Habituellement,
lorsque je lis un livre, j’utilise un signet personnalisé où je note
les pages particulièrement pertinentes ou importantes (c’est à dire
presque toujours hormis les ouvrages techniques, les romans du terroir
et quelques bandes dessinées). Dès que j’ai commencé à lire « Le Camp des Saints »1,
précisément une édition ancienne aimablement prêtée par un ami
patriote, je me suis aperçu que cet usage était inopportun, tant la
clairvoyance et la lucidité, littéralement prophétiques, s’affichaient
tout au long du texte, et ce dès les toutes premières pages.
Cet ouvrage fut publié chez Robert Laffont au premier trimestre de
l’année 1973. À cette période j’étais jeune homme, revenu depuis
quelques mois de mon service militaire. Dans ces si belles années des
Trente Glorieuses, avec toute la vie devant moi, je dois bien dire que
mon souhait le plus immédiat était d’acheter ma première moto. En ce
temps-là, la France était un pays riche, prospère et respecté. Nous
étions dans la paix civile, nous vivions comme des Français, il n’y
avait pas d’attentats et nous n’étions jamais fouillés, hormis lors de
passages en douane. Chacun respectait le Bien commun, craignait la
police et plus encore la prison. Le pays était gouverné par des
patriotes et nos traditions ne dérangeaient personne. Il faisait bon
vivre et le futur n’était ni incertain, ni inquiétant. La France vivait à
l’heure française.
Comment aurais-je pu, si je l’avais lu alors, imaginer que ce livre
d’anticipation deviendrait véritablement prophétique ? De toute façon,
mes choix de lectures n’allaient pas vers tel livre non reconnu alors
pour ce qu’il était.
Jean Raspail prévient en préambule que : « …même
si l’action symbolique peut paraître invraisemblable à certains, il
s’en présentera, inéluctablement, une autre de même nature. » Et aussi que : « …
de nombreux textes prêtés à la parole ou à la plume de mes personnages…
sont textes authentiques. Peut-être les reconnaîtra-t-on au passage… »
Dans
une vidéo de TV-Libertés, Jean Raspail explique qu’il n’avait pas tant
prévu l’islam, qui lui paraît néanmoins un élément important, que le
nombre, cette submersion migratoire hallucinante d’aujourd’hui -tous les
envahisseurs n’étant pas musulmans. La différence est que ce nombre est
grandissant, et non pas immédiat comme décrit dans son livre. Mais il
avait bien prévu l’apathie
générale, la sympathie mal placée, la charité irréfléchie, le
désarmement de la résistance nationale aussi bien dans les esprits que
dans les moyens. Selon lui, parmi tous les communautarismes, il manque le communautarisme français.