Est
ce que j’égorge, moi ? Non ! D’abord, c’est répugnant. Et puis ça doit
faire mal. Bon d’accord , ça dure pas très longtemps… Ouais ouais, vous
en avez de bonnes. Et si le couteau est pas affûté, hein ! Vous y avez
pensé, vous au couteau pas affûté ? Vous y avez pensé vous, au travail
bâclé, au travail d’ar… Non, non, ça, j’ai pas le droit de le dire. On
ne m’a laissé que le droit de le penser. Et encore. Pour combien de
temps ? Allez savoir. Bon, revenons à nos moutons. Moi, en l’occurrence.
Je n’aimerais pas du tout être égorgé, vous disais je. Avec tous les
trucs que j’ai envie de faire. Changer la pompe à injection de mon
fourgon, préparer les confitures… Ha oui, dans mon petit jardin réside
un assez vieux figuier. Il va me donner près de cent pots de confiture
cette année. Qui c’est qui va les faire, touiller dans la belle bassine
en cuivre, stériliser, patin couffin… Non, non et non, je refuse d’être
égorgé ! Mais au levant, plein de petits bonhommes s’agitent et lèvent
les bras au ciel. Avec un couteau ? Ben oui ! Ils s’agitent, ils
vocifèrent, ils fomentent, ils menacent, ils postillonnent… Certains se
taisent. Ils sont pas d’accord, mais ils la bouclent. Pardi. C’est
d’ailleurs eux qui crient peut être les plus fort, pour faire écran. Je
dis au levant, mais je me trompe. Ça, c’était avant ! Avant qu’ils ne
soient à nos portes, dans nos rues et dans nos campagnes. Oui, oui, j’ai
aussi pensé dans nos compagnes… Et qu’un sang impur abreuve nos
sillons….
PACO. Et si c’était hier ?
087/08/2018.