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mercredi 30 mai 2018

Jérusalem ? Une capitale pour deux !

par Jean-Claude Rolinat

Le 70e anniversaire de la création de l’État d’Israël et le transfert de l’ambassade des États-Unis de Tel-Aviv à Jérusalem, ont déchaîné un climat de violences inouï aux « frontières » de la bande de Gaza au sud-ouest du pays.


Les Arabes de cette partie de Palestine libre de toute occupation étrangère, sont partis à l’assaut du no man’s land séparant leur « timbre-poste » de 350 km2 et d’un million et demi d’habitants, de l’État Hébreu. Pneus enflammés, jets de projectiles à l’aide de lance-pierres, tentatives de franchissement, ont ponctué toute cette journée du lundi 14 mai. En face, les snipers de Tsahal ont « allumé » comme des pipes à la fête foraine, les jeunes manifestants. Bilan, entre 60 et 100 morts, des centaines de blessés. La communauté internationale s’est émue à juste titre face à cette riposte disproportionnée.

Trois constats

Le premier, c’est le cynisme qui habite les deux parties. L’État juif, tout d’abord, dont les autorités ont froidement répondu qu’elles protégeaient leur frontière et leur population contre toute tentative d’intrusion sur leur territoire. Confirmation donnée notamment par Mme Aliza Bin Noun, ambassadeur d’Israël en France, sur une chaîne d’infos (à noter qu’une barrière de sécurité entoure complètement le périmètre de la bande de Gaza, et qu’un mur en souterrain a été aménagé pour empêcher que les Gazaouis ne creusent des tunnels).
Le second, c’est l’attitude du Hamas, le parti islamiste dominant la scène politique à Gaza. Il a envoyé sciemment au « casse-pipe », à son habitude, hommes, femmes et enfants, sachant pertinemment que les inévitables victimes feraient pleurer Margot dans les chaumières et, qu’inexorablement, les degrés de sympathie pour la cause israélienne, chuteraient.
Tout le monde est, à juste titre, indigné par la mort d’un bébé asphyxié par des tirs de gaz lacrymogène, mais ses parents n’en étaient-ils pas responsables au premier chef ?
Il me revient à l’esprit une citation de Bossuet, archevêque de Meaux au XVIIe siècle, qui disait à peu près ceci : « Dieu se rit des hommes qui se lamentent des conséquences des causes qu’ils chérissent ». On est en plein dedans !
Le troisième, c’est que si des autorités décident que leurs frontières sont infranchissables, elles le sont si des ordres de fermeté sont donnés aux troupiers. À méditer par l’Europe des 27 avec son dispositif de Schengen qui est une véritable passoire.
(À noter que l’on n’est pas obligé de tirer à balles réelles sur des foules désarmées, qu’il existe des munitions en caoutchouc, et que des tirs de semonce au-dessus des têtes ne sont pas des actes criminels, contrairement à ceux commis par l’armée israélienne dont l’image est à jamais ternie).
Le fond de l’affaire
Les Nations Unies ont reconnu et légitimé en 1947 un plan de partage équitable de la Palestine mandataire, elle-même issue du dépeçage de l’Empire Ottoman au lendemain de la Ire Guerre mondiale. Ce plan prévoyait deux États, l’un Arabe, l’autre Juif avec, au milieu, un corpus séparatum internationalisé, Jérusalem.
Les Juifs l’ont accepté, les Arabes l’ont fâcheusement refusé. Résultats des courses, après une guerre perdue en 1948 par les États de la Ligue Arabe face à la Haganah juive : 500 000 à 700 000 réfugiés palestiniens fuyant les zones de combat, qui en Égypte, qui en Jordanie, qui au Liban, qui à Gaza.
Les guerres successives de 1956, de 1967, de 1973 et de 1982 au Liban, n’ont rien réglé. Israël s’est agrandi au détriment de ses voisins et Jérusalem a été réunifiée sous la seule bannière de David. Le signataire de ces lignes peut témoigner qu’avant la « Guerre des six jours », il était impossible d’aller directement sur les Lieux Saints occupés par les Jordaniens à partir de la partie juive de Jérusalem. Aujourd’hui les adeptes des trois religions monothéistes peuvent aller prier sur ces Lieux trois fois saints, totalement imbriqués, ce qui ajoute une bonne dose d’absurdité à la situation actuelle ! Les peuples et leurs États respectifs ne se reconnaissent pas, mais ils se côtoient dans une grande proximité, pour ne pas dire promiscuité, à chaque heure du jour !
Un territoire pour deux peuples
Après les espoirs nés des accords d’Oslo en 1993 entre Rabin et Arafat, la situation s’est gelée et envenimée. La colonisation forcenée de la Judée et Samarie, – la « west bank » ou Cisjordanie, cette double boursoufflure qui compresse Israël entre la mer et le Jourdain –, par les religieux juifs, mais pas seulement, empêche toute négociation sérieuse.
Sans compter qu’il y a le contentieux syro-israélien à propos du plateau du Golan annexé en 1967, un balcon au-dessus du lac de Tibériade d’où l’armée de Damas tenait sous son feu les kibboutz de la plaine.
Sans oublier les affrontements récurrents entre le Hezbollah et Tsahal au Sud-Liban. Le baril de poudre attend la mèche !
Si la raison et les intérêts économiques bien compris de toutes les parties l’emportaient, nous assisterions à la création de l’État arabe de Palestine avec, pour capitale, Jérusalem-Est. Tout le monde le sait. Les plans sont dans les cartons. L’alternative à la solution des « deux États » ? Une entité unique, judéo-arabe, où bien vite ces derniers domineraient démographiquement les premiers, noyant sous un nombre incalculable de berceaux musulmans les berceaux juifs.

Cela, Netanyahu ne peut pas l’accepter, pas plus que les Palestiniens ne peuvent accepter le statu quo.
Alors, la raison, pour une fois pourrait-elle l’emporter ? En tout cas, j’ai une pensée émue pour les jeunes professeurs d’histoire qui sont chargés d’enseigner, notamment, la Shoah dans les écoles de la wilaya du 9-3 !

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