Marc Rousset
Le
taux des bons du Trésor américain à 10 ans se sont envolés de 2,25 %,
le 25 mai 2017, à 2,93 %, le 25 mai 2018. Le géant des marchés
obligataires PIMCO estime que le rendement des « treasuries »
pourrait atteindre 3,5 % d’ici la fin de l’année, certains gérants
pensant même qu’il pourrait approcher les 4 %. Le Dow Jones est,
aujourd’hui, deux fois supérieur à celui de l’avant-crise de
2008, tandis que l’endettement est au plus haut partout dans le monde,
que la masse monétaire américaine est passée de 250 milliards de
dollars, en 1985, à 3.750 milliards de dollars, en 2018, et que Trump,
pour couronner le tout, assouplit la loi Dodd-Frank votée en 2010 sous
Barack Obama pour mieux contrôler les risques pris par les banques.
Dans
la zone euro, l’Italie, troisième puissance économique de l’Union
européenne, pourrait se doter d’un gouvernement anti-système et se
prépare à la rébellion ouverte en matière de politique économique,
monétaire, sociale, d’asile et d’immigration contre l’Europe de
Bruxelles et la BCE de Francfort. La Bourse de Milan a encore perdu,
vendredi 25 mai, 1,54 % et le « spread » (l’écart entre le taux
d’emprunt allemand du Bund à 10 ans de 0,50 % et l’italien) a clôturé à
206 points, ce qui équivaut à un taux italien de 2,56 %.
L’établissement
allemand a déjà sorti ses griffes et proliféré ses menaces face aux
menaces de l’Italie de quitter l’euro si elle n’obtient pas l’annulation
des 250 milliards d’euros d’obligations italiennes détenues par la BCE,
la mutualisation de dettes et des transferts fiscaux. L’économiste
allemand Lars Feld a déclaré « qu’il était temps de prendre des mesures pour se protéger du risque italien » et
qu’il n’était donc pas question de partager les risques dans la zone
euro, comme le souhaite naïvement et utopiquement Macron. Dans ces
conditions, c’est soit l’Allemagne soit l’Italie qui devra quitter la
zone euro.
L’économiste
Hans-Werner Sinn de l’université de Munich estime que les 923 milliards
de crédits italiens « Target 2 » dus à la Bundesbank sont dores et déjà
perdus pour l’Allemagne. La vérité, c’est que chaque pays doit être
responsable de ses bêtises et de son laxisme passé, la France incluse,
très bien placée avec ses 35 heures, ses structures socialistes pas
compétitives et ses relances irresponsables de consommation keynésiennes
favorisant les importations. Les exigences de l’Italie à venir seront
la goutte d’eau qui fera déborder le vase. Dans ces conditions, au
moindre ralentissement conjoncturel, à la moindre hausse des taux à
venir, l’équilibre de la zone euro est menacé.
L’autre
vérité, c’est que l’alliance populiste italienne n’a pas les moyens de
ses souhaits économiques irresponsables. Je ne partage pas l’avis
d’Henri Temple sur Boulevard Voltaire : l’euro était une
excellente chose, mais pas pour les États laxistes irresponsables tels
que l’Italie, la France, les pays de l’Europe du Sud et la Grèce. Et un
jour, il faut payer la note ! Même remarque pour Mylène Troszczynski
lorsqu’elle approuve, toujours sur Boulevard Voltaire, les propos lénifiants de l’alliance populiste italienne : « Tourner le dos à l’austérité, combler les déficits tout en baissant les impôts. » Quant à Savona, le ministre des Finances italien candidat de l’alliance populiste, il a aussi entièrement raison de dire que « l’euro était une cage allemande pour l’Italie »,
mais c’était trop facile pour la France et l’Italie de profiter, depuis
trente ans, des avantages de cette cage dorée, pour la rejeter
aujourd’hui, maintenant qu’elle est devenue une cage de plomb et de fer.
L’affreuse
vérité, c’est qu’à part les Pays-Bas, l’Europe du Nord et l’Allemagne,
toute l’Europe (dont la France) est en faillite. Les taux d’emprunt
grecs viennent de passer de 3,5 % à 4,5 % en quelques jours.
L’Argentine,
révélateur des pays émergents, s’enfonce dans la crise avec un taux
d’inflation de 25 % et une dette libellée en dollars, tandis qu’au
Venezuela, l’inflation, entre 2000 et 2018, s’élève à 37,5 millions
de %. L’once d’or, qui valait 200 bolivars vénézuéliens en 2000, cotant
aujourd’hui 75 millions de bolivars vénézuéliens !
Lire cliquez ici