En cette fête de Saint Louis, protecteur des armées françaises, pensons à nos soldats :
"Plus de 630 soldats français sont morts en opérations extérieures depuis 1962, rappelle Philippe Chapleau, qui a dirigé le Dictionnaire
des opérations extérieures de l'armée française. Philippe Chapleau est
écrivain et journaliste, spécialiste des questions de défense. Avec le
général Jean-Marc Marill, il a dirigé le Dictionnaire des opérations
extérieures de l'armée française, paru en juin 2018 aux éditions du
Nouveau monde.
FIGAROVOX.- Comment définir les opérations militaires extérieures (OPEX) de la France ?
Philippe CHAPLEAU.- Depuis
les années Soixante et la décolonisation, il est d'usage de parler de
«théâtres d'opérations extérieures» (OPEX). Il peut s'agir d'OPEX de
circonstance, hyper-réactive, lorsque les vies de ressortissants
français sont menacées par exemple, comme à Kolwezi en 1978. D'autres
interventions militaires sont plus longues à mettre en place et
s'inscrivent davantage dans une perspective stratégique. Dans tous les
cas, il s'agit d'une décision du président de la République.
Contrairement à d'autres démocraties de tradition parlementaire, en
France c'est le pouvoir exécutif qui est compétent. Le Parlement est
informé mais ne décide pas de l'envoi de troupes. On peut s'en offusquer
mais, en termes opérationnels, il faut aller très vite et éviter tout
délai.
L'OPEX se caractérise par sa grande
flexibilité. Ce type d'opérations contribue, en quelque sorte, à la
capacité de dissuasion française: pouvoir se projeter aussi rapidement à
différents endroits du monde revêt un aspect dissuasif, ce qui est loin
d'être le cas pour un grand nombre de pays d'Europe qui ne bénéficient
pas d'armées aux capacités de projection comme la nôtre.
638 soldats ont été tués au
cours des différentes OPEX effectuées par l'armée française depuis la
fin de la guerre d'Algérie. Assiste-t-on encore à des conflits
meurtriers, ou bien s'agit-il d'opérations de maintien de la paix?
Des opérations de maintien de la paix
dans les années 80/90, nous sommes passés à une posture beaucoup plus
offensive, et le nombre de mort s'en est logiquement ressenti. Nous
sommes certes loin de Verdun et de ses morts par milliers chaque jour.
Toutefois ces quelques morts, chaque année, témoignent de la violence
ambiante, de la volatilité de la situation, et d'un engagement réel des
troupes françaises. Nos soldats font encore la guerre, tout comme ils
meurent toujours pour la France et le drapeau"