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samedi 21 septembre 2013

Le dandyisme

 

Roger Guy Dommergue Polacco de Menasce

Quelques jours après la mort de Venner, nous avons appris le decès du regretté Roger Dommergue Polacco de Menasce, né en 1923, réputé pour sa qualité de grand libre penseur devant l’éternel et de psychophysiologiste de haute tenue.

Roger_Dommergue

« Endocrinologue et écrivain issu d’une famille juive ayant un temps fait fortune dans le coton égyptien et la banque, il était notamment connu pour ses pamphlets, sa lutte contre la loi Gayssot (qu’il estimait être "la preuve par neuf d’une imposture"), et sa théorie sur l’action endocrinienne de la circoncision rituelle juive du huitième jour, qu’il désignait comme directement responsable du particularisme juif et de ses constantes à travers le temps et les civilisations. Il s’est éteint en paix à Châteauroux à l’âge de 88 ans, alité depuis plusieurs années et ayant choisi de vivre modestement. »

Si Roger Dommergue, représentation de l’élégance classique, fut passionnant dans ses étonnants entretiens vidéos, on a largement oublié sa thése de doctorat de psychopathologie en 1971 à la Sorbonne. Cette thèse d’une teneur rare, présentait une étude psychophysiologique des dandys romantiques, dont nous avons le plaisir de produire ici le résumé :

« Résumé de ma thèse de doctorat en Sorbonne, 1971 –psychopathologie-
le dandysme, hyperthyroïdie physiologique
(étude psychophysiologique des dandys romantiques)1
Président du jury : Doyen de la Sorbonne, Raymond Las Vergnas
Directeur de thèse : professeur Albeaux Fernet, endocrinologiste.

Lorsque l’on considère l’aspect physique et psychologique des dandys romantiques, deux réalités apparaissent en relief à l’observateur : leur extraordinaire ressemblance physique, morphologique ( aspect longiligne, élégance raffinée, ovoïde du visage, légère exophtalmie, parfois un très léger strabisme) et d’autre part, leurs caractéristiques psychologiques (sensibilité extrême, imagination, sentimentalité exacerbée). C’est toujours l’imagination qui dominera : immense angoisse d’une infinie beauté chez Chopin, éloquente floraison de la passion et des couleurs chez Chateaubriand, rêverie mélancolique chez Lamartine,profondeur cosmique et révoltée chez Vigny, sensualité mystique et sentimentale chez Liszt. Partout apparaît une vaste intelligence intuitive et une imagination qui exalte les passions.
Ce morphotype n’est pas inconnu, c’est le solaire, vénusien, de l’astrologie classique, c’est l’apollinien phosphorus de l’homéopathie.Quand on sait que ce type « thyroïdien » comme nous le verrons, brûle, on trouve cette appellation judicieuse.
Voici la description de ce morphotype que fait le docteur Rousseau président de la société homéopathique de France :

« précocité, facultés intellectuelles brillantes, mais qui manque de ténacité , de persévérance et de profondeur si elles ne subissent pas les effets d’un élément correcteur. Prédominance des facultés intuitives sur les déductives. Tendances artistiques plus développées que les tendances à la logique rationnelle, plus de goût que de jugement, superficialité. Cependant s’il possède ou acquiert un moyen d’expression ce sujet devient capable de réalisations artistiques supérieures et même géniales. Il trouvera particulièrement à s’exprimer dans la musique, le théâtre, les belles lettres.

Moralement, c’est un anxieux, un angoissé, un craintif, aussi est-il toujours irritable et capricieux, « volant de fleur et fleur et d’objet en objet » ( La Fontaine,archétype de phosphorus). Le changement lui réussit car c’est un hyperesthésique chez lequel les sensations et les passions s’émoussent vite sous l’effet de sollicitations souvent renouvelées. Les difficultés, les chagrins, les contrariétés le trouvent sans résistance, et dans sa souffrance il sombre dans la mélancolie. D’ailleurs il ne supporte pas la solitude, recherche qu’on l’entoure, exigeant jusqu’aux petits soins.

Connaissant sa vulnérabilité et sa faiblesse, il se rend compte qu’il a besoin d’un secours extérieur qu’il recherche dans une affection, dans la métaphysique, dans l’occultisme, dans le magnétisme.

C’est un être de goût délicat, un aristocrate qu’il convient d’aborder avec précaution.

Pourquoi le morphotype racé, narcissique, longiligne, à main en fer de lance, est-il un tempérament thyroïdien, à tendance hyper ? C’est ce que nous allons étudier :

Une méditation préambulaire a mené à la démonstration finale. Citons les faits majeurs qui ont orienté ma pensée. Le système glandulaire est le premier constitué. Il est donc normal qu’il nous confère notre cachet glandulaire. Nous savons d’autre part que la thyroïde joue un rôle majeur dans la constitution du système nerveux. Si cette endocrine est physiologiquement active, il est normal qu’elle participe à l’élaboration d’un type nerveux sympathicotonique.

Enfin, « lorsque l’on traite un enfant myxœdémateux à l’hormone thyroïdienne, le sujet s’allonge, s’affine, maigrit, la peau devient plus douce, les cheveux de ternes et secs deviennent souples et brillants, l’intelligence s’éveille » (professeur Albeaux Fernet).
Ainsi se développent chez ce petit malade toutes les qualités que nous trouverons maximalement développées chez notre « phosphorus ».

Enfin voici l’éclatante démonstration (professeur Henri Baruk) accessible à toute intelligence, sans qu’il soit besoin d’être médecin, psychologue ou philosophe :

Considérons le syndrome du MYXAEDEME ACQUIS DE L’ADULTE :

Hypothyroïdie constatée
Ralentissement général de toutes les fonctions
Elocution lente
Mouvements lents et maladroits
Lenteur des digestions
Constipation
Idéation lente
Aucune imagination
Troubles de la mémoire
Troubles de l’attention
Indifférence affective
Abaissement de la température centrale
Grande frilosité
Impuissance sexuelle
Perte de la libido

Or nous constatons chez notre morphotype phosphorus, dans les biographies de nos dandys, les caractéristiques inverses : il est donc évident qu’ils ont une tendance thyroïdienne hyper non pathologique.

Allons encore plus loin dans la même direction : et comparons les biographies de nos dandys à chacun des symptômes du syndrome de basedow :

NEVROSE ANXIEUSE

Même si elle prend une forme métaphysique, esthétique, on peut parler chez le dandy d’un état névrotique anxieux ( Chopin, Kierkegaard, sont exemplaires à cet égard) le mythe de la création dans la douleur.

AGRESSIVITÉ

Une certaine agressivité est permanente. Le dandy la domine avec difficulté, mais il y parvient car il est racé, l’ami de tous, compréhensif, mais il est irritable et le manifeste quand ses nerfs d’hypersensible cèdent.

ATTENTION

Son attention volontaire est faible, hormis dans ce qui concerne son univers schizoïde, son champs de création : l’attention est alors mue par la passion.

IMPATIENCE
Il est très impatient l’élaboration d’une œuvre le met à la torture
( Chopin, Goethe).

Il commence une foule de chose qu’il ne finit jamais, les ébauches de Goethe sont innombrables, précisément parce qu’il a le même sentiment que dans le basedow, il lui semble que cela ne va pas assez vite et il voudrait terminer avant de commencer.

Quand il écrit, ce sera le plus souvent le premier jet qui sera le bon. Il ne sait, ou en tout cas il aura grand mal, à faire comme Boileau : « vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage ».
LOGORRHEE

Il parle beaucoup et avec volubilité. C’est un orateur né s’il est écouté et il peut parler pendant des heures de son monde de création.

AGITATION FEBRILE

Il n’aime guère rester en place sauf couché. Le fait d’être allongé et pour lui une position de récupération et de méditation. La position assise ou debout longtemps lui est rapidement insupportable. Il faut qu’il bouge. C’est en marchant de long en large, ou couché que l’inspiration vient le mieux. Hugo écrivait à un pupitre et marchait de long en large quand il n’écrivait pas. Tous les dandys ont été de grands voyageurs même les plus malades.

TREMBLEMENTS GENERALISES

Les dandys tremblent aisément sous l’influence d’une émotion sentimentale, esthétique, parfois même devant le manque d’intelligence d’un interlocuteur, également sous l’influence de la peur, d’un léger froid ( comme le lévrier et pur sang qui sont du même type glandulaire).

GOITRE SOUFFLANT

S’ils n’ont pas de goitre et ne deviennent pas basedowiens, il n’en est pas moins vrai qu’en période d’excitation intellectuelle ou pré génésique, leur cou présente un léger gonflement.

TACHYCARDIE PERMANENTE

Si la tachycardie n’est pas permanente chez eux, elle peut survenir lors d’émotions les plus banales : vue d’une jolie femme, visite importante, examen universitaire, spectacle de beauté, de bonté, de misère. Les émotions les plus diverses suscitent cette tachycardie.

EXOPHTALMIE

S’ils n’accusent pas d’exophtalmie, au sens pathologique du terme, il est visible de profil, leur yeux, le plus souvent beaux, esquissent une légère saillie qui apparaît souvent de face et qui est esthétique.
Chez les femmes de ce type, le strabisme ajoute encore à leur charme.

AMAIGRISSEMENT

Hormis dans certains cas pathologiques qui se juxtaposent à leur personnalité, ils sont minces, parfois maigres, et ne commencent à poteler que vers la quarantaine lorsque la thyroïde perd de son activité. Ce sont des grignoteurs avec parfois une fringale.

MAINS CHAUDES ET MOITES

Ils ont toujours les mains chaudes qui en périodes d’angoisse et de difficulté deviennent vite moites.

POSITION ACCROUPIE

Ils ne trouvent pas du tout aisé, comme dans le basedow, de se relever de la position accroupie.

HYPERGENESIE SUIVIE D’IMPUISSANCE

Notre morphotype connaît, quant à lui, des réalisations médiocres avec la même partenaire, mais une véritable hypergénésie si la partenaire change , d’où le donjuanisme du « thyroïdien ».

On voit donc que l’hyperthyroïdie pathologique présente une véritable caricature du comportement général et de l’état de nos dandys.

Il est donc aisé de passer à ce concept nouveau d’hyperthyroïdie physiologique, d’apparence contradictoire, du moins dans l’état actuel des connaissances officielles. »

R.Dommergue Polacco de Ménasce

Entretien célèbre du Professeur Dommergue :