Notre opinion.
En trois ans, sous l’assaut des migrants, l’Europe a changé de visage.
C’est maintenant l’Allemagne de la chancelière qui est isolée.
C’était tellement improbable
que c’est arrivé. Pour la première fois de leur histoire d’après-guerre,
les Italiens ont porté au pouvoir une coalition des contraires dont le
seul et vrai point commun est leur détestation des institutions
européennes. Au pays du traité de Rome (1957) ! Des fondateurs du Marché
commun, de la zone euro et de l’Union européenne… Mais pourquoi ? Parce
qu’ils accusent l’Union de n’être plus que l’outil de ces “élites
mondialisées”, de cette “bureaucratie”, de l’“oligarchie” qui se sont
révélées incapables de faire face à une crise qui touche aux racines
mêmes de la civilisation et du mode de vie des Européens : le choc des
migrants.
L’Allemagne d’Angela Merkel (arrivée au pouvoir en novembre 2005, six mois après le “non” français à la Constitution européenne) incarnait déjà la coercition budgétaire à l’égard de ses partenaires européens, notamment du Sud, quand elle a provoqué de son seul fait le gigantesque appel d’air de septembre 2015 que toute l’Europe allait subir de plein fouet. “Nous vous accueillons les bras ouverts”, dit la chancelière aux migrants, en parlant pour elle — mais aussi pour ses voisins qui n’avaient rien demandé et allaient devoir gérer cela tout seuls. De sorte que la vague des migrants musulmans entraîne bientôt une déferlante politique.
Cela commence par la Pologne catholique, dès le 25 octobre 2015 : elle se donne un gouvernement national populiste plus radical que le précédent, avant que n’arrive à sa tête un jeune banquier inconnu, Mateusz Morawiecki, qui fait du patriotisme économique sa ligne de conduite, malgré les objections européennes. Suit la Slovaquie, aux élections du 5 mars 2016 ; puis c’est le séisme du Brexit, au référendum du 23 juin 2016 — dont on ne dit pas assez combien la vague migratoire a pesé sur le choix des électeurs. En 2017, les élections régionales allemandes annoncent ce qui se passe aux élections générales du 24 septembre. La gauche s’effondre, la droite de la chancelière trébuche, et surgit “l’alternative” radicale de l’AfD qui envoie 92 députés au Bundestag, obligeant les deux partis sanctionnés, chrétiens-démocrates et sociaux-démocrates, à former une alliance défensive, condamnée au surplace.
La punition continue. Le 15 octobre 2017, les Autrichiens se mobilisent, 80 % de participation au vote, pour élire une coalition entre droite conservatrice et extrême droite populaire. Le 27 janvier 2018, et contrairement aux pronostics, c’est bien un président de la République lui aussi populiste, Milos Zeman, qui est nettement réélu au suffrage universel en République tchèque, sur un programme de résistance à l’immigration et à l’islam. Ce n’est donc pas fini puisque, le 4 mars dernier, les Italiens chassent la gauche proeuropéenne de tout espoir de conserver le pouvoir en plaçant en tête les “5 étoiles” de Di Maio et l’alliance de droite de Salvini — qui représentent à eux deux 70 % des suffrages exprimés et vont devoir négocier. Entretemps, le 8 avril, le Hongrois Viktor Orbán, vilipendé de toutes parts pour avoir fermé ses frontières aux migrants et renforcé ses pouvoirs, gagne triomphalement les législatives. On a seulement oublié dans ce tour d’horizon l’élection de Donald Trump aux États-Unis et l’arrivée de Marine Le Pen au second tour de la présidentielle française…
Quand, à l’annonce du programme de gouvernement type Mélenchon-Le Pen que vont former les Italiens du Mouvement 5 étoiles et de la Ligue, le Financial Times les a qualifiés de « nouveaux barbares », il a fidèlement traduit la pensée de l’establishment européen. Mais cela explique aussi le vote italien. Car c’est bien contre le mépris dans lequel sont tenus tous les “sceptiques” qu’ils ont réagi. À ceci près que l’on ne pourra pas traiter l’Italie, troisième économie du continent, comme si c’était la Grèce.
L’Allemagne d’Angela Merkel (arrivée au pouvoir en novembre 2005, six mois après le “non” français à la Constitution européenne) incarnait déjà la coercition budgétaire à l’égard de ses partenaires européens, notamment du Sud, quand elle a provoqué de son seul fait le gigantesque appel d’air de septembre 2015 que toute l’Europe allait subir de plein fouet. “Nous vous accueillons les bras ouverts”, dit la chancelière aux migrants, en parlant pour elle — mais aussi pour ses voisins qui n’avaient rien demandé et allaient devoir gérer cela tout seuls. De sorte que la vague des migrants musulmans entraîne bientôt une déferlante politique.
Cela commence par la Pologne catholique, dès le 25 octobre 2015 : elle se donne un gouvernement national populiste plus radical que le précédent, avant que n’arrive à sa tête un jeune banquier inconnu, Mateusz Morawiecki, qui fait du patriotisme économique sa ligne de conduite, malgré les objections européennes. Suit la Slovaquie, aux élections du 5 mars 2016 ; puis c’est le séisme du Brexit, au référendum du 23 juin 2016 — dont on ne dit pas assez combien la vague migratoire a pesé sur le choix des électeurs. En 2017, les élections régionales allemandes annoncent ce qui se passe aux élections générales du 24 septembre. La gauche s’effondre, la droite de la chancelière trébuche, et surgit “l’alternative” radicale de l’AfD qui envoie 92 députés au Bundestag, obligeant les deux partis sanctionnés, chrétiens-démocrates et sociaux-démocrates, à former une alliance défensive, condamnée au surplace.
La punition continue. Le 15 octobre 2017, les Autrichiens se mobilisent, 80 % de participation au vote, pour élire une coalition entre droite conservatrice et extrême droite populaire. Le 27 janvier 2018, et contrairement aux pronostics, c’est bien un président de la République lui aussi populiste, Milos Zeman, qui est nettement réélu au suffrage universel en République tchèque, sur un programme de résistance à l’immigration et à l’islam. Ce n’est donc pas fini puisque, le 4 mars dernier, les Italiens chassent la gauche proeuropéenne de tout espoir de conserver le pouvoir en plaçant en tête les “5 étoiles” de Di Maio et l’alliance de droite de Salvini — qui représentent à eux deux 70 % des suffrages exprimés et vont devoir négocier. Entretemps, le 8 avril, le Hongrois Viktor Orbán, vilipendé de toutes parts pour avoir fermé ses frontières aux migrants et renforcé ses pouvoirs, gagne triomphalement les législatives. On a seulement oublié dans ce tour d’horizon l’élection de Donald Trump aux États-Unis et l’arrivée de Marine Le Pen au second tour de la présidentielle française…
Quand, à l’annonce du programme de gouvernement type Mélenchon-Le Pen que vont former les Italiens du Mouvement 5 étoiles et de la Ligue, le Financial Times les a qualifiés de « nouveaux barbares », il a fidèlement traduit la pensée de l’establishment européen. Mais cela explique aussi le vote italien. Car c’est bien contre le mépris dans lequel sont tenus tous les “sceptiques” qu’ils ont réagi. À ceci près que l’on ne pourra pas traiter l’Italie, troisième économie du continent, comme si c’était la Grèce.