Sans arme, ni haine, ni violence
par Antonin Campana
Ex: http://www.autochtonisme.com
Pour
le pouvoir en place, les Français de souche n’ont aucune existence
juridique et le peuple autochtone n’existe pas. Or, dire d’un peuple
qu’il n’existe pas est d’une violence inouïe, d’autant que les ressorts
psychologiques de cette négation sont toujours à rechercher dans le
désir malsain d’effacer physiquement le peuple en question. La négation
généralisée du droit à l’existence des peuples autochtones européens est
une extermination symbolique qui se double d’une extermination réelle
puisque ceux-ci tendent à disparaître sous l’effet d’une submersion
migratoire organisée. La question de la contestation du régime politique
en place revêt donc un caractère vital pour les peuples autochtones.
Mais quelle forme doit prendre concrètement la lutte ? Doit-elle être
aussi violente que peut l’être le régime ou doit-elle, au contraire,
faire appel à une forme de « désobéissance civile » ? Notre position sur
le sujet est sans ambigüité : nous considérons que l’usage de la
violence est à bannir absolument. Cela pour plusieurs raisons :
Premièrement,
les Européens ont été largement domestiqués. Ils furent autrefois des
conquérants capables de soumettre le monde, mais force est de constater
qu’ils n’ont plus qu’une lointaine ressemblance avec leurs ancêtres. On
ne doit rien attendre de gens qui laissent sans réagir leurs femmes se
faire violer, comme à Cologne en décembre 2015. L’Européen type est un
quinquagénaire isolé qui n’aspire plus qu’à une retraite paisible.
Autant en être conscient.
Deuxièmement,
les Etats supranationaux européens se sont dotés de moyens qui les
rendent indestructibles frontalement : arsenal juridique (loi sur le
renseignement, lois contre le terrorisme…), capacités techniques
(satellites, logiciels espions, « boîtes noires »…), moyens de
renseignement (écoutes, balises, indicateurs…), militarisation du cadre
urbain (plan Vigipirate, opération sentinelle), forces de police
efficaces et soumises, paramétrages des moyens militaires pour répondre à
la violence civile (« opération ronces »), etc.
Troisièmement,
notre peuple ne se relèverait pas d’une défaite. En cas de défaite « à
domicile », face à l’Etat supranational, face aux communautés
allochtones, voire, ce qui est le plus probable, face aux deux réunis
contre lui, la dilution de notre peuple s’accélèrerait inéluctablement.
Quatrièmement,
voulons-nous la Syrie pour nos enfants, si d’autres solutions sont
possibles ? La violence est toujours réciproque. Décider de l’employer
est un acte grave dont il faut bien peser les conséquences sur soi, sa
famille et son peuple.
En
d’autres termes, la violence, en l’état actuel des choses, n’est pas
envisageable. Il faut faire face au régime avec réalisme et ne pas
l’attaquer sur son point fort. La population autochtone est une masse
d’individus isolés, incapables d’agir ensemble, ne se faisant pas
confiance, inconscients parfois de la situation, bref, pour tout dire :
incapables de résister. Le premier travail consistera donc à rassembler
le « reste pur » de la population (les « Réfractaires ») puis à
organiser celui-ci de manière à agréger progressivement toute la
population. Ce premier travail, non-violent par définition, devra se
concrétiser par la formation d’un Etat parallèle, d’un gouvernement
parallèle et de communautés autochtones. La proto-nation autochtone
ainsi formée et structurée sera une puissante force de résistance au
régime en place, à condition de ne pas faire le jeu d’un régime
paramétré pour vaincre toute opposition frontale et d’adopter une forme
de « désobéissance civile ».
« La
désobéissance civile est le refus assumé et public de se soumettre à
une loi, un règlement, une organisation ou un pouvoir jugé inique par
ceux qui le contestent, tout en faisant de ce refus une arme de combat
pacifique » (Wikipedia). La désobéissance civile s’adresse au sens
de la justice de la majorité au nom de « principes supérieurs » qui ont
été violés. On parlera ici du droit à l’existence du peuple autochtone,
droit ouvertement bafoué par le pouvoir républicain.
La
désobéissance civile n’est pas la passivité. C’est un combat. Comme
tout combat, la désobéissance civile a une stratégie et mène des
actions. Que ces actions soient non-violentes ne changent rien à leur
nature. Elles devront tenir compte des « ressources » disponibles
(ressources humaines, financières, médiatiques…), de la situation
(rapport de force…) et de l’état de conscience de la population
(l’action sera-t-elle comprise ?). Elles devront aussi trouver leur
place et leur justification par leur conformité à la stratégie choisie.
La
référence absolue en matière de lutte non-violente est le politologue
américain Gene Sharp. Celui que certains nomment le « Machiavel de la
non-violence » n’est certes pas un ami des peuples autochtones. L’Albert
Einstein Institution fondée par Sharp en 1983 est la vitrine séduisante
de la CIA et de l’OTAN. Financée par la National Endowment for
Democracy (CIA), l’Albert Einstein Institution travaille en étroite
collaboration avec d’autres officines spécialisées dans « l’ingérence
démocratique » comme l’USAID, Freedom House, ou l’Open Society de
Georges Soros.
Il
est admis par l’ensemble des analystes que les théories de Gene Sharp
sont à l’origine des révolutions de couleurs. L’Albert Einstein
Institution revendique d’ailleurs la « révolution originelle » (sic)
en Serbie (2000), la « révolution orange » en Ukraine (2004), la
« révolution des tulipes » au Kirghizistan (2005) auxquelles nous
pouvons ajouter la « révolution des roses » en Géorgie (2003), la
« révolution bleue » en Biélorussie (2005) et même le « printemps
arabe » en Tunisie, Egypte et Syrie durant les premières semaines
(2010-2012).
Le
lecteur accoutumé à ce blog aura compris que conformément à ce
qu’énonce Gene Sharp, nous avons défini une « stratégie globale »
(libérer le peuple autochtone du « corps d’associés » qui l’étouffe et
du régime qui l’opprime) et des stratégies plus limitées se situant dans
la stratégie globale (rassembler et organiser ; lutter pour les
droits).
La
« stratégie globale » détermine l’objectif à atteindre (la libération
du peuple autochtone). Elle coordonne l’action de l’ensemble des
organisations, des communautés, des institutions autochtones de manière à
atteindre cet objectif. Les stratégies limitées, ou intermédiaires, ont
un niveau de planification plus restreint. Nous en déterminons deux :
- Une « stratégie de conservation » : rassembler, organiser et protéger ce qui subsiste (le peuple autochtone, l’identité autochtone, les terres autochtones…). L’Etat parallèle autochtone et les communautés autochtones sont à la fois des buts et des moyens dédiés à cette stratégie.
- Une « stratégie d’expansion » : lutter pour obtenir des droits collectifs croissants, jusqu’au droit à l’existence nationale. La désobéissance civile non-violente est, selon nous, le moyen à privilégier pour atteindre les objectifs de cette stratégie.
Les
stratégies de conservation et d’expansion ont chacune leurs propres
objectifs. Ceux-ci doivent être en cohérence avec la stratégie globale
retenue. Pour atteindre ces objectifs stratégiques, il est nécessaire de
procéder par étapes en utilisant des « tactiques » appropriées en
fonction des ressources disponibles, du contexte et des opportunités.
Les engagements tactiques mobilisent un ensemble de moyens sur une
période courte, des domaines spécifiques et des objectifs mineurs
(campagne de sensibilisation à l’antijaphétisme, campagne de boycott de
produits…) . Les gains tactiques obtenus réalisent progressivement les
buts stratégiques fixés. Au contraire de la stratégie qui détermine des
objectifs plus ou moins lointains et généraux, la tactique vise donc des
actions limitées et des objectifs restreints à la portée d’un mouvement
de libération.
Les
engagements tactiques utilisent des « méthodes », c’est-à-dire des
formes d’action pour atteindre leurs objectifs. Ces « méthodes » sont
multiples et doivent toujours, selon nous, être non-violentes. Dans son
manuel, De la dictature à la démocratie (L’Harmattan 2009),
Gene Sharp répertorie près de 200 méthodes d’actions non-violentes. Le
politologue les classe en trois catégories :
1. Les méthodes de protestation et de persuasion non-violentes :- Parades, marches, veillées…
- Communications à de larges audiences (journaux, livres, sites internet…)
- Groupes de pression
- Pressions sur les individus (fonctionnaires, journalistes, politiciens…)
- Défilés de voitures, sons symboliques, port de symboles, fausses funérailles, hommage sur une tombe…
- Rassemblements publics, silence, action de « tourner le dos »
- Enseignement et formation
- Etc.
- Non-coopération sociale : ostracisme de personnes, boycott social sélectif, excommunication…
- Non-coopération avec évènements, coutumes et institutions sociales
- Boycott économique : boycott de produits, d’enseignes, de commerces, de films, refus de payer les loyers, Retraits de dépôts bancaires, refus de déclaration de revenus…
- Grèves
- Non-coopération politique : Rejet de l’autorité : rejet d’allégeance, refus de soutien public, désobéissance déguisée, docilité réticente et lente
- Boycott des élections
- Retrait du système scolaire d’Etat
- Boycott des institutions, associations, structures ayant un soutien d’Etat
- Blocage de lignes de communication ou d’information
- Non-coopération administrative, judiciaire, retards, obstructions, report des tâches…
- Etc.
- interventions psychologiques : jeûnes de pression morale, harcèlements, exposition volontaire aux éléments…
- Interventions physiques : sit-in, occupation d’espaces, invasion non-violente, obstruction non-violente, occupation avec voitures…
- Interventions sociales : engorgement de services, institutions sociales alternatives, interventions orales en public, travail au ralenti…
- Interventions économiques : grève, prise de contrôle non-violente d’un terrain, marchés alternatifs, institutions économiques alternatives…
- Interventions politiques : surcharge de systèmes administratifs, double pouvoir et gouvernement parallèle…
Dans
cette optique, la résistance autochtone peut mener une multitude
d’actions non-violentes : blocages momentanés de certains nœuds
routiers, autoroutiers ou ferroviaires ; résistance fiscale ; boycott
des élections ; lobbying ; constitution de ZAD identitaires ;
interpellation d’élus républicains ; sit-in ; occupation
d’écoles ; manifestations ; harcèlement ; etc. Il n’y a de limites que
notre imagination… et l’étendue du Grand Rassemblement, c’est-à-dire des
forces disponibles.
Ce
sont en effet les ressources humaines disponibles qui conditionneront
en grande partie la nature et l’ampleur des actions entreprises. Tout
plan d’action devra au préalable évaluer le plus précisément possible la
situation et les possibilités d’action. Une action réussie est une
action qui aura d’une part entamé la légitimité du régime et qui aura
d’autre part propagé parmi les Autochtones l’idée de sécession et de
rassemblement. Gene Sharp établit que les actions initiales devront
comporter peu de risques, surtout si la population est craintive et se
sent impuissante, ce qui est le cas pour le peuple autochtone. Il faudra
alors limiter l’action à des protestations symboliques ou à des actes
de non-coopération limités et temporaires (dépose de fleurs dans un
emplacement symbolique, veillées, boycotts…). L’important est de fixer
des objectifs intermédiaires réalisables dont le succès ne peut
qu’encourager à la répétition. Il n’y a rien de plus facile que
d’engorger le standard téléphonique d’une municipalité hostile, que
d’harceler la permanence d’un politicien, que de donner de la voix lors
de la projection d’un film antijaphite. Répété 1000 fois, « sans haine,
sans violence et sans armes », ces petites actions uniront le peuple
autochtone et abattront le régime en place.
Antonin Campana