Il avait décroché le prix Nobel d'économie
en 2010 et était un fervent partisan de la monnaie unique. Aujourd'hui,
Christopher Pissarides voit dans l'euro l'une des plus grandes menaces
pour la cohésion de la construction européenne.
Dans un discours prononcé le 12 décembre à la London School of Economics, le Professeur Christopher Pissarides, prix Nobel d’économie 2010, a pu présenter les « choix difficiles » qui attendent les européens. En un mot, soit démanteler l’euro soit accepter de le réformer en profondeur. Et pourtant, Pissarides a été un fervent défenseur de la monnaie unique. Comme le rappelle la London School of Economics :
« Le Professeur Pissarides a été un supporter passionné des bénéfices de l’union monétaire européenne. Il pense aujourd’hui que soit l’euro doit être démantelé, soit la direction des politiques économiques doit être dramatiquement bouleversée pour promouvoir la croissance et l’emploi, et éviter de faire naître une génération perdue ».
Pissarides déclare : « Les politiques poursuivies aujourd’hui pour sauver l’euro sont en train de coûter des emplois à l’Europe, elles créent une génération perdue. Ce n’est pas ce qu’avaient promis les pères fondateurs. »
« L’austérité fiscale est en train de détruire des emplois. La troïka ; la Commission, la BCE, le FMI, et les gouvernements nationaux doivent relâcher leur politique d’austérité. Elles ont créé une Europe à deux vitesses, L’Allemagne et les autres pays du nord, pour lesquels la politique monétaire européenne est adaptée, et les pays du sud, pour lesquelles elle est bien trop stricte. »
« Une action forte aussi bien pour la politique budgétaire que pour la politique monétaire : ce qui va requérir un profond revirement de ceux qui pensaient que l’austérité serait profitable à court terme, et cela va coûter des votes aux représentants des pays riches de l’Europe du Nord. »
La question essentielle est ici posée. L’Europe est-elle une addition d’intérêts nationaux ou est-il possible de développer un intérêt européen ? Cette question était déjà posée par un autre prix Nobel, Milton Friedman, qui mettait en garde les européens dès 1997 dans un article intitulé « L’euro, une union monétaire pour une désunion politique ? »
« Le marché commun européen est l’exemple d’une situation non favorable à une union monétaire. Elle est composée de nations séparées, dont les résidents parlent différentes langues, ont différentes coutumes, et ont une bien plus grande loyauté et un plus grand attachement à leur propre pays qu’à un marché commun ou à l’idée d’ «Europe ».
« La volonté de créer l’euro a été motivée par la politique, non par l’économie. Elle a été inspirée par le besoin de lier la France et L’Allemagne, de façon si resserrée qu’une guerre future deviendrait impossible, et de mettre en place les bases des États Unis d’Europe. Je crois que l’adoption de l’euro va avoir les effets inverses. Il va exacerber les tensions politiques en convertissant des chocs divergents qui auraient pu être corrigés par les taux de change, en des problèmes politiques qui vont diviser ces nations. Une union monétaire réalisée dans des conditions défavorables va se révéler être une barrière à la réalisation de l’unité politique. »
Nous, européens, étions avertis. Et Le 12 décembre n’était pas le jour des europhiles. L’éditorialiste du Telegraph, Ambrose Evans-Pritchard, enfonce le clou un peu plus fort : « Depuis quelques mois, les barrières eurosceptiques ont explosé. Le soutien Français au projet européen a chuté de 60% à 41% depuis la mi-2012, selon la Fondation Pew. Ceci est en partie le résultat de cette meurtrière austérité, de la double récession, qui menace de se transformer en triple récession, mais aussi parce que l’axe Franco-Allemand, qui a été le fondement de l’Europe depuis 60 ans, a finalement été brisé. Il est devenu trop inégal pour permettre de défendre les intérêts français. »
François Hollande y laisse encore quelques plumes. La faiblesse du Président français, confronté à une période cruciale de l’union, doit se réveiller de sa léthargie européenne. La défense de l’euro ne peut passer que par une profonde révision des traités européens, afin d’adapter la monnaie unique, non à l’intérêt de quelques-uns, mais à un intérêt général européen. Dans la logique de l’axe franco-allemand, c’est bien à lui qu’il appartient d’agir. Cette immobilité est le vecteur de la défiance actuelle.
Sans cela, l’euro ne sera qu’un souvenir pour une génération perdue qui ne se laissera pas faire. La réforme de l’euro est possible, les solutions sont sur la table, il ne manque que la force politique pour la promouvoir. Il serait trop facile de croire que la position rigoriste d’Angela Merkel serait la seule cause de cette situation, celle-ci ne fait que défendre les intérêts du pays du Nord, et remplit ainsi son rôle. La construction européenne est une confrontation d’intérêts, confrontation inexistante aujourd’hui, car le Président Hollande se révèle pour le moment incapable de porter les intérêts de la France au sein de l’Union, et de ceux des pays du Sud.
Dans un discours prononcé le 12 décembre à la London School of Economics, le Professeur Christopher Pissarides, prix Nobel d’économie 2010, a pu présenter les « choix difficiles » qui attendent les européens. En un mot, soit démanteler l’euro soit accepter de le réformer en profondeur. Et pourtant, Pissarides a été un fervent défenseur de la monnaie unique. Comme le rappelle la London School of Economics :
« Le Professeur Pissarides a été un supporter passionné des bénéfices de l’union monétaire européenne. Il pense aujourd’hui que soit l’euro doit être démantelé, soit la direction des politiques économiques doit être dramatiquement bouleversée pour promouvoir la croissance et l’emploi, et éviter de faire naître une génération perdue ».
Pissarides déclare : « Les politiques poursuivies aujourd’hui pour sauver l’euro sont en train de coûter des emplois à l’Europe, elles créent une génération perdue. Ce n’est pas ce qu’avaient promis les pères fondateurs. »
« L’austérité fiscale est en train de détruire des emplois. La troïka ; la Commission, la BCE, le FMI, et les gouvernements nationaux doivent relâcher leur politique d’austérité. Elles ont créé une Europe à deux vitesses, L’Allemagne et les autres pays du nord, pour lesquels la politique monétaire européenne est adaptée, et les pays du sud, pour lesquelles elle est bien trop stricte. »
« Une action forte aussi bien pour la politique budgétaire que pour la politique monétaire : ce qui va requérir un profond revirement de ceux qui pensaient que l’austérité serait profitable à court terme, et cela va coûter des votes aux représentants des pays riches de l’Europe du Nord. »
La question essentielle est ici posée. L’Europe est-elle une addition d’intérêts nationaux ou est-il possible de développer un intérêt européen ? Cette question était déjà posée par un autre prix Nobel, Milton Friedman, qui mettait en garde les européens dès 1997 dans un article intitulé « L’euro, une union monétaire pour une désunion politique ? »
« Le marché commun européen est l’exemple d’une situation non favorable à une union monétaire. Elle est composée de nations séparées, dont les résidents parlent différentes langues, ont différentes coutumes, et ont une bien plus grande loyauté et un plus grand attachement à leur propre pays qu’à un marché commun ou à l’idée d’ «Europe ».
« La volonté de créer l’euro a été motivée par la politique, non par l’économie. Elle a été inspirée par le besoin de lier la France et L’Allemagne, de façon si resserrée qu’une guerre future deviendrait impossible, et de mettre en place les bases des États Unis d’Europe. Je crois que l’adoption de l’euro va avoir les effets inverses. Il va exacerber les tensions politiques en convertissant des chocs divergents qui auraient pu être corrigés par les taux de change, en des problèmes politiques qui vont diviser ces nations. Une union monétaire réalisée dans des conditions défavorables va se révéler être une barrière à la réalisation de l’unité politique. »
Nous, européens, étions avertis. Et Le 12 décembre n’était pas le jour des europhiles. L’éditorialiste du Telegraph, Ambrose Evans-Pritchard, enfonce le clou un peu plus fort : « Depuis quelques mois, les barrières eurosceptiques ont explosé. Le soutien Français au projet européen a chuté de 60% à 41% depuis la mi-2012, selon la Fondation Pew. Ceci est en partie le résultat de cette meurtrière austérité, de la double récession, qui menace de se transformer en triple récession, mais aussi parce que l’axe Franco-Allemand, qui a été le fondement de l’Europe depuis 60 ans, a finalement été brisé. Il est devenu trop inégal pour permettre de défendre les intérêts français. »
François Hollande y laisse encore quelques plumes. La faiblesse du Président français, confronté à une période cruciale de l’union, doit se réveiller de sa léthargie européenne. La défense de l’euro ne peut passer que par une profonde révision des traités européens, afin d’adapter la monnaie unique, non à l’intérêt de quelques-uns, mais à un intérêt général européen. Dans la logique de l’axe franco-allemand, c’est bien à lui qu’il appartient d’agir. Cette immobilité est le vecteur de la défiance actuelle.
Sans cela, l’euro ne sera qu’un souvenir pour une génération perdue qui ne se laissera pas faire. La réforme de l’euro est possible, les solutions sont sur la table, il ne manque que la force politique pour la promouvoir. Il serait trop facile de croire que la position rigoriste d’Angela Merkel serait la seule cause de cette situation, celle-ci ne fait que défendre les intérêts du pays du Nord, et remplit ainsi son rôle. La construction européenne est une confrontation d’intérêts, confrontation inexistante aujourd’hui, car le Président Hollande se révèle pour le moment incapable de porter les intérêts de la France au sein de l’Union, et de ceux des pays du Sud.
Notes
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