Zouhir MEBARKI |
Sur la photo, La diplomate française Marion Fesneau-Castaing, en poste au Consulat général de France à Jérusalem, malmenée et jetée au sol par les soldats israëliens.
Les médias lourds occidentaux, fidèles à leur soutien inconditionnel à Israël, ont fait, jusqu'à hier, l'impasse sur l'événement. Seuls quelques titres de la presse écrite et des sites électroniques ont relaté les faits. Indignés par les multiples destructions de villages palestiniens par Israël, plusieurs diplomates étrangers en poste dans ce pays se sont organisés pour venir en aide aux familles palestiniennes victimes des bulldozers de l'Etat hébreu qui rasent leurs maisons. Leur dernier convoi humanitaire était destiné, vendredi dernier, aux familles palestiniennes du village Khirbet al-Makhoul, dans les territoires occupés, qui venait d'être rasé par les militaires israéliens. Les diplomates étrangers, essentiellement européens, apportaient des tentes et des vivres aux femmes, enfants et vieillards palestiniens errants aux abords de leurs maisons sauvagement détruites par l'armée israélienne. A l'arrivée du convoi, les militaires israéliens refusent de le laisser passer. Ils intiment l'ordre aux diplomates étrangers de descendre de leurs véhicules. Devant une telle humiliation, beaucoup refusent de s'exécuter. C'est alors que les militaires israéliens s'énervent et passent à la violence. Ils empoignent une diplomate française, Mme Marion Fesneau-Castaing, attachée de coopération humanitaire et sociale au consulat général de France à Jérusalem, et la forcent à sortir de sa voiture. L'action est d'une telle violence que la diplomate est jetée à terre au milieu de soldats surexcités braquant leurs armes sur son visage (la photo a fait le tour de la planète). Horrifiés par un tel mépris des règles internationales et devant la sauvagerie sans limite des autorités israéliennes à l'encontre des populations civiles, le responsable du bureau de coordination humanitaire de l'ONU pour les territoires palestiniens (Ocha), James Rawley, a publié un communiqué. «J'appelle les autorités israéliennes à respecter leurs obligations de puissance occupante (contenues dans la 4ème convention de Genève) et notamment en cessant les démolitions de maisons et propriétés palestiniennes...Dans ce cas-ci, non seulement Israël a créé le besoin (d'aide humanitaire) de cette communauté (palestinienne), mais il a en plus empêché par la force les personnels de l'ONU, des diplomates européens et internationaux et des travailleurs humanitaires de venir au secours d'une communauté qui en a urgemment besoin, notamment en termes d'abri et d'eau» précise le communiqué qui ajoute que «ce n'est malheureusement pas la première fois». La France n'a pas réagi. Laurent Fabius, le ministre français des Affaires étrangères, est trop occupé dans ses manoeuvres pour bombarder la Syrie pour avoir le temps de s'occuper de la maltraitance subie par ses diplomates en poste à l'étranger. Il est vrai aussi que cet événement a peut-être été étouffé par l'attaque terroriste du centre commercial israélien à Nairobi intervenue le lendemain et qui a vu l'intervention en renfort, hier, de militaires dépêchés par Tel-Aviv au Kenya. Sur le plan médiatique cela est possible. Pas sur le plan diplomatique. D'ailleurs, la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, a réagi. Sa porte-parole a publié un communiqué qui note que «l'UE a déjà pris contact avec les autorités israéliennes pour leur demander des explications». Simple baroud d'honneur, mais préférable tout de même au silence du Quai d'Orsay. Les victimes civiles palestiniennes n'ont pas la même «valeur ajoutée» que les civils syriens aux yeux de l'Occident. Plus grave encore est le fait de se désolidariser de son propre personnel diplomatique représentant l'Etat français à l'étranger. Cet événement permet de se faire une meilleure opinion des ressorts «humanistes» de l'Occident.