« L’amour conjugal exige donc des époux
une conscience de leur mission de "paternité responsable", sur laquelle,
à bon droit, on insiste tant aujourd’hui, et qui doit, elle aussi, être
exactement comprise. Elle est à considérer sous divers aspects
légitimes et liés entre eux.
Par rapport aux processus biologiques,
la paternité responsable signifie connaissance et respect de leurs
fonctions : l’intelligence découvre, dans le pouvoir de donner la vie,
des lois biologiques qui font partie de la personne humaine.
Par rapport aux tendances de l’instinct
et des passions, la paternité responsable signifie la nécessaire
maîtrise que la raison et la volonté doivent exercer sur elles.
Par rapport aux conditions physiques,
économiques, psychologiques et sociales, la paternité responsable
s’exerce soit par la détermination réfléchie et généreuse de faire
grandir une famille nombreuse, soit par la décision, prise pour de
graves motifs et dans le respect de la loi morale, d’éviter
temporairement ou même pour un temps indéterminé une nouvelle naissance.
La paternité responsable comporte encore
et surtout un plus profond rapport avec l’ordre moral objectif, établi
par Dieu, et dont la conscience droite est la fidèle interprète. »Humanae Vitae, §10.
* * *
L’expression « paternité responsable »
désigne la responsabilité commune du père et de la mère quant à la
transmission de la vie. Paul VI la présente ici selon quatre aspects :
1° Les processus biologiques :
l’intelligence les découvre inscrits dans la personne humaine ; l’Église
invite à les respecter, tandis que la pensée moderne ne s’impose aucune
limite pour les manipuler.
2° L’instinct et les passions : ces
forces deviennent pleinement humaines lorsqu’elles sont conduites par la
raison et la volonté.
3° Le contexte familial : selon ce
contexte, les époux s’offriront généreusement à l’accueil d’une nouvelle
vie ou bien estimeront en conscience devoir différer à plus ou moins
long terme une nouvelle naissance. Il s’agit ici des « raisons graves »
déjà évoquées par Pie XI et Pie XII.
4° L’ordre moral objectif, établi par
Dieu : ce dernier point est celui sur lequel Paul VI avait surtout à se
prononcer. C’est ce qu’il va faire jusqu’à la fin de ce chapitre.