Au terme d’une journée de
bras de fer, Giuseppe Conte a donc renoncé à devenir président du
Conseil des ministres. On sentait, hier déjà, cette issue dramatique :
sur l’injonction de l’Union européenne et des milieux financiers, en
rejetant le vote des Italiens, le président Mattarella a mis fin à la
démocratie en Italie.
Dans son allocution, il ne s’en est même pas caché, ne disant que quelques mots insipides pour tenter de donner un semblant de justification politique à sa décision. La rhétorique usée de l’Europe protectrice et de l’euro, indépassable ferment de prospérité, a été utilisée sans relief par un homme manifestement accablé. Ses maîtres ont exigé, il s’est exécuté. La machine à faire peur aux épargnants et aux non-chômeurs est en marche ; elle pourrait se gripper, tant les Italiens sont las d’êtres manipulés et insultés par la presse allemande.
L’Italie n’est pas la Grèce, non uniquement parce que son économie est quinze fois supérieure, mais parce que le caractère italien, lorsque la légèreté le quitte, devient particulièrement dur ; l’Italie sait être violente.
Un élu Cinque Stelle sifflotait, hier, une chanson guerrière de 1915 qui parle de résister aux étrangers – les Teutons– et de les noyer dans le Piave.
Di Maio, dont certain briguent déjà la place à la tête de Cinque Stelle, n’a pas trahi sa parole ni sa stratégie d’entente avec la Lega. Pourtant, au dernier moment, il fut convoqué par Mattarella, qui a dû lui faire miroiter quelques prébendes. Mais c’est Salvini qui a eu les nerfs solides, en continuant d’imposer le nom de Savona comme seul ministre des Finances ; le vieil économiste s’était pourtant fendu d’un communiqué se voulant rassurant. Un temps, même, il fut question de scinder les responsabilités entre budget et économie. Rien, le « nein » s’imposait. Il est vrai que, depuis deux jours, la souplesse et la tolérance allemandes étaient au rendez-vous, le Spiegel osant même un « Mais les mendiants, eux au moins, disent merci » : on juge le niveau de mépris.
« Il m’ont convaincu que nous ne sommes pas un pays libre. Nous sommes un pays à souveraineté limitée », a dit Salvini dans une salle acquise et déjà prête à la lutte électorale. « Si un ministre déplaît à certaines forces qui nous ont massacrés, c’est que c’est le bon ministre ; je ne baisserai jamais la tête. »
Ces forces vont donc continuer d’agiter les spectres de la ruine de l’Italie, qu’elles ont provoquée, agir en sous-main pour manipuler l’opinion italienne, pour retourner aux urnes le plus tard possible.
Que dire d’autre, ce soir ? Ah oui… diplômé de la London School of Economics, ancien de la Banca d’Italia, haut personnage du FMI, chargé par Renzi de superviser la mise au pas financière de l’Italie, Carlo Cottarelli est attendu demain au Quirinal…
Malheur aux pauvres.
Gérard Couvert
Source
Dans son allocution, il ne s’en est même pas caché, ne disant que quelques mots insipides pour tenter de donner un semblant de justification politique à sa décision. La rhétorique usée de l’Europe protectrice et de l’euro, indépassable ferment de prospérité, a été utilisée sans relief par un homme manifestement accablé. Ses maîtres ont exigé, il s’est exécuté. La machine à faire peur aux épargnants et aux non-chômeurs est en marche ; elle pourrait se gripper, tant les Italiens sont las d’êtres manipulés et insultés par la presse allemande.
L’Italie n’est pas la Grèce, non uniquement parce que son économie est quinze fois supérieure, mais parce que le caractère italien, lorsque la légèreté le quitte, devient particulièrement dur ; l’Italie sait être violente.
Un élu Cinque Stelle sifflotait, hier, une chanson guerrière de 1915 qui parle de résister aux étrangers – les Teutons– et de les noyer dans le Piave.
Di Maio, dont certain briguent déjà la place à la tête de Cinque Stelle, n’a pas trahi sa parole ni sa stratégie d’entente avec la Lega. Pourtant, au dernier moment, il fut convoqué par Mattarella, qui a dû lui faire miroiter quelques prébendes. Mais c’est Salvini qui a eu les nerfs solides, en continuant d’imposer le nom de Savona comme seul ministre des Finances ; le vieil économiste s’était pourtant fendu d’un communiqué se voulant rassurant. Un temps, même, il fut question de scinder les responsabilités entre budget et économie. Rien, le « nein » s’imposait. Il est vrai que, depuis deux jours, la souplesse et la tolérance allemandes étaient au rendez-vous, le Spiegel osant même un « Mais les mendiants, eux au moins, disent merci » : on juge le niveau de mépris.
« Il m’ont convaincu que nous ne sommes pas un pays libre. Nous sommes un pays à souveraineté limitée », a dit Salvini dans une salle acquise et déjà prête à la lutte électorale. « Si un ministre déplaît à certaines forces qui nous ont massacrés, c’est que c’est le bon ministre ; je ne baisserai jamais la tête. »
Ces forces vont donc continuer d’agiter les spectres de la ruine de l’Italie, qu’elles ont provoquée, agir en sous-main pour manipuler l’opinion italienne, pour retourner aux urnes le plus tard possible.
Que dire d’autre, ce soir ? Ah oui… diplômé de la London School of Economics, ancien de la Banca d’Italia, haut personnage du FMI, chargé par Renzi de superviser la mise au pas financière de l’Italie, Carlo Cottarelli est attendu demain au Quirinal…
Malheur aux pauvres.
Gérard Couvert
Source