Philippe Delbauvre |
Ce n’est pas le fait du hasard si « le choc des
civilisations » écrit par Samuel Huntington dissocie la Russie de
l’Europe. L’intérêt partisan n’est ici pas absent. Les Etats-Unis
veulent certes un allié européen, et dans le passé français, à condition
que ceux-ci ne soient pas par trop puissants. Pas question donc de
traiter d’égal à égal. L’amour non désintéressé pour les européens de la
part des américains est celui du suzerain pour son vassal. On
comprendra donc, aussi bien le soutien très relatif des américains aux
Français durant la guerre d’Indochine, tout comme le financement du Fln
par les américains durant la guerre d’Algérie ; l’idée d’une France
présente sur tous les continents et puissante, ne pouvait que déranger
le leadership américain bien sur sourcilleux quant à ses intérêts.
Aujourd’hui, et les observateurs lucides le savent depuis fort longtemps, le temps des conflits nationaux est révolu, n’étant plus l’apanage que des tribus arriérées, en retard sur l’histoire. Même la seconde guerre mondiale fut idéologique avant d’être nationale. Déjà donc à l’époque, le fait national fut subsumé par l’Idée. Aujourd’hui, les lignes de tension nous rappellent que la guerre des blocs est encore présente opposant coalitions, la levée du rideau de fer n’ayant pas fondamentalement modifié la donne. Sans vouloir être caricatural, nous avons encore aujourd’hui l’opposition entre Ouest et Est ou plus exactement entre les occidentaux et leurs opposants. Force est de constater que ces derniers se situent dans la grande majorité des cas à l’ouest de l’Europe de Bruxelles.
Cette opposition à l’Ouest n’est pas récente, existant déjà au XIX ème siècle par exemple. L’erreur, vers laquelle veulent nous pousser les américains, serait de considérer que cette opposition ne commence qu’avec la Russie. Si le panslavisme et l’exaltation de l’âme russe furent bien des faits, de nombreux penseurs allemands considérèrent que l’Allemagne marquait une ligne de fracture en Europe. Les raisons d’être de l’opposition de bien des allemands à l’occident ne datent pas de la fin de la première guerre mondiale et du traité de Versailles. Bien des romantiques allemands célébrèrent la germanité par l’intermédiaire de l’exaltation d’une personnalité comme celle d’Arminius. Il y a dans le cadre de l’antiquité le fait réel que Rome butta sur le Rhin, un monde mystérieux et fascinant s’y trouvant au-delà. Les nationaux-révolutionnaires allemands structurés après la première guerre mondiale, n’en pensaient pas moins : à l’Ouest du Rhin sévissait un modèle de société incarnant une attitude devant la vie qui n’était pas celle des Allemands, agressif et impérialiste, dont la France et l’Angleterre n’étaient que des bras armés, cachant bien mal la civilisation sans passé donc sans âme que représentaient les Etats-Unis.
En ce sens, l’idée de savoir si la Russie est d’Orient ou d’Occident est un leurre puisqu’à l’évidence, à bien des égards et pour de multiples raisons, l’Allemagne représente déjà une césure à l’Est. Il ne s’agit pas de contester l’appartenance de l’Allemagne et de la Russie à l’Europe mais de bien considérer qu’à l’Est du Rhin, un monde différent commence. Quelque part, la France n’est qu’un prolongement par continuité, pour reprendre une expression mathématique, entre l’Allemagne et l’Italie, représentée par la fusion entre le latin César et le germain Clovis. Si la France, c’est « la furia francese » - à l’italienne donc – c’est aussi la rigueur toute germanique du cartésiannisme.
L’Est commence donc à mes yeux historiquement au Rhin, ce que ne peuvent que contester les Etas-Unis, soucieux comme à l’accoutumé de favoriser le bref présent aux dépens d’un passé riche et lointain qu’ils n’ont pas vécu, qui pour l’instant d’un point de vue politique les favorise. Si l’Europe dispose à l’Ouest d’une frontière qui n’est autre que l’océan atlantique, elle n’en a probablement pas à l’Est, si ce n’est l’autre océan qui est le Pacifique. En ce sens, c’est tout naturellement qu’elle aura vocation à intervenir demain dans le probable continent de l’avenir qu’est l’Asie.
Aujourd’hui, et les observateurs lucides le savent depuis fort longtemps, le temps des conflits nationaux est révolu, n’étant plus l’apanage que des tribus arriérées, en retard sur l’histoire. Même la seconde guerre mondiale fut idéologique avant d’être nationale. Déjà donc à l’époque, le fait national fut subsumé par l’Idée. Aujourd’hui, les lignes de tension nous rappellent que la guerre des blocs est encore présente opposant coalitions, la levée du rideau de fer n’ayant pas fondamentalement modifié la donne. Sans vouloir être caricatural, nous avons encore aujourd’hui l’opposition entre Ouest et Est ou plus exactement entre les occidentaux et leurs opposants. Force est de constater que ces derniers se situent dans la grande majorité des cas à l’ouest de l’Europe de Bruxelles.
Cette opposition à l’Ouest n’est pas récente, existant déjà au XIX ème siècle par exemple. L’erreur, vers laquelle veulent nous pousser les américains, serait de considérer que cette opposition ne commence qu’avec la Russie. Si le panslavisme et l’exaltation de l’âme russe furent bien des faits, de nombreux penseurs allemands considérèrent que l’Allemagne marquait une ligne de fracture en Europe. Les raisons d’être de l’opposition de bien des allemands à l’occident ne datent pas de la fin de la première guerre mondiale et du traité de Versailles. Bien des romantiques allemands célébrèrent la germanité par l’intermédiaire de l’exaltation d’une personnalité comme celle d’Arminius. Il y a dans le cadre de l’antiquité le fait réel que Rome butta sur le Rhin, un monde mystérieux et fascinant s’y trouvant au-delà. Les nationaux-révolutionnaires allemands structurés après la première guerre mondiale, n’en pensaient pas moins : à l’Ouest du Rhin sévissait un modèle de société incarnant une attitude devant la vie qui n’était pas celle des Allemands, agressif et impérialiste, dont la France et l’Angleterre n’étaient que des bras armés, cachant bien mal la civilisation sans passé donc sans âme que représentaient les Etats-Unis.
En ce sens, l’idée de savoir si la Russie est d’Orient ou d’Occident est un leurre puisqu’à l’évidence, à bien des égards et pour de multiples raisons, l’Allemagne représente déjà une césure à l’Est. Il ne s’agit pas de contester l’appartenance de l’Allemagne et de la Russie à l’Europe mais de bien considérer qu’à l’Est du Rhin, un monde différent commence. Quelque part, la France n’est qu’un prolongement par continuité, pour reprendre une expression mathématique, entre l’Allemagne et l’Italie, représentée par la fusion entre le latin César et le germain Clovis. Si la France, c’est « la furia francese » - à l’italienne donc – c’est aussi la rigueur toute germanique du cartésiannisme.
L’Est commence donc à mes yeux historiquement au Rhin, ce que ne peuvent que contester les Etas-Unis, soucieux comme à l’accoutumé de favoriser le bref présent aux dépens d’un passé riche et lointain qu’ils n’ont pas vécu, qui pour l’instant d’un point de vue politique les favorise. Si l’Europe dispose à l’Ouest d’une frontière qui n’est autre que l’océan atlantique, elle n’en a probablement pas à l’Est, si ce n’est l’autre océan qui est le Pacifique. En ce sens, c’est tout naturellement qu’elle aura vocation à intervenir demain dans le probable continent de l’avenir qu’est l’Asie.
Notes |
(1) Alexandre Latsa - Euramérique, Eurorussie ou Eurasie?