L'Homme Nouveau et InfoVaticana
publient le témoignage, documenté et signé, de Mgr Carlo Maria Viganò,
nonce apostolique et archevêque titulaire d'Ulpiana, sur les protections
curiales dont a bénéficié le cardinal nord-américain Theodore
McCarrick, prédateur (homo)sexuel ayant démissionné du collège
cardinalice fin juin. Ces révélations éclairent d'une lumière crue la
puissance du lobby homosexuel au sein de la Curie romaine. Nous
souvenant de la parole du Christ, « la vérité vous rendra libres » (Jn,
8, 31), nous pensons que ce témoignage peut être l’occasion d’une
purification profonde des hommes d’Église et de nous tous, en cette
période de ténèbres qui se sont posées sur l’Église. Après le Vendredi
Saint, nous n’oublions pas qu’il y a le dimanche de la Résurrection, dès
lors que nous mettons le Christ au centre de nos vies. Comme l’écrit Jean-Marie Guénois dans le Figaro, « Si
Mgr Carlo Maria Vigano était un affabulateur, sa lettre porterait peu.
Mais c’est un homme d’autorité, de grande carrière ecclésiastique,
habituellement très sérieux qui rompt le secret et le silence, par “devoir” et par ”conscience”.
Ce nonce, formé à l’école diplomatique du Vatican, avait déjà eu le
courage alors qu’il était en charge de la gestion de la cité du Vatican,
de dénoncer en 2010 des dysfonctionnements de corruptions financières
qui se sont ensuite révélés exacts. » De ce fait, comme l’a déclaré avec justesse, le cardinal Burke au site américain, LifeSite news, « les
déclarations faites par un prélat de l’autorité de l’archevêque Carlo
Maria Vigano doivent être prises au sérieux par les responsables de
l’Église. Chaque déclaration doit être le sujet d’une enquête en
conformité avec les procédures de la loi de l’Église. » Fort de cet
avis d’un éminent juriste de l’Église, nous espérons de tout notre cœur
de catholiques que le Pape François puisse conduire l’Église sur la
voie de la purification et de la vérité, dans la lumière du Christ. Avec saint Ambroise, nous nous souvenons que l'Église est “immaculata ex maculatis
", immaculée mais constituée d'hommes tachés par le péché. Nous prions
pour l'Église, le pape, les cardinaux et les évêques. Nous prions pour
notre propre conversion. Cœur Sacré de Jésus, ayez pitié de nous !
Lire ici l'article de Gabriel Ariza Rossi, directeur d'InfoVaticana (espagnol)
Lire ici le texte original de la note de Mgr Viganò (italien)Lire l'adresse de l'ancien moine Richard Sipe au Pape Benoît XVI sur la crise des abus sexuels aux États-Unis et qui met directement en cause le cardinal McCarrick dès avril 2008 (anglais)
Lire ici l’article de Marco Tosatti sur La Verità (italien)
Lire ici l’article d’Edward Pentin sur le National Catholic Register (anglais)
***
Morceaux choisis de la note de Mgr Viganò, datée du 22 août 2018, en la fête de la Bienheureuse Vierge Marie Reine
Pour redonner la beauté de la sainteté au
visage de l'Épouse du Christ, terriblement enlaidi par tant de crimes
abominables, et si l'on veut vraiment libérer l'Église du marais fétide
où elle s'enfonce, nous devons avoir le courage de briser la culture du
secret et de confesser publiquement les vérités que nous avons tenues
cachées. Il faut briser l'omerta par laquelle les évêques et les prêtres
se sont protégés au détriment de leurs fidèles, une omerta susceptible
de faire apparaître l'Église aux yeux du monde comme une secte, une
omerta pas si différente de celle qui prévaut dans la mafia. « Tout ce que vous avez dit dans l'obscurité […] sera publié sur les toits. » (Lc 12, 3)
J'avais toujours cru et espéré que la
hiérarchie de l'Église puisse trouver en elle-même les ressources
spirituelles et la force de faire ressortir la vérité, de s'amender et
de se renouveler. Pour cette raison, bien que sollicité à plusieurs
reprises, j'avais toujours évité de faire des déclarations aux médias,
même quand c'eut été mon droit de le faire pour me défendre des
calomnies publiées sur mon compte, y compris, même, par de hauts prélats
de la Curie romaine. Mais aujourd'hui que la corruption a atteint les
sommets de la hiérarchie de l'Église, ma conscience me pousse à révéler
les vérités dont j'ai eu connaissance au fil des missions qui me furent
confiées par saint Jean-Paul II en tant que Délégué pour les
représentations pontificales de 1998 à 2009 et par le pape Benoît XVI
comme nonce apostolique aux États-Unis du 19 octobre 2011 à fin mai
2016, en relation à la très triste affaire de l'archevêque émérite de
Washington, Theodore McCarrick.
[…]
Pour dissiper les soupçons insinués par
certains récents articles, je tiens à dire tout de suite que les nonces
apostoliques aux États-Unis, Gabriel Montalvo et Pietro Sambi, tous deux
morts prématurément, ne manquèrent pas d'informer immédiatement le
Saint-Siège à peine eurent-ils connaissance des comportements gravement
immoraux de Mgr McCarrick envers des séminaristes et des prêtres. Selon
les écrits de Mgr Pietro Sambi, c'est même en fait à la demande du
regretté Mgr Montalvo que le P. Boniface Ramsey, op, a rédigé sa lettre
du 22 novembre 2000. Dans ce document, le P. Ramsey, qui a été
professeur au séminaire diocésain de Newark de la fin des années 80
jusqu'en 1996, indique que le bruit courait de façon répétée au
séminaire que l'archevêque “shared his bed with seminarians” [partageait
son lit avec les séminaristes], allant jusqu'à en inviter cinq à la
fois à passer le week-end avec lui dans sa maison à la plage, ajoutant
connaître un certain nombre de ces séminaristes ayant été invités dans
cette maison à la plage et ayant partagé le lit de l'archevêque – et
dont plusieurs ont ensuite été ordonnés prêtres pour l'archidiocèse de
Newark.
Le bureau que j'occupais alors ne fut
informé d'aucune mesure prise par le Saint-Siège à la suite de cette
dénonciation faite fin 2000 par le nonce Montalvo, époque à laquelle le
cardinal Angelo Sodano était Secrétaire d'État.
À son tour, Mgr Sambi transmit au cardinal
Secrétaire d'État, Tarcisio Bertone, un mémoire d'accusation contre
McCarrick rédigé par Gregory Littleton, prêtre du diocèse de Charlotte
réduit à l'état laïc pour viol de mineurs, accompagné de deux documents
du même Littleton, dans lesquels il racontait sa propre triste histoire
d'abus sexuels subis de la part de l'archevêque de Newark et de
plusieurs autres prêtres et séminaristes. Le nonce précisait que
Littleton avait déjà transmis ce mémoire à une dizaine de personnes,
entre autorités judiciaires civiles et ecclésiastiques, police et
avocats dès juin 2006, et qu'il était donc très probable que la nouvelle
soit très bientôt rendue publique. Il demandait de ce fait une
intervention rapide du Saint-Siège.
En rédigeant une note sur ces documents
qui, comme Délégué des représentations pontificales, me furent remis le 6
décembre 2006, j'écrivis à mes supérieurs, le cardinal Tarcisio Bertone
et le Substitut Leonardo Sandri, que les faits attribués à McCarrick
par Littleton étaient d'une gravité et d'une laideur telles qu'ils
provoquaient chez le lecteur confusion, dégoût, profonde douleur et
amertume et qu'ils constituaient les délits de racolage, de
sollicitation de séminaristes et prêtres au péché contre le sixième
commandement, de façon répétée mais aussi simultanée et en groupe, de
dérision d'un jeune séminariste qui tentait de résister aux séductions
de l'archevêque en présence de deux autres prêtres, d'absolution du
complice en actes impurs, de célébration sacrilège de l'Eucharistie avec
des prêtres après avoir commis des actes impurs avec eux.
Dans cette note que j'ai remis le même 6
décembre 2006 à mon supérieur direct, le Substitut, Leonardo Sandri, je
suggérais à mes supérieurs hiérarchiques les considérations et les
lignes d'action suivantes :
- compte tenu qu'aux nombreux scandales de
l’Église aux États-Unis il semblait qu’il allait s'en ajouter un de
particulière gravité car concernant un cardinal,
- et que, en droit, s'agissant d'un cardinal, « seul le Pontife Romain a le droit de juger » (canon 1405, §1),
- je proposais qu'une disposition
exemplaire soit prise contre le cardinal, susceptible d'avoir une
fonction médicinale, à la fois pour prévenir de futurs abus contre des
victimes innocentes et apaiser le grave scandale pour les fidèles qui
continuaient néanmoins d'aimer et de croire en l'Église,
- j'ajoutais qu'il eut été bon pour une
fois que l'autorité ecclésiastique intervienne avant l'autorité civile
et, si possible, avant que le scandale n'éclate dans la presse ; cela
pouvait rendre un peu de dignité à une Église si éprouvée et si humiliée
par tant de comportements abominables de la part de certains pasteurs.
Dans ce cas, l'autorité civile n'aurait plus eu à juger un cardinal,
mais un pasteur envers lequel l'Église avait déjà pris les mesures
appropriées pour l'empêcher d'abuser de son autorité pour continuer à
détruire des victimes innocentes.
Cette note du 6 décembre 2006 fut
conservée par mes supérieurs sans que ne me revienne jamais une
quelconque décision à son égard.
[...]
Je ne sais pas quand le pape Benoît XVI a
pris ces mesures contre McCarrick, si c'est en 2009 ou 2010, car
entre-temps j'avais été transféré au Gouvernorat de l'État de la Cité du
Vatican, tout comme je ne sais pas avec précision qui est responsable
de ce retard incroyable. Certainement pas le pape Benoît XVI qui, comme
cardinal, avait déjà dénoncé à maintes reprises la corruption présente
dans l'Église et qui, dans les premiers mois de son pontificat, s'était
fermement opposé à l'admission de jeunes à profonde tendance
homosexuelle dans les séminaires. Je dirais que cela était dépendait du
premier collaborateur du pape, le cardinal Tarcisio Bertone, notoirement
favorable à la promotion d'homosexuels à des postes de responsabilité
et habitué à filtrer les informations qu’il jugeait opportunes ou non de
transmettre au pape.
Dans tous les cas, ce qui est sûr, c'est
que le pape Benoît XVI a infligé les sanctions canoniques susmentionnées
à McCarrick et que celles-ci lui furent communiquées par le nonce
apostolique aux États-Unis, Mgr Pietro Sambi. Mgr Jean-François
Lantheaume, alors premier conseiller à la nonciature à Washington et
chargé d’affaires ad interim après la mort inattendue de Mgr Sambi à
Baltimore, me référa à mon arrivée à Washington – ce dont il est prêt à
témoigner – d'un entretien orageux de plus d'une heure entre Mgr Sambi
et le cardinal McCarrick qu'il avait convoqué à la nonciature : « la
voix du nonce, me dit Mgr Lantheaume, s'entendait jusque dans le
couloir ».
Ces dispositions de Benoît XVI me furent
également communiquées par le préfet de la congrégation pour les
évêques, le cardinal Marc Ouellet, lorsqu'il me donna, en novembre 2011,
avant mon départ pour Washington, les instructions de la congrégation
au nouveau nonce.
À mon tour, je les réitérai au cardinal
McCarrick lors de ma première rencontre avec lui à la nonciature. Le
cardinal, bredouillant de façon à peine compréhensible, avoua avoir pu
commettre l’erreur de dormir dans le même lit qu'un séminariste dans sa
maison au bord de la mer, mais il me le dit comme si cela était sans
importance.
Les fidèles se demandent avec insistance
comment sa nomination à Washington et son élévation au rang de cardinal
ont pu se produire et ont pleinement le droit de savoir qui était au
courant, qui a couvert ses graves méfaits. Il est donc de mon devoir de
faire connaître ce que j'en sais, à commencer par la curie romaine.
[Mgr Viganò fait ici les noms des
cardinaux Secrétaires d'État, Sodano, Bertone et Parolin, de leurs
Substituts Sandri, Filoni et Becciu, mais aussi des chefs de dicastères
ayant forcément eu accès au dossier McCarrick…]
J'en viens maintenant aux États-Unis. De
toute évidence, le premier à avoir été informé des mesures prises par le
pape Benoît [envers McCarrick] était le successeur de McCarrick au
siège de Washington, le cardinal Donald Wuerl, dont la situation semble
maintenant complètement compromise par les récentes révélations sur son
comportement lorsqu'il était évêque de Pittsburgh.
Il est absolument impensable que Mgr
Sambi, une personne hautement responsable, loyale, directe et explicite,
en bon Romagnol qu'il était, ne le lui ait pas dit. En tout cas, j'ai
moi-même abordé à plusieurs reprises le sujet avec le cardinal Wuerl, et
je n'eus aucunement besoin d’entrer dans les détails, car il me fut
immédiatement évident qu’il en avait pleinement connaissance. Je me
souviens ainsi, en particulier, avoir dû attirer son attention parce que
j'avais vu dans une publication de l'archidiocèse, en quatrième de
couverture, une invitation à rencontrer le cardinal McCarrick destinée
aux jeunes qui pensaient avoir une vocation à la prêtrise. J'appelai
immédiatement le cardinal Wuerl qui me manifesta sa stupeur, me disant
qu'il ne savait rien de cette annonce et qu'il annulerait la réunion.
Alors qu'il répète aujourd'hui ne rien avoir su des abus commis par
McCarrick et des mesures prises par Benoît XVI, comment expliquer sa
réponse ?
[…]
Mgr Paul Bootkoski, évêque émérite de
Metuchen [le premier diocèse de Mgr McCarrick], et Mgr John Myers,
émérite de Newark, ont couvert les exactions commises par McCarrick dans
leurs diocèses respectifs et ont indemnisé deux de ses victimes. Ils ne
peuvent pas le nier et doivent être interrogés pour que soient établies
toutes les circonstances et les responsabilités relatives.
Le cardinal Kevin Farrell (1), récemment
interrogé par les médias, a lui aussi déclaré qu'il n'avait jamais eu
vent des abus commis par McCarrick. Compte tenu de ses années passées à
Washington, à Dallas et maintenant à Rome, je crois que personne ne peut
honnêtement le croire.
[…]
Ma conscience m'oblige maintenant à
révéler des faits que j’ai vécus à la première personne, regardant le
pape François, qui ont une valeur dramatique et qu'en tant qu’évêque
partageant la responsabilité collégiale de tous les évêques envers
l’Église universelle je ne peux pas taire et que je me déclare ici prêt à
confirmer sous serment en appelant Dieu comme témoin.
Dans les derniers mois de son pontificat,
le pape Benoît XVI avait convoqué une réunion de tous les nonces
apostoliques à Rome, comme l’avaient fait à plusieurs reprises Paul VI
et saint Jean-Paul II. La date fixée pour l'audience était le vendredi
21 juin 2013. Le pape François décida de maintenir cet engagement pris
par son prédécesseur. Naturellement, je vins moi aussi à Rome depuis
Washington. C'était ma première rencontre avec le pape nouvellement élu,
seulement trois mois auparavant, après la renonciation de Benoît XVI.
Dans la matinée du jeudi 20 juin 2013, je
me rendis à la maison Sainte-Marthe pour rejoindre mes collègues. À
peine entré dans le hall, je rencontrai le cardinal McCarrick, qui
portait la soutane filetée. Je le saluai avec respect comme j'avais
toujours fait. Il me dit immédiatement, d'un ton ambigu et triomphant :
« Le pape m'a reçu hier, demain je pars pour la Chine. »
Je ne savais rien à l'époque de sa longue
amitié avec le cardinal Bergoglio et du rôle important qu'il avait joué
lors de sa récente élection, comme McCarrick lui-même l'a révélé plus
tard lors d'une conférence à l'Université de Villanova et dans une
interview avec le National Catholic Reporter. Je n'avais jamais pensé au
fait qu'il avait participé aux réunions préliminaires du dernier
conclave et au rôle qu'il avait eu en tant qu'électeur en 2005. Je n'ai
pas immédiatement compris la signification du message crypté qu'il
m'avait adressé, mais celle-ci me devint évidente les jours suivants.
Le lendemain eut lieu l'audience avec le
pape François. Après le discours, en partie lu et en partie improvisé,
le pape décida de saluer un à un tous les nonces. Nous étions en file
indienne et j'étais parmi les derniers. À mon tour, à peine avais-je eu
le temps de lui dire : « Je suis le nonce aux États-Unis », qu'il me dit
sans préambule et avec un ton de reproche : « Les évêques aux
États-Unis ne devraient pas être idéologisés ! Ils doivent être des
bergers ! » Naturellement, je n'étais pas en position de lui demander
des explications sur ses paroles et sur la manière agressive dont il
s'était adressé à moi.
[Le pape ayant invité les nonces qui
restaient à Rome à concélébrer avec lui le dimanche suivant, 23 juin
2013, Mgr Viganò obtient de lui une audience pour se faire expliquer sa
sortie sur l'idéologisation des prélats américains…]
Le pape m'emmena au premier étage dans son appartement et me dit : « Nous avons 40 minutes avant l'Angelus. »
J'ouvris la conversation en demandant au
pape ce qu'il avait voulu me dire avec les mots qu'il m'avait adressés
lorsque je l'avais salué le vendredi précédent. Et le pape, d'un ton
très différent, amical, presque affectueux, me dit : « Oui, les évêques
des États-Unis ne devraient pas être idéologisés : ils ne devraient pas
être de droite comme l'archevêque de Philadelphie (le pape ne me fit le
nom de l'archevêque), ils doivent être des pasteurs ; ils ne doivent pas
non plus être de gauche et, ajouta-t-il levant les bras, quand je dis
de gauche, je veux dire homosexuels. » Naturellement, je n'avais pas
saisi la logique de la corrélation entre être de gauche et être
homosexuel, mais je n'ajoutai rien.
Immédiatement après, le pape me demanda,
d'un ton attachant : « Et le cardinal McCarrick, comment est-il ? » Je
lui répondis franchement et si on veut naïvement : « Saint-Père, je ne
sais pas si vous connaissez le cardinal McCarrick, mais si vous demandez
à la congrégation pour les évêques, il y a un gros dossier sur lui. Il a
corrompu des générations de séminaristes et de prêtres et le pape
Benoît XVI l'a forcé à se retirer à une vie de prière et de pénitence. »
En dépit de la gravité de mes mots, le pape ne fit pas le moindre
commentaire et ne montra aucune expression de surprise, comme si la
chose lui était déjà connue ; et changea immédiatement de sujet. Mais
alors, dans quel but m'avait-il posé cette question : « Et le cardinal
McCarrick, comment est-il ? » Assurément, il voulait s’assurer si
j’étais l’allié de McCarrick ou pas.
[…]
Il devint ensuite évident qu'après
l'élection du pape François, le cardinal McCarrick, désormais libre de
toute entrave, se sentait libre de voyager en permanence, de donner des
conférences et des interviews (2). Dans un jeu d'équipe avec le cardinal
Maradiaga, il était devenu le kingmaker pour les nominations en Curie
et aux États-Unis et le conseiller le plus écouté au Vatican pour les
relations avec l'administration Obama. Cela explique le remplacement du
cardinal Burke par le cardinal Wuerl comme membre de la congrégation
pour les évêques et la nomination immédiate de Cupich au sein de cette
même congrégation à peine fut-il fait cardinal. Avec ces nominations, la
nonciature à Washington devenait hors-jeu pour la nomination des
évêques. Comme si cela me suffisait pas, le pape nomma le Brésilien
Ilson de Jesus Montanari – grand ami de son secrétaire privé argentin,
Fabián Pedacchio – Secrétaire de cette même congrégation pour les
évêques et du Collège des cardinaux, promotion directe d'un simple
officiel de congrégation à archevêque-Secrétaire de cette même
congrégation : du jamais vu pour une charge si importante !
Les nominations de Blase Cupich à Chicago
et de William Tobin à Newark ont été orchestrées par McCarrick,
Maradiaga et Wuerl, unis par un pacte infâme où les abus sexuels du
premier sont couverts par les deux autres. Ni le nom de Cupich ni celui
de Tobin ne figuraient parmi ceux présentés par la nonciature pour
Chicago et Newark.
[…]
Le pape François a demandé à plusieurs
reprises une transparence totale dans l'Église et que les évêques et les
fidèles agissent avec parresia. Les fidèles du monde entier le lui
demandent également de manière exemplaire. Qu'il dise depuis quand il
est au courant des crimes commis par McCarrick en abusant de son
autorité sur les séminaristes et les prêtres.
En tout cas, le pape l'a su de moi le 23
juin 2013 et il a continué à le couvrir, n'a pas pris en compte les
sanctions que le pape Benoît lui avait infligées et en a fait, avec
Maradiaga, son fidèle conseiller.
[…]
Au Honduras est prêt à se répéter un
scandale énorme comme celui du Chili. Le pape y défend à outrance son
homme, le cardinal Rodriguez Maradiaga, comme il l’a fait au Chili avec
l’évêque Juan de la Cruz Barros – qu'il avait lui-même nommé évêque de
Osorno contre l'avis des évêques chiliens. Dans un premier temps, il a
insulté les victimes des violences sexuelles puis, quand il y a été
forcé par le tollé des médias, la révolte des victimes et des fidèles
chiliens, il a reconnu son erreur et présenté des excuses, tout en
expliquant avoir été mal informé, provoquant une situation désastreuse
pour l'Église au Chili mais continuant à protéger les deux cardinaux
Errazuriz et Ezzati.
Dans la triste histoire de McCarrick
aussi, le comportement du pape François n'est pas différent. Il savait
au moins depuis le 23 juin 2013 que McCarrick était un prédateur en
série. Tout en sachant qu'il s'agissait un homme corrompu, il l'a
couvert jusqu'au bout, faisant sien ses conseils, que l'on imagine
difficilement animés de saines intentions et d'amour pour l’Église. Et
c'est seulement quand il y a été contraint par la plainte d'une victime
mineure, et toujours en réaction au bruit des médias, qu'il a pris des
mesures contre celui-ci afin de préserver son image médiatique.
Il y a aujourd'hui aux États-Unis un chœur
qui enfle, composé surtout de fidèles laïcs mais auxquels se sont
joints récemment des évêques et des prêtres, qui demande à tous ceux qui
ont couvert par leur silence le comportement criminel de McCarrick – ou
qui l'ont utilisé pour faire carrière et promouvoir leurs projets,
leurs ambitions et leur pouvoir dans l'Église – de se démettre.
Toutefois, cela ne suffira pas à remédier à
la situation des très graves comportements immoraux du clergé, des
évêques et des prêtres. Il faut proclamer un temps de conversion et de
pénitence. La vertu de chasteté doit être restaurée dans le clergé et
dans les séminaires. Il convient de lutter contre l'utilisation abusive
des ressources de l'Église et des offrandes des fidèles pour des fins
corrompues. La gravité de la conduite homosexuelle doit être dénoncée.
Il faut éradiquer les réseaux homosexuels existant dans l'Église, comme
l'a récemment écrit Janet Smith, professeur de théologie morale au Grand
Séminaire du Sacré-Cœur à Detroit : « Le problème des abus sexuels
du clergé, écrivait-elle, ne peut pas se résoudre simplement par la
démission de certains évêques et encore moins par de nouvelles
directives bureaucratiques. Le cœur du problème réside dans les réseaux
homosexuels du clergé qui doivent être éradiqués. » Ces réseaux
homosexuels, aujourd'hui répandus dans de nombreux diocèses, séminaires,
ordres religieux, etc., couverts par le secret et le mensonge, agissent
avec la puissance des tentacules d'une pieuvre et écrasent les victimes
innocentes, les vocations sacerdotales et étouffent toute l'Église.
J'implore tout le monde, en particulier
les évêques, à briser le silence pour vaincre cette culture de l'omerta
généralisée, et signaler aux médias et aux autorités civiles les cas
d'abus dont ils ont connaissance.
[…]
L'Église, dépositaire de la bénédiction de
la Nouvelle Alliance, signée dans le sang de l'Agneau, est sainte mais
composée de pécheurs, comme l'écrivait saint Ambroise : l'Église est
"immaculata ex maculatis", elle est sainte et sans tache tout en étant
composée dans son parcours terrestre d'hommes souillés par le péché.
Je veux rappeler cette vérité sans faille
de la sainteté de l’Église à tous ceux qui ont été si profondément
scandalisés par le comportement abominable et sacrilège de l’ancien
archevêque de Washington, Theodore McCarrick, par la conduite grave,
déconcertante et pécheresse du pape François et par le silence de
nombreux pasteur, qu'ils sont tentés de quitter l'Église défigurée par
tant d'ignominies.
Le pape François, le dimanche 12 août 2018, a prononcé ces mots lors de l'Angélus : « Chacun
est coupable du bien qu’il pouvait faire et qu’il n’a pas fait... Si
nous ne nous opposons pas au mal, nous l'alimentons de façon tacite. Il
est nécessaire d’intervenir là où le mal se diffuse parce que le mal se
diffuse là où il manque des chrétiens audacieux qui s’y opposent par le
bien. » Si cela doit être considéré à juste titre comme une
responsabilité morale sérieuse pour chaque fidèle, combien plus cela
l'est-il pour le pasteur suprême de l'Église qui, dans le cas de
McCarrick, non seulement ne s'est pas opposé au mal, mais s'est associé à
celui qu'il savait être profondément corrompu, a suivi les conseils de
celui qu'il savait être un pervers, multipliant ainsi de manière
exponentielle par son autorité suprême le mal commis par McCarrick. Et
combien d'autres mauvais pasteurs François continue-t-il de soutenir
dans leur action de destruction de l'Église !
C'est comme si François avait renoncé au
mandat que le Christ a donné à Pierre de confirmer ses frères. Au
contraire, par son action, il les divise, les conduit en erreur et
encourage les loups à continuer d'éparpiller les brebis du troupeau du
Christ.
En ce moment extrêmement dramatique pour
l’Église universelle, il convient que le pape François reconnaisse ses
erreurs et, conformément au principe revendiqué de tolérance zéro, soit
le premier à donner le bon exemple aux cardinaux et aux évêques qui ont
couvert les abus de McCarrick et se démette en même temps qu'eux tous.
[…]
C'est dans les moments de grande
tribulation que la grâce du Seigneur se révèle surabondante et met sa
miséricorde sans limites à la disposition de tous. Mais elle n'est
accordée qu'à ceux qui se repentent vraiment et ont le propos sincère de
s'amender. Le moment est venu pour l'Église de confesser ses péchés, de
se convertir et de faire pénitence.
Prions tous pour l'Église et pour le pape, rappelons-nous combien de fois il nous a demandé de prier pour lui !
Renouvelons tous notre foi dans l'Église notre mère : « Je crois en l'Église, une, sainte, catholique et apostolique ! »
Christ n'abandonnera jamais son Église ! Il l'a engendré dans Son Sang et la ranime continuellement par Son Esprit !
Marie, Mère de l'Église, priez pour nous ! Vierge Marie Reine, Mère du Roi de gloire, priez pour nous !
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(1) Le cardinal Kevin Farrell est aujourd'hui à la tête du dicastère romain pour les familles, les laïcs et la vie. C'est lui qui a invité le jésuite James Martin, militant homosexuel, à témoigner lors des rencontres mondiales des familles à Dublin ce week-end. Mgr Farrel a été l'un des évêques auxiliaires de Mgr Mc Carrick à Washington de 2001 à 2006...
(2) Voir ici un article du National Catholic Reporter du 21 juin 2014 expliquant qu'à 84 ans, le cardinal globe-trotter Mc Carrick travaille plus dur que jamais...