Ce samedi de la mort héroïque du
Lieutenant-Colonel Arnaud Beltram, j’ai écouté plusieurs bulletins
d’information à la radio et regardé aussi maintes fois les chaînes
« d’information en continu ».
À la longue, j’étais indigné d’entendre
sans cesse évoquer par les responsables politiques un sacrifice « pour
la République », « pour la démocratie ». Enfin, ont été retransmises
les sobres et fortes paroles du commandant de l’école militaire
inter-armes de Saint-Cyr Coëtquidan, camarade de promotion d’Arnaud
Beltrame.
Il a rappelé qu’Arnaud était « mort pour
la France » dans l’accomplissement de son idéal de soldat. La
République et la démocratie sont des systèmes politiques que l’on peut
certes aimer défendre, hélas trop souvent aujourd’hui idéologisés,
récupérés, confisqués.
La France n’est pas un système, elle ne
se ramène pas à une constitution. Elle est la multiséculaire réalité
charnelle pour laquelle ont été consentis tant de sacrifices et vers
laquelle doit aller la piété filiale de tous. Elle est fréquemment
humiliée, blessée, défigurée, diminuée, mais d’âge en âge, elle est
réanimée par les sacrifices de héros comme Arnaud Beltrame.
La mort offerte de quelques-uns redonne
vie à la patrie pour tous. La mort du lieutenant-colonel Beltrame a été
d’autant plus admirable qu’elle n’a pas été la conséquence de la stricte
exécution d’un ordre impératif. La mission constante des gendarmes, le
plus souvent soldats de la paix intérieure de notre pays, est d’empêcher
des crimes, de sauver des vies, souvent au péril de la leur. Elle
n’implique pas l’impératif d’un choix personnel ultime d’échanger leur
vie pour essayer, sans certitude, d’en sauver d’autres. Pareille
héroïcité n’est pas exigée par le règlement.
Arnaud Beltrame a fait seul, en
conscience, le choix d’accomplir son devoir au plus haut du risque et du
probable sacrifice, pour essayer, sans certitude, mais coûte que coûte,
d’en sauver d’autres.
Il en a sauvé d’autres mais au prix de
la sienne. Il a su pour cela pressentir les ressorts idéologiques et
psychologiques du terroriste fanatique. Avec lui, ce dernier tenait la
victime la plus emblématique de sa soif de haine.
Le lieutenant-colonel Beltrame est mort
après son acte héroïque et sacrificiel à l’hôpital de Carcassonne, après
avoir reçu l’ultime sacrement de sa religion catholique : la veille du
dimanche des Rameaux, premier jour de la Semaine Sainte, celle du
sacrifice du Christ pour le salut des hommes.
Il avait il y a peu revivifié la foi de son enfance auprès des chanoines de la Mère de Dieu de la proche abbaye de Lagrasse.