"Au
nom de la Très Sainte Trinité, de laquelle découle toute autorité et à
laquelle toutes les actions des hommes et des États doivent se
conformer, comme notre but suprême,
Nous, peuple de l'Irlande,
Reconnaissant
humblement toutes nos obligations envers notre Seigneur, Jésus-Christ,
qui a soutenu nos pères pendant des siècles d'épreuves,
Se
souvenant avec gratitude de leur lutte héroïque et implacable pour
rétablir l'indépendance à laquelle notre Nation avait droit,
Désireux
d'assurer le bien commun, tout en respectant la prudence, la justice et
la charité, afin de garantir la dignité et la liberté de chacun, de
maintenir un ordre véritablement social, de restaurer l'unité de notre
pays et d'établir la paix avec toutes les autres nations,
Nous adoptons, nous promulguons et nous nous donnons la présente Constitution.
Au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. Amen.
En cette fête de la Très Sainte Trinité, deux
jours après l'apostasie nationale par l'Irlande de la Sainte Foi
Catholique, comment pourrions-nous entendre l'Evangile qui a été chanté
il y a quelques instants sans nous rappeler la Constitution que le
peuple irlandais s’est donnée il y a 80 ans en 1938 ? Le vote de vendredi ne portait pas seulement sur l'avortement ; il s'agissait de tuer l'âme de l'Irlande,
d'étouffer tout ce qui faisait de l'Irlande un phare parmi les nations,
de renoncer publiquement à tout cela, depuis le temps où saint Patrick
avait allumé son feu ardent sur la colline de Slane, faisant de cette
île notre patrie un magnifique foyer catholique accueillant dans un
monde devenu froid et sombre. L'Irlande était, parmi toutes les nations
de la terre, celle qui envoyait sans compter ses fils et ses filles,
intrépides dans la confession de la Sainte Trinité, pour apporter la
lumière de la foi jusqu’aux coins les plus reculés du globe.
Et Jésus, venant, leur parla, disant : Toute puissance m'a été donnée dans le ciel et sur la terre. Allez donc, enseignez toutes les nations; les baptisant au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. (Matthieu 28, 18)
Comment
en sommes-nous arrivés là ? Parmi ceux qui ont voté "oui" vendredi, le
plus grand nombre a été baptisé et marqué du sceau du Don du
Saint-Esprit par la confirmation. Certains d'entre eux ont été confirmés
il y a seulement quelques années. Parmi eux se trouvaient des gens qui
un jour se sont agenouillés à l'autel pour recevoir l'adorable Corps du
Christ, formé par le Saint-Esprit dans le sein de la Vierge Marie,
immolé sur la Croix, ressuscité du tombeau, monté au ciel et qui
reviendra dans la gloire. Parmi eux se trouvent des gens qui (et je le
dis avec crainte et tremblement) oseront même se présenter à la Sainte
Communion aujourd'hui. Pour ceux-ci, je ne peux que répéter ce que
l'Apôtre dit :
Quiconque mangera ce pain, ou boira le calice du Seigneur indignement, sera coupable du corps et du sang du Seigneur. Mais que chacun s’éprouve lui-même, et qu'il mange de ce pain et boive du calice. Car celui qui mange et boit indignement, mange et boit son jugement, ne discernant pas le corps du Seigneur. (1 Corinthiens 11, 27-29)
On
ne peut pas dire que nous n'avons pas été prévenus. Dieu a envoyé ses
prophètes en Irlande. Certains ne sont venus - je pense à saint
Jean-Paul II en octobre 1979 - que pour être acclamés et aussitôt
oubliés, sinon ridiculisés et haineusement méprisés. La lettre du pape
Benoît XVI aux catholiques d'Irlande, écrite il y a seulement huit ans,
était prophétique. Qu'est-elle devenue ? Pourquoi a-t-elle été classée
et non prise en compte ?
On
rapporte des célébrations de victoire à Dublin et ailleurs : un chant
satanique, des railleries lancées contre Notre Seigneur, contre Sa Mère
Vierge et contre l'Église. Tout ce climat fait étrangement penser à la
France de 1789, au Mexique de 1910, à la Russie de 1917, à l'Allemagne
de 1933 et à l'Espagne de 1936. Pire encore que cette foule qui veut
célébrer le choix de la mort contre la vie, sont les mensonges
complaisants de ces souriants ministres du gouvernement qui, avec une
satisfaction suffisante, parlent d'une Irlande nouvelle, d'une Irlande
de compassion, de justice et de respect pour les femmes. L'accent dans
tous ces discours est celui de l'ancien serpent :
Or, le serpent était plus habile que toutes les bêtes de la terre que le Seigneur Dieu avait faites. Et il dit à la femme : Pourquoi Dieu t'a-t-il commandé de ne pas manger de tous les arbres du paradis ? La femme lui répondit : Nous mangeons du fruit des arbres qui sont au paradis ; mais quant au fruit de l'arbre qui est au milieu du paradis, Dieu nous a commandé de ne pas en manger ; et que nous ne devrions pas y toucher, de peur que nous ne mourions. Et le serpent dit à la femme : Non, vous ne mourrez pas de mort. Car Dieu sait que, le jour où vous en mangerez, vos yeux s'ouvriront, et vous serez comme des dieux, connaissant le bien et le mal. (Genèse 3, 1-5)
Vous me pardonnerez de répéter aujourd'hui les paroles du prophète Ezéchiel :
Tu t'es prostituée avec les nations parmi lesquelles tu as été souillée par leurs idoles. Tu as marché dans le chemin de ta sœur, et je mettrai sa coupe dans ta main. Ainsi parle le Seigneur, l'Eternel : Tu boiras la coupe de ta sœur, profonde et large, et tu seras un objet de risée et de raillerie ; sa capacité est très grande. Tu seras remplie d'ivresse et de douleur, avec la coupe de chagrin et de tristesse, avec la coupe de ta sœur Samarie. Et tu la boiras, et tu la boiras jusqu'à la lie, et tu en dévoreras les morceaux ; tu déchireras ta poitrine, parce que je l'ai dit, dit le Seigneur, l'Éternel. (Ezéchiel 23, 30-34)
Que nous reste-t-il ? Je vais vous dire ce qui reste:
Et maintenant il reste la foi, l'espérance et la charité, ces trois-là: mais le plus grand d'entre eux est la charité. (1 Corinthiens 13, 13)
Approchez-vous
de l'autel du Saint Sacrifice, comme nos ancêtres s’approchaient des
« rochers de messe »*. L'autel est le Foyer Divin de l'Irlande. Ce n'est
pas pour rien que l'autel de l'Agneau fut montré à Knock en 1879.
Tombez en adoration et en réparation. Pleurez vers la Mère Immaculée de
Dieu, toujours Reine d'Irlande et Mère Douloureuse. Mon cher père, avec
toute la sagesse de ses 91 ans, m'a dit hier : « Dieu a un plan. Dieu
aura le dernier mot. » Et que dit Notre Seigneur dans l'Évangile
d'aujourd'hui ? Il dit ceci : « Voici, je suis avec vous tous les jours,
jusqu'à la consommation du monde » (Matthieu 28, 20). Dans cette
promesse de Dieu faisons reposer toute notre espérance"