Michel Lhomme
L'été approche mais l’arrivée constante de
clandestins mettra à nouveau, dans quelques mois, la politique
d’hébergement d’urgence au pied du mur. En Seine-Saint-Denis, il y avait
7 000 sans-papiers recensés au 31 juillet 2011 et, un an plus tard, 1
000 de plus, soit une progression de 15 %. Par la Libye désormais
incontrôlée mais aussi par la Macédoine et la Grèce, on parle d’une
arrivée de 300 réfugiés par jour. La France ayant signé tous les accords
européens sur la question ne peut les expulser.
Alors Premier Ministre, Jean-Marc Ayrault avait demandé à Cécile Duflot, à l'époque ministre du logement, de demander aux officines administratives en charge du problème de gérer au mieux et le plus efficacement cet afflux supplémentaire. On réquisitionne donc de nouveaux lieux d’hébergement vite pleins et qui commencent à atteindre leurs limites. Alors on a commencé à placer certains réfugiés en grande banlieue ou à la campagne.
Mais que se passait-il jusque là ? Principalement un hébergement provisoire : un hôtel à 70 euros la nuit, solution tue par les hôteliers qui y trouvent effectivement leur compte. L’hébergement d’urgence représente 20 à 30 % des chambres louées dans la région Ile-de-France ! Cela coûterait annuellement la coquette somme de 410 millions d’euros. Mais les caisses se vidant, Cécile Duflot, avant sa démission, avait réclamé un plan d’urgence supplémentaire de 50 millions d’euros.
Malika Sorel dans Le puzzle de l’intégration (Editions Mille et une nuits -2007) mettait déjà en garde «sur l’utilisation de la loi relative à la solidarité et au renouvellement urbain». Mandaté par Nicolas Sarkozy, Arno Klarsfeld avait préconisé d’orienter « les demandeurs d’asile où il y a de la place, dans l’Yonne ou la Creuse par exemple ». Ce déplacement de population immigrée des villes de banlieue à la campagne a bien été entamé sous la mandature Sarkozy lorsqu’il était Président de la République et déjà, auparavant en tant que Ministre de l’Intérieur. L’application forcée du melting-pot américain sur un territoire comme celui de la France se heurtera rapidement, quoiqu'on fasse, à une limite géographique mais aussi à une limite budgétaire par l’asphyxie des finances locales, des mairies et des régions. Depuis trois décennies, les budgets affectés à la “politique de la ville” n’ont jamais connu la crise. Alors que l’armée doit renoncer cette année à 5,5 milliards d’euros de commandes, le budget affecté aux quartiers va augmenter, lui, de plus d’un demi-milliard. Le schéma hugolien appliqué aux banlieues est aussi à discuter. Si, dans ces quartiers, il y a assurément des fins de mois difficiles, c’est aussi dans ces mêmes quartiers que se déroulent les trafics illicites les plus rentables (drogues, métaux), générant une économie souterraine florissante que veulent ignorer les chiffres officiels. D'après les forces de police, circulent dans certaines cités, plus de voitures de luxe que dans les arrondissements parisiens réputés aisés. Depuis que François Mitterrand avait créé le ministère de la Ville, en y nommant notamment Bernard Tapie (1992-1993), des milliards se sont déversés en priorité sur ces quartiers « défavorisés », des stades de foot, des gymnases, des piscines et des médiathèques, équipements coûteux, souvent dégradés, les premiers à brûler à la moindre émeute, avant d’être aussitôt reconstruits. En trente ans, les sommes mobilisées sont pharaoniques : 50 milliards d’euros de 1989 à 2002 selon la Cour des comptes. A cela s’ajoute la loi Borloo (42,6 milliards d’investissement pour la période 2004-2012) et les 150 000 emplois d’avenir de 2013 qui seront essentiellement localisés en banlieue. Une machine sans compteur.
Pour la Cour des comptes, « ces politiques de la ville terriblement dispendieuses n’atteignent jamais leurs objectifs ». En France comme aux Etats-Unis, la pauvreté n’explique pas tout. Selon le géographe Christophe Guilluy, auteur de l’indispensable Fractures françaises (Editions François Bourin) « 85 % des ménages pauvres n’habitent pas dans les quartiers sensibles » ! En fait, dans ces quartiers se déversent anarchiquement, depuis des années, les flux migratoires continus. Non maîtrisés, ce sont ces flux qui produisent l’insécurité structurelle de la banlieue et la faillite des politiques municipales.
Alors Premier Ministre, Jean-Marc Ayrault avait demandé à Cécile Duflot, à l'époque ministre du logement, de demander aux officines administratives en charge du problème de gérer au mieux et le plus efficacement cet afflux supplémentaire. On réquisitionne donc de nouveaux lieux d’hébergement vite pleins et qui commencent à atteindre leurs limites. Alors on a commencé à placer certains réfugiés en grande banlieue ou à la campagne.
Mais que se passait-il jusque là ? Principalement un hébergement provisoire : un hôtel à 70 euros la nuit, solution tue par les hôteliers qui y trouvent effectivement leur compte. L’hébergement d’urgence représente 20 à 30 % des chambres louées dans la région Ile-de-France ! Cela coûterait annuellement la coquette somme de 410 millions d’euros. Mais les caisses se vidant, Cécile Duflot, avant sa démission, avait réclamé un plan d’urgence supplémentaire de 50 millions d’euros.
Malika Sorel dans Le puzzle de l’intégration (Editions Mille et une nuits -2007) mettait déjà en garde «sur l’utilisation de la loi relative à la solidarité et au renouvellement urbain». Mandaté par Nicolas Sarkozy, Arno Klarsfeld avait préconisé d’orienter « les demandeurs d’asile où il y a de la place, dans l’Yonne ou la Creuse par exemple ». Ce déplacement de population immigrée des villes de banlieue à la campagne a bien été entamé sous la mandature Sarkozy lorsqu’il était Président de la République et déjà, auparavant en tant que Ministre de l’Intérieur. L’application forcée du melting-pot américain sur un territoire comme celui de la France se heurtera rapidement, quoiqu'on fasse, à une limite géographique mais aussi à une limite budgétaire par l’asphyxie des finances locales, des mairies et des régions. Depuis trois décennies, les budgets affectés à la “politique de la ville” n’ont jamais connu la crise. Alors que l’armée doit renoncer cette année à 5,5 milliards d’euros de commandes, le budget affecté aux quartiers va augmenter, lui, de plus d’un demi-milliard. Le schéma hugolien appliqué aux banlieues est aussi à discuter. Si, dans ces quartiers, il y a assurément des fins de mois difficiles, c’est aussi dans ces mêmes quartiers que se déroulent les trafics illicites les plus rentables (drogues, métaux), générant une économie souterraine florissante que veulent ignorer les chiffres officiels. D'après les forces de police, circulent dans certaines cités, plus de voitures de luxe que dans les arrondissements parisiens réputés aisés. Depuis que François Mitterrand avait créé le ministère de la Ville, en y nommant notamment Bernard Tapie (1992-1993), des milliards se sont déversés en priorité sur ces quartiers « défavorisés », des stades de foot, des gymnases, des piscines et des médiathèques, équipements coûteux, souvent dégradés, les premiers à brûler à la moindre émeute, avant d’être aussitôt reconstruits. En trente ans, les sommes mobilisées sont pharaoniques : 50 milliards d’euros de 1989 à 2002 selon la Cour des comptes. A cela s’ajoute la loi Borloo (42,6 milliards d’investissement pour la période 2004-2012) et les 150 000 emplois d’avenir de 2013 qui seront essentiellement localisés en banlieue. Une machine sans compteur.
Pour la Cour des comptes, « ces politiques de la ville terriblement dispendieuses n’atteignent jamais leurs objectifs ». En France comme aux Etats-Unis, la pauvreté n’explique pas tout. Selon le géographe Christophe Guilluy, auteur de l’indispensable Fractures françaises (Editions François Bourin) « 85 % des ménages pauvres n’habitent pas dans les quartiers sensibles » ! En fait, dans ces quartiers se déversent anarchiquement, depuis des années, les flux migratoires continus. Non maîtrisés, ce sont ces flux qui produisent l’insécurité structurelle de la banlieue et la faillite des politiques municipales.
Notes
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