Stephen Smith, auteur de La ruée vers l'Europe, est interrogé dans Ouest France. Extrait :
[...] Il est essentiel de comprendre que ce ne sont pas les plus pauvres qui migrent mais ceux qui peuvent réunir un pactole de départ et jouissent de réseaux de soutien. Des millions d'Africains sont en train de franchir ce cap. [...] Les médias véhiculent facilement des clichés misérabilistes - de « désespérés » qui fuient « l'enfer » que serait l'Afrique - alors que la plupart des migrants viennent aujourd'hui des pays porteurs d'espoir, comme le Sénégal, le Ghana, la Côte d'Ivoire ou le Nigeria. Puis nous avons tendance à ne considérer que la phase héroïque de la migration, quand l'individu surmonte mille obstacles pour atteindre sa terre promise. Mais la migration débute par un acte défaitiste, le départ d'un Africain qui ne croit pas en l'avenir de son pays. Enfin, nous supposons que les migrants sont « sauvés » dès qu'ils touchent la terre européenne. La réalité est bien plus complexe. L'intégration est un long travail et son succès ne se révèle souvent qu'à la deuxième, voire troisième génération. [...]
Votre livre s'intitule La ruée vers l'Europe : n'est-ce pas un titre choc ?Non, absolument pas. Comment annoncer plus sobrement la migration imminente de dizaines de millions de personnes, peut-être plus ? [...]"
Source