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mercredi 1 août 2018

À l’Est du nouveau : Donald Trump veut renouer avec l’Iran !

Avec Donald Trump, l’impossible demeure toujours dans le champ du possible. Ainsi, après un tweet des plus guerriers menaçant l’Iran de ses foudres jupitériennes, il annonce, une semaine plus tard, vouloir rencontrer les dirigeants de Téhéran « sans préconditions », affirmant dans la foulée : « Je ne sais pas s’ils sont prêts. J’ai mis fin à l’accord avec l’Iran. C’était un accord ridicule. Je crois qu’ils vont finir par vouloir qu’on se rencontre. »

Est-ce bien sûr ? D’un côté, Hamid Aboutalebi, conseiller du président Hassan Rohani, assure certes que d’éventuelles discussions au sommet auraient, pour préalable, « le respect de la grande nation iranienne, la réduction des hostilités, le retour des États-Unis dans l’accord nucléaire », toutes précautions susceptibles « d’ouvrir le chemin chaotique du moment ».

De l’autre, Bahram Qassemi, porte-parole du ministère des Affaires étrangères, se montre nettement moins conciliant : « Avec l’Amérique d’aujourd’hui et les politiques qu’elle mène, il est absolument impossible d’avoir un dialogue et de l’engagement. Et les États-Unis ont montré qu’ils n’étaient absolument pas fiables. »

Voilà peut-être pourquoi la « réconciliation » inattendue avec Pyongyang, possible en Corée du Nord, pourrait bien être autrement plus délicate avec l’Iran. Le régime de Kim Jong-un, reposant sur un seul clan lié par d’étroits liens familiaux, lui permet de parler d’une seule voix. Toutes proportions gardées, quand Donald Trump renoue les liens avec Vladimir Poutine, il sait qu’en Russie, l’opposition au pouvoir étant quasi inexistante, il n’a donc affaire qu’à un interlocuteur unique. Rien de semblable dans la République islamique iranienne, s’agissant d’une démocratie parlementaire qu’agitent divers courants et tendances, le guide Khamenei contredisant souvent le président Rohanij, quand ce n’est pas l’inverse. Bref, le dialogue « homme à homme » qu’affectionne tant Donald Trump ne correspond guère aux réalités politiques locales.

De plus, si les retrouvailles américano-nord-coréennes ont pu fonctionner, même de manière des plus relatives, c’est parce qu’y assistaient un médiateur incontesté (la Corée du Sud) et un parrain incontestable (la Chine). Dans le cas irano-américain, les Européens, humiliés par le retrait unilatéral de Washington de l’accord nucléaire – lequel devrait leur coûter de véritables fortunes en contrats commerciaux de fait annulés –, ont-ils envie de s’investir davantage ? Il est à craindre que non. Et le parrain ? Qui d’autre que Vladimir Poutine ? L’homme de la Maison-Blanche assure avoir évoqué le sujet avec celui du Kremlin. Cela pourra-t-il suffire ?

À en croire Mike Pompeo, pas vraiment. Ainsi, le chef de la diplomatie américaine, néoconservateur de l’espèce messianique et belliqueuse, exige-t-il au préalable que Téhéran rappelle ses troupes de Syrie, là où elles ont pourtant défait les armées de l’État islamiqu, et cesse de soutenir le Hamas palestinien et le Hezbollah libanais. Ce qui nous amène loin du dossier nucléaire, qu’il soit civil ou militaire, puisque obligeant l’Iran à en finir avec sa politique traditionnelle. Un peu comme si l’on demandait, en guise de préambule à toute discussion avec Washington, que les USA ferment les innombrables bases militaires qu’ils entretiennent dans le monde entier.

La suite des événements s’annonce passionnante.

Nicolas Gauthier

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