Jean-Michel Blanquer songerait à supprimer les heures de colle : l’information donnée par RTL
le 25 mai a été démentie dès le lendemain sur Twitter par l’intéressé.
Ce projet semblait d’ailleurs étrange de la part d’un ministre dont les
réformes vont plutôt dans le sens d’un retour à la tradition que de la
politique de la table rase et du pédagogisme à tout crin de son
prédécesseur.
Jean-Michel Blanquer affirme seulement « réfléchir à des sanctions éducatives ». Le pédagogisme n’est finalement pas si loin… Et, sous son allure consensuelle (qui oserait réclamer des sanctions non éducatives ?), cette déclaration est en réalité un nouveau coup porté aux enseignants. Les textes officiels stipulent déjà que « la sanction ou la punition doivent s’inscrire dans une perspective éducative ». Par conséquent, s’il faut « réfléchir à des sanctions éducatives », c’est que les professeurs ont besoin d’être recadrés. Selon les termes du journaliste de RTL – et non, espérons-le, ceux du ministre -, ils donneraient des punitions « bêtes et méchantes ». Il est vrai que, jusqu’à présent, la majorité des enseignants donnaient très bêtement et très méchamment comme travail à effectuer en retenue des exercices en relation avec la leçon en cours. Quelle fabuleuse révolution éducative nous promet-on donc ?
Désormais, toujours selon RTL, et sans que l’on sache si le journaliste cite Jean-Michel Blanquer, « si un enfant ou un ado utilise son portable en classe et prend des photos, il pourrait être amené à faire un exposé sur le droit à l’image ». En voilà, une riche idée ! Un exposé est doublement éducatif : pour l’élève sanctionné qui doit le réaliser (à condition qu’il daigne le faire) et pour ses camarades qui l’écouteront (ce qui risque, néanmoins, de ne pas faire grand monde). Et si l’élève puni a copié-collé un site Internet, on profitera de l’aubaine pour lui donner un deuxième exposé sur le plagiat. À la fin de l’année, il pourra peut-être passer une licence en droit ? Dans les établissements où des détritus en tous genres (peaux d’orange, trognons de pomme, papiers de bonbons, canettes, restes de sandwichs, biscuits écrasés, mégots…) jonchent les couloirs et les salles de classe, on aura des exposés sur le tri sélectif, la faim dans le monde ou la loi Évin. Les « sale Arabe », « cons de Noirs » et autres « mort aux Français » hurlés ou gravés sur les tables donneront lieu à des exposés sur le racisme, évidemment, mais aussi sur les proverbes latins (Verba volant, scripta manent). Quant à ceux dont le passe-temps favori est de lancer des projectiles à travers la salle de cours ou par les fenêtres, ils seront bientôt incollables sur l’énergie cinétique.
Mais, au fait, qu’est-ce, au juste, qu’une punition « éducative » ? Celle qui contribue à la formation de l’élève, à l’épanouissement de sa personnalité comme de sa capacité à vivre en société. À ce titre, toute punition qui sanctionne un manquement au règlement intérieur ou un comportement de nature à perturber le déroulement du cours est éducative. Ce qui est délétère, mais de plus en plus répandu, c’est l’impunité. À chercher à tout prix une punition prétendument « pédagogique » et « constructive », qui « ait du sens », on risque même de manquer le but : l’élève qui aura fait son exposé sur le droit à l’image aura-t-il, finalement, compris qu’il n’a tout simplement pas le droit d’utiliser son portable durant le cours ?
Christine Célérier
Source
Jean-Michel Blanquer affirme seulement « réfléchir à des sanctions éducatives ». Le pédagogisme n’est finalement pas si loin… Et, sous son allure consensuelle (qui oserait réclamer des sanctions non éducatives ?), cette déclaration est en réalité un nouveau coup porté aux enseignants. Les textes officiels stipulent déjà que « la sanction ou la punition doivent s’inscrire dans une perspective éducative ». Par conséquent, s’il faut « réfléchir à des sanctions éducatives », c’est que les professeurs ont besoin d’être recadrés. Selon les termes du journaliste de RTL – et non, espérons-le, ceux du ministre -, ils donneraient des punitions « bêtes et méchantes ». Il est vrai que, jusqu’à présent, la majorité des enseignants donnaient très bêtement et très méchamment comme travail à effectuer en retenue des exercices en relation avec la leçon en cours. Quelle fabuleuse révolution éducative nous promet-on donc ?
Désormais, toujours selon RTL, et sans que l’on sache si le journaliste cite Jean-Michel Blanquer, « si un enfant ou un ado utilise son portable en classe et prend des photos, il pourrait être amené à faire un exposé sur le droit à l’image ». En voilà, une riche idée ! Un exposé est doublement éducatif : pour l’élève sanctionné qui doit le réaliser (à condition qu’il daigne le faire) et pour ses camarades qui l’écouteront (ce qui risque, néanmoins, de ne pas faire grand monde). Et si l’élève puni a copié-collé un site Internet, on profitera de l’aubaine pour lui donner un deuxième exposé sur le plagiat. À la fin de l’année, il pourra peut-être passer une licence en droit ? Dans les établissements où des détritus en tous genres (peaux d’orange, trognons de pomme, papiers de bonbons, canettes, restes de sandwichs, biscuits écrasés, mégots…) jonchent les couloirs et les salles de classe, on aura des exposés sur le tri sélectif, la faim dans le monde ou la loi Évin. Les « sale Arabe », « cons de Noirs » et autres « mort aux Français » hurlés ou gravés sur les tables donneront lieu à des exposés sur le racisme, évidemment, mais aussi sur les proverbes latins (Verba volant, scripta manent). Quant à ceux dont le passe-temps favori est de lancer des projectiles à travers la salle de cours ou par les fenêtres, ils seront bientôt incollables sur l’énergie cinétique.
Mais, au fait, qu’est-ce, au juste, qu’une punition « éducative » ? Celle qui contribue à la formation de l’élève, à l’épanouissement de sa personnalité comme de sa capacité à vivre en société. À ce titre, toute punition qui sanctionne un manquement au règlement intérieur ou un comportement de nature à perturber le déroulement du cours est éducative. Ce qui est délétère, mais de plus en plus répandu, c’est l’impunité. À chercher à tout prix une punition prétendument « pédagogique » et « constructive », qui « ait du sens », on risque même de manquer le but : l’élève qui aura fait son exposé sur le droit à l’image aura-t-il, finalement, compris qu’il n’a tout simplement pas le droit d’utiliser son portable durant le cours ?
Christine Célérier
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