«
C'est une question que vous adressez au destin de l'Allemagne, lorsque
vous me demandez qui fut Arthur Moeller van den Bruck », — déclarait sa
veuve Lucy en 1932, dans le seul et unique interview qu'elle a accordé
pour évoquer la mémoire de son mari. En effet, la vie de Moeller van den
Bruck, le protagoniste le plus significatif de la Révolution conservatrice de l'entre-deux-guerres, reflète parfaitement l'esprit du temps. Mais si son époque l'a marqué, il l'a marquée tout autant. Le Juni-Klub
qu'il avait fondé avec Heinrich von Gleichen en 1919 quand il devinait
l'effondrement du Reich, la révolution spartakiste et les affres du
Diktat de Versailles, devait devenir la cellule de base d'un mouvement
“jeune-conservateur”. Un an plus tard, le Juni-Klub déménage et
se fixe au numéro 22 de la Motzstraße à Berlin, pour déployer de
nouvelles activités. Outre les soirées de débat, le Juni-Klub s'empressa de mettre sur pied un “collège politique” pour parfaire la formation politique des “nationaux”. En 1923, le Juni-Klub
acquiert le droit de décerner des diplômes reconnus par l'Etat et
entame une activité journalistique intense. Finalement jusqu'à 50
journaux importants ou revues au tirage plus restreint ont été chercher
leurs éditoriaux ou leurs bonnes feuilles dans les locaux de la
Motzstraße. Dans tout le territoire du Reich, ces structures de
formation et de publication se multiplient et se donnent un nom, Der Ring (L'Anneau), qui symbolise le mouvement national naissant, quadrillant le pays.
Le périodique le plus significatif des Jeunes-Conservateurs fut Gewissen,
une revue rachetée en 1920, dont la forme fut entièrement remodelée par
Moeller. La revue a tout de suite suscité un grand intérêt et a eu les
effets escomptés, comme l'atteste une lettre de Thomas Mann à Heinrich von Gleichen (1920) : « Je viens de renouveler mon abonnement à Gewissen,
une revue que je décris comme la meilleure publication allemande, une
publication sans pareille, à tous ceux avec qui je m'entretiens de
politique ». Moeller était véritablement le centre de toutes ces
activités. En écrivant des brochures et d'innombrables articles, il
façonnait le mouvement, lui donnait son idéologie, ses lignes
directrices. Mais sa forte personnalité jouait un rôle tout aussi
intense, rassemblait les esprits. Pourtant, jamais il n'écrivit de
grande œuvre politique, mis à part des ouvrages de référence
indispensables, comme Das Recht der jungen Völker [Le Droit des
peuples jeunes] (1919), puis l'ouvrage collectif écrit de concert,
notamment avec Heinrich von Gleichen et Max Hildebert Boehm, et destiné à
devenir la base d'un programme “jeune-conservateur”, Die Neue Front [Le Front Nouveau] (1922) et, bien sûr, le plus connu d'entre tous ses livres, Das Dritte Reich
(1923). Bien entendu, ce titre fait penser, par homonymie, au
“Troisième Reich” des nationaux-socialistes, ce qui a nuit à la
réputation de l'auteur et du contenu de l'ouvrage. Pourtant, Moeller
émettait de sérieuses réserves à l'endroit de Hitler et de la NSDAP.
Malgré son opposition, Hitler put parler un jour à la tribune du Juni-Klub
en 1922, mais Moeller en tira une conclusion laconique, négative : « Ce
gaillard-là ne comprendra jamais ! ». Après le putsch de Munich,
Moeller commenta sévèrement l'événement dans Gewissen : « Hitler a échoué à cause de sa primitivité prolétarienne ».
Le mouvement jeune-conservateur
L'influence
prépondérante de Moeller van den Bruck peut parfaitement se jauger: en
1924, quand une grave maladie le frappe et le contraint à abandonner
tout travail politique, les structures mises en place se défont. Le 27
mai 1995, après plusieurs mois de souffrances, Moeller met
volontairement un terme à ses jours. Ce sera Max Hildebert Boehm
qui prononcera le discours traditionnel au bord de sa tombe : « Le
chef, le bon camarade, l'ami cher, auquel nous rendons aujourd'hui un
dernier hommage, est entré comme un homme accompli, comme un homme
“devenu”, dans notre cercle de “devenants” (… trat als ein Gewordener in
unseren Kreis von Werdenden) ».
Pour
Moeller, comme pour tant d'autres, la Première Guerre mondiale et ses
conséquences ont constitué un grand tournant de l'existence. En effet,
quand Moeller s'est définitivement donné au travail politique, il était
déjà un homme accompli, un “devenu”. Né le 23 avril 1876 à Solingen, il
avait derrière lui un cheminement aussi extraordinaire que typique. Il
appartenait à une génération qui n'avait plus pu s'insérer dans la
société du tournant du siècle; adolescent, il avait interrompu sa
formation scolaire et s'était installé d'abord à Leipzig, où il fit la
connaissance du dramaturge et poète Franz Evers, qui l'accompagnera
longtemps et marquera plusieurs stades cruciaux de son existence. Ses
seuls intérêts, à l'époque, étaient littéraires et artistiques. Ce
jeune homme très sérieux avait un jour suscité la remarque ironique d'un
auditeur: « Vous avez-vous ? Le jeune Moeller a ri aujourd'hui ! ». En
1896, il part pour le centre de la vie intellectuelle du Reich :
Berlin.
Le style prussien
C'est
dans la capitale allemande qu'il épousera un amour de jeunesse, Hedda
Maase, qui partageait ses passions. Plus tard, elle a rédigé un mémoire
détaillé sur son époque berlinoise, où elle décrit son mari : « Il
s'habillait de façon très choisie et cherchait à exprimer l'aristocrate
intérieur qu'il était à tous les niveaux, dans ses attitudes, dans les
formes de son maintien, dans son langage ». Un héritage leur permettait
de vivre sans travailler ; ainsi, ils pouvaient passer beaucoup de temps
dans les cafés littéraires et dans les restaurants, et discuter des
nuits entières avec des hommes et des femmes partageant leur sensibilité
: parmi eux, Richard Dehmel, Frank Wedekind, Detlev von Liliencorn, le
peintre et dessinateur Fidus,
Wilhelm Lentrodt, Ansorge ou Rudolf Steiner. Ces réunions donnait
l'occasion de pratiquer de la haute voltige intellectuelle mais aussi,
assez souvent, comme Moeller l'avoue lui-même, de rechercher “le royaume
au fond du verre”. Avec sa femme, il traduit, dans ces années-là, des
ouvrages de Baudelaire,
de Barbey d'Aurevilly, de Thomas de Quincey, de Daniel Defoë et surtout
d'Edgar Allan Poe. Entre 1899 et 1902, il achève un ouvrage en 12
volumes : Die moderne Literatur in Gruppen- und Einzeldarstellungen.
En
1902, Moeller quitte précipitamment Berlin sans sa femme, qui épousera
plus tard Herbert Eulenberg. En passant par la Suisse, il aboutit à
Paris. Il y restera 4 ans, parfois en compagnie d'Evers. Il édite
plusieurs ouvrages, Das Variété (1902), Das Théâtre Français (1905) et Die Zeitgenossen (Les Contemporains) (1906), flanqués de 8 volumes, écrits entre 1904 et 1910, Die Deutschen : Unsere Menschengeschichte (Les
Allemands : Notre histoire humaine). A Paris, Moeller avait fait la
connaissance de 2 sœurs originaires de Livonie (actuellement en
Lettonie), Less et Lucy Kaerrick, et de Dimitri Merejkovski. Ces amitiés
ont permis l'éclosion du plus grand travail de Moeller : la première
édition allemande complète de l'œuvre de Dostoïevski.
Plus tard, Moeller épouse Lucy Kaerrick. En 1906, il voyage en Italie
avec Barlach et Däubler, ce qui lui permettra de publier en 1913 Die italienische Schönheit
[La beauté italienne]. En 1907, il retourne en Allemagne et accomplit
sur le tard son service militaire, pour exprimer son engagement en
faveur de l'Allemagne qu'il n'avait jamais cessé de manifester à
l'étranger. Ensuite, il voyage encore dans tous les pays d'Europe. Quand
éclate la Première Guerre mondiale, il est affecté dans une unité
territoriale (Landsturm). C'est à cette époque qu'il aura plusieurs longues conversations avec un jeune juriste, Carl Schmitt.
En 1916, Moellers change d'affectation : il se retrouve dans le
“département étranger” de l'état-major de l'armée de terre. La même
année paraît un de ses meilleurs livres : Der preußische Stil [Le style prussien], recueil d'articles et d'essais antérieurs mais dont la portée ne s'était nullement atténuée.
► Guido Fehling, Nouvelles de Synergies européennes n°13, 1995. (article paru dans Junge Freiheit n°21/1995)
♦ Œuvres en français de Moeller van den Bruck :
- Le Troisième Reich, tr. fr. Jean-Louis Lénault, éd. Sorlot, 1981 (fac-similé de l'édition de 1933), 325 p.
- La Révolution des peuples jeunes, préf. A. de Benoist, Pardès, 1993, 350 p.
◊ monographie : « A. Moeller van den Bruck : une “question à la destinée allemande” » (Alain de Benoist, Nouvelle école n°35, 1979 ; article basé sur : A. Moeller van den Bruck und der revolutionäre Nationalismus in der Weimarer Republik, Hans-Joachim Schwierskott, Musterschmidt-Verlag, 1962)
Konservative Revolution
Die dritte Partei für das neue Deutschland
Vor 80 Jahren verfaßte Arthur Moeller van den Bruck sein vielbeachtetes Hauptwerk Das dritte Reich
In
der tiefen Orientierungskrise, die das deutsche Volk nach dem Ersten
Weltkrieg erfaßt hatte, steckte auch der biedere und sozialreaktionäre
Patriotismus wilhelminischer Prägung. Junge Nationalisten begriffen die
Niederlage nun als Chance, Nationalismus, Preußentum und Sozialismus zu
verschmelzen. Gewaltigen Ausdruck fand dieses Sehnen nach einer echten
deutschen Gemeinschaft in der 1923 erschienenen Schrift Das dritte Reich von Arthur Moeller van den Bruck. Ein Buch, das fanfarengleich die besten Geister zum Banner der Konservativen Revolution rief.
Am
30. Mai 1925 setzte Arthur Moeller van den Bruck seinem zuletzt von
Schwermut gedrückten Leben ein frühes Ende. Damit verlor der
mythenumwitterte Juni-Klub seinen spiritus rector und die
nationalistische Schriftstellerei einen ihren kraftvollsten Visionäre.
Wurde Moeller van den Bruck von der Spannung zwischen seinem
angestrebten « dritten Reich » und dem entmutigenden Politikalltag der
verhaßten Weimarer Republik innerlich zerrissen? Fand der
Rechtsintellektuelle keinen Ausweg mehr aus dem Niemandsland, in das er
sich mit seiner vagen Geschichtsprophetie begeben hatte ?
Sein
schillernder Lebenslauf gleicht dem anderer politischer Romantiker. Im
April 1876 wurde Arthur Moeller — später hängte er seinem Geburtsnamen
den mütterlichen Namen an — als Sohn eines königlich-preußischen
Baurates geboren, zu dessen Vorfahren preußische Offiziere, Gutsbesitzer
und Pastoren gehörten. Das Gymnasium vor dem Abitur verlassend, führte
er nach seiner frühzeitigen Heirat und einem auskömmlichen Erbe ein
ungezwungenes Leben im Künstlermilieu. In schlaflosen Nächten las er
sich ein beträchtliches kunst- und geistesgeschichtliches Wissen an. Vor
der Hinwendung zum politischen Nationalismus stand Moeller bereits im
Banne von Nietzsches Lebensphilosophie, einer elitären Kulturkritik und
eines kriegerischen Heroismus. Aus dieser Zeit stammen die Zeilen : «
Sie ist prachtvoll, die Schlacht, und menschenwürdiger als Selbstgenuß
in dumpfem Behagen. Sie gibt uns, gerade wenn es die Schlacht der
Geister und Leidenschaften ist, unsere höchsten Könige und besten
Helden. Das andere, der ewige Frieden, wäre nicht zu tragen – eine
Langeweile, ein Gähnen, das uns nur den Philister gäbe ».
Aus
Gründen, die im Dunkeln liegen, siedelte Moeller 1902 nach Paris über.
Während seines vieljährigen Auslandsaufenthalts reifte er vom Europäer
zum herkunftsbewußten und stolzen Deutschen heran. Aus diesem Geist
heraus erschien zwischen 1904 und 1910 die umfangreiche Essaysammlung Die Deutschen mit
Biographien über deutsche Staatsmänner, Philosophen und Künstler. Darin
erklärte sich der Autor ausdrücklich zum « deutschen Nationalisten ».
Erste
unverwehbare Spuren in der deutschen Geistesgeschichte hinterließ
Moeller durch eine kulturpolitische Großtat : Zusammen mit einem
russischen Dichter gab er zwischen 1905 und 1914 die 22-bändige
Gesamtausgabe des russischen Dichters Fjodor Dostojewski heraus. Für die
geistig rege deutsche Jugend vor und nach dem Ersten Weltkrieg wurde
die Lektüre Dostojewskis zu einem Schlüsselerlebnis. Bei ihm vernahm sie
die Stimme der russischen Seele und einer mythischen Lebenswelt, die
keinen Zugang zum Liberalismus und Rationalismus des europäischen
Westens erlaubte. Von dem Russen übernahm Moeller den raunenden
Prophetenton, in dem dieser von « jungen Völkern » und den «
Revolutionären aus Konservatismus » gesprochen hatte. Das Vermächtnis
Dostojewskis — die Verachtung für den westlichen Materialismus, für
Fortschritts- und Vernunftglauben — wurde zu einer geistigen Waffe der
jungen Rechtsopposition in Deutschland.
Während
eines Italien-Aufenthaltes entwickelte Moeller die Umrisse eines großen
Werkes über den Gegensatz von alten Völkern (Franzosen, Engländern und
Italienern) und jungen Völkern (Deutschen, Russen und US-Amerikanern),
das jedoch Fragment blieb. 1907 nach Deutschland zurückgekehrt, verließ
er seit Kriegsausbruch 1914 sein Vaterland nicht mehr. Moeller meldete
sich freiwillig zum Waffendienst und kam als Landsturmmann an die
Ostfront, wurde wegen eines Nervenleidens aber schon bald in die Presse-
und Propagandazentrale der Obersten Heeresleitung versetzt. Im Rahmen
dieser Tätigkeit verfaßte er den Aufsatz Das Recht der jungen Völker,
der sich als Akt geistiger Landesverteidigung verstand. Unter dem
Eindruck der Augusttage 1914, als der zivilisatorische Lack der feisten
Bürgergesellschaft abplatzte und der erstarrte Wilhelminismus einer
schicksalstiefen Volksgemeinschaft wich, leisteten auch Köpfe wie Werner
Sombart und Thomas Mann ihre geistigen Kriegsbeiträge.
Während des Krieges veröffentlichte Moeller sein Buch Der preußische Stil,
seine einzige Arbeit, die nach 1945 neu aufgelegt wurde. Darin wird
atmosphärisch dicht, kenntnisreich und in einer feierlichen Tonlage die
preußische Kultur und Geisteshaltung unter besonderer Würdigung ihrer
Baukunst beschworen. Das Buch ist eine leidenschaftliche Parteinahme für
Preußen-Deutschland, das im tobenden Krieg unbedingt zu verteidigen und
danach zu erneuern sei. Nicht ohne weiteres in Einklang zu bringen mit
der Nüchternheit und Sachlichkeit der preußischen Staatsidee war indes
der romantische Mythos, den Moeller van den Bruck nach der
Kriegsniederlage predigte: der Mythos vom Reich, eines neuen, dritten
Reiches.
Der Berliner Juni-Klub
Als Das dritte Reich 1923
erschien, war der Autor schon ein wichtiger Ideengeber der radikalen
Rechten und der intellektuelle “Star” des legendären Juni-Klubs. Dieser
Verein, der sich nach dem Monat der Unterzeichnung des Versailler
Diktats (Juni 1919) benannt hatte, war in der Berliner Motzstraße 22
ansässig. Dort trafen sich regelmäßig Gelehrte und Publizisten der
republikfeindlichen Rechten, deren Auffassungen in der Wochenzeitschrift
Das Gewissen verbreitet wurden. Mitglieder des Juni-Klubs waren neben Moeller u.a. Eduard Stadtler (Antibolschewistische Liga), Max Hildebert Boehm (Buch : Das eigenständige Volk), Hans Grimm (Buch : Volk ohne Raum)
und Hans Blüher, Autor wichtiger Bücher über die Wandervogel-Bewegung.
Gäste der elitären Runde waren neben anderen Otto Strasser und Adolf
Hitler.
Moeller schwankte anfänglich zwischen den Titeln Die dritte Partei und Der dritte Standpunkt für sein programmatisches Hauptwerk, dem er schließlich den Namen Das dritte Reich gab.
Im letzten Kapitel erklärte der Autor : « Die dritte Partei will das
dritte Reich. Sie ist die Partei der Kontinuität deutscher Geschichte.
Sie ist die Partei aller Deutschen, die Deutschland dem deutschen Volke
erhalten wollen ».
Dem
Hauptwerk Moellers lag eine niederschmetternde Gegenwartsanalyse des
Vaterlandes zugrunde. Die wilhelminische Vergangenheit, schon vor
Kriegsausbruch vielfach als überlebt wahrgenommen, war unwiederbringlich
dem Urteilsspruch der Geschichte zum Opfer gefallen. In dieser Lage
wandelten sich einige Konservative zu Nationalisten, die dem
Konservatismus eine revolutionäre Wendung gaben und damit das
geschundene Deutschland wieder aufrichten wollten. Durch die
revolutionäre Zerstörung des Dekadenten und Würdelosen — konkret des
Systems von Weimar — sollte das wieder ans Licht gebracht werden, was im
konservativen Sinne der Bewahrung überhaupt erst lohnte. Die
Hauptlehre, die konservative Revolutionäre aus Krieg und Niederlage
zogen, war die Herstellung einer mythisch aufgeladenen und solidarischen
Volksgemeinschaft. Der Nationalist Franz Schauwecker kleidete eine
damals weitverbreitete Ahnung in die Worte : « Wir mußten den Krieg
verlieren, um die Nation zu gewinnen ».
Die Erneuerung und Stärkung der niedergeworfenen deutschen Nation war für Moeller das heilige Gebot der Stunde :
« Aus Trümmern, die mit dem Staate die Nation zu begraben drohen, hebt sich jetzt als eine sich entringende Gegenbewegung die konservativ-revolutionäre des Nationalismus. Sie will das Leben der Nation. Sie will das, was der alte Staat wollte und jeder Staat wollen muß : aber sie will es nicht von Begriffen aus, sondern vom Erlebnis aus : Sie will nachholen, was versäumt wurde : die Teilhaftigkeit der Nation an ihrer Bestimmung ».
Dieser
neue Nationalismus nahm geistig-politisch eine Doppelfrontstellung
gegen zwei nur vordergründig feindliche Gesinnungsrichtungen ein : den
Liberalkapitalismus und den Kommunismus. Beide Ideologien waren vulgäre
Kinder des Aufklärungs- und Fortschrittsglaubens, die sich in ihrer
materialistischen Weltsicht und ihrer Feindschaft gegen alle organischen
Gebundenheiten von Volkstum, Staat und Tradition trafen. Moeller van
den Brucks « dritte Position », die in einem « dritten Reich » ihre
dauerhafte staatliche Form finden sollte, war der nationale Weg jenseits
der Abirrungen von Liberalkapitalismus und Kommunismus. Gleichzeitig
bescheinigte er dem verflossenen Kaiserreich, bei der Integration aller
Volksteile versagt zu haben. Das neue Reich sollte endlich die
bisherigen Klassen-, Konfessions- und Stammesgegensätze in einem
deutschen Sozialismus aufheben.
Gegen deutschenunwürdige Lebensverhältnisse
Gegen deutschenunwürdige Lebensverhältnisse
Moeller stellte klar :
« Für die Deutschen der neuen Generation, die nicht das Bewußtsein einer Klasse, sondern dasjenige der Nationalität haben, ist es unvorstellbar und als Vorstellung unerträglich, daß wir jene zwanzig Millionen in sozialen Zuständen unter uns leben lassen, die nicht menschenwürdig sind, und nicht deutschenwürdig. Diese Menschen der neuen Generation, die nicht Proletarier sein wollen, sind Sozialisten aus Kameradschaft ».
Ohne
Scheu verwendete der Autor den Sozialismusbegriff. Dies freilich in
scharfer Abgrenzung zur Sozialismus-Rhetorik falscher Arbeiterfreunde
und ihres verlogenen Alleinvertretungsanspruchs. Internationalismus und
Klassenkampfideologie führte Moeller auf Karl Marx und damit das
Judentum zurück. « Er (Marx ; Anm.) besaß als Jude kein Vaterland. Also
versicherte er dem Proletariat, daß es gleichfalls kein Vaterland habe
», so Moeller. Den Gegensatz von schaffendem und raffendendem Kapital
thematisierend, heißt es weiter : « Noch immer wird das große Hindernis
für eine dauernde Befriedigung der Klassen und Klassenansprüche in dem
Gegensatze von Arbeiter und Arbeitgeber gesucht. Noch immer wird das
Kapital dort angegriffen, wo es arbeitet, und nicht dort, wo es wieder
vertan, verbracht, verschwendet wird. Nicht Klassen, sondern Typen
scheiden die Menschen ».
Dem
Liberalkapitalismus warf Moeller wütend vor, der Arbeiterschaft den ihr
gebührenden Platz innerhalb der deutschen Nation verweigert zu haben.
Der Staat habe die private Wirtschaft an die Zügel zu nehmen und dafür
Sorge zu tragen, « daß die Menschen leben und wohnen und arbeiten
können, daß ihr wirtschaftliches Dasein in den Bedingungen gesichert ist
». Die besondere Anklage galt dem sogenannten Manchesterkapitalismus,
der die erbarmungslose Auspressung der Arbeiter zum Leitprinzip des
Wirtschaftens erhoben hatte. Mit der deutschen Kriegsniederlage hatte
das Entente-Kapital nie zuvor dagewesene Möglichkeiten, das Herzland
Europas und seine Menschen auch wirtschaftlich zu unterwerfen. Nur auf
dem Wege der innerdeutschen Klassenversöhnung und Arbeiterintegration
unter der Standarte eines deutschen Sozialismus schien der
Befreiungsschlag gegen das Entente-Kapital denkbar. In seiner Schrift Sozialismus und Außenpolitik erklärte
Moeller Völker statt Klassen zu den eigentlichen Ausbeutungsobjekten
der Versailler Nachkriegsordnung : « Nicht Klassen, sondern Nationen
sind heute die Unterdrückten. Kann es eine andere Außenpolitik für
unterdrückte Völker geben als die, welche die Unterdrückung endet ? »
Der Blick nach Osten
Auf
der Suche nach außenpolitischen Bündnisgenossen für das in eine
Paria-Rolle gedrängte Deutschland richtete Moeller — ohne eigentlich in
die Gruppe der Nationalbolschewisten eingeordnet werden zu können —
seinen Blick nach Osten. Als literarischer Kronzeuge für den Kampf gegen
den Nihilismus des Westens diente ihm wiederum Fjodor Dostojewski, der
für die unverbrauchten Seelenkräfte des russischen Volkes stand. In Sozialismus und Außenpolitik versuchte
sich der deutsche Nationalist in einer nüchternen Auslotung
deutsch-russischer Bündnismöglichkeiten : « Der deutsche Sozialismus
kann sich nur dann für Rußland entscheiden, wenn auch der russische
Sozialismus erkennt, daß jedes Volk seinen eigenen Sozialismus hat ».
Wie
distanziert der politische Schriftsteller aber der Realpolitik und
konkreten politischen Schritten gegenüberstand, zeigte sein Gespräch mit
dem Kommunisten Karl Radek über ein deutsch-russisches Bündnis gegen
den Imperialismus der Entente-Mächte. Radek, Deutschlandspezialist der
Kommunistischen Internationale, stellte Moeller im Juni 1923 —kurze Zeit
nach der Erschießung Leo Schlageters durch die Franzosen — die Frage : «
Gegen wen wollen die Deutschvölkischen kämpfen : gegen das
Ententekapital oder gegen das russische Volk ? Mit wem wollen sie sich
verbinden ? Mit den russischen Arbeitern und Bauern zur gemeinsamen
Abschüttelung des Joches des Ententekapitals, oder mit dem
Ententekapital zur Versklavung des deutschen und russischen Volkes ? »
Der so Angesprochene wich den konkreten Fragen aus und lenkte die
Diskussion auf weltanschauliche Grundsatzfragen, die eine Verständigung
nicht zuließen.
Eine
ähnliche Scheu vor greifbarer politischer Selbstverantwortung bestimmte
neben weltanschaulichen Auffassungsunterschieden — z.B. in der
Rassendoktrin — auch sein Verhältnis zu den Nationalsozialisten. Dies
läßt sich an einer Begegnung mit Adolf Hitler festmachen : Nach einem
Gastvortrag des NSDAP-Führers vor dem Juni-Klub im Jahr 1922 wandte sich
dieser an Moeller mit den Worten : « Sie haben alles das, was mir
fehlt. Sie erarbeiten das geistige Rüstzeug zu einer Erneuerung
Deutschlands. Ich bin nichts als ein Trommler und Sammler. Lassen Sie
uns zusammenarbeiten ». Moeller reagierte zurückhaltend. Nachdem Hitler
die Motzstraße 22 verlassen hatte, sagte Moeller zu Rudolf Pechel, dem
Herausgeber der Deutschen Rundschau : « Pechel, der Kerl begreift‘s nie ».
Streiter gegen den Liberalismus
Die
Bedeutung Arthur Moeller van den Brucks lag denn auch nicht in dem
Einsatz für Parteipolitik und Tagesfragen, sondern als Ankläger des
alles zersetzenden Liberalismus : « Liberalismus hat Kulturen
untergraben. Er hat Religionen vernichtet. Er hat Vaterländer zerstört.
Er war die Selbstauflösung der Menschheit ». Mit Flammenworten warf er
dem Liberalismus vor, die Völker zu zerstören und seinen Angriff auf
alle traditionellen menschlichen Bindungen mit verlogenen
Freiheitsparolen zu tarnen. Die gezielte Transformation einer
gewachsenen Gemeinschaft in eine von bindungslosen Sozialatomen
bestimmte Gesellschaft wurde klar erkannt : « Der Liberalismus ist
Ausdruck einer Gesellschaft, die nicht mehr Gemeinschaft ist. (…) Jeder
Mensch, der sich nicht mehr in der Gemeinschaft fühlt, ist irgendwie ein
liberaler Mensch ».
Moellers
Entwurf eines dritten Reiches, inhaltlich vage gehalten und in einer
suggestiven Sprache verfaßt, begeisterte die nationalen Gegner des
Weimarer Systems über alle Maßen. Joseph Goebbels zeigte sich 1925 in
seinen Tagebüchern tief beeindruckt : « So klar und so ruhig, und dabei
doch von inneren Leidenschaften ergriffen, schreibt er all das, was wir
Jungen längst mit Gefühl und Instinkt wußten ». Zeugnis für einen
regelrechten Moeller-Kult legte ein deutscher Nationalist ab, als er
kurz nach 1933 schrieb : « Es kam — nach den geltenden Anschauungen —
etwas ganz Unvernünftiges, es kam die Idee des Dritten Reiches. Und
dieser Gedanke packte den deutschen Menschen, er packte politisch
Heimatlose und politische Abenteurer, er packte Erdverbundene und
Entwurzelte, er packte Naturen, mit denen man nicht sprechen, nicht
diskutieren konnte ». Arthur Moeller van den Bruck erlebte die
Ausbildung und Geschichtsmächtigkeit seines Mythos vom dritten Reich
nicht mehr.
► Jürgen W. Gansel, Deutsche Stimme, juillet 2003.
► Jürgen W. Gansel, Deutsche Stimme, juillet 2003.