Jusqu’où ira l’affaiblissement de l’État-nation en France ?
En
sens contraire, on assiste de la part des trois grands de ce monde
(Chine, Russie, États-Unis) à un renforcement de la puissance étatique
Les « princes » qui nous gouvernent sont censés être cultivés
et donc savoir qu’en France, l’État est déterminant parce qu’il a créé
et précède la nation depuis 2000 ans et qu’il continue d’en assurer la
garde, le pilotage et la protection. En effet, il n’y a pas de France
sans son État efficace.
Il est donc légitime de se demander pourquoi, depuis plusieurs
décennies, les gouvernements paraissent s’acharner à pousser l’État sur
la pente de son effacement. Le peuple a le droit de s’interroger sur
l’intention des dirigeants qui n’avouent pas les raisons d’encourager de
telles orientations.
Depuis, Mai 1968 ayant fait le procès de l’autorité et proclamé une
licence sans limite, après la décentralisation substituée à l’État
territorial, après l’abandon au secteur privé des 6.000 kilomètres
d’autoroutes, fleurons de l’exceptionnelle compétence des meilleurs
ingénieurs de l’État, voilà que, sans présenter une nouvelle stratégie,
les gouvernements précipitent la France dans la fusion avec une Europe
fédérale, dans un libéralisme économique non maîtrisé, dans une
mondialisation offerte au libre jeu du marché et au profit des
multinationales, et maintenant dans un train de privatisations pouvant
porter atteinte à nos infrastructures territoriales, ferroviaires et
aéroportuaires. Nos concitoyens peuvent normalement exiger de connaître
les retombées positives dont ils pourraient bénéficier.
Or, en sens contraire, on assiste de la part des trois grands
de ce monde (Chine, Russie, États-Unis) à un renforcement de la
puissance étatique et à la priorité attribuée à l’intérêt national.
L’Union européenne subit à son tour le contrecoup de manifestations
nationales, telles que le divorce du Brexit britannique et la montée
irrépressible, dans de nombreux pays européens, d’un redouté populisme
qui exprime simplement la réaction des peuples refusant de se laisser
conduire dans l’inconnu.
De plus, comme s’il s’agissait de mettre en condition le peuple
français, toutes les occasions sont bonnes pour culpabiliser nos
compatriotes et leur inspirer la repentance pour des crimes d’État dont
ils n’avaient pas conscience. Pour dégrader davantage l’état d’esprit
collectif, les pouvoirs publics et les médias s’efforcent de faire
croire que l’immigration massive, en partie clandestine et
dangereusement communautariste, serait une chance pour le pays. Tandis
qu’à défaut de mettre en place les moyens du redressement économique et
financier, il est proposé, pour sortir de l’ornière, une plongée de la
France dans une Europe apatride et pratiquement inopérante.
Les conséquences d’une telle évolution deviennent chaque jour plus
sensibles à l’opinion. Les maladies d’un État affaibli se manifestent
dans les secteurs régaliens prioritaires : Justice, sécurité, finances
et santé publiques. La violence endémique et l’immoralité croissante
entraînent une dégradation de l’esprit public et, par mimétisme, font
renaître les comportements d’une chienlit détestable. Nos défenses
immunitaires s’affaiblissent.
La question qui se pose en démocratie est de savoir si les Français
sont informés, s’ils sont conscients et d’accord pour adhérer à la
doctrine nouvelle d’un État défaillant, qui apparaît à contre-courant de
leur histoire et de leurs besoins. Il n’est pas possible d’égarer un
peuple sans lui demander son avis. Il convient d’exiger des gouvernants
la loyauté d’avouer la réalité de la situation de notre monde,
l’honnêteté de proposer les directions de l’avenir et le courage de
consulter le peuple. La France de deux millénaires ne peut pas se voir
imposer un virage sans visibilité et sans que les citoyens aient été
appelés à trancher les options et à assumer une telle grande cause
nationale.
Paul Bernard
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