.

.

mercredi 30 avril 2014

Les USA frappent l'UE en visant la Russie



Les USA frappent l'UE en visant la Russie
 Piotr Iskenderov
 
La promesse du président Obama d’introduire des sanctions contre « des secteurs entiers de l’économie russe » en représailles contre sa politique à l’égard de Kiev, ne fait que compliquer encore davantage la situation dans le camp occidental lui-même.

La question des sanctions à l’encontre de Moscou avait déjà passablement divisé l’Union Européenne et la posture belliqueuse de Washington peut encore lui porter un coup économique. D’ailleurs, c’est sans doute l’objectif que se donnent les États-Unis, s’interroge Piotr Iskenderov, observateur à La Voix de la Russie.

« Que signifient dans la pratique les sanctions contre « des secteurs entiers de l’économie russe »? Cela revient à miner l’ensemble des relations commerciales et économiques entre la Russie et l’UE dans les domaines de l’énergie, des transports, des infrastructures, de l’industrie spatiale, du bâtiment, de la métallurgie, des constructions mécaniques, et enfin, du tourisme. Les sanctions frapperont de plein fouet l’économie des États qui entretiennent historiquement les liens étroits avec la Russie. Il s’agit non seulement des pays d’Europe Centrale et de l’Est mais encore de l’Allemagne, de la France, de l’Espagne et de l’Italie. »

Le président allemand Joachim Gauck a confirmé en janvier 2014 que la dépendance de son économie des échanges extérieurs exigeait l’accès aux marchés étrangers, la stabilité dans la zone des intérêts commerciaux allemands et « un leadership plus résolu » en matière d’approfondissement de la coopération internationale.

La dernière thèse signifiait en clair que l’Allemagne était mécontente de la domination des États-Unis à l’échelle mondiale. Alors, c’est sur le Rhin qu’est situé un des points d’impact du durcissement de la politique antirusse menée par les États-Unis. Par ailleurs, la confrontation avec Moscou à laquelle Washington pousse les Européens rejoint parfaitement le projet de création d’une zone transatlantique de libre échange préconisé par certains milieux. Et comme ce projet semble déraper, ses partisans pourraient être tentés de lui donner une impulsion nouvelle sur la crête des slogans antirusses, d’autant plus que les États-Unis et l’UE lui donnaient dès le début un sens différent. Par ailleurs, l’idée elle-même rappelle à s’y méprendre la tentative d’acculer l’économie mondiale dans une crise encore plus profonde au lieu de l’assainir.

Par conséquent, c’est en tout état de cause que, selon le journal espagnol El Pais, l’Allemagne a pris la tête au sein de l’UE du groupe des pays qui désapprouvent les sanctions antirusses. Ce groupe inclut également l’Espagne, l’Italie et, dans une certaine mesure, la France. D’un côté, cette dernière essaie de renforcer ses propres positions en Europe, et de L’autre, est obligé de compter avec l’évolution de la situation géopolitique. Mais n’oublions pas pour autant que dans tous les cas de figure, tant la France que l’Allemagne sont objectivement intéressées au partenariat avec la Russie, a rappelé à La Voix de la RussieNadejda Arbatova, directrice du département d’études politiques européennes de l’Institut de l’économie mondiale et des relations internationales de l’Académie russe des sciences :

« L’axe Paris-Berlin se maintiendra quelque soit l’évolution de la situation en politique intérieure et extérieure. L’Allemagne et la France pourront parfaitement jouer le rôle de leaders, même dans le contexte des changements qui s’opèrent en Europe. En même temps, le président François Hollande peut aussi assurer la cohésion de l’Europe du Sud. »

Les déclarations à l’emporte-pièce qui se font entendre à la Maison Blanche, « sapent les conditions normales pour le commerce », écrit APen citant l’analyste de la société IG de Melbourne Evan Lucas. « Il faut chercher les forces qui y sont intéressées et, le cas échant, les États-Unis sont le principal suspect ».
 
Notes

Source : http://french.ruvr.ru/2014_04_29/Les-USA-frappent-lUE-en-visant-la-Russie-8692/

Européennes 2014 : les grandes ambitions du Front national



Européennes 2014 : les grandes ambitions du Front national
 Benjamin Hue
 
DÉCRYPTAGE - Le Front national nourrit l'espoir d'être le premier parti de France au soir du 25 mai prochain et de constituer un groupe d'eurosceptiques au Parlement européen de Strasbourg.

Objectif premier parti de France. Après un scrutin municipal réussi, qui l'a vu ravir plusieurs villes symboliques à l'UMP et au PS, le Front national nourrit de solides ambitions pour les élections européennes, le 25 mai prochain. Marine Le Pen ne s'en cache pas. L'objectif du parti d'extrême-droite est "d'arriver en tête au niveau national".

Si l'hypothèse venait à prendre corps, nul doute que le poids du parti en serait renforcé au niveau national. "Valls et Hollande ne pourront pas faire comme si de rien n'était devant un Front national en tête dans les urnes, devant une volonté aussi massive de renoncer aux errements de l'UMPS. La dissolution de l'Assemblée nationale sera leur seule porte de sortie", prophétise déjà Marine Le Pen dans Le Figaro.

Obtenir une vingtaine de sièges à Strasbourg

Pour parvenir à ses fins, la présidente du Front national a centré la campagne de son parti sur deux axes forts : l'opposition à l'accord de libre-échange transatlantique, actuellement en négociation entre l'Union européenne et les Etats-Unis, et la lutte contre la Politique agricole commune (PAC). Un euroscepticisme sur lequel elle compte capitaliser à l'aune d'une élection défouloir. La défiance à l'égard de l'Europe a rarement été aussi forte et de nombreux électeurs pourraient profiter du scrutin pour exprimer leur mécontentement.

Plusieurs sondages récents placent d'ailleurs le FN juste derrière l'UMP et devant le Parti socialiste, voire en première position. Surtout, le parti d'extrême-droite s'est stabilisé autour de 22-24% d'intentions de vote. Un score qui permettrait au FN de doubler son meilleur résultat obtenu dans cette élection - 11.72% en 1989 - et lui assurerait une vingtaine de sièges au Parlement européen de Strasbourg, contre trois il y a cinq ans.

Créer un groupe parlementaire eurosceptique

Avec un quart du contingent tricolore à Strasbourg, Marine Le Pen serait en bonne posture pour parasiter l'institution de l'intérieur, en bloquant notamment le vote des lois au Parlement. "L'objectif est de peser un maximum dans cette enceinte pour limiter la casse, en utilisant toutes les armes qui sont à notre disposition", énonçait-elle dans Le Figaro.

Pour mener à bien ce dessein, la numéro un du FN mise également sur la progression des partis populistes en Europe. Une lame de fond continentale qui pourrait aboutir à la création d'un groupe parlementaire eurosceptique, prompt à déposer des motions de résolution et des amendements soumis au vote de l'institution.

Une union anti-européenne compliquée

Pour cela, les eurosceptiques doivent réunir 25 élus européens issus de sept pays différents. Si les motifs de contestation des mouvements d'extrême-droite du Vieux continent sont différents, la plupart se retrouvent cependant sur les thèmes du rejet de l'immigration et de l'institution européenne.

Le PVV néerlandais de Gert Wilders, le Parti pour la liberté (FPÖ) autrichien, le Vlaams Belang belge et la Ligue du Nord italienne ont ainsi été approchés par Marine Le Pen. Selon les prévisions de l'institut Pollwatch2014, une telle union pourrait obtenir 38 sièges au Parlement.

Mais tous les alliés potentiels n'accueillent pas le FN, et son histoire émaillée de polémiques, à bras ouvert. Le Parti populaire danois et le parti des Vrais Finlandais ont ainsi refusé la main tendue. Une fin de non-recevoir a aussi été opposée par le Ukip, le Parti pour l'indépendance du Royaume-Uni, qui juge que "l'antisémitisme est dans l'ADN du Front", selon son leader Nigel Farage. La dédiabolisation a encore du chemin à parcourir.
 
Notes

mardi 29 avril 2014

"Le PS a largement perdu l'électorat musulman"



 Marie Lemonnier
 
Le chercheur Gilles Kepel est allé à la rencontre des candidats issus de l'immigration maghrébine. "Ils ne sont pas tous de gauche et se revendiquent d'abord français". Entretien.

Le chercheur a rencontré une centaine des 400 candidats issus de l'immigration maghrébine aux élections législatives de 2012. Pourquoi et comment sont-ils entrés en politique ? Entretien avec Gilles Kepel.

Vous publiez "Passion française", une enquête à Marseille et à Roubaix sur les candidats issus de l'immigration maghrébine aux élections législatives de 2012. Pourquoi et comment avez-vous procédé ?

- Au lendemain des législatives, en regardant la liste des candidats, j'ai remarqué près de 400 noms à consonance arabe ; une demi-douzaine d'entre eux figurent au nombre des 577 élus. Or c'est la première fois que cela se produit depuis l'époque de l'Algérie française qui avait donné 49 députés musulmans à l'Assemblée. J'ai eu envie de voir ce que ces citoyens, qui se sont présentés pour incarner le peuple français, avaient à dire. Pour ce livre, je me suis concentré sur Marseille et Roubaix, ville et commune les plus pauvres de France, qui étaient éminemment symboliques.

Au-delà de leurs origines, avez-vous trouvé des similitudes dans leurs profils ?

- En réalité, le spectre est assez varié. Ils ne sont pas tous de gauche. Il y en a qui sont de droite, et même du Front national. La majorité est plutôt "antisystème", ce qui la rend parfois réceptive à la critique de "l'UMPS" et aux idées du FN. Mais le grand point commun, c'est qu'ils se revendiquent d'abord français.

On estime pourtant généralement que les musulmans votent très majoritairement à gauche.

- C'est vrai. L'"électorat musulman" apparaît même comme le plus hollandais en 2012, puisque selon les instituts de sondage entre 72 et 89% des électeurs qui se définissent musulmans ont voté pour François Hollande. Mais, pour cette galerie de portraits, j'ai volontairement choisi d'avoir le spectre le plus large possible plutôt qu'un échantillon réellement représentatif. J'ai voulu montrer cette diversité, qui prouve qu'il n'y a pas ou plus de vote musulman bloqué.

Le PS a largement perdu cet électorat aux municipales de 2014. Toutes les raisons de ces voix manquantes pour le PS émergent dans les discours des candidats que j'ai interrogés mais auxquels on n'avait pas prêté attention. Les musulmans se sont manifestés comme citoyens à part entière, même par l'abstention, qui est une forme de choix électoral. Et c'est aussi cela que disent la poussée de la droite et le franchissement du tabou du FN dans ces populations, lorsqu'il a lieu.


Justement, Aulnay-sous-Bois, Bobigny, Le Blanc-Mesnil, Argenteuil, Asnières..., toutes ces villes, dont certaines étaient des bastions de la gauche et du Parti communiste, ont basculé à droite. Comment l'expliquez-vous ?

- Il nous reste à étudier précisément les facteurs qui ont été les plus déterminants pour ces électeurs, mais je crois qu'il y a d'abord l'aggravation de la précarité dans la jeunesse. Il y a aussi le fait qu'en 2012 le rejet de Sarkozy a été très fort et qu'il ne jouait plus ici. Et puis il y a la déréliction de l'image du PS à cause du mariage gay. La Manif pour tous a fourni une possibilité d'identification avec les cathos de droite et anti-gay, par le biais des valeurs, pour s'affirmer français. C'est une mutation significative. Le parcours d'un Omar Djellil, ex-trésorier d'une mosquée marseillaise, ex-membre d'un gang, puis de SOS-Racisme, qui s'affiche désormais avec Jean-Marie Le Pen, aussi déconcertant soit-il, permet de comprendre ce qui se passe de façon plus latente et diffuse. Lui, dans le FN, n'entend pas le propos contre l'islamisation, mais le propos contre l'exclusion.

Cette percée du FN paraît néanmoins tout à fait paradoxale.

- Je ne pense pas du tout que la majorité de cette population soit d'extrême droite, loin de là. Le gros des votes, c'est l'abstention plus qu'un passage à droite. Mais le tabou du FN a sauté. Il est important de relever cette rupture. Et du moment que les enjeux sociaux, qui sont de mon point de vue les principaux, ne sont pas traités et que les identifications ne se font plus avec la classe ouvrière disparue, d'autres types de discours prennent la relève.

Vous pensez à Alain Soral et à la querelle de la quenelle ?

- Soral et son site Egalité et Réconciliation font le lien entre le Front national et la jeunesse française des quartiers populaires issue de l'immigration. La quenelle de Dieudonné en est l'expression la plus triviale. Mais il y a aussi le combat communautaire islamique que veut susciter un site comme Islam & Info. Sur le web, islamophobie, halal et théorie du genre sont devenus un champ de bataille propice à toutes les surenchères.

La crainte de listes communautaristes ne s'est pourtant pas vérifiée.

- C'est la bonne nouvelle du livre : même quand ils se réclament de la dimension musulmane, dès lors qu'ils entrent dans le jeu politique, ces candidats se définissent avant tout comme français. Le seul lobby communautaire affiché, c'est l'Union des Associations musulmanes de Seine-Saint-Denis (UAM 93). Mais ça ne marche pas vraiment, car les électeurs de confession musulmane ne vont pas voter indifféremment Jean-Pierre Brard, ex-communiste, ou Bruno Beschizza, UMP, uniquement parce qu'ils ont accepté l'ouverture d'une mosquée. Ils votent comme tous les autres citoyens, en fonction de leur préférence politique et sociétale. Cependant la persistance de l'exclusion risque à terme de les pousser vers une grande communauté des exclus contre les "élites" et les "sionistes"...

Donc la menace n'est pas tant selon vous dans la tentation d'un vote communautariste musulman que dans le développement d'un certain "soralisme".

- Ca me semble en effet plus important. Soral se définit maintenant comme national-socialiste, ce qui était la rhétorique des partis politiques de l'entre-deux-guerres pour cumuler différents électorats. Ce sont des pièces qui se disposent sur l'échiquier et qu'il faut observer de près.

Vous semblez renvoyer en miroir l'Algérie française d'avant 1962 et une France contemporaine que vous qualifiez d'"algérienne". On ne peut cependant pas sérieusement comparer la colonisation de l'Algérie par une puissance dominante à la France d'aujourd'hui qui compte en son sein des enfants de l'immigration algérienne ! A moins de vouloir laisser entendre qu'elle serait à son tour "colonisée" par les enfants de l'immigration ?

- Non, pas du tout. Les immigrés ne sont pas une puissance coloniale. Quand je parle de la "France algérienne", il s'agit d'une France reléguée qui en 1983 va manifester de Marseille à Roubaix, à travers les quartiers populaires où est concentrée cette population, jusqu'à l'Elysée où le président Mitterrand n'est autre que l'ancien ministre de l'Intérieur pendant la guerre d'Algérie. C'est une dimension extrêmement importante de nos blocages identitaires, et qui n'a pas été réglée.

La France et l'Algérie n'ont pas véritablement assumé l'importance du mixte de leur relation de 132 années. Elle a été occultée à la fois par le discours nationaliste algérien et par le discours nationaliste français. Malgré la Marche des Beurs de 1983, les enfants de l'immigration sont restés exclus de la participation réelle à la politique, SOS-Racisme diluant les beurs dans le chaudron des potes. La situation a finalement été débloquée par le big bang des émeutes de 2005. Comme un retour du refoulé de 1983, ces violences ont servi de déclencheur pour l'inscription sur les listes électorales. A partir de là, les jeunes issus de l'immigration maghrébine, mais aussi sahélienne, vont assumer leur entrée dans la citoyenneté et les enceintes politiques. Et ça, c'est inédit !
Notes

Propos recueillis par Marie Lemonnier - "Le Nouvel Observateur"

Source : http://tempsreel.nouvelobs.com/societe/20140418.OBS4429/le-ps-a-largement-perdu-l-electorat-musulman.html

Pierre Hillard : « Le régionalisme entraînera la mort de la France »



Pierre Hillard : « Le régionalisme entraînera la mort de la France »
Pierre Hillard est un essayiste français, docteur en science politique. Il est connu pour ses analyses du mondialisme ainsi que du processus de destruction des nations dans le but d’instaurer un gouvernement mondial. M. Hillard a répondu à nos questions suite aux déclarations de François Hollande, lors de sa conférence de presse du 14 janvier dernier, sur la diminution du nombre de régions. Un régionalisme à marche forcée dicté par l’Union Européenne et l’Allemagne…

Dans sa récente conférence de presse, le chef de l’État a fait part de sa volonté de diminuer le nombre de régions, tout en augmentant leur taille et leur puissance. Comment recevez-vous ce projet ?

PH : L’idée n’est pas nouvelle. Déjà, en 2009, le rapport Balladur avait lancé un projet similaire. Le président Hollande veut, apparemment, procéder à une refonte des frontières régionales françaises. En dehors de la modification territoriale, il est difficile de savoir quelles compétences nouvelles seront attribuées à ces régions. Pour le moment, aucune information n’a filtré de l’Elysée. On peut, cependant, être sûr que ces blocs régionaux vont acquérir tôt ou tard des prérogatives supplémentaires car c’est la finalité du projet. Suis-je étonné d’une telle annonce … bien sûr que non. Elle n’est que la conséquence d’un long travail fait en amont dans le cadre de l’Union européenne. Celle-ci s’inspire du travail fait en coulisses par l’Allemagne.

Peut-on y voir une tendance à tendre vers le modèle allemand des Länder ?

L’Union européenne est le diffuseur des principes régissant la spiritualité politique allemande : régionalisme ethnique et technocratique dans un cadre fédéral. Le principe régionaliste a toujours été prégnant depuis l’existence de la CEE puis de l’UE. Il a vraiment décollé avec l’adoption du Traité de Maastricht (1992) instituant le principe du fédéralisme. J’explique tout cela d’une manière détaillée dans mon livre « Minorités et régionalismes ». Grâce aux travaux du professeur en science politique, Rudolf Hrbek[1], nous savons que les préparatifs ont vraiment commencé en 1987 : « Le point de départ de cette nouvelle série d’initiatives fut la résolution de la Conférence des Ministres-Présidents d’octobre 1987 à Munich, où il fut fixé comme objectif « une Europe à structure fédérale ». Deux plus tard, les Ministres-Présidents des Länder créèrent un groupe de travail de leurs chancelleries d’Etat en lui commandant un rapport sur la position des Länder et des régions face aux développements futurs de l’Union européenne. Remis aux Ministres-Présidents en mai 1990, ce rapport détaillé, contenant des propositions concrètes pour une révision des traités régissant la Communauté, comprenait quatre points principaux : introduction du principe de subsidiarité, modèles pour la participation des Länder et des régions aux travaux du Conseil des ministres, création au plan communautaire d’un Organe spécial, possibilité pour les Länder et les régions d’intenter en tant que tels des actions auprès de la Cour de Justice européenne. Ces revendications furent soutenues par deux résolutions : l’une des Ministres-Présidents du 7 juillet 1990 et l’autre du Bundesrat du 24 août 1990. La résolution du Bundesrat demandait en outre au gouvernement fédéral de faire participer les Länder aux travaux (y compris les travaux préparatoires) de la Conférence gouvernementale et à l’élaboration des positions qui seraient adoptées par les négociateurs allemands. Le gouvernement fédéral répondit favorablement à cette demande des Länder : ce n’est que durant les négociations finales à Maastricht que les chefs d’Etat et de gouvernement restèrent seuls avec les ministres des Affaires étrangères. Dans la phase préparatoire, au contraire, les Länder et le gouvernement fédéral collaborèrent de façon très étroite. »

Tous ces travaux se sont associés à une multitude de rapports et textes en tout genre élaborés au sein d’instituts comme l’Assemblée des Régions Frontalières Européennes (ARFE, institut européen, en fait allemand), l’Assemblée des régions d’Europe (ARE) ou le Congrès des Pouvoirs Locaux et Régionaux d’Europe (CPLRE). Les Commissions de l’ARE et du CPLRE dans les années 1980 et 1990 étaient occupés par des Allemands travaillant en liaison permanente avec des Catalans, des Basques, des Friouls-Vénitiens, des Galiciens ou des Flamands. Ce travail a permis d’élaborer des mesures favorisant le régionalisme, l’ethnicisme et la promotion de la coopération transfrontalière afin de faire disparaître les frontières étatiques au profit d’eurorégions. Ces dernières ont pour vocation de réunir des régions de part et d’autre des frontières devenues obsolètes. C’est un remodelage complet des structures internes des pays européens qui est en cours. Ajoutons que le décollage véritable de la régionalisation s’appuie sur la recommandation 34 (1997) du rapporteur allemand Peter Rabe, député du Land de Basse-Saxe, à l’époque dirigé par Gerhard Schröder. C’est ce document qui propulse le principe régionaliste dont la finalité est de donner aux collectivités régionales un poids économique, fiscal, administratif, etc. complet en contournant l’autorité nationale au profit d’un dialogue direct avec Bruxelles et ses lobbies. Si le processus va à son terme, c’est la mort de la France comme de tous les États européens. Dans cette affaire, François Hollande et ses ministres ne font que suivre une feuille de route élaborée depuis longtemps.

C’est le retour de baronnies dans le cadre d’un Saint-Empire romain germanique élargi à l’échelle de l’Europe.

Enfin, peut-on parler, comme l’évoquait l’un de nos contributeurs récemment, d’un retour à la féodalité dicté par Bruxelles ?

C’est exactement cela. C’est le retour de baronnies dans le cadre d’un Saint-Empire romain germanique élargi à l’échelle de l’Europe. Nous avons et nous aurons de plus en plus des potentats locaux qui seront cajolés par les lobbies et toutes les représentations étrangères planétaires présents à Bruxelles. On imagine sans peine les magouilles en tout genre. D’autant plus que la Commission européenne saura jouer des rivalités entre régions pour abaisser les protections sociales. C’est la région dite « la plus compétitive » qui sera la mieux vue. Déjà, on évoque des smics régionaux. Il va de soi aussi que les remboursements médicaux ou soins dentaires seront tirés vers le bas dans le cadre d’un mondialisme oeuvrant en faveur d’une gouvernance mondiale. N’oublions pas que le processus de régionalisation va de pair avec l’instauration d’un marché transatlantique. C’est lié. Il faut détruire les Etats pour laisser la place à une multitude de régions qui n’offriront aucune résistance aux produits et aux normes venant d’outre-Atlantique. Si le président Bill Clinton, recevant en 2000 la plus haute distinction euro-fédéraliste, le Prix Charlemagne, a prôné la régionalisation de l’Europe, ce n’est sûrement pas l’effet du hasard. Nous sommes engagés dans une spirale. Malheureusement, les Français dans leur grande majorité n’ont pas compris la finalité de cette politique. Sauf miracle (et j’y crois), il ne faut pas oublier l’enseignement de l’histoire qui rappelle que la nature élimine les êtres et les États qui ne perçoivent pas les dangers mortels.
Propos recueillis par Christopher Lings
 
notes

Source : http://www.lebreviairedespatriotes.fr/17/01/2014/politique/pierre-hillard-le-regionalisme-entrainera-la-mort-de-la-france/

[1] Documents, revue des questions allemandes, Janvier-Février-Mars 1998, Paris.

La popularité de François Hollande dégringole de sept points au mois d'avril, tombant à 21%




La popularité de François Hollande dégringole de sept points au mois d'avril, tombant à 21%
SONDAGE - C’est le niveau le plus bas depuis son élection en mai 2012…

La popularité de François Hollande dégringole de sept points au mois d’avril, tombant à 21 %, niveau le plus bas depuis son élection en mai 2012, alors que 52 % des Français ont une bonne opinion de Manuel Valls, selon le baromètre mensuel de BVA publié lundi.

86 % trouvent que la politique de François Hollande n’est pas efficace

78 % des personnes interrogées déclarent avoir une mauvaise opinion du président de la République, selon cette enquête réalisée pour Orange, L’Express, la presse régionale et France Inter. 1 % ne se prononce pas.

47 % disent avoir une mauvaise opinion du Premier ministre Manuel Valls, testé pour la première fois dans ses nouvelles fonctions. 1 % n’a pas d’opinion. 76 % des Français estiment que «la politique menée par François Hollande et le gouvernement" n’est pas juste, 23 % pensant le contraire et 1 % ne se prononçant pas. Pire encore, 86 % trouvent que cette politique n’est pas efficace, 11 % partageant l’opinion inverse et 3 % étant sans opinion.

Sondage réalisé les 24 et 25 avril auprès d’un échantillon (recruté par téléphone et interrogé par internet) de 987 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. Méthode des quotas. Marge d’erreur variant entre 1,4 et 3,1 points.


Notes


  Source : http://www.20minutes.fr/politique/1362885-la-popularite-de-francois-hollande-degringole-de-sept-points-au-mois-d-avril-tombant-a-21#xtor=EPR-182-[welcomemedia]--[article_politique]--

Des avions français se déploient en Pologne

  Marine Pennetier
Des avions français se déploient en Pologne
 
MALBORK Pologne (Reuters) - La France a assuré mardi les pays d'Europe de l'Est de son soutien lors du lancement de sa mission de "police du ciel", dans un contexte de forte tension entre la Russie et les pays occidentaux qui s'inquiètent de la crise ukrainienne.

Annoncé fin mars par le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian, le déploiement de quatre Rafale sur la base de Malbork, dans le nord de la Pologne, s'inscrit dans la volonté de l'Otan de renforcer la présence occidentale dans les pays de l'est de l'Europe afin de rassurer ses Etats membres.

La centaine de militaires français qui seront déployés à terme pendant quatre mois dans le cadre de cette opération participeront à l'entraînement des aviateurs polonais et assureront sur demande de l'Alliance atlantique des missions de police du ciel au-dessus des Etats baltes.

"C'est un message de solidarité avec la Pologne", a déclaré Jean-Yves Le Drian à son arrivée sur la base militaire polonaise. "Cette initiative vise à dissuader et à réassurer. A dissuader pour éviter toute intervention néfaste et à réassurer pour montrer à la Pologne que nous sommes son allié."

Accueilli à son arrivée par son homologue Tomasz Siemoniak, le ministre français de la Défense a assisté dans la matinée à une cérémonie militaire en présence du président polonais Bronislaw Komorowski. Les deux premiers Rafale ont ensuite décollé de la base pour une première mission.

Les trois anciennes républiques soviétiques baltes - Lituanie, Lettonie et Estonie -, et la Pologne s'inquiètent de l'action menée en Ukraine par Moscou qui a annexé la Crimée en mars, une initiative condamnée par la communauté internationale.

Depuis 2004, les pays de l'Otan fournissent à tour de rôle tous les quatre mois des avions de chasse dans le cadre de la mission de police du ciel des pays baltes qui ne disposent pas de moyens propres de défense aérienne.
Pas une "provocation"

La Pologne va prendre le relais le 1er mai des Etats-Unis mais, face à l'inquiétude grandissante des pays d'Europe de l'Est, l'Otan a décidé de renforcer les effectifs.

Au total, 16 avions assureront pendant quatre mois la mission de protection et de surveillance du ciel balte : les quatre Rafale français, quatre avions de combat britanniques, quatre avions de chasse polonais Mig et quatre jets danois.

Ce dispositif prend le relais des 10 F15 américains, dont six étaient venus en renfort en raison de l'aggravation de la crise ukrainienne.

Tout en indiquant que la présence française n'était "en rien une provocation", le lieutenant-colonel Yann Malard, chef du détachement et pilote de Rafale, a rappelé que le cadre de l'Otan permettait "d'intervenir ou (...) de faire d'autres mesures de contraintes sur les avions qui ne respecteraient pas les engagements internationaux".

Le décollage des Rafale se feront en 15 ou 30 minutes selon le degré d'alerte fixé par l'Otan, a-t-il dit.

Moscou a récemment brandi la menace d'une intervention militaire en Ukraine pour défendre les intérêts de la population d'origine russe qu'elle estime menacée par les nouvelles autorités pro-europeennes de Kiev.

Selon l'Otan, quelque 40.000 soldats russes seraient massés le long de la frontière ukrainienne. La Russie est accusée d'avoir violé l'espace aérien ukrainien à plusieurs reprises la semaine dernière, ce que Moscou dément.

Parallèlement à son détachement en Pologne, la France effectue depuis le 1er avril des missions de surveillance en Pologne et en Roumanie, à partir de sa base d'Avord (Cher).Les Etats-Unis ont quant à eux annoncé l'envoi de 600 soldats en Pologne et dans les pays baltes.

Jean-Yves Le Drian a indiqué que le déploiement de soldats français dans la région n'était pas d'actualité.
 
Notes
  Source : https://fr.news.yahoo.com/les-forces-aériennes-françaises-se-déploient-en-pologne-084113174.html

Crise en Ukraine : Moscou dénonce le retour du « Rideau de fer »



Crise en Ukraine  : Moscou dénonce le retour du « Rideau de fer »
 
 
 
La Russie a dénoncé mardi un retour de la politique du « Rideau de fer » après les sanctions que lui a infligées l’Occident pour son rôle dans la crise en Ukraine.

L’heure est à l’escalade dans le conflit en Ukraine alors que de nouvelles violences ont éclaté mardi dans l’Est du pays. La Russie a dénoncé mardi un retour de la politique du « Rideau de fer » après les nouvelles sanctions que lui ont infligées les Etats-Unis et l’Union Européenne qui l’accusent d’attiser le conflit.

Le Journal officiel de l’UE a dévoilé mardi la liste des personnes considérées comme étant « responsables d’actions qui compromettent ou menacent l’intégrité territoriale, la souveraineté et l’indépendance de l’Ukraine », dans laquelle figurent les chefs de groupes séparatistes dans l’est de l’Ukraine. Le chef d’état-major de l’armée russe et le patron du renseignement militaire en font partie.

Les Américains avaient déjà annoncé lundi des sanctions touchant sept responsables russes et 17 sociétés, jugés proches du président Poutine. Washington va également revoir les conditions d’autorisation à l’exportation en Russie de certains équipements de haute technologie qui pourraient avoir un usage militaire, a indiqué la Maison Blanche. Le Canada de son côté a annoncé une nouvelle série de sanctions visant deux banques et neuf hauts dirigeants accusés d’être impliqués dans la crise ukrainienne.

La Russie dénonce ces sanctions qui lui rappellent la politique du « Rideau de fer », s’est indigné mardi le vice-ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Riabkov. « Cela frappe nos entreprises et nos secteurs de hautes technologies. C’est le retour du système créé en 1949, quand les pays occidentaux avaient abaissé le Rideau de fer sur les livraisons de hautes technologies à l’URSS et à d’autres pays », a-t-il déclaré. Il est surprenant de voir Moscou reprendre l’expression « rideau de fer », utilisée pendant des décennies par les Occidentaux pour dénoncer la séparation entre l’Est et l’Ouest de l’Europe instaurée par l’URSS.

Des répercussions économique de taille selon Gazprom
 
Gazprom, le géant gazier russe, a averti mardi la communauté financière des risques que font la peser la crise ukrainienne et les sanctions contre Moscou sur ses gigantesques profits, à l’occasion de la publication de ses résultats annuels, marqués par une chute de 7% de son bénéfice net à 23 milliards d’euros. Les tensions risquent d’affaiblir l’économie russe et par ricochet affecter « la confiance des investisseurs envers la stabilité économique et politique de la région et plus généralement dans les investissements en Russie », écrit Gazprom dans son rapport annuel. La situation pourrait donc plomber le cours des titres Gazprom, dont certains cotés à Londres, et affecter son accès aux marchés financiers pour s’endetter.

L’UE, la Russie et l’Ukraine tiendront, par ailleurs, le 2 mai à Varsovie une réunion consacrée à la sécurité de l’approvisionnement de l’Ukraine et de l’UE en gaz russe, a annoncé mardi la Commission européenne. Cette réunion entre le commissaire européen à l’Energie, Gunther Oettinger, et les ministres de l’Energie russe et ukrainien, constitue un « pas constructif face à la crise » ukrainienne, a souligné une porte-parole de la Commission, Pia Ahrendkilde Hansen.

Des mouvements de troupes suspects à la frontière occidentale
 
 Les Occidentaux accusent Moscou de jeter de l’huile sur le feu en Ukraine et de procéder à des mouvements de troupes suspects à sa frontière occidentale. Selon l’Otan, elle aurait massé jusqu’à 40.000 troupes à la frontière ukrainienne. Lundi, tout en promettant de répliquer à son tour par des mesures « douloureuses » pour Washington, le ministre de la Défense Sergueï Choïgou avait cependant assuré son homologue américain Chuck Hagel lundi soir que « les forces russes n’envahiront pas l’Ukraine ».

« La Russie a été contrainte de lancer des manoeuvres d’envergure près de la frontière avec l’Ukraine face à la perspective d’une action militaire (ukrainienne) contre les civils. (...) Dès que les autorités ukrainiennes ont déclaré qu’elles n’allaient pas utiliser les unités militaires régulières contre la population non armée, les troupes russes sont rentrées dans leurs casernes », a déclaré le ministre russe.

Le ministre de la Défense russe a également « catégoriquement démenti la présence de groupes de sabotage russes dans le Sud-Est de l’Ukraine ».  Nous n’avons pour l’instant aucun signe indiquant qu’il y ait un risque imminent d’invasion de la Russie en Ukraine », a estimé lundi à Oslo le chef de la diplomatie allemande, Frank-Walter Steinmeier, même s’il a indiqué y voir « une menace évidemment ». « Mais comment la situation va-t-elle se développer? C’est très difficile à dire. Je ne sais même pas ce qui va se passer dans les jours qui viennent, sans parler des prochaines semaines », a-t-il ajouté.

Le maire de Kharkiv évacué
Dans l’Est de l’Ukraine, la situation restait tendue après les violences et les incidents de la veille et alors que le sort des observateurs de l’OSCE détenus par des pro-russes n’est toujours pas réglé. Le maire pro-russe de Kharkiv Guennadi Kernes, gravement blessé dans un attentat lundi dans sa ville, a été évacué en Israël pour des soins, a indiqué un représentant de la municipalité sur sa page Facebook.

Jugé « transportable » par les médecins, il a été conduit à l’aéroport dans la nuit, a-t-il indiqué. Il est à présent soigné à l’hôpital de Elisha à Haïfa. « Il semble qu’il n’aura pas besoin de nouvelles opérations chirurgicales », a indiqué l’établissement dans un communiqué.

A Slaviansk, bastion rebelle de l’Est qui échappe depuis plus de deux semaines au contrôle de Kiev, de nouvelles négociations pour la libération des sept observateurs étrangers de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et de leurs 4 accompagnateurs ukrainiens détenus par des insurgés pro-russes étaient attendues. « Tous sont vivants et en bonne santé », avait affirmé lundi le maire autoproclamé de Slaviansk, Viatcheslav Ponomarev. L’OSCE s’est réunie lundi en session extraordinaire et le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a exigé leur libération immédiate. Les rebelles de Slaviansk détiennent également depuis dimanche trois officiers ukrainiens, qu’ils accusent d’espionnage.

Les tensions entre pro-russes et pro-ukrainiens sont également vives dans d’autres villes de la partie orientale du pays. Lundi, des militants pro-russes s’étaient emparés de la mairie de la ville de Kostiantynivka où ils ont hissé le drapeau de la « république de Donetsk ». Au total, les forces pro-russes occupent des bâtiments officiels (mairie, siège de la police et des services de sécurité) dans une douzaine de villes.

Lundi soir, une manifestation en soutien à l’unité de l’Ukraine à Donetsk a été attaquée par des militants pro-russes armés de matraques et de couteaux. Une quinzaine de personnes ont été blessées. La police a libéré dans la nuit cinq manifestants qui étaient retenus par des militants pro-russes, a indiqué le service de presse de la région de Donetsk.


notes


Economies : Valls lâche du lest pour apaiser la gauche



Economies : Valls lâche du lest pour apaiser la gauche
 
 Pierre-Alain Furbury
 
 
L’exécutif a fait un geste hier pour les retraités modestes et sur le plan pauvreté pour détendre la situation avec l’aile gauche du PS. L’Assemblée vote aujourd’hui le programme de stabilité. Un vote consultatif mais symbolique.

Manuel Valls a revu sa copie. Présentant son plan de 50 milliards d’économies, il y a deux semaines, le Premier ministre avait sorti l’artillerie lourde et opté pour un ton martial. Pour apaiser la fronde à gauche, il a mis lundi de l’eau dans son vin (1) . A la veille du vote sur le programme de stabilité à l’Assemblée, le chef du gouvernement s’est fait plus conciliant. Et il a surtout lâché du lest. « Pour la préparation de ce vote, qui est tout sauf indicatif, mais décisif, j’ai souhaité que le Parlement soit respecté, c’est-à-dire non seulement écouté mais entendu », a-t-il expliqué dans une lettre envoyée aux parlementaires de la majorité.

Comme le réclamaient les députés socialistes, l’exécutif a amendé plusieurs dispositions. Les retraités percevant moins de 1.200 euros de pensions ne seront pas concernés par le gel des pensions prévu. Le plan pauvreté, qui prévoit notamment une hausse du RSA, sera appliqué dès septembre et non plus renvoyé à l’automne 2015. Les fonctionnaires, eux, devront se contenter d’un « réexamen chaque année » du gel de leur point d’indice. Cela représente au total quelque 500 millions d’euros d’économies en moins pour l’Etat par rapport à ce qui était prévu. « C’était la marge nécessaire au dialogue. Et ça ne remet pas en cause ­l’équilibre global », plaide un membre du gouvernement.
« Vote de confirmation »

L’essentiel, pour l’exécutif, était de déminer le terrain avant le vote, cet après-midi sur les orientations économiques de la France. Pas question de laisser saper la « nouvelle étape » du ­quinquennat. Pas question, pour Manuel Valls, d’être affaibli par ses propres troupes. Pour le Premier ministre, le vote consultatif d’aujourd’hui a valeur de nouveau vote de ­confiance (lorsque 11 députés PS s’étaient abstenus). « C’est un vote de confirmation », a résumé le porte-parole du groupe socialiste, Thierry Mandon.
Le chef du gouvernement ne veut pas avoir besoin des voix de l’opposition. « C’est à la majorité de prendre ses responsabilités », a expliqué dimanche Manuel Valls. « C’est un moment important. Déterminant. […] C’est un rendez-vous majeur. Il nous oblige à nous dépasser. Avec courage », a-t-il martelé hier. « Nous avons vécu depuis des années au­dessus de nos moyens. [...] Le pays a besoin de se réformer, dans la justice, mais il a besoin de se réformer vite », a-t-il expliqué, ap­pelant les acteurs territoriaux de l’Etat à se mobiliser pour assurer la réussite du pacte de responsabilité. Et à s’assurer que les marges dégagées par les allégements de charges soient utilisées pour l’investis­sement et l’emploi, « pas pour les dividendes et les rémunérations des dirigeants ».

François Hollande est lui aussi monté au créneau pour défendre sa politique. En clôturant la même réunion sur l’emploi. « Le cap est clair : accélérer le rythme de la croissance par une réduction des coûts des entreprises, soutenir le pouvoir d’achat par une baisse des prélèvements obligatoires, réduire les déficits par des économies », a-t-il dit, faisant du pacte « la stratégie de la France jusqu’à la fin du quinquennat » et insistant sur la nécessité de « créer le déclic » au moment où « la reprise se dessine ». Ce coup d’accélérateur suffira-t-il ? « C’est un pari, a avoué le chef de l’Etat, mais le seul pari qu’il convient de ne pas faire, c’est de ne rien faire. Parce que là, on sait ce qui se produit… »
 
Notes

Marine Le Pen lance un appel solennel aux Français contre le Traité transatlantique.






Mes chers compatriotes,

Je vous lance un appel solennel car la vérité sur les dangers du Traité transatlantique en cours de négociation doit éclater.

Beaucoup d’entre vous l’ignorent, mais les Etats-Unis et l’Union européenne sont activement engagés depuis juillet dernier dans une négociation visant à créer un gigantesque bloc commercial transatlantique.

Ces négociations se font dans le plus grand silence, sans votre information ni votre consentement.

Ce processus a été cautionné par le gouvernement PS de François Hollande mais aussi par la soi-disant « opposition » UMP.

La classe UMPS a confié un mandat au nom de la France (c’est-à-dire en votre nom) aux bureaucrates de Bruxelles qui ont tout pouvoir pour faire aboutir ce projet.
Cette méthode silencieuse, furtive, sans consultation est la négation de la démocratie !
L’UMPS et ses satellites (Modem, UDI…) sont donc coupables d’un manquement grave à la démocratie puisqu’ils ont sciemment dissimulé l’existence de cette négociation.
Si cette négociation, menée en catimini, aboutit, ce serait une catastrophe pour notre économie, pour notre démocratie et la liberté de nous nourrir comme nous le souhaitons.
En effet, ce Traité, qualifié par les Américains de véritable « OTAN économique » mettrait en place une zone de libre-échange total entre les Etats-Unis et les 28 Etats de l’Union européenne avec des conséquences extrêmement graves :

-Toutes les normes environnementales, agricoles et alimentaires seraient modifiées au profit de grandes firmes multinationales. Cela signifie que demain, vous et vos familles pourriez manger du bœuf aux hormones, du poulet à la Javel, du porc à la ractopamine, les OGM fabriqués en masse aux Etats-Unis, etc.

Les légitimes protections face à ces produits pourraient disparaître, ce qui menace la santé des consommateurs mais aussi la viabilité de notre agriculture, déjà si affaiblie par l’ultra-libéralisme de Bruxelles. Cela pourrait signifier à terme la fin de notre tradition agricole, constitutive de notre identité nationale.

Même chose pour notre industrie qui serait en proie à une concurrence encore plus insoutenable, alors même que l’Union européenne et l’euro lui font déjà tant de mal.
-Plus généralement, l’objectif de ce Traité est d’harmoniser toutes les normes entre l’Union Européenne et les Etats-Unis : nos normes, nos règles sont l’expression de nos préférences collectives et ne sont pas négociables.

Quelle serait le sens de la démocratie si après l’adoption d’un tel Traité, nous ne pouvions plus voter des lois, des normes pour protéger les citoyens de ce pays, l’environnement, décider dans quel monde nous souhaitons vivre ?

-Ce Traité transatlantique prévoit aussi la dérégulation totale des investissements. Plus rien ne viendrait freiner la rapacité des spéculateurs et des banques alors que les peuples réclament massivement un contrôle de la finance ; ce sont les peuples, comme toujours, qui paieront les pots cassés.

-Ce projet ahurissant permettrait aux grandes firmes mondiales d’attaquer juridiquement toute collectivité ou tout Etat qui ne se soumettrait pas au libre-échange intégral voulu par ce Traité.

Ces procès se dérouleraient devant une justice privée (appelée par les spécialistes « tribunal d’arbitrage » : vous en avez déjà vu un à l’œuvre au moment du scandale Tapie-Crédit lyonnais…).

Cette possibilité d’un Etat attaqué par une firme étrangère devant une justice privée serait une victoire historique du monde de l’argent sur la démocratie et la liberté. Imagine-t-on demain Monsanto attaquer la France parce qu’elle refuserait sur son sol tel ou tel OGM ?…Je ne veux pas de ce cauchemar.

-Ce ne sont que quelques-uns des dangers immenses portés par ce Traité dont les négociations devraient être conclues en 2015 ou 2016.

Mais face à ce danger réel, il n’est pas trop tard pour réagir!

L’UMP et le PS espèrent ardemment que les Français ne s’intéresseront pas à ce traité parce qu’ils le soutiennent tous les deux, comme ils espèrent que vous vous abstiendrez aux élections européennes du 25 mai : ne leur faites pas ce cadeau!

Mobilisez-vous en masse, dès aujourd’hui pour diffuser cette vidéo ; mobilisez-vous le 25 mai pour faire obstacle à ce projet anti-démocratique, anti-économique et anti-social.

Un autre chemin est possible, c’est à vous de choisir !

Entretien avec Robert Steuckers - Syrie/Ukraine/OTAN : analyse géopolitique



Dans le cadre d’un sujet de mémoire d’une étudiante à Bruxelles, Robert Steuckers nous délivre une brillante analyse historique et géopolitique sur la Syrie et l’Ukraine.

Il est revenu sur les révolutions tunisienne et égyptienne ainsi que sur les tentatives de déstabilisation de ces pays. L’Algérie, dont le régime militaire socialiste tente de résister, est sans doute la prochaine tentative de déstabilisation en Afrique du Nord. La Syrie reste une particularité dans ce qu’on appelle le « printemps arabe » et Robert Steuckers expose le rôle de l’armée et du régime baassiste dans le fonctionnement du pays. Nous apprenons aussi que le cas de la Syrie et de la Crimée sont liés historiquement, ce depuis le XIXe siècle, l’enjeu principal étant le contrôle de la Méditerranée orientale.

L’instrumentalisation d’un islam « radical » par le courant wahhabite dans le Caucase est aussi traité dans cet entretien, mais aussi le rôle que devait jouer l’Union Européenne dans la conférence de Genève II, ainsi que les réformes qui s’imposent dans le cadre des nominations des membres permanents du Conseil de Sécurité de l’ONU.

Ce brillant exposé de Robert Steuckers nous permet de disséquer les enjeux qui se déroulent dans le bassin méditerranéen oriental et le Moyen-Orient.

Pour rappel, Robert Steuckers est une grande figure de ce qu’on appelle la « Nouvelle Droite », ancien membre du mouvement GRECE et fondateur du mouvement « Synergies européennes ».

A diffuser très largement.

E.I.Anass
 
 
 
 

Alain de Benoist : Europe-marché ou Europe-puissance



Alain de Benoist : Europe-marché ou Europe-puissance


 
Mesdames, Messieurs, chers Amis,
 
Il y a encore un quart de siècle, l’Europe apparaissait comme la solution à presque tous les problèmes. Aujourd’hui, elle est perçue comme un problème qui s’ajoute aux autres. Sous l’effet de la désillusion, les reproches pleuvent de partout. A la Commission européenne on reproche tout : de multiplier les contraintes, de se mêler de ce qui ne la regarde pas, de vouloir punir tout le monde, de paralyser nos institutions, d’être organisée de manière incompréhensible, d’être dépourvue de légitimité démocratique, d’anéantir la souveraineté des peuples et des nations, de n’être plus qu’une machine à ne pas gouverner. Dans la plupart des pays, les opinions positives sur l’Union européenne sont en chute libre depuis au moins dix ans. La proportion de ceux qui, en France, pensent que « l’appartenance à l’Union est une mauvaise chose » a même bondi de 25 % en 2004 à 41 % en 2013. Plus récemment encore, un sondage Ipsos révélait que 70 % des Français souhaitent « limiter les pouvoirs de l’Europe ».

C’est un fait que l’Union européenne traverse aujourd’hui une crise de légitimité sans précédent. C’est un fait aussi que le spectacle qu’elle offre n’a rien pour enthousiasmer. Mais comment en est-on arrivé là ?


La « déconstruction » de l’Europe a commencé au début des années 1990, avec les débats autour de la ratification du traité de Maastricht. C’est dès cette époque que l’avenir de l’Europe est apparu comme éminemment problématique et que nombre d’Européens ont commencé à déchanter. Au moment où la globalisation faisait naître des craintes supplémentaires, les gens ont bien vu que « l’Europe » ne garantissait pas un meilleur pouvoir d’achat, une meilleure régulation des échanges commerciaux dans le monde, une diminution des délocalisations, une régression de la criminalité, une stabilisation des marchés de l’emploi ou un contrôle plus efficace de l’immigration, bien au contraire. La construction européenne est apparue alors, non comme un remède à la globalisation, mais comme une étape de cette même globalisation.

Dès le départ, la construction de l’Europe s’est en fait déroulée en dépit du bon sens. Quatre erreurs essentielles ont été commises : 1) Etre partis de l’économie et du commerce au lieu de partir de la politique et de la culture en s’imaginant que, par un effet de cliquet, la citoyenneté économique déboucherait mécaniquement sur la citoyenneté politique. 2) Avoir voulu créer l’Europe à partir du haut, au lieu de partir du bas. 3) Avoir préféré un élargissement hâtif à des pays mal préparés pour entrer dans l’Europe à un approfondissement des structures politiques existantes. 4) N’avoir jamais voulu statuer clairement sur les frontières de l’Europe et sur les finalités de la construction européenne.

Obsédés par l’économie, les « pères fondateurs » des Communautés européennes ont volontairement laissé la culture de côté. Leur projet d’origine visait à fondre les nations dans des espaces d’action d’un genre nouveau dans une optique fonctionnaliste. Pour Jean Monnet et ses amis, il s’agissait de parvenir à une mutuelle intrication des économies nationales d’un niveau tel que l’union politique deviendrait nécessaire, car elle s’avèrerait moins coûteuse que la désunion. N’oublions pas d’ailleurs que le premier nom de « l’Europe » fut celui de « Marché commun ». Cet économisme initial a bien entendu favorisé la dérive libérale des institutions, ainsi que la lecture essentiellement économique des politiques publiques qui sera faite à Bruxelles. Loin de préparer l’avènement d’une Europe politique, l’hypertrophie de l’économie a rapidement entraîné la dépolitisation, la consécration du pouvoir des experts, ainsi que la mise en œuvre de stratégies technocratiques.

En 1992, avec le traité de Maastricht, on est passé de la Communauté européenne à l’Union européenne. Ce glissement sémantique est lui aussi révélateur, car ce qui unit est évidemment moins fort que ce qui est commun. L’Europe d’aujourd’hui, c’est donc d’abord l’Europe de l’économie et de la logique du marché, le point de vue des élites libérales étant qu’elle ne devrait être rien d’autre qu’un vaste supermarché obéissant exclusivement à la logique du capital.

La deuxième erreur, comme je l’ai dit, a consisté à vouloir créer l’Europe à partir du haut, c’est-à-dire à partie des institutions de Bruxelles. Comme le souhaitaient les tenants du « fédéralisme intégral », une saine logique aurait au contraire voulu qu’on parte du bas, du quartier et du voisinage vers la commune, de la commune ou de l’agglomération vers la région, de la région vers la nation, de la nation vers l’Europe. C’est ce qu’aurait permis notamment l’application rigoureuse du principe de subsidiarité. La subsidiarité exige que l’autorité supérieure intervienne dans les seuls cas où l’autorité inférieure est incapable de le faire (c’est le principe de compétence suffisante). Dans l’Europe de Bruxelles, où une bureaucratie centralisatrice tend à tout réglementer par le moyen de ses directives, l’autorité supérieure intervient chaque fois qu’elle s’estime capable de le faire, avec comme résultat que la Commission décide de tout parce qu’elle se juge omnicompétente.

La dénonciation rituelle par les souverainistes de l’Europe de Bruxelles comme une « Europe fédérale » ne doit donc pas faire illusion : par sa tendance à s’attribuer autoritairement toutes les compétences, elle se construit au contraire sur un modèle très largement jacobin. Loin d’être « fédérale », elle est même jacobine à l’extrême, puisqu’elle conjugue autoritarisme punitif, centralisme et opacité.

La troisième erreur a consisté à élargir inconsidérément l’Europe, alors qu’il aurait fallu en priorité approfondir les structures existantes, tout en menant un vaste débat politique dans l’ensemble de l’Europe pour tenter d’établir un consensus sur les finalités. On l’a vu tout particulièrement lors de l’élargissement aux pays d’Europe centrale et orientale. La plupart de ces pays n’ont en fait demandé à adhérer à l’Union européenne que pour bénéficier de la protection de l’OTAN. Ils parlaient d’Europe, mais ils ne rêvaient que de l’Amérique ! Il en est résulté une dilution et une perte d’efficacité qui ont rapidement convaincu tout le monde qu’une Europe à vingt-cinq ou à trente était tout simplement ingérable, opinion qui s’est encore renforcée des inquiétudes culturelles, religieuses et géopolitiques liées aux perspectives d’adhésion de la Turquie.

Compte tenu de la disparité des niveaux économiques, des conditions sociales et des systèmes fiscaux, l’élargissement hâtif de l’Union européenne a en outre déclenché un chantage aux délocalisations au détriment des travailleurs. Il a enfin été l’une des causes majeures de la crise de l’euro, ce qui explique que la mise en circulation d’une monnaie unique, loin de favoriser la convergence des économies nationales en Europe, l’a au contraire aggravée jusqu’à la rendre insupportable.

La souveraineté européenne est désormais introuvable, tandis que les souverainetés nationales ne sont plus que des souvenirs. En d’autres termes, on a déconstruit les nations sans construire l’Europe. Un paradoxe qui s’explique quand on a compris que l’Union européenne n’a pas seulement voulu substituer l’Europe aux nations, mais aussi remplacer la politique par l’économie, le gouvernement des hommes par l’administration des choses. L’Union européenne a fait sienne un libéralisme qui se fonde sur le primat de l’économie et la volonté d’abolir la politique en « dépolitisant » la gestion gouvernementale, c’est-à-dire en créant les conditions dans lesquelles tout recours à une décision proprement politique devient inopportun, sinon impossible.


A cette orientation libérale s’ajoute une crise morale. Obsédée par l’universalisme dont elle a si longtemps été le vecteur, l’Europe a intériorisé un sentiment de culpabilité et de négation de soi qui a fini par façonner sa vision du monde. Elle est ainsi devenu le seul continent qui se veut « ouvert à l’ouverture » sans considération de ce qu’elle peut elle-même apporter aux autres.

Il est de fait que l’Europe, depuis ses origines, s’est employée à conceptualiser l’universel, qu’elle s’est voulue pour le meilleur et pour le pire une « civilisation de l’universel ». Mais « civilisation de l’universel » et « civilisation universelle » ne sont pas synonymes. Selon un bel adage souvent cité, l’universel, dans le meilleur sens du terme, c’est « le local moins les murs ». Mais l’idéologie dominante ignore la différence entre « civilisation universelle » et « civilisation de l’universel ». Sur réquisition de ses représentants, l’Europe a été assignée à l’ignorance de soi – et à la « repentance » pour ce dont elle est encore autorisée à se souvenir –, tandis que la religion des droits de l’homme universalisait l’idée de Mêmeté. Un humanisme sans horizon s’est ainsi posé en juge de l’histoire, posant l’indistinction en idéal rédempteur, et faisant à tout moment le procès de l’appartenance qui singularise. Comme l’a dit Alain Finkielkraut, « cela signifiait que, pour ne plus exclure qui que ce soit, l’Europe devait se défaire d’elle-même, se “désoriginer”, ne garder de son héritage que l’universalité des droits de l’homme […] Nous ne sommes rien, c’est la condition préalable pour que nous ne soyons fermés à rien ni à personne »5. « Vacuité substantielle, tolérance radicale », a pu dire dans le même esprit le sociologue Ulrich Beck – alors que c’est au contraire le sentiment de vide qui rend allergique à tout.

Seuls dans le monde, les dirigeants européens refusent de se penser comme garants d’une histoire, d’une culture, d’un destin collectif. Sous leur influence, l’Europe n’en finit pas de répéter que son propre passé n’a rien à lui dire. Les billets d’euros le démontrent à la perfection : on n’y voit que des structures vides, des architectures abstraites, jamais un paysage, jamais un visage. L’Europe veut échapper à l’histoire en général, et à la sienne en particulier. Elle s’interdit d’affirmer ce qu’elle est, et ne veut même pas se poser la question de son identité par crainte de « discriminer » envers l’une ou l’autre de ses composantes. Lorsqu’elle proclame son attachement à des « valeurs », c’est pour souligner aussitôt que ces valeurs ne lui appartiennent pas en propre, tous les peuples étant censés avoir les mêmes. Cet accent mis sur les « valeurs » plutôt que sur les « intérêts », les objectifs ou la volonté de souveraineté politique est révélateur d’une impuissance collective. L’Europe ne sait absolument pas ce qu’elle veut faire. Elle ne se pose d’ailleurs même pas la question, car elle devrait alors reconnaître qu’elle ne veut rien. Et pourquoi ne veut-elle rien ? Parce qu’elle ne sait plus et ne veut plus savoir ce qu’elle est.

Les conséquences sont redoutables. Dans le domaine de l’immigration, l’Union européenne s’est dotée d’une politique d’harmonisation très généreuse pour les migrants qu’aucun Etat ne peut plus désormais modifier. Dans le domaine commercial et industriel, c’est le même refus de toute « sanctuarisation » qui a prévalu. La suppression de toute entrave au libre-échange s’est traduite par l’arrivée massive en Europe de biens et de services fabriqués à bas prix dans des pays émergents pratiquant le dumping sous toutes ses formes (social, fiscal, environnemental, etc.), tandis que le système productif européen se délocalisait de plus en plus vers des pays situés en dehors de l’Europe, aggravant ainsi la désindustrialisation, le chômage et les déficits commerciaux.

La politique étrangère est le revers de la souveraineté nationale. L’Union européenne ne constituant pas un corps politique, il ne peut évidemment pas y avoir de politique étrangère commune, mais tout au plus un agrégat conjoncturel de diplomaties nationales assorti d’une politique « extérieure » dérivée des compétences « communautaires ». Que ce soit à propos de l’intervention américaine en Irak, de la guerre en Libye, au Mali ou en Syrie, que ce soit à propos de la Russie ou du Proche-Orient, de la Palestine, du Kosovo ou plus récemment de la Crimée, les Européens ont toujours été incapables d’adopter une position commune, la majorité d’entre eux se contentant de s’aligner sur les positions américaines. Ne se percevant pas d’intérêts communs, ils ne sauraient avoir non plus de volonté commune ou de stratégie commune.

Pourtant, malgré les déceptions qu’a engendrées jusqu’ici la construction européenne, une Europe politiquement unie n’en reste pas moins plus nécessaire que jamais. Pourquoi ? D’abord pour permettre à des peuples européens trop longtemps déchirés par des guerres et des conflits ou rivalités de toutes sortes de reprendre conscience de leur commune appartenance à une même aire de culture et de civilisation et de s’assurer d’un destin commun sans plus jamais avoir à s’opposer entre eux. Mais aussi pour des raisons tenant au moment historique que nous vivons.

A l’époque du système de Yalta, lorsque le monde était dominé par le duopole américano-soviétique, l’émergence d’une tierce puissance européenne était déjà une nécessité. Cette nécessité est plus grande encore depuis l’effondrement du système soviétique : dans un monde désormais éclaté, seule une Europe unie peut permettre aux peuples qui la composent de jouer dans le monde un rôle à leur mesure. Pour en finir avec la domination de l’hyperpuissance américaine, il faut restituer au monde une dimension multipolaire. C’est une autre raison de faire l’Europe.

La globalisation, en même temps qu’elle engendre un monde sans extérieur, où l’espace et le temps sont virtuellement abolis, consacre l’impuissance grandissante des Etats-nations. A l’époque de la modernité tardive – ou de la postmodernité naissante –, l’Etat-nation, entré en crise dès les années 1930, devient chaque jour plus obsolète, tandis que les phénomènes transnationaux ne cessent de s’accroître. Ce n’est pas que l’Etat ait perdu tous ses pouvoirs, mais il ne peut plus faire face à des emprises qui se déploient aujourd’hui à l’échelle planétaire, à commencer par celle du système financier. Dans un univers dominé par l’incertitude et les risques globaux, aucun pays ne peut espérer venir seul à bout des problèmes qui le concernent. Pour le dire autrement, les Etats nationaux ne sont plus les entités primaires qui permettent de résoudre les problèmes nationaux. Trop grands pour répondre à l’attente quotidienne des citoyens, ils sont en même temps trop petits pour faire face aux défis et aux contraintes planétaires. Le moment historique que nous vivons est celui de l’action locale et des blocs continentaux.

Dans pareil contexte, les « souverainistes » apparaissent comme des hommes qui développent souvent de bonnes critiques, mais n’apportent pas de bonnes solutions. Lorsqu’ils dénoncent (non sans raison) le caractère bureaucratique et technocratique des décisions prises à Bruxelles, il est facile par exemple de leur répondre que les bureaucraties et les technocraties des actuels Etats-nations ne valent pas mieux. Lorsqu’ils critiquent l’atlantisme de l’Union européenne, il est tout aussi facile de leur faire observer que les gouvernements nationaux s’orientent exactement dans la même direction. Nous assistons aujourd’hui à un vaste mouvement d’homogénéisation planétaire, qui touche aussi bien la culture que l’économie et la vie sociale. L’existence des Etats-nations ne l’entrave en aucune façon. Les vecteurs de cette homogénéisation nationale se jouent des frontières, et ce serait une grave erreur de croire que l’on pourra y faire face en s’arc-boutant sur elles. La plupart des reproches que l’on adresse à l’Europe seraient donc tout aussi justifiés à l’échelle nationale.

D’autres critiques sont contradictoires. Ainsi, ce sont souvent les mêmes qui déplorent l’impuissance politique de l’Europe (sur des sujets tels que la guerre du Golfe, le conflit dans l’ex-Yougoslavie, etc.) et qui se refusent absolument aux délégations de pouvoir nécessaires à l’instauration d’un véritable gouvernement politique européen, seul capable de prendre en matière de politique étrangère les décisions qui s’imposent.

L’argument de la « souveraineté » des nations ne vaut pas mieux. Quand on dit que l’Union européenne implique des abandons de souveraineté nationale, on oublie qu’il y a déjà longtemps que les Etats-nations ont perdu leur capacité de décision politique dans tous les domaines qui comptent le plus. A l’heure de la globalisation, ils ne sont plus détenteurs que d’une souveraineté nominale. L’impuissance des gouvernements nationaux face aux mouvements des capitaux, au pouvoir des marchés financiers, à la mobilité sans précédent du capital, est aujourd’hui évidente. Il faut en prendre acte pour rechercher les moyens d’instaurer une nouvelle souveraineté au niveau où elle peut concrètement s’exercer, c’est-à-dire précisément au niveau européen. C’est encore un motif supplémentaire de faire l’Europe.

L’une des raisons profondes de la crise de la construction européenne est que personne n’est apparemment capable de répondre à la question : qu’est-ce que l’Europe ? Les réponses ne manquent pourtant pas, mais la plupart sont convenues et aucune ne fait l’unanimité. Or, la réponse à la question : qu’est-ce que l’Europe ? conditionne la réponse à cette autre question : que doit-elle être ?

Chacun sait bien en fait qu’il n’y a aucune commune mesure entre une Europe cherchant à s’instituer en puissance politique autonome et souveraine, avec des frontières clairement définies et des institutions politiques communes, et une Europe qui ne serait qu’un vaste marché, un espace de libre-échange ouvert sur le « grand large », destiné à se diluer dans un espace sans limites, largement dépolitisé ou neutralisé et ne fonctionnant qu’avec des mécanismes de décision technocratiques et intergouvernementaux. L’élargissement hâtif de l’Europe et l’incertitude existentielle qui pèse aujourd’hui sur la construction européenne ont jusqu’ici favorisé le second modèle, d’inspiration « anglo-saxonne » ou « atlantique ». Or, choisir entre ces deux modèles, c’est aussi choisir entre la politique et l’économie, la puissance de la Terre et la puissance de la Mer. Malheureusement, ceux qui s’occupent de la construction européenne n’ont en général pas la moindre idée en matière de géopolitique. L’antagonisme des logiques terrestre et maritime leur échappe complètement.

Le général de Gaulle avait en 1964 parfaitement défini le problème lorsqu’il avait déclaré : « Pour nous, Français, il s’agit que l’Europe se fasse pour être européenne. Une Europe européenne signifie qu’elle existe par elle-même et pour elle-même, autrement dit qu’au milieu du monde elle ait sa propre politique. Or, justement, c’est cela que rejettent, consciemment ou inconsciemment, certains qui prétendent cependant vouloir qu’elle se réalise. Au fond, le fait que l’Europe, n’ayant pas de politique, resterait soumise à celle qui lui viendrait de l’autre bord de l’Atlantique leur paraît, aujourd’hui encore, normal et satisfaisant ».

L'Europe est un projet de civilisation ou elle n’est rien. A ce titre, elle implique une certaine idée de l'homme. Cette idée est à mes yeux celle d'une personne autonome et enracinée, rejetant d'un même mouvement l'individualisme et le collectivisme, l'ethnocentrisme et le libéralisme. L’Europe que j’appelle de mes vœux est donc celle du fédéralisme intégral, seul à même de réaliser de manière dialectique le nécessaire équilibre entre l’autonomie et l’union, l’unité et la diversité. C’est sur de telles bases que l’Europe devrait avoir pour ambition d’être à la fois une puissance souveraine capable de défendre ses intérêts spécifiques, un pôle de régulation de la globalisation dans un monde multipolaire, et un projet original de culture et de civilisation.

Pour l’heure, nous le voyons bien, la situation est bloquée. Nous voulions l’Europe de la culture, nous avons eu celle des technocrates. Nous subissons les inconvénients de la mise en œuvre d’une monnaie unique sans en recueillir les avantages. Nous voyons les souverainetés nationales disparaître sans que s’affirme la souveraineté européenne dont nous avons besoin. Nous voyons l’Europe se poser en auxiliaire, et non pas en adversaire de la mondialisation. Nous la voyons légitimer les politiques d’austérité, la politique de la dette et la dépendance vis-à-vis des marchés financiers. Nous la voyons s’affirmer solidaire de l’Amérique dans sa nouvelle guerre froide avec la Russie, et prête à signer avec les Américains un accord commercial transatlantique qui nous réduirait à merci. Nous la voyons devenir amnésique, oublieuse d’elle-même, et donc incapable de tirer de son passé des raisons de se projeter vers l’avenir. Nous la voyons se refuser à transmettre ce dont elle a hérité, nous la voyons incapable de formuler un grand projet collectif. Nous la voyons sortir de l’histoire, au risque de devenir l’objet de l’histoire des autres.

Comment sortir de ce blocage ? C’est le secret de l’avenir. On voit bien, ici et là, s’esquisser des alternatives. Elles méritent toutes d’être étudiées, en sachant toutefois que le temps nous est compté. J’ai souvent cité ce mot de Nietzsche, qui disait : « L’Europe ne se fera qu’au bord du tombeau ». Nietzsche, on le sait, en appelait aussi aux « bons Européens ». Eh bien, soyons de « bons Européens » : lançons à notre tour un appel afin qu’apparaisse enfin l’Etat européen, l’impérium européen, l’Europe autonome et souveraine que nous voulons forger et qui nous évitera le tombeau.


Vive l’Europe, mes amis ! Je vous remercie.
Alain de Benoist

Colloque Europe-marché ou Europe-Puissance 26 avril 2014
 
Notes

Front national : vers les grandes turbulences ?



Front national : vers les grandes turbulences ?

 François Chardon
 
UMP et PS sont les faces d’une même médaille : démonétisée.

♦ Electoralement le Front national apparaît dès lors comme la seule alternative réelle au Système. Va-t-il et peut-il se normaliser ? En se ralliant à l’Union européenne, l’OTAN, le libre-échange mondial, la poursuite de l’immigration et des réformes sociétales ? Un prix à payer exorbitant pour tenter de se faire accepter par le Système oligarchique dominant. Et sinon comment et à quelles conditions peut-il gagner en 2017 ou avant ? Et les forces dominantes, intérieures et étrangères, respecteront-elles le processus démocratique ? L’auteur de cet article, long et important, discutable évidemment, ne le croit pas. Il évoque les scénarios possibles d’une perturbation du processus démocratique par les structures de l’Etat profond ou des services étrangers. Il ouvre aussi des voies pour préparer la riposte populaire et la mobilisation du pays réel. Resté près de vingt ans au service de l’Etat, cet auteur a rejoint le secteur privé et il est maintenant consultant dans le domaine de la sécurité et de l’intelligence économique.
Polémia.

L’année 2014, tous les observateurs politiques l’ont compris, s’annonce cruciale pour Marine Le Pen. Trois ans après son arrivée à la présidence du FN, deux ans après ses résultats prometteurs lors de l’élection présidentielle, elle va, à l’occasion des deux premiers rendez-vous électoraux du quinquennat, mettre à l’épreuve la nouvelle ligne politique, à la fois sociale, populaire et souverainiste, qu’elle a fait adopter au parti, en bousculant l’appareil hérité du long règne de son père.

D’évidence, les résultats aux élections municipales montrent que le parti de Marine Le Pen a réussi à restaurer son implantation locale. Cependant, même si le Front a obtenu la victoire dans douze communes, ce scrutin, dont les enjeux restent essentiellement locaux, n’apportera rien de décisif. Il confirme simplement, comme l’indiquent régulièrement les sondages, que les Français sont désormais moins sensibles à l’entreprise de diabolisation de ce parti.

L’épreuve du feu, ce sera donc l’élection des députés au Parlement européen. C’est le premier scrutin qui va permettre aux Français de sanctionner la politique désastreuse du gouvernement, mais également celle de l’eurocratie bruxelloise (1), dont le rôle néfaste paraît maintenant bien compris. C’est donc une élection stratégique pour la formation politique qui se présente comme le seul véritable adversaire du pouvoir actuel et comme l’opposant le plus résolu à la commission de Bruxelles et à son président, José Manuel Barroso.

Les objectifs affichés par Marine Le Pen et par le vice-président du parti Florian Philippot sont légitimement ambitieux : devenir le premier parti de France, devant l’UMP et le PS, et dépasser la barre des 30 %.

Ces objectifs, s’ils étaient atteints, provoqueraient sans doute le choc politique le plus violent de ces 40 dernières années.


Depuis le début des années 1980, le FN a été, de facto, un instrument politique de régulation du système que la gauche a su utiliser avec brio pour empêcher la droite de revenir au pouvoir ou pour peser sur ses choix politiques en lui interdisant d’aborder certains sujets sensibles comme l’immigration.

En brisant la progression de son parti en 1988 avec un jeu de mot stupide, qui valut à celui-ci d’être la cible d’une campagne de diabolisation d’une violence et d’une intensité rares, Jean-Marie Le Pen perdait toute possibilité de sortir du rôle d’épouvantail que lui avait assigné la gauche et s’interdisait ainsi de peser positivement sur la situation politique.

Parti repoussoir et réceptacle d’un vote protestataire par nature volatil, oscillant entre 10 et 20 % de l’électorat, le Front se montrait incapable de devenir le parti fédérateur des déçus de la « mondialisation heureuse » et de la « France Black Blanc Beur ». L’arrivée de Jean-Marie Le Pen au second tour de l’élection présidentielle de 2002 permit simplement d’élire pour la deuxième fois président de la République un Jacques Chirac « fatigué, vieilli, usé », sans programme et prêt à tous les compromis…


L’arrivée, en 2011, de Marine Le Pen à la tête du parti, après une campagne « à la régulière » contre Bruno Gollnisch, change évidemment radicalement la donne. Marine Le Pen n’est pas que la « fille de »… C’est une femme politique charismatique et percutante dans les médias, à laquelle la campagne présidentielle de 2012 a donné une stature et une légitimité. Son choix de nettoyer le parti de ses éléments figés dans un extrémisme nostalgique et caricatural et de lui donner une ligne politique claire, anti-système et qui vient bousculer le pseudo-clivage droite/gauche, lui offre la possibilité de venir occuper l’espace du gaullo-bonapartisme abandonné depuis longtemps par les formations politiques. La seule faiblesse du dispositif reste pour l’heure le manque de cadres en mesure d’accompagner et de soutenir leur présidente dans sa marche vers le pouvoir et, en cas de succès, de prendre en main les organes politiques de décision.


C’est donc bien là qu’apparaît le caractère crucial des prochaines élections européennes. Si elle atteint les objectifs qu’elle s’est fixés, Marine Le Pen fait exploser le fameux « plafond de verre » et prouve qu’elle est en mesure, le moment venu, de sortir en tête du premier tour de l’élection présidentielle, et également de disposer d’une formation capable de former le noyau d’un rassemblement majoritaire à l’Assemblée nationale. L’accession au pouvoir n’est plus alors un rêve chimérique mais devient une possibilité crédible.

Un tel succès changerait évidemment le statut du Front national. De parti protestataire, voué à l’opposition et à la déploration, il deviendrait un parti d’action et de projet, un parti qui réussit et suscite le dévouement, qui mobilise les talents et aiguise les ambitions. Il deviendrait un parti séduisant, offrant des perspectives de pouvoir et d’influence – bref, un parti susceptible d’attirer des décideurs et des cadres potentiels (2).

Ce sont donc bien ces élections européennes qui sont à même d’inscrire le Front et Marine Le Pen dans une dynamique victorieuse et d’être à l’origine de la lame de fond qui peut porter cette dernière au second tour de l’élection présidentielle de 2017.


Cette analyse, Marine Le Pen et les responsables du Front ne sont, bien entendu, pas les seuls à l’avoir menée. Dans certains cercles de l’oligarchie, l’inquiétude sourd déjà. L’incurie de la faction Hollande et la naïveté avec laquelle elle croit pouvoir utiliser le FN à son profit pour reproduire contre la faction Sarkozy les manœuvres des années 1980-1990 laissent perplexe. Les cercles les mieux informés, ceux qui ne s’auto-intoxiquent pas avec les médias du système, qu’ils contrôlent, savent que la situation a changé et que le FN représente maintenant une menace et que cette menace deviendra un danger s’il triomphe au soir du 25 mai : un danger, car la seule formation à vouloir remettre en cause radicalement le système sur le plan économique (remise en cause de la libre circulation des personnes et des biens, protectionnisme, relocalisation de l’industrie), politique (dénonciation des Traités de Maastricht et de Lisbonne, utilisation du référendum), sociétal (promotion de l’identité française, lutte contre les extrémismes communautaristes) et diplomatico-stratégique (souverainisme, choix de l’Europe des nations, rapprochement avec la Russie), se verrait promue comme alternative principale au système. Or, pour les oligarques, il n’y a pas et il ne doit pas y avoir d’alternative.


Face à ce danger, quelle pourrait être la réponse de l’oligarchie ? Certains groupes privilégieront probablement la méthode habituelle : le lapin blanc sorti du chapeau pour sauver le système et mis en scène par une intense propagande médiatique. En 2012, ce devait être Strauss-Kahn, mais, du fait du priapisme de l’intéressé et de ses aventures ancillaires dans une suite d’hôtel new-yorkaise, ce fut finalement « Pépère », que les communicants eurent bien du mal à transformer en sauveur suprême. En 2017, qui aura-t-on ? Sarkozy, le retour de l’homme mûri par la défaite et la traversée du désert (la blague !…) ? Valls, le nouveau Clemenceau, le réformateur, le Blair français ? Fillon, le charme discret de la bourgeoisie ? Borloo, l’homme du juste milieu, dont on ne sait s’il voit sa bouteille à moitié vide ou à moitié pleine, mais qui la termine… ? Un autre ectoplasme, encore ?

Mais certains cercles de l’oligarchie devinent déjà que, cette fois-ci, un joueur de pipeau, même vêtu de lin blanc, même talentueux, même accompagné par les grandes orgues médiatiques, ne suffira pas face à l’exaspération du pays réel, et que des méthodes radicales s’imposeront.



On peut aisément imaginer trois méthodes, qui ne sont pas nécessairement exclusives l’une de l’autre :

⁃ la déstabilisation du Front national ;
⁃ l’élimination de Marine Le Pen ;
⁃ l’interruption ou la remise en cause du processus démocratique.

La déstabilisation du Front, qui est la méthode la moins sale, ne paraît pas offrir beaucoup d’espoir de réussite. La majeure partie de ceux qui s’opposaient à Marine Le Pen ont quitté le parti et on n’imagine pas Bruno Gollnisch entamer demain une entreprise de scission. Assez jeunes, les principaux cadres du parti n’ont jamais eu de responsabilités dans des exécutifs locaux et n’ont jamais été confrontés aux tentations du pouvoir. Enfin, s’agissant de leur comportement personnel, les révélations faites sur l’homosexualité supposée d’un certain nombre de dirigeants du parti n’ont pas passionné les foules. Reste la déstabilisation par la base, avec, par exemple, des violences racistes, commises par ou à l’instigation d’éléments manipulés, infiltrés au sein du parti, et propres à jeter l’opprobre sur celui-ci. Bref, une manipulation du type Carpentras… Mais, là encore, la ligne définie et appliquée vis-à-vis des nostalgiques et autres éléments provocateurs ne pourrait pas laisser penser un instant que le parti cautionne des comportements de ce genre.

Alors, la solution radicale et définitive d’une élimination physique de Marine Le Pen ne doit pas être exclue. L’assassinat politique a été pratiqué régulièrement en France jusque dans les années 1990 et les morts suspectes sous la Ve République sont nombreuses. On n’a pas oublié l’assassinat du prince de Broglie (1976), ni celle de Joseph Fontanet (1980), sans parler de l’étrange mort de Robert Boulin (1979). On rappellera aussi l’assassinat opportun de René Bousquet (3) par un exalté (1993) et l’étrange « suicide » de François de Grossouvre (4) à l’Elysée (1994), alors que les révélations de ces personnages étaient en mesure de déstabiliser François Mitterrand. L’assassinat d’un dirigeant politique ne ressortit donc pas au fantasme mais est bien un moyen que le système ne s’est jamais interdit d’utiliser en cas de besoin. L’efficacité du procédé serait évidente. Le parti serait décapité et incapable, à court terme, de trouver un chef aussi charismatique et apprécié, et, passée la période de deuil et d’unité, la guerre de succession amènerait probablement le parti au bord de l’explosion. Bien entendu, il faut faire confiance aux partisans de ce type de solutions radicales pour développer un scénario complet. Plaçons-nous, par exemple, en avril 2016, à deux mois de la Coupe d’Europe de football, qui doit se jouer en France. L’élection présidentielle est dans un an et les candidats putatifs s’échauffent…


Imaginons alors le déroulé de l’opération :

1/ Assassinat de Marine Le Pen et revendication par un groupe antifa ou anarcho-autonome ;
2/ Riposte sur une personnalité de gauche (politique ou médiatique) par un groupe télécommandé d’ultra-droite ;
3/ Assassinats de militants de base du Front et de militants d’extrême gauche ; attentat sanglant contre une mosquée ;
4/ Localisation et élimination sanglante des deux groupes par les unités antiterroristes ;
5/ Appel à la concorde civile et au rejet des extrémismes par l’ « homme fort » du moment (ministre de l’Intérieur ou premier ministre) ;
6/ Menaces d’annulation de la Coupe d’Europe par les autorités du football ; l’homme fort s’engage pour la France et garantit la sécurité de la manifestation ;
7/ Un dispositif policier et militaire de grande ampleur est déployé ; les arrestations dans les milieux extrémistes de droite et de gauche se multiplient ;
8/ La France… gagne la Coupe d’Europe ; liesse de la population et lyrisme des médias sur la France unie, au-delà des haines et des extrémismes, autour de son équipe ; l’homme fort est loué pour son action déterminée et résolue contre la violence politique ;
9/ Après une période estivale apaisée, François Hollande annonce qu’il ne se représentera pas ; l’homme fort est placé sur orbite présidentielle, alors que le candidat péniblement désigné par le Front stagne à 15 % dans les sondages. Un nouveau lapin blanc est sorti du chapeau…

La mise en œuvre d’un scénario de ce type nécessite l’engagement de moyens importants, l’appui de structures sécuritaires de l’ « Etat profond », voire l’appui de services étrangers (5). C’est donc une solution qui comporte une part de risque non négligeable.


Les cercles de l’oligarchie opteront donc peut-être plus facilement pour un attentisme actif et pour une entrée en action au soir du premier tour de la présidentielle en cas de qualification de Marine Le Pen. La quinzaine de la haine qui a suivi la qualification de Jean-Marie Le Pen pour le second tour de l’élection présidentielle, le 21 avril 2002, donne une bien faible idée de la riposte que serait en mesure de déclencher le système s’il était réellement en danger.

On aurait évidemment droit à la mobilisation de l’ensemble de la classe politique (« Union nationale contre l’extrémisme »), mais également à celle des milieux économiques (« La victoire de Marine Le Pen, c’est la syncope économique garantie »), des syndicats (« Menaces de régression sociale ») et de l’Education nationale (professeurs et lycéens enrégimentés). L’eurocratie ne manquerait pas de faire part de sa grande préoccupation et la finance internationale orchestrerait une baisse progressive et spectaculaire de la Bourse de Paris. Les bandes ethniques des banlieues des principales métropoles françaises entreraient probablement dans la danse pour faire monter la pression, tout comme les milices antifas se chargeraient d’empêcher, dans les grandes villes, la campagne de se dérouler normalement (harcèlement des meetings du FN, attaque des militants, etc.). Quant aux médias, ils seraient chargés de donner aux événements leur intensité dramatique et de présenter la France comme un pays au bord du gouffre : l’Allemagne à la veille du 30 janvier 1933, en quelque sorte.

Tout serait fait pour empêcher le processus démocratique de se dérouler normalement, pour faire peur à la population et lui faire prendre conscience des conséquences apocalyptiques d’un mauvais vote. Si, malgré quinze jours de tir de barrage ininterrompu, il se trouvait encore une majorité d’électeurs pour donner la victoire à Marine Le Pen, la contre-attaque de l’oligarchie serait immédiate et violente car, comme l’a dit Malekh Boutih, député PS : « Même si vous gagnez, vous aurez un problème de légitimité à notre égard, on ne se laissera pas faire » (6). La présidente du FN, élue par les Français, n’aurait pas le temps de savourer sa victoire. La dizaine de jours séparant l’élection de la prise de fonctions se déroulerait dans une ambiance quasi insurrectionnelle : effondrement de la Bourse, menaces de l’eurocratie, blocage de l’appareil d’Etat, émeutes dans les banlieues, grèves de la SNCF et du métro, constitution des exécutifs régionaux en contre-pouvoir avec la complicité des préfets, etc.

Dans de telles conditions, si Marine Le Pen parvenait à entrer en fonction, serait-elle en mesure d’obtenir une majorité aux élections législatives lui permettant d’appliquer son programme ? On peut légitimement en douter.


Faut-il, pour autant, en conclure que l’oligarchie est définitivement toute-puissante et que rien n’est possible ? Non, car, tout d’abord, comme n’a cessé de le rappeler Dominique Venner, l’histoire est ouverte et pleine d’imprévus (7). Et il n’est pas possible d’exclure dans les prochains mois une aggravation brutale de la crise qui fasse basculer la majorité de la population dans la révolte contre le système. Ensuite, parce que le but de cet article est de se livrer à un salutaire exercice d’anticipation (8) : oui, en cas de victoire au soir du 25 mai 2014, Marine Le Pen et le Front national entreront dans une zone de mort ; mais, oui, également, ils peuvent en sortir victorieux, et avec eux le peuple français. Il faut anticiper le pire (9) pour pouvoir se préparer et être en mesure de riposter.


Les événements de ces derniers mois ont offert quelques exemples intéressants à analyser et qui peuvent servir de sources d’inspiration. Ainsi, avec La Manif pour tous et Le Printemps français, le système a vu se dresser contre lui des réseaux (principalement associatifs et catholiques), extérieurs aux partis politiques, qui, au fil des mois et grâce, à la fois, à un travail de proximité et à une utilisation intensive d’Internet et de ses outils (sites de réinformation, blogs, Twitter, Facebook, …), ont réussi à mobiliser dans la rue des centaines de milliers de personnes et à mettre en œuvre des modes d’intervention originaux (Veilleurs, Homen, Veilleurs debout, …). Le plus efficace a probablement été celui du harcèlement démocratique, qui a consisté à perturber les déplacements des ministres et du président de la République, notamment par des actions coups de poing dans les gares, mais également à procéder à des réveils matinaux d’élus à leurs domiciles ou encore à se signaler symboliquement devant leurs résidences secondaires. Bref, ce harcèlement consistait à aller chercher les responsables ailleurs que là où ils se sentent protégés (ministères, Assemblée nationale ou Sénat, mairies, etc.) et à faire la publicité de ces actions par l’intermédiaire des différents réseaux sociaux.

La mobilisation autour des commerçants, qui face à des agressions ont réagi en se défendant les armes à la main, est également intéressante à constater. Parfaitement virtuelle, contestée par certains commentateurs, elle n’a pourtant pas pu être tue et a amené certains politiques à réagir et à afficher des positions fermes sur la question de l’autodéfense.

Enfin, le succès de la manifestation « Jour de colère » a prouvé qu’une agitation virtuelle par le biais d’Internet et des réseaux sociaux pouvait déboucher sur une mobilisation réelle et significative, sans l’appui d’aucun parti politique ou d’aucune association fortement structurée sur le plan national.


Ainsi, il apparaît que le pays réel, qu’on pouvait croire anesthésié, dispose encore d’une forte capacité de mobilisation, et qu’un véritable réseau d’alerte et de vigilance s’est mis en place de façon souple et informelle.

Alors, sur cette base, comment dissuader l’oligarchie d’entamer une épreuve de force pour empêcher le déroulement normal du processus démocratique ?

Pour dissuader un adversaire, il faut, à la fois, lui faire comprendre que ses projets sont connus et lui prouver que l’on a les moyens de toucher ses points faibles.

Face au système, il faut donc réinformer, notamment en divulguant et en dénonçant ses méthodes et ses objectifs. C’est ainsi que, grâce à la réactivité du réseau de réinformation, la tentative d’orchestration de la mort dans une bagarre du jeune Méric, militant d’extrême gauche, a été un échec retentissant.


L’oligarchie a mis en place un système de pouvoir qui ne dispose pas d’organes apparents mais qui contrôle, par l’intermédiaire de réseaux, des structures existantes, qu’elles soient étatiques, économiques ou associatives.


En s’appuyant sur une parabole musicale, on peut définir trois niveaux dans ces réseaux :

⁃ celui des compositeurs : ceux qui écrivent la musique ou participent à son écriture et qui évoluent au sein des réseaux les plus fermés, au niveau international (commission Trilatérale, Bilderberg, Forum de Davos, etc.) ou national (club du Siècle, etc.) ;
⁃ celui des chefs d’orchestre : ceux qui font en sorte que la musique écrite par les compositeurs soit jouée partout et qui appartiennent donc à la caste politico-médiatique ou au milieu économico-financier ;
⁃ celui des instrumentistes (réseaux maçonniques, politiques, associatifs, etc.) : ceux qui, avec leur instrument, dans leur secteur d’activité, jouent la partition qu’on attend d’eux (journalistes, magistrats, hauts fonctionnaires, responsables syndicaux, chefs d’entreprise, élus, etc.).

Dans un tel système, il est illusoire de vouloir influencer les « compositeurs ». Ils appartiennent à ce que Jean-Pierre Chevènement nomme les « élites mondialisées » et que Jacques Attali appelle avec gourmandise les « hypernomades » (10), et n’ont plus véritablement d’attaches nationales. Par ailleurs, il est vide de sens de vouloir agir sur les « instrumentistes », qui sont à la fois trop nombreux, trop anonymes et aisément remplaçables en cas de défaillance. Ce sont donc bien les « chefs d’orchestre » qu’il convient de cibler et de dissuader.



Ces quelques centaines d’individus sont identifiés et localisés, et il est possible, sans difficulté majeure, de connaître et de faire connaître leurs activités et les lieux qu’ils fréquentent. A ces zélés représentants de l’empire du Bien, qui adorent dresser des listes de proscription, des listes de « méchants », de « réacs » ou de « fachos », il convient de faire savoir qu’ils peuvent être amenés à croiser des citoyens qui leur exprimeront courtoisement mais fermement leur mécontentement vis-à-vis de leurs agissements de serviteurs du système.

Ainsi, si l’oligarchie prenait la décision de fausser le jeu normal de la démocratie, ces rouages du système seraient avertis qu’ils deviendraient, de fait, les premières cibles de la riposte populaire.

Des individus qui savent qu’ils ne peuvent plus agir en toute impunité, à l’abri de leur statut, peuvent ainsi être amenés à réfléchir avant de s’engager en faveur de stratégies risquées. Risquer de croiser des quidams mécontents est une chose, mais recevoir la visite de citoyens rendus nerveux par le terrorisme de l’oligarchie en est une autre. Qui sème le vent…



Les élections européennes : Une élection, cette fois, cruciale


L’espace du gaullo-bonapartisme


Faire exploser le fameux « plafond de verre »


Une remise en cause radicale du système


Fin de partie pour les joueurs de pipeau ?


Entrée dans la zone de mort ou de très grand danger ?


Les structures sécuritaires de l’Etat profond ou l’appui d’Etats étrangers ?


La quinzaine de la haine


L’histoire est ouverte et pleine d’imprévus


Préparer la riposte populaire


Ne pas sous-estimer la capacité de mobilisation du pays réel


Mais il faut également analyser ses points faibles.


Compositeurs, chefs d’orchestre et instrumentistes du grand opéra politiquement correct


Cibler et dissuader les chefs d’orchestre de « l’empire du Bien »

notes :

Source : http://www.polemia.com/front-national-vers-les-grandes-turbulences/


1) Sur l’eurocratie, cette citation éclairante de l’essayiste Pierre-André Taguieff
:« L’Europe est un empire gouverné par des super-oligarques, caste d’imposteurs suprêmes célébrant le culte de la démocratie après en avoir confisqué le nom et interdit la pratique » (« Les ravages de la mondialisation heureuse », in Peut-on encore débattre en France ? Plon – Le Figaro, 2001).

2) Au nombre desquels, bien sûr, des arrivistes, des carriéristes, des cyniques… C’est le lot de toute organisation qui connaît un développement rapide.

3) Secrétaire général à la police du régime de Vichy du 18 avril 1942 au 31 décembre 1943 ; impliqué, à ce titre, dans l’organisation de la rafle du Vél’ d’Hiv’. Condamné à la Libération à 5 ans de dégradation nationale, il poursuit une belle carrière dans la banque. Dans les années 1960, il devient un des soutiens financiers de François Mitterrand et reste un de ses proches jusqu’au milieu des années 1980.

4) Industriel et ami politique de François Mitterrand, il joue un rôle clef dans le financement de ses campagnes présidentielles de 1974 et 1981. Il occupe, à partir de l’élection de celui-ci, un poste de conseiller à l’Elysée, en charge des affaires sensibles.

5) L’infiltration, probablement au profit de la DCRI, du Groupe de Tarnac par un policier anglais de la National Public Order Intelligence Unit (NPIO), est désormais de notoriété publique (cf. l’article de Laurent Borredon dans le Monde du 12 mars 2014). On notera que les agents du NPIO, infiltrés sous couverture, sont autorisés à commettre des délits et à pratiquer la provocation.

6) Emission Mots croisés du 7 octobre 2013, sur France 2, présentée par Yves Calvi.

7) « Dans l’interprétation conventionnelle de l’Histoire, on décrit la succession des événements comme nécessaire ou évidente. Mais c’est faux. Il n’y a jamais rien de nécessaire ni d’évident. Tout est toujours suspendu à l’imprévu », Dominique Venner, entretien avec Louis Montarnal publié dans L’Action française 2000, n° 2827, du 3 au 16 novembre 2011.

8) Scénarios paranoïaques ? Ceux qui le pensent sont invités à s’intéresser à la période des « années de plomb » chez notre voisin italien, et à découvrir les méandres de l’affaire de l’assassinat d’Aldo Moro, et le rôle du réseau Gladio ou de la loge P2… Cf. Philippe Foro, Une longue saison de douleur et de mort / L’affaire Aldo Moro (Vendémiaire, 2011) ; Gabriele Adinolfi, Nos belles années de plomb (L’Æncre, 2008).

9) « La prophétie de malheur est faite pour éviter qu’elle ne se réalise », Hans Jonas (Le Principe de responsabilité, 1979). Sur ce sujet, cf. Jean-Pierre Dupuy, Pour un catastrophisme éclairé (Seuil, 2002).