- Elle est dominatrice
Mais dès lors qu’on considère tant de forces en délire sous l’angle de la grande crise que nous étudions, on peut discerner dans leur imbrication des résultantes profondément cohérentes et vigoureuses.
Sous l’impulsion de ces forces égarées, les nations occidentales sont en effet entraînées graduellement vers un état de choses qui prend la même configuration en chacune d’elles et qui se trouve diamétralement opposé à la civilisation chrétienne.
Cette crise s’identifie ainsi à une reine servie par toutes les forces du chaos devenues ses instruments efficaces et dociles.
- Elle est un processus
Cette
crise n’est pas un fait spectaculaire et isolé. Elle constitue au
contraire un processus de crises déjà cinq fois séculaire, un long
système de causes et d’effets qui, né avec une grande intensité à un
moment précis dans les zones les plus profondes de l’âme et de la
culture de l’homme occidental, produit depuis le XVe siècle jusqu’à nos
jours de successives convulsions.
Les paroles de Pie XII à propos d’un subtil et mystérieux « ennemi »
de l’Eglise s’appliquent particulièrement bien à ce processus:
«
On le rencontre partout et au milieu de tous; il sait être violent et
rusé. Au cours de ces derniers siècles il a essayé d’opérer la
dégradation intellectuelle, morale, sociale, de l’unité dans l’organisme
mystérieux du Christ. Il a voulu la nature sans la grâce, la raison
sans la foi, la liberté sans l’autorité et, parfois, l’autorité sans la
liberté.
« C’est
un « ennemi » qui s’est fait de plus en plus concret, dont le manque de
scrupules étonne encore: le Christ oui, l’Eglise non! Ensuite: Dieu
oui, le Christ non! Finalement le cri impie: Dieu est mort; et même,
Dieu n’a jamais existé. Et voici, maintenant, la tentative d’édifier la
structure du monde sur des bases que Nous n’hésitons pas à indiquer
comme les principales responsables de la menace qui pèse sur l’humanité:
une économie sans Dieu, un droit sans Dieu, une politique sans Dieu » (4).
Ce processus ne doit pas être regardé comme une succession toute
fortuite de causes et d’effets qui se seraient succédés de manière
inopinée. Cette crise possédait déjà à ses débuts les énergies
nécessaires pour transformer en actes toutes ses potentialités, et elle
les conserve de nos jours suffisamment vives pour provoquer, au moyen de
suprêmes convulsions, les destructions ultimes qui représentent son
terme logique.
Bien qu’elle soit influencée et induite dans des directions multiples
par des facteurs extrinsèques de tous ordres – culturels, sociaux,
économiques, ethniques, géographiques et autres – et qu’elle suive
parfois des voies fort tortueuses, cette crise poursuit sans relâche son
chemin vers sa fin tragique.
(4) Allocution à l’Union des hommes de l’Action catholique italienne du 12 octobre 1952,
« Discorsi e Radiomessaggi », vol. XIV, p. 359.
« Discorsi e Radiomessaggi », vol. XIV, p. 359.
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Extrait : « Révolution et Contre-révolution » – Chapitre III – Caractères de cette crise