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lundi 1 mai 2017

On ne rend pas service à la papauté en décalquant dans le gouvernement de l’Église le modèle absolutiste


Renaud Silly, dominicain et chercheur à l’École archéologique et biblique de Jérusalem, a établi, présenté et préfacé le volume que les éditions Robert Laffont ont consacré à Bossuet dans la collection « Bouquins ». Il dévoile un Bossuet spirituel, fruits de la maturité, écho de la fidélité de l’évêque de Meaux au Dieu de sa vie qui l’inspire jusque dans son génie oratoire si magnifiquement français et si propice à l’édification de ses lecteurs. Il a été interrogé par Philippe Maxence dans L'Homme Nouveau. Extrait :
Capture d’écran 2017-04-29 à 15.02.14Doit-on se méfier de lui et de ses écrits en raison de ses positions gallicanes, bien que certains aient pensé que s’il n’avait pas été le rédacteur des Quatre articles de 1682 il eut pu être élevé sur les autels ?

Cette question fait l’objet d’un lourd malentendu. Il existait sous l’Ancien Régime un gallicanisme politique, celui de certains Messieurs du Parlement. Il aurait peut-être défendu la suprématie de l’État en matière religieuse si les rois ne l’avaient arrêté dans sa course. Il a triomphé pour un temps avec la Constitution civile du clergé. Le gallicanisme de Bossuet en revanche est religieux. Il ne tire pas sa source de la philosophie politique ou juridique, mais de l’histoire ; c’est une façon de penser la place de l’Église de France dans l’universalité catholique. Sans défendre la Déclaration des Quatre articles, rappelons qu’elle n’a pas été condamnée et ne pouvait l’être au stade où se trouvait la théologie catholique en 1682. L’assimilant à une nouveauté, Bossuet ne croyait pas à l’infaillibilité personnelle des papes. En revanche, il croyait ardemment à l’indéfectibilité de l’Église romaine dans la foi, selon les promesses de Lc 22, 32 et Mt 16, 18. Je ne connais pas de plus bel éloge du Siège de Pierre et de la place que Dieu a voulue pour lui que le Sermon sur l’unité de l’Église de 1681. Être gallican pour Bossuet, c’est la manière française d’être catholique, apostolique et romain, de même que Dante s’est montré bon Européen en illustrant le génie italien. On ne rend pas service à la papauté en revendiquant pour elle on ne sait quelle supériorité temporelle sur les princes ou en décalquant dans le gouvernement de l’Église le modèle absolutiste."
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