de
l’avilissante chimère morale »
(in Plouvier, 2007-2).
Du
bon Dr. Gottfried Benn, on ne retient généralement que son activité
de poète expressionniste. Or ce médecin multiplie, de 1933 à 1938,
les articles consacrés à « l’émergence
d’un nouveau type biologique ».
Dans son livre de 1933, quasi-inconnu en France, Der
neue Staat und die Intellektuellen
(Le
nouvel État et les intellectuels),
il écrit : « La
révolution nationale-socialiste est une nouvelle version de la
naissance de l’homme, peut-être la dernière conception grandiose
de la race blanche »
(développements in Dyck, 2009).
Le
13 mars 1938, à Wittenberg (haut-lieu du luthéranisme), Baldur von
Schirach, patron de la Hitler Jugend, proclame : « Nous,
Allemands, ne devons pas subir les mutations biologiques comme des
bovins. Nous devons au contraire aider ces transformations. Il nous
faut arriver avant les races décadentes à l’état parfait
d’animal humain complet : au surhomme »
(Plouvier, 2007-2).
Pour
les amateurs de coïncidences et les délirants de la gématrie, l’on
peut rappeler qu’Adolf Hitler est né en 1889, l’année où
Nietzsche tombe dans le néant cérébral, et qu’ils sont morts
tous deux dans leur 57e
année. Dans ses Libres
Propos,
Adolf Hitler n’a cessé de saluer la profondeur et la beauté des
textes nietzschéens.
En
mai 1934, dans la salle de conférences des Nietzsche-Archiv de
Weimar, Alfred Rosenberg (Reichsleiter du NSDAP, chargé de la
Culture au sein du parti) et Hans Frank (patron des juristes du IIIe
Reich et ministre de la Justice de Bavière) saluent en Nietzsche un
« père
du national-socialisme »,
sous les applaudissements enthousiastes d’Elisabeth
Förster-Nietzche : « Fritz
aurait été enchanté de voir Adolf Hitler assumer, avec un courage
incomparable, l’entière responsabilité de son Volk »
(cité in Peters, 1978).
« Une
chose peut être vraie,
même
si elle est au plus haut point nuisible et dangereuse »
Par-delà
bien et mal,
aphorisme 39
Pour
amateurs : indications bibliographiques
T.
W. Adorno (W. pour Wiesengrund, soit le nom d’un père juif haï,
sans qu’Adorno ait
rejeté
sa judéité) : Essai
sur Wagner,
Gallimard, 1966
C.
Baroni : Ce
que Nietzsche a vraiment dit,
Marabout Université, Verviers, 1975
G.
Bianquis : Nietzsche
devant ses contemporains,
Éditions du Rocher, Monaco, 1959 (Geneviève Bianquis fut la grande
traductrice de Nietzsche, hélas dépassée pour Volonté
de Puissance,
où elle a voulu traduire le texte de façon littérale)
R.
Blunck : Frédéric
Nietzsche,
volume 1 : Enfance
et jeunesse,
Corréa, 1955 (texte de
1943)
P.
Chassard : La
philosophie de l’histoire dans la philosophie de Nietzsche,
GRECE, 1975
Coll. :
Nietzsche.
1892-1914,
Éditions des Deux Mondes, 1997
B.
Favrit : Qui
suis-je ? Nietzsche,
Pardès, Puiseaux, 2002
É.
Gaède : Nietzsche
et Valéry. Essai sur la comédie de l’esprit,
Gallimard, 1962
G.
Goedert : Nietzsche,
critique des valeurs chrétiennes. Souffrance et compassion,
Éditions
Beauchesne, 1977
S.
Goyard-Fabre : Nietzsche
et la question politique,
Éditions Sirey, 1977
J.
Granier : Nietzsche.
Vie et vérité. Textes choisis,
P.U.F., 1971
A.
Hitler : Mein
Kampf,
Nouvelles Éditions latines, 1934 (on rappelle, car peu
d’« historiens
sérieux, patentés et diplômés »
semblent s’en souvenir, que cette traduction et la diffusion de ce
livre ont été financées par la LICA, ancêtre de la LICRA, comme
il ressort d’un article de Bernard Lecache paru dans la livraison
du 5 septembre 1936 du Droit
de vivre,
l’hebdomadaire de la LICA)
A.
Hitler : Libres
propos sur la guerre et la paix,
2 volumes, Flammarion, 1952
C.
P. Janz : Nietzsche,
3 volumes, Gallimard, 1984-1985
P.
Lance : Au-delà
de Nietzsche,
L’Ère Nouvelle, 1992
G.
Liébert : Nietzsche
et la musique,
P.U.F., 2000
A.
Münster : Nietzsche
et le nazisme,
Éditions Kimé, 1995 (quelque peu « léger »)
F.
Nietzsche : Premiers
écrits.
« Le
monde te prend tel que tu te donnes »,
le cherche midi
éditeur,
1994
F.
Nietzsche : La
naissance de la tragédie,
Gallimard, 1949 (texte de 1871)
F.
Nietzsche : Sur
l’avenir de nos établissements d’enseignement,
Gallimard, 1973 (texte de 1872)
F.
Nietzsche : Le
livre du philosophe,
Aubier-Flammarion, 1969 (textes de 1872 et 1873)
F.
Nietzsche : Aurore.
Pensées sur les préjugés moraux,
Folio, 1989 (texte de 1880)
F.
Nietzsche : Le
Gai savoir,
Gallimard, 1950 (texte de 1882)
F.
Nietzsche : Ainsi
parlait Zarathoustra,
Gallimard, 1947 (texte de 1882-85)
F.
Nietzsche : Par-delà
bien et mal. Prélude d’une philosophie de l’avenir,
Gallimard, 1971
(texte
de 1885-1886)
F.
Nietzsche : Contribution
à la généalogie de la morale,
Union Générale d’Éditions, 1974 (texte de 1887)
F.
Nietzsche : Ecce
Homo. Comment on devient ce qu’on est,
Mercure de France, 1909 (texte de 1888)
F.
Nietzsche : Le
crépuscule des idoles ou comment on philosophe à coups de marteau
et
autres
textes (dont L’Antéchrist
et Le
cas Wagner),
Mercure de France, 1952 (Le crépuscule
des
idoles est l’ultime œuvre achevée de l’auteur, écrite en
1888 ; 1ère
édition française en
1899)
F.
Nietzsche : La
Volonté de Puissance,
Éditions du Trident, 1989 (œuvre posthume,
composée
après la mort de Nietzsche par sa sœur et d’autres admirateurs à
partir d’études,
de
fragments disjoints et d’aphorismes, datés de 1882 à janvier
1889, et publiée en 1901,
augmentée
en 1906 ; en 1886, Nietzsche voulait ajouter en sous-titre :
Essai
d’une transmutation de toutes les valeurs)
N.
Palma : Nietzsche
et le devenir du monde
in Coll. : Nietzsche
aujourd’hui ?,
2 volumes,
Union
Générale d’Éditions, 1973
H.
F. Peters : Nietzsche
et sa sœur Elisabeth,
Mercure de France, 1978
B.
Plouvier : Hitler.
Une
biographie médicale et politique,
6 volumes, Dualpha, 2007-2008
D.
Raymond et Coll. : Nietzsche
ou la grande santé,
L’Harmattan, 1999
Bernard Plouvier