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vendredi 10 août 2018

Italie. La Ligue du Nord veut taxer les migrants pour aider les familles italiennes

Le parlement italien.
Une proposition de loi au Parlement a été déposée par la Ligue du Nord avec un plan pour augmenter la natalité : écoles maternelles gratuites, lutte contre l’avortement et défense des “familles naturelles”. Puis des taxes sur les envois de fonds des étrangers vers leurs pays d’origine. 

Avec 1.34 enfant par femme en 2017, contre 2.70 en 1965, le peuple italien est passé d’une natalité supérieure aux ressources du pays à une menace concrète d’extinction. Une femme sur deux en âge de procréer n’a pas d’enfants. Et la moitié de la population a plus de 45 ans.

La Ligue du Nord a une idée précise de la famille qu’elle entend aider. C’est la famille traditionnelle, formée par un homme et une femme. Peut-être Italiens, car les migrants font bien plus d’enfants que les autochtones ! Matteo Salvini, sur l’estrade lors la fête de la Ligue en Émilie-Romagne à Cervia, a renouvelé sa position : il n’aime pas voir les couples italiens avec seulement un ou deux enfants, il voudrait aider les jeunes à procréer plus. De quelle manière ? En soutenant leurs dépenses. Et en taxant les envois de fonds des migrants vers leurs pays d’origine.

La somme de la politique de la Ligue pour la famille est contenue dans une proposition de loi présentée le 26 mars dernier au Parlement par Barbara Saltamartini, Giancarlo Giorgetti, Massimiliano Fedriga, le sous-secrétaire Molteni et d’autres parlementaires.

Surtout, la famille que la Ligue entend soutenir est celle “fondée sur le mariage entre un homme et une femme” parce que c’est la seule qui “protège et garantit le rôle social de l’éducation des enfants” grâce aux “figures parentales du père et de la mère”. En bref : pas de couples homosexuels, ni autres adoptions de toutes sortes. “Les termes de substitution de la définition du père et de la mère” du type “parent 1” et “parent 2” seront également interdits, ce qui constitue un important changement de ton.

Le ministre de la Famille, Lorenzo Fontana, depuis sa nomination a réaffirmé qu’il n’entendait pas poursuivre vers la reconnaissance de la parentalité pour les couples homosexuels. Ses paroles ont déclenché un tollé, provoquant aussi l’opposition du sous-secrétaire Vincenzo Spadafora, appartenant au M5S.


Dans sa proposition de loi, la Ligue a aussi inséré des thèmes non contenus dans le programme du gouvernement fait avec le M5S. Mais les initiatives parlementaires sont licites, ainsi, c’est par cette voie que la Ligue pourrait chercher à faire passer des normes non contenues dans l’accord avec le M5S, mais attendues par son électorat.

Les partisans de Salvini veulent porter plus avant la campagne contre la baisse de la natalité en faveur des couples italiens. De quelle manière? Comme l’écrit Repubblica, parmi les pistes envisagées, le soutien pour l’acquisition du premier logement de la famille, des aides mensuelles pour ceux qui ont des enfants de moins de 3 ans. Ensuite 1000 € par an pour les services essentiels et d’importantes réductions fiscales. Enfin, des crèches gratuites avec l’augmentation du nombre de places afin que de plus en plus de parents puissent y envoyer les enfants sans avoir à payer des sommes trop importantes pour le budget familial.

Une nouveauté importante concerne l’avortement. Pour décourager les femmes d’y avoir recours, la Ligue pense inclure dans la cellule familiale l’enfant à naître. Il permettra à la famille qui l’attend de gagner des allocations familiales – aujourd’hui distribuées en fonction du nombre d’enfants nés.

Mais attention. Pour la Ligue du Nord, les initiatives en faveur de la natalité ne sont pas accordées à tous mais seulement “aux citoyens italiens ou d’autres pays membres de l’UE formant une famille”. Et en fait, pour garantir “une allocation de soin et de garde pour soutenir les familles dans les dépenses nécessaires comme la prise d’une babysitter”, la Ligue a pensé dans la proposition de loi, à instaurer “un droit de timbre sur les transferts d’argent effectués par les agences agréées vers l’étranger” : 3% sur le montant « transféré à chaque transaction individuelle ayant un montant minimum de 5 euros« . Ce qui revient à taxer les migrants et leurs envois de fonds vers leurs pays d’origine [et leurs familles] pour aider les jeunes couples italiens à faire des enfants !

Traduction : Hélène Lechat pour Breizh-info

Source : Il Giornale (6 août 2018)