Pierre Le Vigan
La richesse a sa logique. C’est la logique
de l’accumulation, et c’est donc la logique de la marchandisation et de
la monétarisation de tout.
Nous sommes un peu plus de 7 milliards d’humains sur cette terre. La moitié de ces 7 milliards, soit 3,5 milliards d’individus, possèdent seulement autant que les 67 personnes les plus fortunées de la planète. C’est l’ONG Oxfam qui le dit.
Il y a cependant d’autres chiffres qui indiquent que 1 % de la population mondiale, soit 70 millions de personnes, détiendrait près de la moitié de la richesse mondiale (Les Échos, 20/1/2014). Qu’importe : les écarts de richesse restent énormes. Et c’est la tendance qui est importante.
Ces 1 % détenant la moitié de la richesse du monde étaient 2 % avant la crise. À tel point que le FMI insiste lui-même, du point de vue de la santé de l’économie, sur le danger de ces inégalités extrêmes, tandis que la Banque mondiale demande une politique d’efforts sur les revenus des 40 % les plus pauvres (quelque 3 milliards d’habitants). Ces inégalités hors de toute mesure posent un problème de justice, mais aussi d’écologie de la planète.
Mme Lagarde et M. Jim Yong Kim, respectivement au nom du FMI et de la Banque mondiale, prétendent que la mondialisation aurait tiré 100 millions d’hommes de la pauvreté, rien qu’en Asie. Et d’appeler à la poursuite accélérée de la mondialisation, saupoudrée de mécénat privé de grandes fondations. C’est vraiment trop gentil. L’essentiel est ailleurs. Il ne suffirait pas de prendre aux riches pour que les pauvres soient moins pauvres. C’est entendu. Mais la richesse a sa logique. C’est la logique de l’accumulation, et c’est donc la logique de la marchandisation et de la monétarisation de tout.
Un pauvre en 1900, en Nouvelle-Guinée, en Asturies ou au fin fond de l’Auvergne, pouvait vivre, modestement, des travaux des champs, de la pêche, de l’artisanat. On pouvait être pauvre mais pas obligatoirement misérable. La mondialisation ne permet plus à aucun pauvre d’être en dehors des circuits monétaires. Elle prolétarise chacun. Tout est fait par le système mondial pour rendre impossible l’autosubsistance et même l’économie locale. Chacun doit entrer dans la concurrence internationale.
Prenons la pêche minotière. Elle consiste à capturer des poissons par des filets qui peuvent atteindre 120 km de long. De tels équipements ne sont pas donnés à tout le monde. Les poissons sont transformés en farine pour animaux et servent à élever d’autres poissons. Il faut entre 7 et 10 kg de poisson mort – on l’appelle « poisson-fourrage » – pour élever 1 kg de poisson vivant. C’est cela, la pisciculture. Dans un tel système, comment un petit pêcheur, dont le poisson serait certainement bien meilleur, pourrait-il être compétitif ? Il ne suffit pas de s’en prendre aux riches. Il faut entièrement démonter et reconstruire autrement le système économique et social qui les fait si riches. « La décroissance n’est pas un gros mot », disait Nicolas Hulot dès 2008. Pour cela, il ne faudra pas compter sur les gens du forum de Davos ni sur Mme Lagarde.
Nous sommes un peu plus de 7 milliards d’humains sur cette terre. La moitié de ces 7 milliards, soit 3,5 milliards d’individus, possèdent seulement autant que les 67 personnes les plus fortunées de la planète. C’est l’ONG Oxfam qui le dit.
Il y a cependant d’autres chiffres qui indiquent que 1 % de la population mondiale, soit 70 millions de personnes, détiendrait près de la moitié de la richesse mondiale (Les Échos, 20/1/2014). Qu’importe : les écarts de richesse restent énormes. Et c’est la tendance qui est importante.
Ces 1 % détenant la moitié de la richesse du monde étaient 2 % avant la crise. À tel point que le FMI insiste lui-même, du point de vue de la santé de l’économie, sur le danger de ces inégalités extrêmes, tandis que la Banque mondiale demande une politique d’efforts sur les revenus des 40 % les plus pauvres (quelque 3 milliards d’habitants). Ces inégalités hors de toute mesure posent un problème de justice, mais aussi d’écologie de la planète.
Mme Lagarde et M. Jim Yong Kim, respectivement au nom du FMI et de la Banque mondiale, prétendent que la mondialisation aurait tiré 100 millions d’hommes de la pauvreté, rien qu’en Asie. Et d’appeler à la poursuite accélérée de la mondialisation, saupoudrée de mécénat privé de grandes fondations. C’est vraiment trop gentil. L’essentiel est ailleurs. Il ne suffirait pas de prendre aux riches pour que les pauvres soient moins pauvres. C’est entendu. Mais la richesse a sa logique. C’est la logique de l’accumulation, et c’est donc la logique de la marchandisation et de la monétarisation de tout.
Un pauvre en 1900, en Nouvelle-Guinée, en Asturies ou au fin fond de l’Auvergne, pouvait vivre, modestement, des travaux des champs, de la pêche, de l’artisanat. On pouvait être pauvre mais pas obligatoirement misérable. La mondialisation ne permet plus à aucun pauvre d’être en dehors des circuits monétaires. Elle prolétarise chacun. Tout est fait par le système mondial pour rendre impossible l’autosubsistance et même l’économie locale. Chacun doit entrer dans la concurrence internationale.
Prenons la pêche minotière. Elle consiste à capturer des poissons par des filets qui peuvent atteindre 120 km de long. De tels équipements ne sont pas donnés à tout le monde. Les poissons sont transformés en farine pour animaux et servent à élever d’autres poissons. Il faut entre 7 et 10 kg de poisson mort – on l’appelle « poisson-fourrage » – pour élever 1 kg de poisson vivant. C’est cela, la pisciculture. Dans un tel système, comment un petit pêcheur, dont le poisson serait certainement bien meilleur, pourrait-il être compétitif ? Il ne suffit pas de s’en prendre aux riches. Il faut entièrement démonter et reconstruire autrement le système économique et social qui les fait si riches. « La décroissance n’est pas un gros mot », disait Nicolas Hulot dès 2008. Pour cela, il ne faudra pas compter sur les gens du forum de Davos ni sur Mme Lagarde.