Moins de 60 % des futurs étudiants ont définitivement validé leur orientation.La plupart des établissements d'enseignement supérieur regrettent de n'avoir pu boucler les inscriptions des étudiants avant la pause estivale.
A un mois de la rentrée
universitaire, beaucoup d'établissements d'enseignement supérieur sont
encore dans le flou quant au nombre d'étudiants qu'ils devront
accueillir. Une situation inédite, liée à la mise en place de la
nouvelle plate-forme d'affectation, Parcoursup.

Sur
les 812.000 lycéens et étudiants en réorientation qui s'y sont
inscrits, seuls 58 % (469.998) avaient définitivement validé leur
orientation en fin de semaine dernière, selon les indicateurs
publiés par le ministère de l'Enseignement supérieur. Ils
étaient 115.993 à avoir reçu une proposition tout en maintenant d'autres
voeux en attente et 68.331 à n'avoir eu aucune réponse positive.
Comportements surprenants
C'est
la grande nouveauté de Parcoursup par rapport à l'ancien système
Admission post-bac (APB) : là où, auparavant, tout était bouclé en une
journée, Parcoursup instaure un mécanisme de désistement des candidats
au fil de l'eau qui fait mouliner la plate-forme en continu. « La convergence est très lente et le comportement des élèves, souvent très surprenant, constatait fin juillet Gilles Roussel, à la tête de la Conférence des présidents d'université (CPU). Certains
gardent des voeux en attente très longtemps, alors qu'ils savent très
bien qu'ils ne les prendront pas. Juste pour savoir s'ils auraient été
pris dans toutes les filières demandées ou pour, éventuellement,
repousser le plus tard possible le choix de leur filière. »
Beaucoup de « oui, en attente »
Résultat,
les établissements, peu habitués à ce qui s'apparente à une sorte
d'Airbnb avec possibilité de changement de dernière minute, sont un peu
désemparés. Dans son université de Paris-Est Marne-la-Vallée, Gilles
Roussel explique ainsi que seule une moitié des étudiants en licence se
sont inscrits définitivement avant la pause estivale, alors qu'ils
l'étaient quasiment tous, l'an dernier à la même époque. A l'université
Paris Descartes, le président, Frédéric Dardel, décrit une situation « assez différenciée selon les filières ». Mais, dans les formations de droit et d'économie, beaucoup de bacheliers ont émis un « oui, en attente » : « On leur a dit oui, mais ils attendent de voir s'ils n'ont pas mieux ailleurs », interprète-t-il.
« Personne à inscrire »
Rodolphe
Dalle, directeur de l'IUT de Nantes et président de l'assemblée des
directeurs des Instituts universitaires de technologie (Adiut), raconte
qu'en juillet, le service de scolarité de son établissement, qui
accueille traditionnellement des renforts à cette période de l'année
pour accueillir les élèves, s'est retrouvé avec des créneaux
d'inscription vides « parce qu'il n'y avait personne à inscrire ». L'autre « souci » vient du fait qu'il ne sait pas si ses promotions, qui commencent tout début septembre, feront le plein ou pas. « On ne sait pas si on va être à 80 % de remplissage, à 120 % ou à 130 %, dit-il. On va commencer la rentrée dans le flou le plus complet par rapport aux autres années. » Sur les 770 élèves que doit accueillir l'IUT de Nantes, il en reste 156 à inscrire.
« Claquer des doigts »
Le
surbooking, imposé à hauteur de 10 % par le ministère, vient ajouter un
autre souci d'organisation à des établissements qui expliquent qu'il ne
suffit pas de « claquer des doigts » pour ajouter des places.
« Je reconnais que c'est moins confortable pour les établissements,
mais tout le monde doit se roder à ce nouveau système qui met le jeune
au coeur de ses choix », rétorquait la ministre de l'Enseignement supérieur, fin juillet, sur « LCI ». « Le système est perfectible »,
admet Frédérique Vidal. Mais elle ne veut pas entendre parler du
rétablissement de la hiérarchisation des voeux, pourtant réclamé par de
nombreux responsables de formation, qui y voient un moyen d'accélérer la
procédure. Des discussions doivent débuter en septembre.
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