Bernard Plouvier
En
ce mois de mai, où se multiplient les émeutes de gauchistes, les grèves
et les atteintes de tous types à la liberté des honnêtes gens, un grand
bonhomme de la littérature romanesque est mort, discrètement, comme il
avait vécu.
Érudit, bien disant, fin et très distingué, excellent connaisseur de la seconde moitié du XVIIIe siècle
français, britannique et nord-américain, Jean-François Parot nous a
offert – à nous ses lecteurs, réellement endeuillés – une quinzaine de
cadeaux royaux : les aventures du Commissaire Nicolas Le Floch, marquis
de Ranreuil et l’un de ces nombreux bâtards de la famille royale
française.
Parot,
grand admirateur d’Alexandre Dumas – il me l’avait écrit – multipliait
les personnages qui, loin d’être des archétypes de caricature, vivaient,
s’épanouissaient, voire vieillissaient et plutôt bien, puis, parfois,
mouraient.
Dès
le premier volume d’une fraîcheur superbe, il avait conquis ses
lecteurs. Il les avait ensuite fidélisés, exploit qui n’est pas si
simple à réaliser, sauf à faire dans la soupe populaire. Or la
production JFP, c’était avant tout de la très bonne littérature
romanesque, débitée à vive allure et en un style superbe, trop peut-être
pour notre époque de vulgarité voire d’abjection. JFP, c’était de la
qualité d’avant 1968, d’avant ces auteures à vapeur et ces auteurs à
thèse politico-sociale de café du commerce, mâtiné(e)s de psychanalyse
de salon.
N’étant
ni d’origine exotique ni membre d’une ethnie « ayant beaucoup
souffert », n’étant pas Maçon ni politicard, étant simplement l’un des
rarissimes auteurs passionnants de notre époque si pauvre en talents, il
ne fut pas Académicien français, comme il l’eût souhaité… et il avait
tort, car ces illustres cacochymes sont de vieilles machines dépourvues
d’intérêt dans leur produits de consommation courante, tandis que
Jean-François Parot est immortel, car son Le Floch rejoindra Sherlock ou
Maigret parmi les personnages indémodables, donc classiques.
Et
comme JFP était à la fois un gourmand et un gourmet, l’on dira qu’à
l’instar de telle brave bête si utilisée en cuisine européenne : « Dans
Parot, tout est bon », enfin était puisque nous n’aurons plus de
nouvelle aventure de son fabuleux héros. C’est le premier chagrin que
JFP nous cause.
Salut, Monsieur le Grand !
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