Le texte qui suit a été publié par le site américain Lifesitenews du 25 août dernier.
Il témoigne des incroyables dérives qui se propagent au Vatican. Ce
texte semble incroyable. C’est un commentaire ; le texte de Mgr Vigano
qui témoigne de ces faits fait 11 pages. C’est une mine de
renseignements. Ceci est un résumé. Mais c’est la première fois qu’un
prélat demande la démission du pape. Rappelons que le cardinal McCarrick
86 ans a été dénoncé publiquement comme pédophile (en fait éphobophile)
et homosexuel (JPD)
Ce que vous êtes sur le point de lire
est un témoignage explosif de l’ancien nonce apostolique aux États-Unis,
impliquant le pape François et plusieurs prélats supérieurs dans la
dissimulation.
Dans une déclaration écrite
extraordinaire de 11 pages rédigée par Mgr Carlo Maria Viganò, 77 ans ;
celui-ci affirme que le pape François était au courant des sanctions
canoniques strictes imposées à McCarrick par le pape Benoît XVI, mais
avait choisi de les abroger.
Dans son
témoignage, daté du 22 août, Mgr Viganò, qui a été nonce apostolique à
Washington de 2011 à 2016, déclare qu’à la fin des années 2000, Benoît «avait imposé au cardinal McCarrick des sanctions similaires à celles que lui imposera le pape François ultérieurement». Viganò a personnellement parlé avec Francois de la gravité des abus de McCarrick peu après son élection en 2013.
Mgr Vigano dit que François « a continué à couvrir McCarrick» et non seulement il « n’a pas pris en compte les sanctions que le pape Benoît lui avait infligées » mais a également fait de McCarrick « son conseiller de confiance »
qui l’a aidé à nommer un certain nombre d’évêques des États-Unis, y
compris les cardinaux Blase Cupich de Chicago et Joseph Tobin de Newark.
(très progressistes ndlr)
L’archevêque Viganò implique également
les cardinaux Sodano, Bertone et Parolin dans le camouflage de la vérité
et insiste sur le fait que plusieurs autres cardinaux et évêques
étaient au courant, y compris le cardinal Donald Wuerl, successeur de
McCarrick comme archevêque de Washington. « J’ai moi-même évoqué le
sujet avec le cardinal Wuerl à plusieurs reprises, et je n’avais
certainement pas besoin d’entrer dans les détails car il était clair
pour moi qu’il en était pleinement conscient« , écrit-il. « Les récentes déclarations du cardinal selon lesquelles il n’en savait rien… sont absolument risibles. Il ment sans vergogne. »
« Le cardinal Wuerl, conscient des
abus constants commis par le cardinal McCarrick et des sanctions que le
pape Benoît lui avait infligées, en transgressant l’ordre du pape, lui a
également permis de résider dans un séminaire à Washington » , atteste-t-il.
Mgr Vigano, une personnalité très respectée, affirme que sa « conscience » exige que la vérité soit connue sous le nom de « corruption au sommet de la hiérarchie de l’Eglise ».
Il met fin à son témoignage en invitant le pape François et tous ceux
impliqués dans la couverture de l’abus de McCarrick de démissionner.
Dans ses commentaires à LifeSiteNews le 25 août, l’archevêque Viganò a déclaré: «La
principale raison pour laquelle je révèle cette nouvelle maintenant est
la situation tragique de l’Eglise, qui ne peut être réparée que par la
vérité, tout comme elle a été gravement blessée par les abus et les
dissimulations. Je le fais pour arrêter la souffrance des victimes,
prévenir de nouvelles victimes et pour protéger l’Église: seule la
vérité peut la libérer. »
Viganò a déclaré que la deuxième raison pour laquelle il avait choisi d’écrire son témoignage était de «décharger
ma conscience devant Dieu de mes responsabilités en tant qu’évêque de
l’Église universelle. Je suis un vieil homme et je veux me présenter à
Dieu avec une conscience propre. »
Interrogé pour savoir s’il était préoccupé par les critiques qui pourraient suggérer qu’il enfreint le secret pontifical –
un code de confidentialité s’appliquant à des questions qui exigent une
confidentialité plus grande que la simple confidentialité – il a
déclaré: «Les secrets de l’Église, même pontificaux, ne sont pas des
tabous. Ce sont des instruments pour la protéger, elle et ses enfants,
de ses ennemis. Les secrets ne doivent pas être utilisés pour des
complots. «
« Le peuple de Dieu a le droit de connaître toute la vérité, y compris en ce qui concerne ses bergers », a-t-il déclaré. « Ils
ont le droit d’être guidés par de bons bergers. Pour pouvoir leur faire
confiance et les aimer, ils doivent les connaître ouvertement en toute
transparence et en toute vérité. Un prêtre devrait être une lumière sur
un chandelier toujours et partout et pour tous. »
Version française du témoignage de Mgr Carlo Maria Vigano repris de la Porte Latine
TÉMOIGNAGE – Par Son Excellence Carlo Maria Viganò Archevêque titulaire d’Ulpiana, Nonce apostolique
En ce moment tragique pour
l’Eglise dans diverses parties du monde – les Etats-Unis, le Chili, le
Honduras, l’Australie, etc. – les évêques ont une très grave
responsabilité. Je pense en particulier aux États-Unis d’Amérique, où
j’ai été envoyé comme nonce apostolique par le pape Benoît XVI le 19
octobre 2011, fête commémorative des premiers martyrs d’Amérique du
Nord. Les évêques des États-Unis sont appelés, et moi avec eux, à suivre
l’exemple de ces premiers martyrs qui ont apporté l’Évangile sur les
terres d’Amérique, à être des témoins crédibles de l’amour
incommensurable du Christ, qui est le chemin, la vérité et la vie.
Certains prêtres et
évêques, abusant de leur autorité, ont commis des crimes horribles au
détriment de leurs fidèles, mineurs, victimes innocents, et jeunes gens
désireux d’offrir leur vie à l’Église. Ou bien par leur silence, ils
n’ont pas empêché que de tels crimes continuent d’être perpétrés.
Pour restaurer la beauté
de la sainteté du visage de l’Epouse du Christ, qui est terriblement
défigurée par tant de crimes abominables, et si nous voulons vraiment
libérer l’Eglise du marais fétide dans lequel elle est tombée, nous
devons avoir le courage de d’abattre la culture du secret et de
confesser publiquement les vérités que nous avons gardées cachées. Nous
devons abattre la conspiration du silence par laquelle prêtres et
évêques se sont protégés aux dépens de leurs fidèles, une conspiration
du silence qui risque, aux yeux du monde, de faire paraître l’Église
comme une secte, une conspiration du silence ssemblable à qui prévaut
dans la mafia. « Tout ce que vous avez dit dans l’obscurité sera
proclamé sur les toits. » (Luc 12: 3)
J’ai toujours cru et
espéré que la hiérarchie de l’Église puisse trouver en elle-même les
ressources spirituelles et la force de dire toute la vérité, de se
corriger et de se renouveler. C’est pourquoi, même si on m’a demandé à
plusieurs reprises, j’ai toujours évité de faire des déclarations aux
médias, même si c’était mon droit de le faire, afin de me défendre
contre les calomnies publiées à mon sujet, y compris par des prélats de
haut rang de la curie romaine. Mais maintenant que la corruption a
atteint le sommet de la hiérarchie de l’Eglise, ma conscience m’impose
de révéler ces vérités concernant l’affaire déchirante de l’archevêque
émérite de Washington, Théodore McCarrick, que j’ai connue au cours de
la mission qui m’a été confiée par saint Jean-Paul II, comme délégué aux
représentations pontificales de 1998 à 2009, puis par le pape Benoît
XVI, comme nonce apostolique aux États-Unis d’Amérique, du 19 octobre
2011 à fin mai 2016.
En tant que Délégué aux
Représentations Pontificales auprès de la Secrétairerie d’État, mes
responsabilités ne se limitaient pas aux Nonciatures Apostoliques, mais
incluaient également le personnel de la Curie Romaine (embauches,
promotions, processus d’information sur les candidats à l’épiscopat,
etc.) et l’examen des cas délicats, y compris ceux concernant les
cardinaux et les évêques, confiés au délégué par le cardinal secrétaire
d’État ou par le Substitut de la Secrétairerie d’État.
Pour dissiper les soupçons
insinués dans plusieurs articles récents, je dirai immédiatement que
les nonces apostoliques aux États-Unis, Gabriel Montalvo et Pietro
Sambi, tous deux prématurément décédés, n’ont pas manqué d’informer
immédiatement le Saint-Siège dès qu’ils ont appris le comportement
gravement immoral de l’archevêque McCarrick avec des séminaristes et des
prêtres. En effet, selon ce qu’a écrit le nonce Pietro Sambi, la lettre
du père Boniface Ramsey, O.P., datée du 22 novembre 2000, a été rédigée
à la demande du défunt nonce Montalvo. Dans cette lettre, le père
Ramsey, professeur au séminaire diocésain de Newark de la fin des années
1980 jusqu’à 1996, affirme qu’une rumeur récurrente au séminaire disait
que l’archevêque « partageait son lit avec des séminaristes », en
invitant cinq à la fois pour passer le week-end avec lui dans sa maison
près de la plage. Et il a ajouté qu’il connaissait un certain nombre de
séminaristes, dont certains ont été plus tard ordonnés prêtres pour
l’archidiocèse de Newark, qui avaient été invités dans cette maison et
avaient partagé le lit de l’archevêque.
Le bureau que j’occupais à
l’époque n’a été informé d’aucune mesure prise par le Saint-Siège après
que le nonce Montalvo eut porté ces accusations à la fin de 2000, alors
que le cardinal Angelo Sodano était secrétaire d’État.
De la même manière, le
nonce Sambi transmit au cardinal secrétaire d’État Tarcisio Bertone un
mémorandum d’accusation contre McCarrick par le prêtre Gregory Littleton
du diocèse de Charlotte, réduit à la laïc pour viol de mineurs,
accompagné de deux documents du même Littleton, dans lequel celui-ci
racontait l’histoire tragique des abus sexuels commis à l’époque par
l’archevêque de Newark et par plusieurs autres prêtres et séminaristes.
Le nonce a ajouté que Littleton avait déjà transmis son mémorandum à une
vingtaine de personnes, y compris les autorités judiciaires civiles et
ecclésiastiques, la police et les avocats, en juin 2006, et qu’il était
donc très probable que l’information serait bientôt rendue publique. Il a
donc appelé à une intervention rapide du Saint-Siège.
En rédigeant une note sur
ces documents qui m’ont été confiés, en tant que délégué aux
représentations pontificales, le 6 décembre 2006, j’ai écrit à mes
supérieurs, le cardinal Tarcisio Bertone et le Substitut Leonardo
Sandri, que les faits attribués à McCarrick par Littleton étaient d’une
telle gravité et d’une telle bassesse qu’ils provoquaient chez le
lecteur un sentiment de confusion, de dégoût, de chagrin profond et
d’amertume, et qu’ils constituent des crimes de séduire, demander des
actes dépravés de la part de séminaristes et de prêtres, de façon
répétée et simultanée avec plusieurs personnes, moquerie d’un jeune
séminariste qui tentait de résister aux séductions de l’archevêque en
présence de deux autres prêtres, absolution des complices de ces actes
dépravés, célébration sacrilège de l’Eucharistie avec les mêmes prêtres
après avoir commis de tels actes.
Dans ma note, que j’ai
remise le même jour du 6 décembre 2006 à mon supérieur direct, le
Substitut Leonardo Sandri, j’ai proposé à mes supérieurs les points
suivants:
– Etant donné ce qui
semblait qu’un nouveau scandale d’une gravité particulière, dans la
mesure où il concernait un cardinal, allait s’ajouter aux nombreux
scandales touchant l’Église aux États-Unis,
– Et, puisque cette affaire concernait un cardinal, selon le canon 1405 § 1, n ° 2, « ipsius Romani Pontificis dumtaxat ius est iudicandi »; [Note de La Porte Latine :
Can. 1405 – § 1. Parmi les causes dont il s’agit au can. 1401, seul le
Pontife Romain a le droit de juger : 1 les personnes qui exercent la
magistrature suprême de l’État ; 2 les Pères Cardinaux ; 3 les Légats du
Siège Apostolique et, dans les causes pénales, les Évêques ; 4 les
autres causes qu’il aura évoquées lui-même à son propre Tribunal.]
– J’ai proposé qu’une
mesure exemplaire soit prise contre le cardinal qui pourrait avoir une
fonction médicinale, prévenir de futurs abus contre des victimes
innocentes et atténuer le scandale très grave pour les fidèles, qui
malgré tout continuaient à aimer et à croire en l’Église.
– J’ai ajouté qu’il serait
salutaire que, pour une fois, l’autorité ecclésiastique intervienne
devant les autorités civiles et, si possible, avant que le scandale
n’éclate dans la presse. Cela aurait pu rendre une certaine dignité à
une Église si cruellement éprouvée et humiliée par tant d’actes
abominables de la part de certains pasteurs. Si cela était fait,
l’autorité civile n’aurait plus à juger un cardinal, mais un pasteur
avec lequel l’Église avait déjà pris des mesures appropriées pour
l’empêcher d’abuser de son autorité et de continuer à détruire des
victimes innocentes.
Ma note du 6 décembre 2006
a été conservée par mes supérieurs et ne m’a jamais été retournée avec
quelque décision que ce soit de la part des supérieurs.
Par la suite, autour du
21-23 avril 2008, Richard Sipe a publié sur Internet, à l’adresse
richardsipe.com, la déclaration au pape Benoît XVI sur la crise des abus
sexuels aux États-Unis. Le 24 avril, ce texte a été transmis par le
préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, le cardinal
William Levada, au cardinal secrétaire d’État Tarcisio Bertone. Il m’a
été transmis un mois plus tard, le 24 mai 2008.
Le lendemain, j’ai remis
une nouvelle note au nouveau Substitut, Fernando Filoni, qui comprenait
mon précédent numéro du 6 décembre 2006. J’y ai résumé le document de
Richard Sipe, qui se terminait par cet appel respectueux et sincère au
pape Benoît XVI: « J’approche Votre Sainteté avec respect, mais avec la
même intensité qui a poussé Pierre Damien à présenter devant votre
prédécesseur, le pape Léon IX, une description de la situation du clergé
à son époque. Les problèmes dont il parlait sont similaires et aussi
importants aux États-Unis qu’ils étaient à l’époque à Rome. Si Votre
Sainteté le demande, je vous soumettrai personnellement une
documentation à ce sujet. »
Je terminais ma note en
répétant à mes supérieurs que je pensais qu’il était nécessaire
d’intervenir le plus tôt possible, en retirant le chapeau du cardinal au
cardinal McCarrick, et qu’il devait être soumis aux sanctions établies
par le Code de droit canonique, qui prévoit également la réduction à
l’état laïc.
Cette seconde note n’a
jamais été retournée au Bureau du personnel et mes supérieurs m’ont
consterné pour l’absence inconcevable de mesures contre le cardinal et
pour le manque de communication avec moi depuis ma première note en
décembre 2006. .
Mais, finalement, j’ai
appris avec certitude, par l’intermédiaire du cardinal Giovanni Battista
Re, alors préfet de la Congrégation pour les évêques, que la
déclaration courageuse et méritoire de Richard Sipe avait obtenu le
résultat souhaité. Le pape Benoît XVI avait imposé au cardinal McCarrick
des sanctions similaires à celles que lui impose aujourd’hui le pape
François: le cardinal devait quitter le séminaire où il vivait, il lui
était interdit de célébrer la messe en public, de participer à des
réunions publiques, de donner des conférences, de voyager, avec
l’obligation de se consacrer à une vie de prière et de pénitence.
Je ne sais pas quand le
pape Benoît XVI a pris ces mesures contre McCarrick, que ce soit en 2009
ou 2010, car entre-temps j’avais été muté au gouvernorat de la Cité du
Vatican, tout comme je ne sais pas qui était responsable de cet
incroyable retard. Je ne crois certainement pas que ce soit le pape
Benoît XVI qui, comme cardinal, avait dénoncé à plusieurs reprises la
corruption dans l’Église et dans les premiers mois de son pontificat,
s’était fermement opposé à l’admission au séminaire de jeunes hommes aux
tendances homosexuelles profondes. Je crois que c’était dû au premier
collaborateur du pape à l’époque, le cardinal Tarcisio Bertone, qui
était notoirement favorable à la promotion des homosexuels à des postes
de responsabilité et était habitué à gérer les informations qu’il
pensait appropriées à transmettre au pape.
En tout cas, ce qui est
certain, c’est que le pape Benoît XVI a imposé les sanctions canoniques
susmentionnées à McCarrick et qu’elles lui ont été communiquées par le
nonce apostolique aux États-Unis, Pietro Sambi. Mgr Jean-François
Lantheaume, alors premier conseiller de la nonciature à Washington et
chargé d’affaires après la mort inattendue du nonce Sambi à Baltimore,
m’a parlé, lorsque je suis arrivé à Washington – et il est prêt à en
témoigner –,d’une conversation orageuse qui a duré plus d’une heure
entre le nonce Sambi et le cardinal McCarrick convoqué à la nonciature.
Monseigneur Lantheaume m’a dit que “la voix du nonce pouvait être
entendue dans tout le couloir”.
Les mêmes dispositions du
pape Benoît me furent également communiquées par le nouveau préfet de la
Congrégation pour les évêques, le cardinal Marc Ouellet, en novembre
2011, lors d’une conversation avant mon départ pour Washington, et
figurèrent parmi les instructions de la même Congrégation au nouveau
Nonce.
À mon tour, je les ai
répétées au cardinal McCarrick lors de ma première rencontre avec lui à
la nonciature. Le cardinal, marmonnant d’une manière à peine
compréhensible, a admis qu’il avait peut-être commis l’erreur de dormir
dans le même lit avec des séminaristes dans sa maison au bord de la
plage, mais il a dit cela comme si cela n’avait aucune importance.
Les fidèles se demandent
avec insistance comment il a été possible de le nommer à Washington et
de le créer cardinal, et ils ont parfaitement le droit de savoir qui
savait et qui a dissimulé ses graves méfaits. Il est donc de mon devoir
de révéler ce que j’en sais, à commencer par la Curie romaine.
Le cardinal Angelo Sodano
était secrétaire d’État jusqu’en septembre 2006: toutes les informations
lui ont été communiquées. En novembre 2000, le nonce Montalvo lui
envoya son rapport, lui transmettant la lettre susmentionnée du père
Boniface Ramsey dans laquelle celui-ci dénonçait les graves exactions
commises par McCarrick.
On sait que Sodano a tenté
de dissimuler le scandale du père Maciel jusqu’à la fin. Il a même
renvoyé le nonce à Mexico, Justo Mullor, qui refusait de se rendre
complice de son projet de couvrir Maciel, et a nommé à sa place Sandri,
alors nonce au Venezuela, qui était prêt à collaborer à la
dissimulation. Sodano est même allé jusqu’à faire une déclaration au
bureau de presse du Vatican dans laquelle un mensonge était affirmé, à
savoir que le pape Benoît avait décidé que l’affaire Maciel devrait être
considérée comme close. Benoît XVI a réagi, malgré la vigoureuse
défense de Sodano, et Maciel a été reconnu coupable et irrévocablement
condamné.
La nomination de McCarrick
à Washington et comme cardinal était-elle l’œuvre de Sodano, alors que
Jean-Paul II était déjà très malade? Nous ne pouvons pas le savoir.
Cependant, il est légitime de le penser, mais je ne crois pas qu’il
était le seul responsable. McCarrick se rendait fréquemment à Rome et se
faisait des amis partout, à tous les niveaux de la curie. Si Sodano
avait protégé Maciel, comme il semble certain, il n’y a aucune raison
qu’il ne l’ait pas fait pour McCarrick, qui selon beaucoup avait les
moyens financiers d’influencer les décisions. Le préfet de la
Congrégation pour les évêques, le cardinal Giovanni Battista Re, s’est
opposé à sa nomination à Washington. À la nonciature de Washington, il y
a une note, écrite de sa main, dans laquelle Cardinal Re se dissocie de
la nomination et déclare que McCarrick était 14ème sur la liste pour
Washington.
Le rapport du nonce Sambi,
avec toutes les pièces jointes, a été envoyé au cardinal Tarcisio
Bertone, en tant que secrétaire d’Etat. Mes deux notes susmentionnées du
6 décembre 2006 et du 25 mai 2008 lui ont probablement été remises par
le Substitut. Comme déjà mentionné, le cardinal n’a eu aucune difficulté
à présenter avec insistance des candidats à l’épiscopat connus pour
être des homosexuels actifs – je ne cite que le cas bien connu de
Vincenzo de Mauro, qui a été nommé archevêque de Vigevano et déplacé
parce qu’il choquait ses séminaristes –, en filtrant et manipulant les
informations qu’il transmettait au pape Benoît.
Le cardinal Pietro
Parolin, l’actuel secrétaire d’État, s’est également rendu complice de
la dissimulation des méfaits de McCarrick qui, après l’élection du pape
François, s’était vanté ouvertement de ses voyages et de ses missions
dans divers continents. En avril 2014, le Washington Timesa publié en
première page un reportage sur le voyage de McCarrick en République
centrafricaine et au nom du Département d’État – pas moins ! En tant que
nonce à Washington, j’ai écrit au cardinal Parolin pour lui demander si
les sanctions imposées à McCarrick par le pape Benoît étaient toujours
valables. Il va sans dire que ma lettre n’a jamais reçu de réponse !
On peut dire la même chose
du cardinal William Levada, ancien préfet de la Congrégation pour la
doctrine de la foi, des cardinaux Marc Ouellet, préfet de la
Congrégation des évêques, Lorenzo Baldisseri, ancien secrétaire de la
même Congrégation pour les évêques, et de l’archevêque Ilson de Jesus
Montanari, actuel secrétaire de la même Congrégation. Ils étaient tous
au courant par leurs fonctions des sanctions imposées par le pape Benoît
XVI à McCarrick.
Les cardinaux Leonardo
Sandri, Fernando Filoni et Angelo Becciu, en tant que Substitut de la
Secrétairerie d’État, connaissaient dans tous les détails la situation
concernant le cardinal McCarrick.
Les cardinaux Giovanni
Lajolo et Dominique Mamberti n’ont pas pu non plus ne pas le savoir. En
tant que secrétaires pour les relations avec les États, ils
participaient plusieurs fois par semaine à des réunions avec le
secrétaire d’État.
En ce qui concerne la
curie romaine, je vais m’arrêter ici pour le moment, même si les noms
d’autres prélats du Vatican sont bien connus, y compris très proches du
pape François, tels que le cardinal Francesco Coccopalmerio et
l’archevêque Vincenzo Paglia, qui appartiennent au courant homosexuel en
faveur de la subversion de la doctrine catholique sur l’homosexualité,
un courant déjà dénoncé en 1986 par le cardinal Joseph Ratzinger, alors
préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, dans sa Lettre aux
évêques de l’Église catholique sur la pastorale des personnes
homosexuelles. Les cardinaux Edwin Frederick O’Brien et Renato Raffaele
Martino appartiennent également au même courant, mais avec une idéologie
différente. D’autres membres de ce courant résident même à la maison
Sainte Marthe.
Passons aux États-Unis. De
toute évidence, le premier à avoir été informé des mesures prises par
le pape Benoît était le successeur de McCarrick à Washington, le
cardinal Donald Wuerl, dont la situation est maintenant complètement
compromise par les récentes révélations concernant son comportement
comme évêque de Pittsburgh.
Il est absolument
impensable que le nonce Sambi, qui était une personne extrêmement
responsable, loyale, directe et explicite dans sa façon d’être (un vrai
fils de Romagne) ne lui en ait pas parlé. En tout cas, j’ai moi-même
évoqué le sujet avec le cardinal Wuerl à plusieurs reprises et je
n’avais certainement pas besoin d’entrer dans les détails, car il était
clair pour moi qu’il en était parfaitement conscient. Je me souviens en
particulier du fait que j’ai dû attirer son attention car je me suis
rendu compte que dans une publication archidiocésaine, avec couverture
en couleur, il y avait une annonce invitant des jeunes gens qui
pensaient avoir une vocation au sacerdoce pour une rencontre avec le
cardinal McCarrick. J’ai immédiatement téléphoné au cardinal Wuerl, qui
m’a exprimé sa surprise en me disant qu’il ne savait rien de cette
annonce et qu’il allait l’annuler. Si, comme il continue à le dire, il
ne savait rien des abus commis par McCarrick et des mesures prises par
le pape Benoît XVI, comment expliquer sa réponse?
Ses récentes déclarations
selon lesquelles il n’en savait rien, même s’il a tout d’abord fait
allusion à l’indemnisation des deux victimes, sont tout à fait risibles.
Le cardinal ment sans vergogne et persuade son chancelier, Mgr
Antonicelli, de mentir également.
Le cardinal Wuerl a aussi
clairement menti à une autre occasion. À la suite d’un événement
moralement inacceptable autorisé par les autorités universitaires de
l’Université de Georgetown, j’avais attiré l’attention de son président,
le Dr John DeGioia, sur cet événement en lui envoyant deux lettres.
Avant de les transmettre au destinataire, de manière à gérer les choses
correctement, j’en ai personnellement remis une copie au cardinal avec
une lettre d’accompagnement que j’avais écrite. Le cardinal m’a dit
qu’il n’en savait rien. Cependant, il n’a pas accusé réception de mes
deux lettres, contrairement à ce qu’il faisait habituellement. J’ai
appris par la suite que l’événement de Georgetown avait eu lieu pendant
sept ans. Mais le cardinal n’en savait rien!
Le cardinal Wuerl, bien
conscient des abus constants commis par le cardinal McCarrick et des
sanctions que le pape Benoît XVI lui a infligées, en transgressant
l’ordre du pape, lui a également permis de résider dans un séminaire à
Washington. En le faisant, il a mis d’autres séminaristes en danger.
Mgr Paul Bootkoski,
émérite de Metuchen, et Mgr John Myers, archevêque émérite de Newark,
ont dissimulé les exactions commises par McCarrick dans leurs diocèses
respectifs et indemnisé deux de ses victimes. Ils ne peuvent pas le nier
et ils doivent être interrogés afin de révéler toutes les circonstances
et toutes les responsabilités en la matière.
Le cardinal Kevin Farrell,
récemment interviewé par les médias, a également déclaré qu’il n’avait
pas la moindre idée des abus commis par McCarrick. Compte tenu de son
mandat à Washington, Dallas et maintenant à Rome, je pense que personne
ne peut honnêtement le croire. Je ne sais pas s’il lui a jamais été
demandé s’il connaissait les crimes de Maciel. S’il devait le nier,
quelqu’un le croirait-il, puisqu’il occupait des postes de
responsabilité en tant que membre des Légionnaires du Christ?
En ce qui concerne le
cardinal Sean O’Malley, je dirais simplement que ses dernières
déclarations sur l’affaire McCarrick sont déconcertantes et ont
totalement occulté sa transparence et sa crédibilité.
Ma conscience exige aussi
que je révèle des faits que j’ai personnellement vécus, concernant le
pape François, qui ont une signification dramatique, sur lesquels, en
tant qu’évêque, partageant la responsabilité collégiale de tous les
évêques sur l’Eglise universelle, je ne peux pas rester silencieux et
que je présente ici, prêt à les réaffirmer sous serment en invoquant
Dieu comme mon témoin.
Dans les derniers mois de
son pontificat, le pape Benoît XVI avait convoqué une réunion de tous
les nonces apostoliques à Rome, comme Paul VI et saint Jean-Paul II
l’avaient fait à plusieurs reprises. La date fixée pour l’audience avec
le pape était le vendredi 21 juin 2013. Le pape François a maintenu cet
engagement pris par son prédécesseur. Bien sûr, je suis aussi venu à
Rome de Washington. C’était ma première rencontre avec le nouveau pape,
élu trois mois auparavant, après la démission du pape Benoît XVI.
Dans la matinée du jeudi
20 juin 2013, je suis allé à la maison Sainte Marthe pour rejoindre mes
collègues qui y séjournaient. Dès que je suis entré dans la salle, j’ai
rencontré le cardinal McCarrick, qui portait la soutane rouge. Je l’ai
salué avec respect comme je l’avais toujours fait. Il me dit aussitôt,
d’un ton situé quelque part entre l’ambiguë et le triomphal: « Le Pape
m’a reçu hier, demain je vais en Chine. »
À l’époque, je ne savais rien de sa longue amitié avec le cardinal Bergoglio et du rôle important qu’il avait joué dans sa récente élection, comme le révélerait plus tard McCarrick lui-même lors d’une conférence à l’université Villanova et dans une interview avec le National Catholic Reporter. Je n’avais jamais non plus pensé au fait qu’il avait participé aux réunions préliminaires du dernier conclave et au rôle qu’il avait pu jouer en tant qu’électeur lors du conclave de 2005. Par conséquent, je n’ai pas immédiatement compris la signification du message crypté que McCarrick m’avait communiqué, mais cela deviendrait clair pour moi dans les jours qui devaient suivre.
À l’époque, je ne savais rien de sa longue amitié avec le cardinal Bergoglio et du rôle important qu’il avait joué dans sa récente élection, comme le révélerait plus tard McCarrick lui-même lors d’une conférence à l’université Villanova et dans une interview avec le National Catholic Reporter. Je n’avais jamais non plus pensé au fait qu’il avait participé aux réunions préliminaires du dernier conclave et au rôle qu’il avait pu jouer en tant qu’électeur lors du conclave de 2005. Par conséquent, je n’ai pas immédiatement compris la signification du message crypté que McCarrick m’avait communiqué, mais cela deviendrait clair pour moi dans les jours qui devaient suivre.
Le lendemain, l’audience
avec le pape François a eu lieu. Après son discours en partie lu et en
partie improvisé, le pape a souhaité saluer un par un tous les nonces.
En file indienne, je me souviens que j’étais parmi les derniers. Lorsque
vint mon tour, j’ai juste eu le temps de lui dire: «Je suis le nonce
aux États-Unis.» Il m’assaillit aussitôt d’un ton de reproche avec ces
mots : « Les évêques des Etats-Unis ne doivent pas être idéologisés! Ils
doivent être des pasteurs! »Bien sûr, je n’étais pas en mesure de
demander des explications sur le sens de ses paroles et la manière
agressive dont il m’avait critiqué. J’avais en main un livre en
portugais que le cardinal O’Malley m’avait envoyé quelques jours plus
tôt pour le pape, me disant « pour qu’il puisse revoir son portugais
avant d’aller à Rio pour les Journées Mondiales de la Jeunesse ». Je lui
ai remis immédiatement, et me suis ainsi libéré de cette situation
extrêmement déconcertante et embarrassante.
À la fin de l’audience, le
pape a annoncé: « Ceux d’entre vous qui sont encore à Rome dimanche
prochain sont invités à concélébrer avec moi à la maison Sainte
Marthe. » J’ai naturellement pensé à rester pour clarifier aussi vite
que possible ce que le Pape avait voulu me dire.
Le dimanche 23 juin, avant
la concélébration avec le Pape, j’ai demandé à Monseigneur Ricca, qui,
comme responsable de la maison, nous aidait à mettre nos vêtements, s’il
pouvait demander au Pape de me recevoir la semaine suivante. Comment
aurais-je pu retourner à Washington sans avoir clarifié ce que le pape
voulait de moi? A la fin de la messe, alors que le pape saluait les
quelques laïcs présents, Mgr Fabian Pedacchio, son secrétaire argentin,
est venu me dire: « Le Pape m’a chargé de vous demander si vous étiez
libre maintenant! » J’étais à la disposition du Pape et je l’ai remercié
de m’avoir reçu immédiatement. Le Pape m’a emmené au premier étage de
son appartement et a déclaré: « Nous avons 40 minutes avant l’Angélus. »
J’ai commencé la
conversation en demandant au pape ce qu’il avait l’intention de me dire
avec les mots qu’il m’avait adressés lorsque je l’ai salué le vendredi
précédent. Et le Pape, d’un ton très différent, amical, presque
affectueux, m’a dit: « Oui, les évêques aux États-Unis ne doivent pas
être idéologisés ; ils ne doivent pas être de droite comme l’archevêque
de Philadelphie (il n’a pas donné le nom de l’archevêque) ; ils doivent
être des pasteurs ; et ils ne doivent pas être de gauche – et il a
ajouté, levant les deux bras – et quand je dis de gauche, je veux dire
homosexuel. » Bien sûr, la logique de la corrélation entre être de
gauche et être homosexuel m’a échappé, mais je n’ai rien ajouté d’autre.
Immédiatement après, le
Pape m’a demandé d’une manière trompeuse: «Comment est le cardinal
McCarrick?» Je lui ai répondu avec une franchise totale et, si vous
voulez, avec une grande naïveté: «Saint Père, je ne sais pas si vous
connaissez le cardinal McCarrick, mais si vous demandez à la
Congrégation pour les évêques, il existe un dossier épais comme ça sur
lui. Il a corrompu des générations de séminaristes et de prêtres et le
pape Benoît lui a ordonné de se retirer dans une vie de prière et de
pénitence. » Le Pape n’a pas fait le moindre commentaire sur ces paroles
très graves et son visage n’a manifesté aucune surprise, comme s’il
connaissait déjà l’affaire depuis quelque temps, et il a immédiatement
changé de sujet. Mais alors, quel était le but du pape en me posant
cette question: « Comment est le cardinal McCarrick? » Il voulait
clairement savoir si j’étais un allié de McCarrick ou non.
De retour à Washington,
tout est devenu clair pour moi, grâce aussi à un nouvel événement
survenu quelques jours seulement après ma rencontre avec le pape
François. Lorsque le nouvel évêque Mark Seitz a pris possession du
diocèse d’El Paso le 9 juillet 2013, j’ai envoyé le premier conseiller,
Mgr Jean-François Lantheaume, alors que je me rendais à Dallas le même
jour pour une réunion internationale sur la bioéthique. En rentrant,
Monseigneur Lantheaume m’a dit qu’à El Paso, il avait rencontré le
cardinal McCarrick qui, le prenant à part, lui avait dit presque les
mêmes mots que le Pape m’avait dit à Rome: «Les évêques aux États-Unis
ne doivent pas être idéologisés, ils ne doivent pas être de droite, ils
doivent être des pasteurs… » J’étais stupéfait! Il était donc clair que
les paroles de reproche que le pape François m’avait adressées le 21
juin 2013 lui avaient été mises dans la bouche la veille par le cardinal
McCarrick. La mention du Pape « pas comme l’archevêque de
Philadelphie » pouvait être attribuée à McCarrick, car il y avait eu un
fort désaccord entre eux sur l’admission à la communion des politiciens
en faveur de l’avortement. Dans sa communication aux évêques, McCarrick
avait manipulé une lettre du cardinal Ratzinger qui interdisait de leur
donner la communion. En effet, je savais aussi que certains cardinaux
tels que Mahony, Levada et Wuerl étaient étroitement liés à McCarrick;
ils s’étaient opposés aux nominations les plus récentes faites par le
pape Benoît XVI pour des postes importants tels que Philadelphie,
Baltimore, Denver et San Francisco.
Pas satisfait du piège
qu’il m’avait tendu le 23 juin 2013, quand il m’avait interrogé sur
McCarrick, le Pape François m’en tendit un second, quelques mois plus
tard seulement, lors d’une audience qu’il m’accorda le 10 octobre 2013,
cette fois concernant un autre de ses protégés, le cardinal Donald
Wuerl. Il m’a demandé: «Comment est le cardinal Wuerl, est-il bon ou
mauvais?» J’ai répondu: «Saint-Père, je ne vous dirai pas s’il est bon
ou mauvais, mais je vous dirai deux faits. » Ce sont les deux faits que
j’ai déjà mentionnés ci-dessus, concernant la négligence pastorale de
Wuerl à propos des déviations aberrantes à l’Université de Georgetown et
concernant l’invitation de l’archidiocèse de Washington aux jeunes
aspirants à la prêtrise pour une réunion avec McCarrick! Une fois de
plus, le Pape n’a montré aucune réaction.
Il était également clair
que, depuis l’élection du pape François, McCarrick, désormais libre de
toute contrainte, s’était senti libre de voyager continuellement pour
donner des conférences et des interviews. Dans un effort conjoint avec
le cardinal Rodriguez Maradiaga, il était devenu le faiseur de roi pour
les nominations à la Curie et aux États-Unis, et le conseiller le plus
écouté au Vatican pour les relations avec l’administration Obama. C’est
ainsi que l’on explique qu’en tant que membres de la Congrégation pour
les évêques, le pape a remplacé le cardinal Burke par Wuerl et a nommé
Cupich, juste après l’avoir créé cardinal. Avec ces nominations, la
nonciature à Washington était maintenant hors de vue dans la nomination
des évêques. En outre, il a nommé le Brésilien Ilson de Jesus Montanari –
le grand ami de son secrétaire privé argentin Fabian Pedacchio – comme
secrétaire de la même Congrégation pour les évêques et secrétaire du
Collège des cardinaux, le promouvant d’un seul coup de simple
fonctionnaire de ce département à archevêque secrétaire. Une chose
inouïe pour une position aussi importante!
Les
nominations de Blase Cupich à Chicago et de Joseph W. Tobin à Newark
ont été orchestrées par McCarrick, Maradiaga et Wuerl, unis par un pacte
à propôs des abus pour le premier et et au moins par la dissimulation
des abus pour les deux autres. Leurs noms ne figuraient pas parmi ceux
présentés par la Nonciature pour Chicago et Newark.
En ce qui concerne Cupich,
on ne peut que constater son arrogance ostentatoire et l’insolence avec
laquelle il nie les preuves désormais évidentes: 80% des abus constatés
ont été commis contre des jeunes adultes par des homosexuels en
situation d’autorité sur leurs victimes.
Lors du discours qu’il a
prononcé lors de sa prise de possession du siège de Chicago, où j’étais
présent en tant que représentant du Pape, Cupich a plaisanté sur le fait
qu’il ne fallait certainement pas s’attendre à ce que le nouvel
archevêque marche sur l’eau. Il suffirait peut-être de lui permettre de
rester les pieds sur terre et de ne pas essayer de renverser la réalité,
aveuglé par son idéologie pro-gay, comme il l’a déclaré dans une
récente interview dans America Magazine. Faisant valoir son expertise
particulière en la matière, après avoir été président du Comité pour la
protection des enfants et des jeunes de l’USCCB, il a affirmé que le
principal problème de la crise des abus sexuels commis par le clergé
n’est pas l’homosexualité et que l’affirmer est simplement un moyen de
détourner l’attention du problème réel qu’est le cléricalisme. À l’appui
de cette thèse, Cupich a «étrangement» fait référence aux résultats de
recherches menées au plus fort de la crise des abus sexuels des mineurs
au début des années 2000, alors qu’il a « candidement» ignoré que les
résultats de cette enquête les rapports indépendants ultérieurs du John
Jay College of Criminal Justiceen 2004 et 2011, qui ont conclu que, dans
les cas d’abus sexuels, 81% des victimes étaient des hommes. En fait,
le père Hans Zollner, SJ, vice-recteur de l’Université pontificale
grégorienne, président du Centre pour la protection de l’enfance et
membre de la Commission pontificale pour la protection des mineurs, a
récemment déclaré au journal La Stampaque, « dans la plupart des cas,
c’est une question de violence homosexuelle ».
La nomination de McElroy à
San Diego a également été orchestrée par le cardinal Parolin, avec un
ordre impératif chiffré qui m’était adressé en tant que nonce: «Réservez
le siège de McElroy à San Diego. » McElroys était aussi bien conscient
des abus de McCarrick, comme on peut le voir dans d’une lettre qui lui a
été envoyée par Richard Sipe le 28 juillet 2016.
Ces personnages sont
étroitement associés à des individus appartenant en particulier à l’aile
déviante de la Compagnie de Jésus, malheureusement aujourd’hui
majoritaire, ce qui préoccupait déjà Paul VI et les pontifes ultérieurs.
Nous n’avons qu’à considérer le père Robert Drinan, S.J., qui a été élu
quatre fois à la Chambre des représentants et qui était un fervent
partisan de l’avortement; ou le père Vincent O’Keefe, S.J., l’un des
principaux promoteurs de la déclarationThe Land O’Lakesde 1967, qui
compromet gravement l’identité catholique des universités et des
collegesdes États-Unis. Il convient de noter que McCarrick, alors
président de l’Université catholique de Porto Rico, participait
également à cette entreprise néfaste qui nuisait tant à la formation des
consciences de la jeunesse américaine, étroitement associée à l’aile
déviante des jésuites.
Le Père James Martin, SJ,
acclamé par les personnes mentionnées ci-dessus, notamment Cupich,
Tobin, Farrell et McElroy, nommé consulteur du Secrétariat aux
Communications, activiste bien connu qui promeut l’agenda LGBT, choisi
pour corrompre les jeunes qui vont prochainement se réunir à Dublin pour
la Rencontre mondiale des familles, n’est qu’un triste exemple récent
de cette aile déviée de la Compagnie de Jésus.
Le Pape François a demandé
à plusieurs reprises une transparence totale dans l’Église et que les
évêques et les fidèles agissent avec parrhesia(avec franchise). Les
fidèles du monde entier l’exigent également de lui de manière
exemplaire. Il doit honnêtement affirmer quand il a appris pour la
première fois les crimes commis par McCarrick, qui a abusé de son
autorité avec les séminaristes et les prêtres.
En tout cas, le Pape l’a
appris de moi le 23 juin 2013 et a continué de couvrir McCarrick. Il n’a
pas tenu compte des sanctions que le Pape Benoît lui avait infligées et
a fait de lui un conseiller de confiance avec Maradiaga.
Ce dernier [Maradiaga] est
tellement convaincu de la protection du pape qu’il se permet de rejeter
comme «bavardage» les appels sincères de dizaines de ses séminaristes,
qui ont eu le courage de lui écrire après que l’un d’eux ait tenté de se
suicider à cause d’abus sexuels au séminaire.
Les fidèles ont maintenant
bien compris la stratégie de Maradiaga: insulter les victimes pour se
sauver, mentir jusqu’au bout pour couvrir un gouffre d’abus de pouvoir,
de mauvaise gestion dans l’administration des biens de l’Église, et de
catastrophes financières même contre des amis proches, comme dans le cas
de l’ambassadeur du Honduras, Alejandro Valladares, ancien doyen du
corps diplomatique près le Saint-Siège.
Dans l’affaire de l’ancien
évêque auxiliaire Juan José Pineda, après l’article publié dans
l’hebdomadaire italien Espressoen février dernier, Maradiaga a déclaré
dans le journal Avvenire: «C’est mon évêque auxiliaire Pineda qui a
demandé la visite, pour “laver” son nom après avoir été soumis à
beaucoup de calomnie. « Maintenant, en ce qui concerne Pineda, la seule
chose qui a été rendue publique est que sa démission a simplement été
acceptée, faisant disparaître toute responsabilité de Maradiaga.
Au nom de la transparence
que le Pape a saluée, le rapport selon lequel le visiteur, l’évêque
argentin Alcides Casaretto, a rendu il y a plus d’un an, seulement et
directement au Pape, doit être rendu public.
Enfin, la récente
nomination comme Substitut de l’archevêque Edgar Peña Parra est
également liée au Honduras, c’est-à-dire à Maradiaga. De 2003 à 2007,
Peña Parra a travaillé comme conseiller à la nonciature de Tegucigalpa.
En tant que délégué aux représentations pontificales, j’ai reçu des
informations inquiétantes à son sujet.
Au Honduras, un scandale
aussi important que celui du Chili est sur le point de se répéter. Le
Pape défend son homme, le cardinal Rodriguez Maradiaga, jusqu’au bout,
comme il l’avait fait au Chili avec Mgr Juan de la Cruz Barros, qu’il
avait lui-même nommé évêque d’Osorno contre l’avis des évêques chiliens.
Il a d’abord insulté les victimes d’abus. Puis, seulement quand il a
été contraint par les médias et par une révolte des victimes et des
fidèles chiliens, il a reconnu son erreur et présenté des excuses, tout
en déclarant qu’il avait été mal informé, causant une situation
désastreuse pour l’Eglise chilienne, mais continuant à protéger les deux
cardinaux chiliens Errazuriz et Ezzati.
Même dans l’affaire tragique de McCarrick, le comportement du Pape François n’était pas différent. Il savait depuis au moins le 23 juin 2013 que McCarrick était un prédateur en série. Bien qu’il sache qu’il était un homme corrompu, il le couvrit jusqu’au bout; en effet, il a fait siens les conseils de McCarrick, ce qui n’était certainement pas inspiré par de bonnes intentions ni par l’amour de l’Église. Ce n’est que lorsqu’il a été contraint par le signalement d’abus d’un mineur, toujours sur la base de l’attention des médias, qu’il a agi [à propos de McCarrick] pour sauver son image dans les médias.
Même dans l’affaire tragique de McCarrick, le comportement du Pape François n’était pas différent. Il savait depuis au moins le 23 juin 2013 que McCarrick était un prédateur en série. Bien qu’il sache qu’il était un homme corrompu, il le couvrit jusqu’au bout; en effet, il a fait siens les conseils de McCarrick, ce qui n’était certainement pas inspiré par de bonnes intentions ni par l’amour de l’Église. Ce n’est que lorsqu’il a été contraint par le signalement d’abus d’un mineur, toujours sur la base de l’attention des médias, qu’il a agi [à propos de McCarrick] pour sauver son image dans les médias.
Maintenant, aux
États-Unis, un chœur de voix se lève surtout de la part des fidèles
laïcs et a récemment été rejoint par plusieurs évêques et prêtres,
demandant que tous ceux qui, par leur silence, ont dissimulé le
comportement criminel de McCarrick, ou qui l’ont utilisé pour avancer
dans leur carrière ou promouvoir leurs intentions, leurs ambitions et
leur pouvoir dans l’Eglise, démissionnent.
Mais cela ne suffira pas à
guérir la situation extrêmement immorale du clergé: évêques et prêtres.
Un temps de conversion et de pénitence doit être proclamé. La vertu de
chasteté doit être retrouvée dans le clergé et dans les séminaires. La
corruption dans l’utilisation abusive des ressources de l’Église et des
offrandes des fidèles doit être combattue. La gravité du comportement
homosexuel doit être dénoncée. Les réseaux homosexuels présents dans
l’Église doivent être éradiqués, comme l’a récemment écrit Janet Smith,
professeur de théologie morale au grand séminaire du Sacré-Cœur de
Detroit. « Le problème des abus du clergé, a-t-elle écrit, ne peut pas
être résolu simplement par la démission de certains évêques, et encore
moins par des directives bureaucratiques. Le problème le plus profond
réside dans les réseaux homosexuels au sein du clergé qui doivent être
éradiqués. » Ces réseaux homosexuels, désormais répandus dans de
nombreux diocèses, séminaires, ordres religieux, etc., se cachent sous
le secret et les mensonges, avec le pouvoir des tentacules de poulpes,
et ils étranglent des victimes innocentes et des vocations sacerdotales,
et étranglent l’Eglise tout entière.
J’implore tout le monde,
en particulier les évêques, de prendre la parole pour faire échec à
cette conspiration du silence si répandue et de signaler aux médias et
aux autorités civiles les cas de violence dont ils ont connaissance.
Ecoutons le message le plus puissant que saint Jean-Paul II nous ait laissé en héritage: N’ayez pas peur! N’ayez pas peur!
Dans son homélie de la
fête de l’Epiphanie en 2008, le Pape Benoît nous a rappelé que le plan
du salut du Père avait été pleinement révélé et réalisé dans le mystère
de la mort et de la résurrection du Christ, mais qu’il doit être
accueilli dans l’histoire humaine, qui est toujours une histoire de
fidélité de la part de Dieu et malheureusement aussi d’infidélité de la
part des hommes. L’Église, dépositaire de la bénédiction de la Nouvelle
Alliance, signée dans le sang de l’Agneau, est sainte mais composée de
pécheurs, comme l’écrivait saint Ambroise: l’Église est « immaculata ex
maculatis ». Même si elle est sainte et sans tache, dans son voyage
terrestre, elle est composée d’hommes souillés par le péché.
Je veux rappeler cette
vérité indéfectible de la sainteté de l’Église aux nombreuses personnes
qui ont été si profondément scandalisées par le comportement abominable
et sacrilège de l’ancien archevêque de Washington, Theodore McCarrick;
par la conduite grave, déconcertante et peccamineuse du Pape François et
par la conspiration du silence de tant de pasteurs, et qui sont tentées
d’abandonner l’Église, défigurée par tant d’ignominies. A l’Angelus du
dimanche 12 août 2018, le Pape François a dit ces mots: « Tout le monde
est coupable du bien qu’il aurait pu faire et n’a pas fait… Si nous ne
nous opposons pas au mal, nous le nourrissons tacitement. Nous devons
intervenir là où le mal se répand; car le mal se répand là où il manque
des chrétiens audacieux pour s’opposer au mal par le bien. » Si cela
doit être considéré à juste titre comme une responsabilité morale
sérieuse pour chaque croyant, combien plus pour le pasteur suprême de
l’Église qui, dans le cas de McCarrick, ne s’est pas opposé au mal, mais
s’est associé pour faire le mal avec quelqu’un qu’il savait être
profondément corrompu. Il a suivi les conseils de quelqu’un qu’il
connaissait bien pour être un pervers, multipliant ainsi de manière
exponentielle par son autorité suprême le mal fait par McCarrick. Et
combien d’autres pasteurs diaboliques, François continue-t-il à soutenir
dans leur destruction active de l’Église!
François abdique le mandat
que Christ a donné à saint Pierre pour confirmer les frères. En effet,
par son action, il les a divisés, les a amenés à l’erreur et a encouragé
les loups à continuer de déchirer les brebis du troupeau du Christ.
En ce moment extrêmement
dramatique pour l’Église universelle, il doit reconnaître ses erreurs
et, conformément au principe proclamé de tolérance zéro, le Pape
François doit être le premier à donner l’exemple aux cardinaux et aux
évêques qui ont dissimulé les abus de McCarrick, et démissionner avec
eux.
Même dans la consternation
et la tristesse face à l’énormité de ce qui se passe, ne perdons pas
espoir! Nous savons bien que la grande majorité de nos pasteurs vivent
leur vocation sacerdotale avec fidélité et dévouement.
C’est dans les moments de
grande épreuve que la grâce du Seigneur est révélée en abondance et rend
sa miséricorde sans limite accessible à tous; mais cela n’est accordé
qu’à ceux qui se repentent sincèrement et proposent sincèrement de
modifier leur vie. C’est un moment favorable pour que l’Église confesse
ses péchés, se convertisse et fasse pénitence.
Prions tous pour l’Église et pour le Pape. Rappelons-nous combien de fois il nous a demandé de prier pour lui!
Renouvelons notre foi dans l’Église notre Mère: « Je crois en une Église sainte, catholique et apostolique! »
Le Christ n’abandonnera jamais son Eglise! Il l’a engendrée par Son Sang et la ranime continuellement par Son Esprit!
Marie, Mère de l’Eglise, priez pour nous!
Marie, Vierge et Reine, Mère du Roi de gloire, priez pour nous!
Rome, le 22 août 2018, en la fête du couronnement de la Très Sainte Vierge Marie.
Mgr Carlo Maria Viganò
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