Ceci sera inexorable, pour plusieurs raisons.
* Les mouvements démographiques ne se contrôlent pas et à supposer qu'ils le soient, ne se modifient qu'après plusieurs décennies. Or la population de l'Afrique sub-saharienne compte environ 2 milliards d'habitants. Du fait d'un taux de croissance tenant au fait que les femmes en âge de procréer auront encore au moins 6 enfants pendant plusieurs décennies, cet effectif devait atteindre 4 milliards d'ici la fin du siècle. A supposer que des politiques strictes de contrôle des naissances soient mises en place, elles n'auront pas d'effet durant cette période. Mais, pour des raisons religieuses ou par simple persistance des pratiques actuelles, de telles politiques, à supposer qu'elles soient décidées, ne seront pas appliquées.
* L'extrême différence de niveau de vie entre les pays européens et l'Afrique, notamment dans des mégapoles africaines comptant souvent 20 à 30 millions de résidents vivant dans l'équivalent d'interminables bidonvilles, fera que cette différence incitera pratiquement tous les jeunes ayant un minimum de revenu et de culture, à prendre le chemin de l'Europe. Ils le feront parce que l'Europe est le continent le plus proche et parce que les pays européens, contrairement à la Chine, l'Inde ou l'Amérique, ne feront rien pour fermer leurs frontières. A supposer qu'ils le décident, ils ne pourraient pas le faire effectivement sans provoquer des massacres aux frontières et des révoltes dans les banlieues déjà africanisés des villes européennes
* De plus en plus de migrants africains se seront convertis à un islam radical dans les prochaines années, islam pour qui la conquête de l'Europe chrétienne ou athée a constitué un impératif religieux dès les origines de l'Empire Ottoman.
*Il en résulte que ce que les Européens appellent encore la civilisation européenne disparaitra dans les prochaines décennies. Ce sont des choses courantes, se consoleront les anthropologues, par ce qu'au fil des temps, les civilisations se sont succédées sans mettre en péril L'expansion de l'espèce humaine.
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Le 17 mars 2018, Alain Finkelkraut dans l'émission Répliques, a donné la parole à deux auteurs dont les ouvrages, en termes différents, abordent ce problème – sans apporter évidemment de solutions crédibles. Nous en redonnons ici les références.
Serge Michaïlof, chercheur à l'Iris, a été l'un des directeurs de la Banque mondiale et le directeur des opérations de l'Agence française de développement. Il a publié en 2015 chez Fayard Africanistan : l'Afrique en crise va-t-elle se retrouver dans nos banlieues ?
L'Europe vieillit et se dépeuple. L'Afrique déborde de jeunes et de vie. Une migration de masse va se produire. Son ampleur et ses conditions constituent l'un des plus grands défis du XXIe siècle.
L'Union européenne compte aujourd'hui 510 millions d'habitants vieillissants ; l'Afrique 1,25 milliard, dont quarante pour cent ont moins de quinze ans. En 2050, 450 millions d'Européens feront face à 2,5 milliards d'Africains. D'ici à 2100, trois personnes sur quatre venant au monde naîtront au sud du Sahara.
Stephen Smith est américain et a été journaliste spécialisé sur l'Afrique pour Libération et Le Monde de 1986 à 2005. Actuellement il enseigne les études africaines à l'université de Duke (USA) Il vient de publier chez Grasset La ruée vers l'Europe : la jeune Afrique en route vers le vieux continent.
L'Afrique « émerge ». En sortant de la pauvreté absolue, elle se met en marche. Dans un premier temps, le développement déracine : il donne à un plus grand nombre les moyens de partir. Si les Africains suivent l'exemple d'autres parties du monde en développement, l'Europe comptera dans trente ans entre 150 et 200 millions d'Afro-Européens, contre 9 millions à l'heure actuelle.
Une pression migratoire de cette ampleur va soumettre l'Europe à une épreuve sans précédent, au risque de consommer la déchirure entre ses élites cosmopolites et ses populistes nativistes. L'État-providence sans frontières est une illusion ruineuse. Vouloir faire de la Méditerranée la douve d'une « forteresse Europe » en érigeant autour du continent de l'opulence et de la sécurité sociale des remparts - des grillages, un mur d'argent, une rançon versée aux États policiers en première ligne pour endiguer le flot - corrompt les valeurs européennes. L'égoïsme nationaliste et l'angélisme humaniste sont unaniment dangereux. Guidé par la rationalité des faits, cet essai de géographie humaine assume la nécessité d'arbitrer entre intérêts et idéaux.
Jean Paul Baquiast* Les mouvements démographiques ne se contrôlent pas et à supposer qu'ils le soient, ne se modifient qu'après plusieurs décennies. Or la population de l'Afrique sub-saharienne compte environ 2 milliards d'habitants. Du fait d'un taux de croissance tenant au fait que les femmes en âge de procréer auront encore au moins 6 enfants pendant plusieurs décennies, cet effectif devait atteindre 4 milliards d'ici la fin du siècle. A supposer que des politiques strictes de contrôle des naissances soient mises en place, elles n'auront pas d'effet durant cette période. Mais, pour des raisons religieuses ou par simple persistance des pratiques actuelles, de telles politiques, à supposer qu'elles soient décidées, ne seront pas appliquées.
* L'extrême différence de niveau de vie entre les pays européens et l'Afrique, notamment dans des mégapoles africaines comptant souvent 20 à 30 millions de résidents vivant dans l'équivalent d'interminables bidonvilles, fera que cette différence incitera pratiquement tous les jeunes ayant un minimum de revenu et de culture, à prendre le chemin de l'Europe. Ils le feront parce que l'Europe est le continent le plus proche et parce que les pays européens, contrairement à la Chine, l'Inde ou l'Amérique, ne feront rien pour fermer leurs frontières. A supposer qu'ils le décident, ils ne pourraient pas le faire effectivement sans provoquer des massacres aux frontières et des révoltes dans les banlieues déjà africanisés des villes européennes
* De plus en plus de migrants africains se seront convertis à un islam radical dans les prochaines années, islam pour qui la conquête de l'Europe chrétienne ou athée a constitué un impératif religieux dès les origines de l'Empire Ottoman.
*Il en résulte que ce que les Européens appellent encore la civilisation européenne disparaitra dans les prochaines décennies. Ce sont des choses courantes, se consoleront les anthropologues, par ce qu'au fil des temps, les civilisations se sont succédées sans mettre en péril L'expansion de l'espèce humaine.
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Le 17 mars 2018, Alain Finkelkraut dans l'émission Répliques, a donné la parole à deux auteurs dont les ouvrages, en termes différents, abordent ce problème – sans apporter évidemment de solutions crédibles. Nous en redonnons ici les références.
Serge Michaïlof, chercheur à l'Iris, a été l'un des directeurs de la Banque mondiale et le directeur des opérations de l'Agence française de développement. Il a publié en 2015 chez Fayard Africanistan : l'Afrique en crise va-t-elle se retrouver dans nos banlieues ?
L'Europe vieillit et se dépeuple. L'Afrique déborde de jeunes et de vie. Une migration de masse va se produire. Son ampleur et ses conditions constituent l'un des plus grands défis du XXIe siècle.
L'Union européenne compte aujourd'hui 510 millions d'habitants vieillissants ; l'Afrique 1,25 milliard, dont quarante pour cent ont moins de quinze ans. En 2050, 450 millions d'Européens feront face à 2,5 milliards d'Africains. D'ici à 2100, trois personnes sur quatre venant au monde naîtront au sud du Sahara.
Stephen Smith est américain et a été journaliste spécialisé sur l'Afrique pour Libération et Le Monde de 1986 à 2005. Actuellement il enseigne les études africaines à l'université de Duke (USA) Il vient de publier chez Grasset La ruée vers l'Europe : la jeune Afrique en route vers le vieux continent.
L'Afrique « émerge ». En sortant de la pauvreté absolue, elle se met en marche. Dans un premier temps, le développement déracine : il donne à un plus grand nombre les moyens de partir. Si les Africains suivent l'exemple d'autres parties du monde en développement, l'Europe comptera dans trente ans entre 150 et 200 millions d'Afro-Européens, contre 9 millions à l'heure actuelle.
Une pression migratoire de cette ampleur va soumettre l'Europe à une épreuve sans précédent, au risque de consommer la déchirure entre ses élites cosmopolites et ses populistes nativistes. L'État-providence sans frontières est une illusion ruineuse. Vouloir faire de la Méditerranée la douve d'une « forteresse Europe » en érigeant autour du continent de l'opulence et de la sécurité sociale des remparts - des grillages, un mur d'argent, une rançon versée aux États policiers en première ligne pour endiguer le flot - corrompt les valeurs européennes. L'égoïsme nationaliste et l'angélisme humaniste sont unaniment dangereux. Guidé par la rationalité des faits, cet essai de géographie humaine assume la nécessité d'arbitrer entre intérêts et idéaux.
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