Le parlement italien. |
Une proposition de loi au Parlement a été déposée par la Ligue du
Nord avec un plan pour augmenter la natalité : écoles maternelles
gratuites, lutte contre l’avortement et défense des “familles
naturelles”. Puis des taxes sur les envois de fonds des étrangers vers
leurs pays d’origine.
Avec 1.34 enfant par femme en 2017, contre 2.70 en 1965, le peuple
italien est passé d’une natalité supérieure aux ressources du pays à une
menace concrète d’extinction. Une femme sur deux en âge de procréer n’a pas d’enfants. Et la moitié de la population a plus de 45 ans.
La Ligue du Nord a une idée précise de la famille qu’elle entend aider. C’est la famille traditionnelle, formée par un homme et une femme. Peut-être Italiens, car les migrants
font bien plus d’enfants que les autochtones ! Matteo Salvini, sur
l’estrade lors la fête de la Ligue en Émilie-Romagne à Cervia, a
renouvelé sa position : il n’aime pas voir les couples italiens avec
seulement un ou deux enfants, il voudrait aider les jeunes à procréer
plus. De quelle manière ? En soutenant leurs dépenses. Et en taxant les
envois de fonds des migrants vers leurs pays d’origine.
La somme de la politique de la Ligue pour la famille est contenue dans
une proposition de loi présentée le 26 mars dernier au Parlement par
Barbara Saltamartini, Giancarlo Giorgetti, Massimiliano Fedriga, le
sous-secrétaire Molteni et d’autres parlementaires.
Surtout, la famille que la Ligue entend soutenir est celle “fondée sur
le mariage entre un homme et une femme” parce que c’est la seule qui
“protège et garantit le rôle social de l’éducation des enfants” grâce
aux “figures parentales du père et de la mère”. En bref : pas de couples
homosexuels, ni autres adoptions de toutes sortes. “Les termes de
substitution de la définition du père et de la mère” du type “parent 1”
et “parent 2” seront également interdits, ce qui constitue un important
changement de ton.
Le ministre de la Famille, Lorenzo Fontana, depuis sa nomination a
réaffirmé qu’il n’entendait pas poursuivre vers la reconnaissance de la
parentalité pour les couples homosexuels. Ses paroles ont déclenché un
tollé, provoquant aussi l’opposition du sous-secrétaire Vincenzo
Spadafora, appartenant au M5S.
Dans sa proposition de loi, la Ligue a aussi inséré des thèmes non
contenus dans le programme du gouvernement fait avec le M5S. Mais les
initiatives parlementaires sont licites, ainsi, c’est par cette voie que
la Ligue pourrait chercher à faire passer des normes non contenues dans
l’accord avec le M5S, mais attendues par son électorat.
Les partisans de Salvini veulent porter plus avant la campagne contre la
baisse de la natalité en faveur des couples italiens. De quelle
manière? Comme l’écrit Repubblica, parmi les pistes envisagées, le
soutien pour l’acquisition du premier logement de la famille, des aides
mensuelles pour ceux qui ont des enfants de moins de 3 ans. Ensuite 1000
€ par an pour les services essentiels et d’importantes réductions
fiscales. Enfin, des crèches gratuites avec l’augmentation du nombre de
places afin que de plus en plus de parents puissent y envoyer les
enfants sans avoir à payer des sommes trop importantes pour le budget
familial.
Une nouveauté importante concerne l’avortement. Pour décourager les
femmes d’y avoir recours, la Ligue pense inclure dans la cellule
familiale l’enfant à naître. Il permettra à la famille qui l’attend de
gagner des allocations familiales – aujourd’hui distribuées en fonction
du nombre d’enfants nés.
Mais attention. Pour la Ligue du Nord, les initiatives en faveur de la
natalité ne sont pas accordées à tous mais seulement “aux citoyens
italiens ou d’autres pays membres de l’UE formant une famille”. Et en
fait, pour garantir “une allocation de soin et de garde pour soutenir
les familles dans les dépenses nécessaires comme la prise d’une
babysitter”, la Ligue a pensé dans la proposition de loi, à instaurer
“un droit de timbre sur les transferts d’argent effectués par les
agences agréées vers l’étranger” : 3% sur le montant « transféré à
chaque transaction individuelle ayant un montant minimum de 5 euros« .
Ce qui revient à taxer les migrants et leurs envois de fonds vers leurs
pays d’origine [et leurs familles] pour aider les jeunes couples
italiens à faire des enfants !
Traduction : Hélène Lechat pour Breizh-info
Source : Il Giornale (6 août 2018)