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lundi 26 mars 2018

Jusqu’où ira l’affaiblissement de l’État-nation en France ?

En sens contraire, on assiste de la part des trois grands de ce monde (Chine, Russie, États-Unis) à un renforcement de la puissance étatique 

Les « princes » qui nous gouvernent sont censés être cultivés et donc savoir qu’en France, l’État est déterminant parce qu’il a créé et précède la nation depuis 2000 ans et qu’il continue d’en assurer la garde, le pilotage et la protection. En effet, il n’y a pas de France sans son État efficace. 

 Il est donc légitime de se demander pourquoi, depuis plusieurs décennies, les gouvernements paraissent s’acharner à pousser l’État sur la pente de son effacement. Le peuple a le droit de s’interroger sur l’intention des dirigeants qui n’avouent pas les raisons d’encourager de telles orientations.

Depuis, Mai 1968 ayant fait le procès de l’autorité et proclamé une licence sans limite, après la décentralisation substituée à l’État territorial, après l’abandon au secteur privé des 6.000 kilomètres d’autoroutes, fleurons de l’exceptionnelle compétence des meilleurs ingénieurs de l’État, voilà que, sans présenter une nouvelle stratégie, les gouvernements précipitent la France dans la fusion avec une Europe fédérale, dans un libéralisme économique non maîtrisé, dans une mondialisation offerte au libre jeu du marché et au profit des multinationales, et maintenant dans un train de privatisations pouvant porter atteinte à nos infrastructures territoriales, ferroviaires et aéroportuaires. Nos concitoyens peuvent normalement exiger de connaître les retombées positives dont ils pourraient bénéficier.


Or, en sens contraire, on assiste de la part des trois grands de ce monde (Chine, Russie, États-Unis) à un renforcement de la puissance étatique et à la priorité attribuée à l’intérêt national. L’Union européenne subit à son tour le contrecoup de manifestations nationales, telles que le divorce du Brexit britannique et la montée irrépressible, dans de nombreux pays européens, d’un redouté populisme qui exprime simplement la réaction des peuples refusant de se laisser conduire dans l’inconnu. 

De plus, comme s’il s’agissait de mettre en condition le peuple français, toutes les occasions sont bonnes pour culpabiliser nos compatriotes et leur inspirer la repentance pour des crimes d’État dont ils n’avaient pas conscience. Pour dégrader davantage l’état d’esprit collectif, les pouvoirs publics et les médias s’efforcent de faire croire que l’immigration massive, en partie clandestine et dangereusement communautariste, serait une chance pour le pays. Tandis qu’à défaut de mettre en place les moyens du redressement économique et financier, il est proposé, pour sortir de l’ornière, une plongée de la France dans une Europe apatride et pratiquement inopérante.
Les conséquences d’une telle évolution deviennent chaque jour plus sensibles à l’opinion. Les maladies d’un État affaibli se manifestent dans les secteurs régaliens prioritaires : Justice, sécurité, finances et santé publiques. La violence endémique et l’immoralité croissante entraînent une dégradation de l’esprit public et, par mimétisme, font renaître les comportements d’une chienlit détestable. Nos défenses immunitaires s’affaiblissent.

La question qui se pose en démocratie est de savoir si les Français sont informés, s’ils sont conscients et d’accord pour adhérer à la doctrine nouvelle d’un État défaillant, qui apparaît à contre-courant de leur histoire et de leurs besoins. Il n’est pas possible d’égarer un peuple sans lui demander son avis. Il convient d’exiger des gouvernants la loyauté d’avouer la réalité de la situation de notre monde, l’honnêteté de proposer les directions de l’avenir et le courage de consulter le peuple. La France de deux millénaires ne peut pas se voir imposer un virage sans visibilité et sans que les citoyens aient été appelés à trancher les options et à assumer une telle grande cause nationale.

 Paul Bernard

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