Rédigé par Un moine de Triors
Le Pape poursuit ses méditations sur
le baptême, lors des audiences générales. Il commente maintenant le
nouveau vêtement. L’Apocalypse contient un riche enseignement sur le
baptême et plus précisément sur le vêtement. Dans ce livre, plusieurs
images symbolisent le baptême, en premier lieu l’eau qui déjà dans
l’ancienne Alliance servit à Dieu pour accomplir des exploits. Le
baptême lave et blanchit le nouveau chrétien dans le sang du Christ.
Tous les élus sont invités à se laver dans le sang de l’Agneau. Pour
comprendre l’image de l’Apocalypse, il faut se souvenir que, dans
l’Église primitive, le baptême avait lieu par immersion. Le baptisé
descendait dans l’eau, y plongeant son corps. À sa sortie, il revêtait
le vêtement blanc, symbole de la victoire, avant même d’être celui de la
pureté. Le second symbole du baptême est le sceau. Saint Jean rejoint
ici saint Paul : le baptisé est marqué par Dieu d’un caractère
indélébile. Quant au vêtement blanc, il est donné au baptisé pour lui
montrer que par son baptême qui le plonge dans la mort du Christ, il
participe à la double victoire de Celui-ci sur le péché et sur la mort.
Enfin, beaucoup de passages de l’Apocalypse évoquent le nom nouveau,
autre prérogative du baptisé. Le baptisé peut désormais, en Jésus,
appeler son Père céleste par son nom. Le vêtement et le lavement dans le
sang du Christ n’ont d’autre but que de nous préparer à la vision de
Dieu dans l’éternité et à notre participation à la vie bienheureuse dans
la Jérusalem céleste. Alors, quand ce jour sera arrivé, à l’heure que
Dieu voudra, il n’y aura plus de mort ni de douleurs ; il n’y aura pas
davantage de nuit. Nous n’aurons plus alors « besoin de lampe ni de lumière, parce que le Seigneur nous éclairera ». C’est ce que signifie le cierge allumé que l’on remet au nouveau baptisé.
Le vêtement blanc demeure aussi le signe
visible d’un changement radical, bien qu’en grande partie, invisible.
Par le baptême, nous sommes devenus réellement des hommes nouveaux.
Cette nouveauté peut apparaître aux yeux de tous à travers un réel
changement de vie, mais l’œuvre de la grâce restera toujours un profond
mystère, comme l’est aussi hélas le refus de cette grâce. La liberté,
qui est d’une certaine manière un grand risque encouru par Dieu, est
surtout une preuve de sa miséricorde infinie. Au passage, disons que
cette liberté qui est née de la miséricorde divine et qui est capable de
contrarier le plan de Dieu explique l’existence de l’enfer. Cette
existence ne doit aucunement nous apparaître comme une démission ou une
impuissance de la part de Dieu ; elle s’explique par le fait qu’en Dieu
plénitude de justice et plénitude de miséricorde ne font qu’un. Revêtir
le Christ, c’est donc, comme l’explique fort justement saint Paul,
cultiver toutes les vertus pour atteindre par la charité parfaite « la plénitude de l’âge du Christ ».
Et le symbole du cierge allumé le montre fort bien. Le cierge du
baptême est allumé au feu du cierge pascal qui représente le Christ.
Nous devons cheminer à la suite du Christ, en étant des fils de lumière,
comme l’aveugle né et non comme les Pharisiens endurcis. Aussi à ses
origines, le baptême s’appelait-il « illumination ». Dans les
temps difficiles souvenons-nous de notre vocation chrétienne et de nos
promesses baptismales. Même dans la nuit de la foi, si Dieu la juge
bonne pour nous, persévérons jusqu’au Ciel, car comme le disait sainte
Bernadette : « Le Ciel, il faut que je me le gagne ». Le baptême s’achève par la récitation du Pater. Mais il nous faut aussi une mère : Salve Regina, Mater misericordiæ.
PAPE FRANÇOISAUDIENCE GÉNÉRALEPlace Saint-Pierre
Mercredi 16 mai 2018
Chers frères et sœurs, bonjour!
Nous concluons aujourd’hui le cycle de
catéchèses sur le baptême. Les effets spirituels de ce sacrement,
invisibles aux yeux mais œuvrant dans le cœur de qui est devenu une
créature nouvelle, sont manifestés par la remise de l’habit blanc et du
cierge allumé.
Après le bain de régénération, capable de
recréer l’homme selon Dieu dans la véritable sainteté (cf. Ep 4, 24), il
est apparu naturel, dès les premiers siècles, de revêtir les nouveaux
baptisés d’un habit blanc, candide, semblable à la splendeur de la vie
poursuivie dans le Christ et dans l’Esprit Saint. L’habit blanc, tout en
exprimant symboliquement ce qui a eu lieu dans le sacrement, annonce la
condition des transfigurés dans la gloire divine.
Saint Paul rappelle ce que signifie se
revêtir du Christ, en expliquant quelles sont les vertus que les
baptisés doivent cultiver: «Vous donc, les élus de Dieu, ses saints et
ses bien-aimés, revêtez des sentiments de tendre compassion, de
bienveillance, d’humilité, de douceur, de patience; supportez-vous les
uns les autres et pardonnez-vous mutuellement. Et puis, par-dessus tout,
la charité, en laquelle se noue la perfection» (Col 3, 12-14).
La remise rituelle de la mèche allumée au
cierge pascal rappelle elle aussi l’effet du baptême: «Recevez la
lumière du Christ», dit le prêtre. Ces paroles rappellent que ce n’est
pas nous qui sommes la lumière, mais la lumière est Jésus Christ (Jn 1,
9; 12, 46), qui, ressuscité d’entre les morts, a vaincu les ténèbres du
mal. Nous sommes appelés à recevoir sa splendeur! De même que la flamme
du cierge pascal donne la lumière à chaque cierge, ainsi, la charité du
Seigneur ressuscité enflamme les cœurs des baptisés, les comblant de
lumière et de chaleur. C’est pourquoi, depuis les premiers siècles, le
baptême s’appelait aussi «illumination» et celui qui était baptisé était
appelé «l’illuminé».
Telle est, en effet, la vocation
chrétienne: «Marcher toujours en enfants de la lumière, en persévérant
dans la foi» (cf. Rite de l’initiation chrétienne des adultes, n. 226;
Jn 12, 36). S’il s’agit d’enfants, c’est aux parents, avec les parrains
et les marraines, que revient la tâche d’avoir soin d’alimenter la
flamme de la grâce baptismale chez leurs enfants, en les aidant à
persévérer dans la foi (cf. Rite du Baptême des enfants, n. 73).
«L’éducation chrétienne est un droit des enfants; celle-ci tend à les
guider progressivement à connaître le dessein de Dieu dans le Christ:
ainsi, ils pourront ratifier personnellement la foi dans laquelle nous
avons été baptisés» (ibid., introduction, n. 3).
La présence vivante du Christ, qu’il faut
préserver, défendre et diffuser en nous, est une lampe qui éclaire nos
pas, une lumière qui oriente nos choix, une flamme qui réchauffe nos
cœurs en allant à la rencontre du Seigneur, en nous rendant capables
d’aider ceux qui nous accompagnent sur notre route, jusqu’à la communion
inséparable avec Lui. Ce jour-là, dit encore l’Apocalypse, «de nuit, il
n’y en aura plus; nous nous passerons de lampe ou de soleil pour nous
éclairer, car le Seigneur Dieu répandra sur nous sa lumière, et nous
régnerons pour les siècles des siècles» (cf. 22, 5).
La célébration du baptême se conclut par
la prière du Notre Père, propre à la communauté des enfants de Dieu. En
effet, les enfants renés dans le baptême recevront la plénitude du don
de l’Esprit lors de la confirmation et participeront à l’Eucharistie, en
apprenant ce que signifie s’adresser à Dieu en l’appelant «Père».
Au terme de ces catéchèses sur le baptême,
je répète à chacun de vous l’invitation que j’ai exprimée dans
l’exhortation apostolique Gaudete et exsultate : «Laisse la grâce de ton
baptême porter du fruit dans un cheminement de sainteté. Permets que
tout soit ouvert à Dieu et pour cela choisis-le, choisis Dieu sans
relâche. Ne te décourage pas, parce que tu as la force de l’Esprit Saint
pour que ce soit possible; et la sainteté, au fond, c’est le fruit de
l’Esprit Saint dans ta vie (cf. Ga 5, 22-23)» (n. 15).