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vendredi 30 mars 2018

26 mars 1962 : massacre de la rue d’Isly

Le 19 mars 1962, le gouvernement français signe l’abandon de l’Algérie. A Paris, la trahison s’installe et trouve son expression ignoble chez celui-là même qui avait été porté au pouvoir par les Français d’Algérie : De Gaulle.

Trahissant sans vergogne son engagement, il négocie avec les représentants du F.L.N.

Il trahit la France et la république puisqu’elle est une, indivisible, et que l’Algérie est formée de départements.

Il trahit son armée. Victorieuse sur le terrain, elle se voit refuser cette victoire.

Il trahit les Français d’Algérie, à qui il avait promis l’Algérie Française.

Il faut suite aux accords d’Evian,  abandonner le fruit du travail de nos aînés français : 132 années de labeur acharné. Des marécages asséchés, des terres cultivées, des hôpitaux, des routes, des voies ferrées, des barrages hydrauliques, des ponts, des écoles, une université…

Les accords d’Evian donnent l’Algérie à des gens qui non aucun droit historique sur ce pays et n’offrent que d’illusoires garanties. Celles-ci seront balayées dès que le gouvernement algérien sera au pouvoir. En fait, il ne faudra même pas attendre l’indépendance de l’Algérie pour que les engagements signés ne soient pas respectés et par le FLN et par le gouvernement Français.

Le 23 mars 1962, dans le quartier de Bab el Oued des coups de feu vont être échangés. Aussitôt, l’armée et la gendarmerie encerclent ce quartier, y pénètrent à grands renforts de blindés, écrasent les voitures, éventrent les devantures des magasins. Les troupes tirent sur les balcons, dans les rues, sur les façades, des maisons.  Une petite fille à l’intérieur de son appartement trouve ainsi la mort.

L’aviation mitraille les toits, les perquisitions se succèdent, les appartements sont saccagés. On ne sait pas combien il y a de morts. Les blessés, les malades ne sont pas soignés. Les morts ne sont pas enterrés. IL n’y a plus de ravitaillement…. Bab el Oued  est transformé en véritable ghetto. Les 75 000 habitants du quartier sont totalement coupés du reste d’Alger.



 Tous les jours, de nombreuses personnes ainsi que la Croix-Rouge essaient de passer les barrages afin de porter du ravitaillement aux habitants assiégés par les troupes militaires et des engins blindés.

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Une manifestation est organisée le lundi 26 mars : « manifestation de masse, pacifique et unanime, drapeaux en tête, sans aucune arme et sans cri, devant le périmètre du bouclage de Bab-El-Oued. »

Ce jour-là, c’est en toute confiance que les Algérois, drapeaux tricolores en tête, marchent vers Bab el Oued.

Il y a bien quelques barrages, mais qui s’écartent devant la foule. Rien n’est fait pour dissuader les manifestants de continuer leur marche. Le piège est bien organisé. Tout est bien prémédité.
Pour ce rassemblement pacifique, les autorités ont prévu qu’elles auront besoin de leur équipement de combat, de leurs casques lourds et de leurs fusil-mitrailleurs.

Soudain, à 14h50, une longue rafale, suivie d’autres. Des militaires, conditionnés pour tuer du Français sont là. Bien sûr, il ne s’agit pas de l’armée qui avait choisi l’honneur, qui s’était battue pour garder l’Algérie Française. Non, ce sont d’autres, dont beaucoup de marocains et de noirs, qui obéissent aveuglément et qui ont décidé de faire comprendre par la manière forte que les français ne sont plus chez eux.

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L’armée va tirer sans sommation, pendant 12 minutes !

La version officielle dira qu’il y a eu un tir venant d’une terrasse vers l’armée. Curieusement, au lieu de riposter vers le tireur embusqué sur le toit, l’armée va tirer sur les manifestants.

Beaucoup se sont jetés à terre pour se protéger, d’autres se réfugient dans les immeubles mais rien n’arrête ces forcenés. Ils tirent dans le dos des manifestants qui fuient, qui se sont couchés sur le sol. Ils achèvent des blessés, vont jusque dans les immeubles, montant dans les étages pour terminer leur sinistre besogne.

Peu importe que ces gens aient un drapeau bleu, blanc rouge. On tire sur les drapeaux. On tire à l’arme automatique sur tout ce qui bouge. Des pompiers sont blessés. Un médecin est assassiné alors qu’il fait son devoir, celui de porter secours.

Pendant un cours instant, un petit lieutenant incapable de se faire obéir par ses hommes crie poussé par un civil : « halte au feu ».
Quelques secondes d’espoir, puis les tirs recommencent. Couchés sur la chaussée, certains blottis les uns contre les autres, les algérois attendent que cette folie meurtrière s’achève.

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Dans d’autres points d’Alger, les gendarmes mobiles tirent aussi. 

On compte une centaine de morts, plus de 200 blessés.

Ce qui rend cette journée atroce, c’est que des civiles ont été assassinés par traîtrise : par des balles françaises, des rafales tirées dans le dos des manifestants. Pire, les blessés ont été achevés à bout portant, alors qu’ils étaient à terre, sans défense.

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26 mars 1962, la morgue de l’hôpital Mustapha à Alger