Le nœud de ce problème est relatif aux diplômes qui lui ont permis d’enseigner. Nous allons nous en tenir aux informations vérifiables et certaines.
Les médias qui abordent la question disent presque tous les mêmes choses. Voici l’information type, remarquable par ses imprécisions et ses non-dits :
CV standard donné par la majeure partie des supports :
Brigitte Trogneux, née en avril 1953. Après des études de lettres classiques et un master en ces matières (mémoire portant sur « L’amour courtois »), elle passe brillamment son CAPES de lettres classiques, ce qui lui permet d’enseigner le français au prestigieux Lycée La Providence d’Amiens. C’est là qu’elle a connu Emmanuel Macron, alors âgé de 15 ans (variantes suivant les supports : 17 ans, 16 ans, voire pour certains, 14 ans), où elle fut subjuguée par l’intelligence de ce jeune homme après l’avoir vu se produire dans des pièces de théâtre, puisque tous les vendredis, dans son Lycée, elle animait l’équipe de théâtre de l’établissement.
Elle quitta La Providence, et enseigna alors à Paris, notamment au Lycée Henri-IV. Après quoi, elle fit valoir ses droits à la retraite. Fin du CV standard.
Dans le détail, on trouve plusieurs variantes mineures. Certains journalistes, peu rigoureux semble-t-il, écrivent que Brigitte aurait 20 ans de plus qu’Emmanuel. La vérité semble être un écart vérifiable de 24 ans. L’un des médias écrit : « Diplômes de Brigitte Macron : agrégée de Lettres Classiques. »
DISCUSSION
1) Le flou sur les dates
On a beau chercher :
– On ne trouve nulle part la date à laquelle Brigitte Macron a été recrutée à La Providence, ni la date précise où elle y a cessé ses fonctions ;
– On ne trouve nulle part la date à laquelle elle aurait obtenu le CAPES de Lettes Classiques ;
– On ne trouve nulle part la date à laquelle elle aurait obtenu le titre d’agrégée de Lettres classiques.
2) Les certitudes sur d’autres dates
Pour comprendre la suite, il faut savoir que l’admission au CAPES confère le devoir, pour l’État, de proposer aux lauréats, dès la rentrée suivante, un poste de professeur de Lycée dans la matière choisie ; en l’espèce, ici, les Lettres Classiques.
Ce CAPES-là est, avec le CAPES d’Histoire, des plus prestigieux et, en même temps, des moins faciles à obtenir. Chaque année, l’État détermine le nombre de postes de professeurs de Lettres Classiques (ainsi que de toutes autres matières) qu’il peut financer, le nombre de ceux qui sont indispensables, et – après arbitrages, pas toujours évidents –, en déduit le nombre de postes qu’il pourra proposer aux candidats à ces diplômes. Même chose pour le concours d’Agrégation, en quelque matière que ce soit.
Toutefois, le ministre de l’Éducation nationale peut conférer, dans des cas exceptionnels, le titre de professeur certifié ou agrégé à certaines personnes qui n’ont pas passé le concours. Ces cas, rares, sont réunis sous l’expression générale « Le tour extérieur ». Ces cas exceptionnels sont souvent ceux des personnes qui ont exercé longtemps en Lycée avec conscience professionnelle et compétence acquise par expérience et que l’on « intègre » au corps des professeurs certifiés (voir aussi agrégés) par ce tour extérieur. Ce n’est pas la seule voie possible pour bénéficier du tour extérieur. Le ministre a toute latitude sur ce point.
Il faut également savoir que dans les établissements d’enseignement privé (le plus souvent confessionnels) sous contrat, le recrutement des enseignants est beaucoup plus libre, de sorte que beaucoup d’entre eux, de longue date, enseignaient dans ces établissements sans être titulaires du CAPES, ni a fortiori de l’Agrégation.
Le ministre François Bayrou mit un peu plus d’ordre dans ce domaine des établissements privés sous contrat en créant un concours particulier pour les étudiants qui désirent faire carrière dans ces établissements privés. Ce concours, inspiré de celui du CAPES, est le CAFEP (Certificat d’aptitude aux fonctions d’enseignement dans les établissements privés sous contrat).
En cherchant sur internet de façon exhaustive, on apprend de façon certaine que Brigitte Trogneux est titulaire non pas du CAPES, mais du CAFEP.
Pour y voir clair, on peut par exemple consulter les statistiques (cliquez ici)… où l’on vérifiera avec intérêt qu’il n’y a eu, en 2016, que 307 professeurs recrutés en Lettres classiques contre 1 307 en Lettres Modernes, et que le nombre total de candidats aux concours publics (agrégation et divers CAPES) a été de l’ordre de 150 000, contre moins de 23 000 pour des concours aux fonctions de professeur dans les établissements privés sous contrat.
Or, le concours du CAFEP n’a été créé qu’en 1995.
Mais tous les médias qui évoquent ces questions situent la rencontre initiale entre Brigitte Trogneux et Emmanuel Macron en 1993, lors d’une représentation où ce dernier tenait le rôle d’un épouvantail dans la troupe de théâtre de La Providence qu’elle animait tous les vendredis.
On en déduit les certitudes suivantes :
1) Brigitte Trogneux a été recrutée par La Providence à une date antérieure ou égale à 1993.
2) Brigitte Trogneux n’avait pas été admise à un concours de CAPES au moment où elle a été recrutée à La Providence, puisqu’elle a réussi le concours du CAFEP, concours qui n’a été institué qu’en 1995. Si elle avait réussi avant 1993 le concours du CAPES, elle n’aurait jamais eu besoin de se présenter au concours du CAFEP.
3) Donc Brigitte Trogneux n’a jamais été admise à un concours de CAPES. Elle a peut-être bénéficié, par la suite, d’un tour extérieur, ce qui n’est pas déshonorant bien sûr. Mais les médias éprouvent le besoin de remplacer « CAFEP » par « CAPES », ce qui cause du tort à Brigitte Trogneux, car cette inexactitude n’est pas neutre, elle laisse entendre que le CAPES aurait plus de valeur, tout au moins aux yeux du grand public, que le CAFEP. Comment ces journalistes ont-ils pu croire un seul instant que la vérité n’allait jamais sortir ?
4) De même, en passant un peu trop vite sur les détails précis, ces médias causent du tort à Brigitte Trogneux en ne donnant ni les dates précises d’entrée et de sortie de Brigitte Trogneux à La Providence, ni, à supposer que ce soit vrai, les dates où elle aurait obtenu le titre non négligeable de professeur certifié de Lettres Classiques, voire celui, très envié, de professeur agrégée de Lettres Classiques. Pire, on aimerait des détails sur ses enseignements allégués au Lycée Henri IV, en tout premier lieu à quelle date et pour quel type exact d’enseignement.
En conclusion, les Français sont très attachés aux recrutements de fonctionnaires de l’État par concours ouverts à tous, moyennant des conditions portant sur leurs seules aptitudes et titres professionnels antérieurs garantissant leur aptitude à exercer ces fonctions. Ces concours sont la clé de voûte de la méritocratie et de l’élitisme républicains ainsi que de l’ascenseur social.
Pour une personne qui est devenue « première dame de France », les Français ont droit à la vérité claire et précise.
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