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mercredi 30 mai 2018

Face à Anne Hidalgo, la droite commet la même erreur que face à Hollande

Presque trois ans avant sa sortie de l’Élysée, un éditorialiste de Boulevard Voltaire nous prévenait : « Hollande, c’est fini ». Discrédité, impopulaire, il n’y avait que lui à croire qu’il pourrait encore se rétablir, se faufiler « dans un trou de souris », comme disait notre président de la République… 

Or, cette évidence de la disqualification irréversible de Hollande avait conduit la droite (au sens très large), toujours paresseuse, à se dire qu’il suffisait de tirer sur cette ambulance pour remporter cette élection « imperdable ». Elle se contenta donc d’aligner François Fillon et Marine Le Pen. Elle n’avait pas réellement pris acte de ce que signifiait l’effondrement de Hollande à 8 %, score que fut d’ailleurs chargé de valider Benoît Hamon ; ce dont il s’acquitta rigoureusement. Mais celui qui avait tout compris, c’était Emmanuel Macron. Il avait aussi mesuré tout l’intérêt qu’il avait à laisser la droite s’acharner sur le bilan de la présidence Hollande. Peu inventive, accrochée à taper sur ce pantin, elle servait ses intérêts et lui ouvrait ainsi les portes du pouvoir.

Quatre ans plus tard, et deux ans avant les élections municipales à Paris, la droite parisienne semble commettre la même erreur avec Anne Hidalgo. Elle est – à juste titre – la cible quasi quotidienne des éditorialistes ou des responsables de droite, comme Serge Federbusch ici sur Boulevard Voltaire. Ou encore Florence Berthout, le maire LR du Ve arrondissement de Paris qui a succédé à NKM comme chef de l’opposition au Conseil de Paris. Cette dernière vient de publier Pour comprendre Anne Hidalgo dans le texte, un dictionnaire humoristique d’expressions tarabiscotées. Si la démarche est louable, soulignant les délires idéologiques du maire de Paris qui se traduisent par un novlangue tout aussi délirant, Anne Hidalgo appartient au monde d’avant. Celui de la gauche idéologique des Najat Vallaud-Belkacem et Christiane Taubira, gauche qui a été durablement congédiée avec François Hollande. Anne Hidalgo, c’est fini. Et la droite aurait tort de s’acharner sur ce vestige. En continuant sur cette pente, elle fait le lit du macronisme.

Elle serait d’autant plus impardonnable qu’Emmanuel Macron est à l’Élysée et que l’un de ses plus proches lieutenants, Benjamin Griveaux, est déjà en campagne pour les municipales à Paris. Contrairement à la fin du quinquennat Hollande, les acteurs sont sur scène, sans masque, et la comédie du nouveau monde en est à son deuxième acte. Il serait temps que la droite suive le spectacle en temps réel.

Or, tétanisée depuis des années de défaites, la droite parisienne n’a pas de leader, pas de ligne, hésite même, pour certains de ses membres, à faire cause commune avec La République en marche. Elle devrait pourtant se rappeler que la boboïsation à la NKM n’a pas été pour elle une réussite.

Dans une ville à la sociologie très favorable au macronisme (35 % au premier tour en 2017 et 90 % au second), elle doit se réinventer d’urgence et ne surtout pas se contenter de faire de l’anti-Hidalgo. Ses atouts ? Le poids très faible du Front national dans la capitale : 5 % au premier tour l’an dernier et 10 % au second. Et l’opposition Griveaux-Hidalgo, qui iront chacun au combat sous leurs propres couleurs. Ni bobo, ni gaucho : c’est déjà un bon slogan de départ, et cela représente tout de même beaucoup de Parisiens. Mais ils sont en droit d’exiger davantage que ce positionnement uniquement négatif.

Frédéric Sirgant 

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