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mardi 28 août 2018

« Pour libérer l'Église du marais fétide dans lequel elle s'enfonce »



« Pour libérer l'Église du marais fétide dans lequel elle s'enfonce »
Le cardinal nord-américain Theodore McCarrick, l'homme du scandale
L'Homme Nouveau et InfoVaticana publient le témoignage, documenté et signé, de Mgr Carlo Maria Viganò, nonce apostolique et archevêque titulaire d'Ulpiana, sur les protections curiales dont a bénéficié le cardinal nord-américain Theodore McCarrick, prédateur (homo)sexuel ayant démissionné du collège cardinalice fin juin. Ces révélations éclairent d'une lumière crue la puissance du lobby homosexuel au sein de la Curie romaine. Nous souvenant de la parole du Christ, « la vérité vous rendra libres » (Jn, 8, 31), nous pensons que ce témoignage peut être l’occasion d’une purification profonde des hommes d’Église et de nous tous, en cette période de ténèbres qui se sont posées sur l’Église. Après le Vendredi Saint, nous n’oublions pas qu’il y a le dimanche de la Résurrection, dès lors que nous mettons le Christ au centre de nos vies. Comme l’écrit Jean-Marie Guénois dans le Figaro, « Si Mgr Carlo Maria Vigano était un affabulateur, sa lettre porterait peu. Mais c’est un homme d’autorité, de grande carrière ecclésiastique, habituellement très sérieux qui rompt le secret et le silence, par “devoir” et par ”conscience”. Ce nonce, formé à l’école diplomatique du Vatican, avait déjà eu le courage alors qu’il était en charge de la gestion de la cité du Vatican, de dénoncer en 2010 des dysfonctionnements de corruptions financières qui se sont ensuite révélés exacts. » De ce fait, comme l’a déclaré avec justesse, le cardinal Burke au site américain, LifeSite news, « les déclarations faites par un prélat de l’autorité de l’archevêque Carlo Maria Vigano doivent être prises au sérieux par les responsables de l’Église. Chaque déclaration doit être le sujet d’une enquête en conformité avec les procédures de la loi de l’Église. » Fort de cet avis d’un éminent juriste de l’Église, nous espérons de tout notre cœur de catholiques que le Pape François puisse conduire l’Église sur la voie de la purification et de la vérité, dans la lumière du Christ. Avec saint Ambroise, nous nous souvenons que l'Église est “immaculata ex maculatis ", immaculée mais constituée d'hommes tachés par le péché. Nous prions pour l'Église, le pape, les cardinaux et les évêques. Nous prions pour notre propre conversion. Cœur Sacré de Jésus, ayez pitié de nous !

Lire ici l'article de Gabriel Ariza Rossi, directeur d'InfoVaticana (espagnol)

Lire ici le texte original de la note de Mgr Viganò (italien)
Lire l'adresse de l'ancien moine Richard Sipe au Pape Benoît XVI sur la crise des abus sexuels aux États-Unis et qui met directement en cause le cardinal McCarrick dès avril 2008 (anglais)

Lire ici l’article de Marco Tosatti sur La Verità (italien)
Lire ici l’article d’Edward Pentin sur le National Catholic Register (anglais)
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Morceaux choisis de la note de Mgr Viganò, datée du 22 août 2018, en la fête de la Bienheureuse Vierge Marie Reine

Pour redonner la beauté de la sainteté au visage de l'Épouse du Christ, terriblement enlaidi par tant de crimes abominables, et si l'on veut vraiment libérer l'Église du marais fétide où elle s'enfonce, nous devons avoir le courage de briser la culture du secret et de confesser publiquement les vérités que nous avons tenues cachées. Il faut briser l'omerta par laquelle les évêques et les prêtres se sont protégés au détriment de leurs fidèles, une omerta susceptible de faire apparaître l'Église aux yeux du monde comme une secte, une omerta pas si différente de celle qui prévaut dans la mafia. « Tout ce que vous avez dit dans l'obscurité […] sera publié sur les toits. » (Lc 12, 3)

J'avais toujours cru et espéré que la hiérarchie de l'Église puisse trouver en elle-même les ressources spirituelles et la force de faire ressortir la vérité, de s'amender et de se renouveler. Pour cette raison, bien que sollicité à plusieurs reprises, j'avais toujours évité de faire des déclarations aux médias, même quand c'eut été mon droit de le faire pour me défendre des calomnies publiées sur mon compte, y compris, même, par de hauts prélats de la Curie romaine. Mais aujourd'hui que la corruption a atteint les sommets de la hiérarchie de l'Église, ma conscience me pousse à révéler les vérités dont j'ai eu connaissance au fil des missions qui me furent confiées par saint Jean-Paul II en tant que Délégué pour les représentations pontificales de 1998 à 2009 et par le pape Benoît XVI comme nonce apostolique aux États-Unis du 19 octobre 2011 à fin mai 2016, en relation à la très triste affaire de l'archevêque émérite de Washington, Theodore McCarrick.
[…]
Pour dissiper les soupçons insinués par certains récents articles, je tiens à dire tout de suite que les nonces apostoliques aux États-Unis, Gabriel Montalvo et Pietro Sambi, tous deux morts prématurément, ne manquèrent pas d'informer immédiatement le Saint-Siège à peine eurent-ils connaissance des comportements gravement immoraux de Mgr McCarrick envers des séminaristes et des prêtres. Selon les écrits de Mgr Pietro Sambi, c'est même en fait à la demande du regretté Mgr Montalvo que le P. Boniface Ramsey, op, a rédigé sa lettre du 22 novembre 2000. Dans ce document, le P. Ramsey, qui a été professeur au séminaire diocésain de Newark de la fin des années 80 jusqu'en 1996, indique que le bruit courait de façon répétée au séminaire que l'archevêque “shared his bed with seminarians” [partageait son lit avec les séminaristes], allant jusqu'à en inviter cinq à la fois à passer le week-end avec lui dans sa maison à la plage, ajoutant connaître un certain nombre de ces séminaristes ayant été invités dans cette maison à la plage et ayant partagé le lit de l'archevêque – et dont plusieurs ont ensuite été ordonnés prêtres pour l'archidiocèse de Newark.
Le bureau que j'occupais alors ne fut informé d'aucune mesure prise par le Saint-Siège à la suite de cette dénonciation faite fin 2000 par le nonce Montalvo, époque à laquelle le cardinal Angelo Sodano était Secrétaire d'État.
À son tour, Mgr Sambi transmit au cardinal Secrétaire d'État, Tarcisio Bertone, un mémoire d'accusation contre McCarrick rédigé par Gregory Littleton, prêtre du diocèse de Charlotte réduit à l'état laïc pour viol de mineurs, accompagné de deux documents du même Littleton, dans lesquels il racontait sa propre triste histoire d'abus sexuels subis de la part de l'archevêque de Newark et de plusieurs autres prêtres et séminaristes. Le nonce précisait que Littleton avait déjà transmis ce mémoire à une dizaine de personnes, entre autorités judiciaires civiles et ecclésiastiques, police et avocats dès juin 2006, et qu'il était donc très probable que la nouvelle soit très bientôt rendue publique. Il demandait de ce fait une intervention rapide du Saint-Siège.
En rédigeant une note sur ces documents qui, comme Délégué des représentations pontificales, me furent remis le 6 décembre 2006, j'écrivis à mes supérieurs, le cardinal Tarcisio Bertone et le Substitut Leonardo Sandri, que les faits attribués à McCarrick par Littleton étaient d'une gravité et d'une laideur telles qu'ils provoquaient chez le lecteur confusion, dégoût, profonde douleur et amertume et qu'ils constituaient les délits de racolage, de sollicitation de séminaristes et prêtres au péché contre le sixième commandement, de façon répétée mais aussi simultanée et en groupe, de dérision d'un jeune séminariste qui tentait de résister aux séductions de l'archevêque en présence de deux autres prêtres, d'absolution du complice en actes impurs, de célébration sacrilège de l'Eucharistie avec des prêtres après avoir commis des actes impurs avec eux.
Dans cette note que j'ai remis le même 6 décembre 2006 à mon supérieur direct, le Substitut, Leonardo Sandri, je suggérais à mes supérieurs hiérarchiques les considérations et les lignes d'action suivantes :
- compte tenu qu'aux nombreux scandales de l’Église aux États-Unis il semblait qu’il allait s'en ajouter un de particulière gravité car concernant un cardinal,
- et que, en droit, s'agissant d'un cardinal, « seul le Pontife Romain a le droit de juger » (canon 1405, §1),
- je proposais qu'une disposition exemplaire soit prise contre le cardinal, susceptible d'avoir une fonction médicinale, à la fois pour prévenir de futurs abus contre des victimes innocentes et apaiser le grave scandale pour les fidèles qui continuaient néanmoins d'aimer et de croire en l'Église,
- j'ajoutais qu'il eut été bon pour une fois que l'autorité ecclésiastique intervienne avant l'autorité civile et, si possible, avant que le scandale n'éclate dans la presse ; cela pouvait rendre un peu de dignité à une Église si éprouvée et si humiliée par tant de comportements abominables de la part de certains pasteurs. Dans ce cas, l'autorité civile n'aurait plus eu à juger un cardinal, mais un pasteur envers lequel l'Église avait déjà pris les mesures appropriées pour l'empêcher d'abuser de son autorité pour continuer à détruire des victimes innocentes.
Cette note du 6 décembre 2006 fut conservée par mes supérieurs sans que ne me revienne jamais une quelconque décision à son égard.
[...]
Je ne sais pas quand le pape Benoît XVI a pris ces mesures contre McCarrick, si c'est en 2009 ou 2010, car entre-temps j'avais été transféré au Gouvernorat de l'État de la Cité du Vatican, tout comme je ne sais pas avec précision qui est responsable de ce retard incroyable. Certainement pas le pape Benoît XVI qui, comme cardinal, avait déjà dénoncé à maintes reprises la corruption présente dans l'Église et qui, dans les premiers mois de son pontificat, s'était fermement opposé à l'admission de jeunes à profonde tendance homosexuelle dans les séminaires. Je dirais que cela était dépendait du premier collaborateur du pape, le cardinal Tarcisio Bertone, notoirement favorable à la promotion d'homosexuels à des postes de responsabilité et habitué à filtrer les informations qu’il jugeait opportunes ou non de transmettre au pape.
Dans tous les cas, ce qui est sûr, c'est que le pape Benoît XVI a infligé les sanctions canoniques susmentionnées à McCarrick et que celles-ci lui furent communiquées par le nonce apostolique aux États-Unis, Mgr Pietro Sambi. Mgr Jean-François Lantheaume, alors premier conseiller à la nonciature à Washington et chargé d’affaires ad interim après la mort inattendue de Mgr Sambi à Baltimore, me référa à mon arrivée à Washington – ce dont il est prêt à témoigner – d'un entretien orageux de plus d'une heure entre Mgr Sambi et le cardinal McCarrick qu'il avait convoqué à la nonciature : « la voix du nonce, me dit Mgr Lantheaume, s'entendait jusque dans le couloir ».
Ces dispositions de Benoît XVI me furent également communiquées par le préfet de la congrégation pour les évêques, le cardinal Marc Ouellet, lorsqu'il me donna, en novembre 2011, avant mon départ pour Washington, les instructions de la congrégation au nouveau nonce.
À mon tour, je les réitérai au cardinal McCarrick lors de ma première rencontre avec lui à la nonciature. Le cardinal, bredouillant de façon à peine compréhensible, avoua avoir pu commettre l’erreur de dormir dans le même lit qu'un séminariste dans sa maison au bord de la mer, mais il me le dit comme si cela était sans importance.
Les fidèles se demandent avec insistance comment sa nomination à Washington et son élévation au rang de cardinal ont pu se produire et ont pleinement le droit de savoir qui était au courant, qui a couvert ses graves méfaits. Il est donc de mon devoir de faire connaître ce que j'en sais, à commencer par la curie romaine.
[Mgr Viganò fait ici les noms des cardinaux Secrétaires d'État, Sodano, Bertone et Parolin, de leurs Substituts Sandri, Filoni et Becciu, mais aussi des chefs de dicastères ayant forcément eu accès au dossier McCarrick…]

J'en viens maintenant aux États-Unis. De toute évidence, le premier à avoir été informé des mesures prises par le pape Benoît [envers McCarrick] était le successeur de McCarrick au siège de Washington, le cardinal Donald Wuerl, dont la situation semble maintenant complètement compromise par les récentes révélations sur son comportement lorsqu'il était évêque de Pittsburgh.
Il est absolument impensable que Mgr Sambi, une personne hautement responsable, loyale, directe et explicite, en bon Romagnol qu'il était, ne le lui ait pas dit. En tout cas, j'ai moi-même abordé à plusieurs reprises le sujet avec le cardinal Wuerl, et je n'eus aucunement besoin d’entrer dans les détails, car il me fut immédiatement évident qu’il en avait pleinement connaissance. Je me souviens ainsi, en particulier, avoir dû attirer son attention parce que j'avais vu dans une publication de l'archidiocèse, en quatrième de couverture, une invitation à rencontrer le cardinal McCarrick destinée aux jeunes qui pensaient avoir une vocation à la prêtrise. J'appelai immédiatement le cardinal Wuerl qui me manifesta sa stupeur, me disant qu'il ne savait rien de cette annonce et qu'il annulerait la réunion. Alors qu'il répète aujourd'hui ne rien avoir su des abus commis par McCarrick et des mesures prises par Benoît XVI, comment expliquer sa réponse ?
[…]
Mgr Paul Bootkoski, évêque émérite de Metuchen [le premier diocèse de Mgr McCarrick], et Mgr John Myers, émérite de Newark, ont couvert les exactions commises par McCarrick dans leurs diocèses respectifs et ont indemnisé deux de ses victimes. Ils ne peuvent pas le nier et doivent être interrogés pour que soient établies toutes les circonstances et les responsabilités relatives.
Le cardinal Kevin Farrell (1), récemment interrogé par les médias, a lui aussi déclaré qu'il n'avait jamais eu vent des abus commis par McCarrick. Compte tenu de ses années passées à Washington, à Dallas et maintenant à Rome, je crois que personne ne peut honnêtement le croire.
[…]
Ma conscience m'oblige maintenant à révéler des faits que j’ai vécus à la première personne, regardant le pape François, qui ont une valeur dramatique et qu'en tant qu’évêque partageant la responsabilité collégiale de tous les évêques envers l’Église universelle je ne peux pas taire et que je me déclare ici prêt à confirmer sous serment en appelant Dieu comme témoin.
Dans les derniers mois de son pontificat, le pape Benoît XVI avait convoqué une réunion de tous les nonces apostoliques à Rome, comme l’avaient fait à plusieurs reprises Paul VI et saint Jean-Paul II. La date fixée pour l'audience était le vendredi 21 juin 2013. Le pape François décida de maintenir cet engagement pris par son prédécesseur. Naturellement, je vins moi aussi à Rome depuis Washington. C'était ma première rencontre avec le pape nouvellement élu, seulement trois mois auparavant, après la renonciation de Benoît XVI.
Dans la matinée du jeudi 20 juin 2013, je me rendis à la maison Sainte-Marthe pour rejoindre mes collègues. À peine entré dans le hall, je rencontrai le cardinal McCarrick, qui portait la soutane filetée. Je le saluai avec respect comme j'avais toujours fait. Il me dit immédiatement, d'un ton ambigu et triomphant : « Le pape m'a reçu hier, demain je pars pour la Chine. »
Je ne savais rien à l'époque de sa longue amitié avec le cardinal Bergoglio et du rôle important qu'il avait joué lors de sa récente élection, comme McCarrick lui-même l'a révélé plus tard lors d'une conférence à l'Université de Villanova et dans une interview avec le National Catholic Reporter. Je n'avais jamais pensé au fait qu'il avait participé aux réunions préliminaires du dernier conclave et au rôle qu'il avait eu en tant qu'électeur en 2005. Je n'ai pas immédiatement compris la signification du message crypté qu'il m'avait adressé, mais celle-ci me devint évidente les jours suivants.
Le lendemain eut lieu l'audience avec le pape François. Après le discours, en partie lu et en partie improvisé, le pape décida de saluer un à un tous les nonces. Nous étions en file indienne et j'étais parmi les derniers. À mon tour, à peine avais-je eu le temps de lui dire : « Je suis le nonce aux États-Unis », qu'il me dit sans préambule et avec un ton de reproche : « Les évêques aux États-Unis ne devraient pas être idéologisés ! Ils doivent être des bergers ! » Naturellement, je n'étais pas en position de lui demander des explications sur ses paroles et sur la manière agressive dont il s'était adressé à moi.
[Le pape ayant invité les nonces qui restaient à Rome à concélébrer avec lui le dimanche suivant, 23 juin 2013, Mgr Viganò obtient de lui une audience pour se faire expliquer sa sortie sur l'idéologisation des prélats américains…]
Le pape m'emmena au premier étage dans son appartement et me dit : « Nous avons 40 minutes avant l'Angelus. »
J'ouvris la conversation en demandant au pape ce qu'il avait voulu me dire avec les mots qu'il m'avait adressés lorsque je l'avais salué le vendredi précédent. Et le pape, d'un ton très différent, amical, presque affectueux, me dit : « Oui, les évêques des États-Unis ne devraient pas être idéologisés : ils ne devraient pas être de droite comme l'archevêque de Philadelphie (le pape ne me fit le nom de l'archevêque), ils doivent être des pasteurs ; ils ne doivent pas non plus être de gauche et, ajouta-t-il levant les bras, quand je dis de gauche, je veux dire homosexuels. » Naturellement, je n'avais pas saisi la logique de la corrélation entre être de gauche et être homosexuel, mais je n'ajoutai rien.
Immédiatement après, le pape me demanda, d'un ton attachant : « Et le cardinal McCarrick, comment est-il ? » Je lui répondis franchement et si on veut  naïvement : « Saint-Père, je ne sais pas si vous connaissez le cardinal McCarrick, mais si vous demandez à la congrégation pour les évêques, il y a un gros dossier sur lui. Il a corrompu des générations de séminaristes et de prêtres et le pape Benoît XVI l'a forcé à se retirer à une vie de prière et de pénitence. » En dépit de la gravité de mes mots, le pape ne fit pas le moindre commentaire et ne montra aucune expression de surprise, comme si la chose lui était déjà connue ; et changea immédiatement de sujet. Mais alors, dans quel but m'avait-il posé cette question : « Et le cardinal McCarrick, comment est-il ? » Assurément, il voulait s’assurer si j’étais l’allié de McCarrick ou pas.
[…]
Il devint ensuite évident qu'après l'élection du pape François, le cardinal McCarrick, désormais libre de toute entrave, se sentait libre de voyager en permanence, de donner des conférences et des interviews (2). Dans un jeu d'équipe avec le cardinal Maradiaga, il était devenu le kingmaker pour les nominations en Curie et aux États-Unis et le conseiller le plus écouté au Vatican pour les relations avec l'administration Obama. Cela explique le remplacement du cardinal Burke par le cardinal Wuerl comme membre de la congrégation pour les évêques et la nomination immédiate de Cupich au sein de cette même congrégation à peine fut-il fait cardinal. Avec ces nominations, la nonciature à Washington devenait hors-jeu pour la nomination des évêques. Comme si cela me suffisait pas, le pape nomma le Brésilien Ilson de Jesus Montanari – grand ami de son secrétaire privé argentin, Fabián Pedacchio – Secrétaire de cette même congrégation pour les évêques et du Collège des cardinaux, promotion directe d'un simple officiel de congrégation à archevêque-Secrétaire de cette même congrégation : du jamais vu pour une charge si importante !
Les nominations de Blase Cupich à Chicago et de William Tobin à Newark ont été orchestrées par McCarrick, Maradiaga et Wuerl, unis par un pacte infâme où les abus sexuels du premier sont couverts par les deux autres. Ni le nom de Cupich ni celui de Tobin ne figuraient parmi ceux présentés par la nonciature pour Chicago et Newark.
[…]
Le pape François a demandé à plusieurs reprises une transparence totale dans l'Église et que les évêques et les fidèles agissent avec parresia. Les fidèles du monde entier le lui demandent également de manière exemplaire. Qu'il dise depuis quand il est au courant des crimes commis par McCarrick en abusant de son autorité sur les séminaristes et les prêtres.
En tout cas, le pape l'a su de moi le 23 juin 2013 et il a continué à le couvrir, n'a pas pris en compte les sanctions que le pape Benoît lui avait infligées et en a fait, avec Maradiaga, son fidèle conseiller.
[…]
Au Honduras est prêt à se répéter un scandale énorme comme celui du Chili. Le pape y défend à outrance son homme, le cardinal Rodriguez Maradiaga, comme il l’a fait au Chili avec l’évêque Juan de la Cruz Barros – qu'il avait lui-même nommé évêque de Osorno contre l'avis des évêques chiliens. Dans un premier temps, il a insulté les victimes des violences sexuelles puis, quand il y a été forcé par le tollé des médias, la révolte des victimes et des fidèles chiliens, il a reconnu son erreur et présenté des excuses, tout en expliquant avoir été mal informé, provoquant une situation désastreuse pour l'Église au Chili mais continuant à protéger les deux cardinaux Errazuriz et Ezzati.
Dans la triste histoire de McCarrick aussi, le comportement du pape François n'est pas différent. Il savait au moins depuis le 23 juin 2013 que McCarrick était un prédateur en série. Tout en sachant qu'il s'agissait un homme corrompu, il l'a couvert jusqu'au bout, faisant sien ses conseils, que l'on imagine difficilement animés de saines intentions et d'amour pour l’Église. Et c'est seulement quand il y a été contraint par la plainte d'une victime mineure, et toujours en réaction au bruit des médias, qu'il a pris des mesures contre celui-ci afin de préserver son image médiatique.
Il y a aujourd'hui aux États-Unis un chœur qui enfle, composé surtout de fidèles laïcs mais auxquels se sont joints récemment des évêques et des prêtres, qui demande à tous ceux qui ont couvert par leur silence le comportement criminel de McCarrick – ou qui l'ont utilisé pour faire carrière et promouvoir leurs projets, leurs ambitions et leur pouvoir dans l'Église – de se démettre.
Toutefois, cela ne suffira pas à remédier à la situation des très graves comportements immoraux du clergé, des évêques et des prêtres. Il faut proclamer un temps de conversion et de pénitence. La vertu de chasteté doit être restaurée dans le clergé et dans les séminaires. Il convient de lutter contre l'utilisation abusive des ressources de l'Église et des offrandes des fidèles pour des fins corrompues. La gravité de la conduite homosexuelle doit être dénoncée. Il faut éradiquer les réseaux homosexuels existant dans l'Église, comme l'a récemment écrit Janet Smith, professeur de théologie morale au Grand Séminaire du Sacré-Cœur à Detroit : « Le problème des abus sexuels du clergé, écrivait-elle, ne peut pas se résoudre simplement par la démission de certains évêques et encore moins par de nouvelles directives bureaucratiques. Le cœur du problème réside dans les réseaux homosexuels du clergé qui doivent être éradiqués. » Ces réseaux homosexuels, aujourd'hui répandus dans de nombreux diocèses, séminaires, ordres religieux, etc., couverts par le secret et le mensonge, agissent avec la puissance des tentacules d'une pieuvre et écrasent les victimes innocentes, les vocations sacerdotales et étouffent toute l'Église.
J'implore tout le monde, en particulier les évêques, à briser le silence pour vaincre cette culture de l'omerta généralisée, et signaler aux médias et aux autorités civiles les cas d'abus dont ils ont connaissance.
[…]
L'Église, dépositaire de la bénédiction de la Nouvelle Alliance, signée dans le sang de l'Agneau, est sainte mais composée de pécheurs, comme l'écrivait saint Ambroise : l'Église est "immaculata ex maculatis", elle est sainte et sans tache tout en étant composée dans son parcours terrestre d'hommes souillés par le péché.
Je veux rappeler cette vérité sans faille de la sainteté de l’Église à tous ceux qui ont été si profondément scandalisés par le comportement abominable et sacrilège de l’ancien archevêque de Washington, Theodore McCarrick, par la conduite grave, déconcertante et pécheresse du pape François et par le silence de nombreux pasteur, qu'ils sont tentés de quitter l'Église défigurée par tant d'ignominies.
Le pape François, le dimanche 12 août 2018, a prononcé ces mots lors de l'Angélus : « Chacun est coupable du bien qu’il pouvait faire et qu’il n’a pas fait... Si nous ne nous opposons pas au mal, nous l'alimentons de façon tacite. Il est nécessaire d’intervenir là où le mal se diffuse parce que le mal se diffuse là où il manque des chrétiens audacieux qui s’y opposent par le bien. » Si cela doit être considéré à juste titre comme une responsabilité morale sérieuse pour chaque fidèle, combien plus cela l'est-il pour le pasteur suprême de l'Église qui, dans le cas de McCarrick, non seulement ne s'est pas opposé au mal, mais s'est associé à celui qu'il savait être profondément corrompu, a suivi les conseils de celui qu'il savait être un pervers, multipliant ainsi de manière exponentielle par son autorité suprême le mal commis par McCarrick. Et combien d'autres mauvais pasteurs François continue-t-il de soutenir dans leur action de destruction de l'Église !
C'est comme si François avait renoncé au mandat que le Christ a donné à Pierre de confirmer ses frères. Au contraire, par son action, il les divise, les conduit en erreur et encourage les loups à continuer d'éparpiller les brebis du troupeau du Christ.
En ce moment extrêmement dramatique pour l’Église universelle, il convient que le pape François reconnaisse ses erreurs et, conformément au principe revendiqué de tolérance zéro, soit le premier à donner le bon exemple aux cardinaux et aux évêques qui ont couvert les abus de McCarrick et se démette en même temps qu'eux tous.
[…]
C'est dans les moments de grande tribulation que la grâce du Seigneur se révèle surabondante et met sa miséricorde sans limites à la disposition de tous. Mais elle n'est accordée qu'à ceux qui se repentent vraiment et ont le propos sincère de s'amender. Le moment est venu pour l'Église de confesser ses péchés, de se convertir et de faire pénitence.

Prions tous pour l'Église et pour le pape, rappelons-nous combien de fois il nous a demandé de prier pour lui !

Renouvelons tous notre foi dans l'Église notre mère : « Je crois en l'Église, une, sainte, catholique et apostolique ! »

Christ n'abandonnera jamais son Église ! Il l'a engendré dans Son Sang et la ranime continuellement par Son Esprit !

Marie, Mère de l'Église, priez pour nous ! Vierge Marie Reine, Mère du Roi de gloire, priez pour nous !

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(1) Le cardinal Kevin Farrell est aujourd'hui à la tête du dicastère romain pour les familles, les laïcs et la vie. C'est lui qui a invité le jésuite James Martin, militant homosexuel, à témoigner lors des rencontres mondiales des familles à Dublin ce week-end. Mgr Farrel a été l'un des évêques auxiliaires de Mgr Mc Carrick à Washington de 2001 à 2006...

(2) Voir ici un article du National Catholic Reporter du 21 juin 2014 expliquant qu'à 84 ans, le cardinal globe-trotter Mc Carrick travaille plus dur que jamais...