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lundi 14 avril 2014

Ukraine : une opération « antiterroriste » lancée contre les séparatistes dans l'est



Ukraine : une opération « antiterroriste » lancée contre les séparatistes dans l'est
Le gouvernement ukrainien, confronté à des insurrections armées prorusses coordonnées dans l'Est du pays, a annoncé dimanche 13 avril avoir lancé une opération « antiterroriste » de reconquête à hauts risques dans la ville de Slaviansk.

Moscou a aussitôt réagi en sommant les autorités pro-européennes de Kiev de cesser « la guerre contre leur propre peuple » et en obtenant une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU.

La réunion a commencé peu après 2 heures du matin (heure de Paris), lundi à New York, et est à suivre en direct dans cet article (1).


L'Ukraine hausse le ton

Quelques heures avant le début du Conseil de l'ONU, la présidence ukrainienne a annoncé qu'elle allait donner jusqu'à lundi 6 heures GMT (8 heures en France) aux séparatistes pour déposer les armes et quitter les bâtiments publics qu'ils occupent dans l'est du pays. En Crimée, de précédents ultimatums lancés par le gouvernement n'avaient donné aucun résultat.

Dans ses déclarations président ukrainien par intérim, Olexandre Tourtchinov, a haussé le ton, en employant le terme de « guerre » et en accusant la Russie, après avoir confirmé le lancement d'une opération militaire dans l'est du pays.
« Le sang a été versé dans la guerre que la Russie mène contre l'Ukraine. (...) L'agresseur ne s'arrête pas et continue d'organiser des troubles dans l'est du pays. (...) Nous ne laisserons pas la Russie répéter le scénario de la Crimée dans les régions de l'Est. »
Les insurrections se multiplient

A Kharkiv, grande ville de l'Est, des incidents ont éclaté entre manifestants prorusses et proKiev, qui ont conduit à une cinquantaine de blessés dimanche. Des séparatistes ont également bloqué les locaux du conseil régional.

A Marioupol, située sur la mer d'Azov, à une trentaine de kilomètre de la frontière russe, des séparatistes se sont barricadés dans la mairie, rapportent des médias locaux.

A Slaviansk, ville située entre Donetsk et Kharkiv, des journalistes présents autour du quartier général des services de sécurité dimanche matin n'ont pas entendu de bruits de combat, mais constaté que de nombreux civils prorusses s'étaient volontairement rassemblés pour défendre les lieux.

La veille, des hommes armés, masqués, portant des uniformes militaires (2) sans signe d'identification et équipés d'armes automatiques avaient pris le commissariat puis le siège des services de sécurité de la ville. Le ministre de l'intérieur, Arsène Avakov, a annoncé qu'un membre des services de sécurité avait été tué et que cinq autres blessés, dans ces opérations.

Des groupes armés prorusses se sont également déployés samedi à Krasnyi Liman et à Kramatorsk, ville de 200 000 habitants proche d'une ancienne base aérienne soviétique dotée d'une piste d'atterrissage. Ils s'y sont emparés du quartier général de la police après une fusillade (3). Les occupants ont barricadé l'endroit et établi des barrages autour de la ville.

A Donetsk, grande ville de l'Est, des insurgés prorusses ont proclamé une « république souveraine » depuis les deux bâtiments qu'ils contrôlent (4). La veille, ils avaient réussi à investir le siège de la police sans rencontrer de résistance. Depuis le 6 avril, l'administration régionale est aussi occupée. Ils réclament le rattachement à la Russie, ou une « fédéralisation » de l'Ukraine, une option agressivement défendue par Moscou.

Pendant ce temps-là à Makeyevka, une ville voisine de Donetsk, des séparatistes bloquaient l'entrée des bâtiments officiels de l'administration ukrainienne.


Le rôle de la Russie en question

Parmi les séparatistes qui ont entrepris les actions de ces derniers jours, plusieurs sont « équipés d'armes russes et des mêmes uniformes que ceux portés par les forces russes qui ont envahi la Crimée », affirme (5) l'ambassadeur des Etats-Unis à Kiev, Geoffrey Pyatt.

La Russie a démenti cependant toute responsabilité dans les troubles. Elle a mis en garde samedi l'Ukraine contre tout recours à la force contre les insurgés. Le ministre des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a de nouveau affirmé que son pays, qui a massé des dizaines de milliers de troupes à la frontière, n'avait aucune intention de rattacher à la Russie les régions orientales de l'Ukraine, comme il l'a fait en mars pour la Crimée.

Le porte-parole de la diplomatie russe, Alexandre Loukachevitch, a également fait une déclaration sur la chaîne de télévision Rossia 24. Il condamne l'opération de Kiev :
« Nous exigeons des hommes de main de Maïdan, qui ont renversé le président légitime d'Ukraine, de cesser immédiatement la guerre contre leur propre peuple. (...) L'ordre criminel d'Olexandre Tourtchinov de recourir à l'armée pour réprimer les protestations provoque l'indignation. (...) Nous condamnons vivement les tentatives de recours à la force contre les manifestants et les militants.»

Des pourparlers entre la Russie, l'Ukraine, les Etats-Unis et l'Union européenne sont annoncés pour jeudi 17 avril à Genève. Moscou a affirmé que le « format » des discussions n'était pas encore arrêté et a insisté pour que les prorusses des régions de l'Est soient représentés et exposent leurs « intérêts légitimes ». Le vice-président américain, Joe Biden, est attendu à Kiev le 22 avril.

Notes