Nous avions déjà vu précédemment
que la production de vin mondiale déclinait d’année en année. Selon la
conférence de presse donnée par Jean-Marie Aurand, directeur général de
l’Organisation Internationale de la vigne et du vin (OIV) le 24 avril et
le rapport qui en fut tiré (« Conjoncture vitivinicole mondiale 2017 »), loin de s’améliorer, la situation mondiale s’est encore un peu plus détériorée.
La production mondiale 2017 fut de 25
millions de tonnes, soit 2,3 millions de tonnes de moins qu’en 2016, le
pire résultat du 21e siècle, la pire production depuis 1961,
et ce, alors que la consommation augmente depuis 2014 de 1 million
d’hectolitres (0,1 million de tonnes) par an, restant stable depuis 2009
(fourchette de 24/24,4 millions de tonnes) et succédant à une hausse
régulière d’environ 10 % sur 7 ans (22,6 à 25 millions entre 2000 et
2007/2008).
Cette consommation de vin a fluctué dans
le monde. Ce n’est plus en France que l’on consomme le plus de vin
désormais, mais aux Etats-Unis, premiers consommateurs mondiaux avec 13
%, devant la France 11 %, l’Italie 9 %, l’Allemagne 8 %, la Chine 7 %.
Les autres pays consommant plus de 1 % du vin mondial sont les
suivants : Royaume-Uni 5 %, Espagne 4 %, Argentine et Russie 3 %,
Australie et Canada 2 %, Portugal, Afrique du Sud, Roumanie, Japon,
Pays-Bas, Brésil, Belgique, Suisse, Autriche, Hongrie et Suède 1 %.
Notons que le Portugal est le plus gros consommateur mondial de vin par
habitant avec 51,4 litre par an, juste devant la France (51,2).
Voici la tendance des diverses nations en matière de consommation de vin sur les dix dernières années :
– Haussière : Groenland,
Canada, Etats-Unis, Mexique, Salvador, Costa Rica, Colombie, Islande,
Irlande, Norvège, Suède, Estonie, Lettonie, Lituanie, Pologne, Albanie,
Macédoine, Bulgarie, Chypre, Turquie, Azerbaïdjan, Arménie, Kazakhstan,
Turkménistan, Inde, Chine, Corée du Sud, Japon, Vietnam, Australie,
Algérie, Tunisie, Côte d’Ivoire, Afrique du Sud, Namibie, Gabon,
Ouganda, Kenya, Cameroun, Nigeria, Tchad.
– Stable : Guatemala,
Honduras, Pérou, Brésil, République Dominicaine, Cuba, Chili,
Royaume-Uni, Belgique, Pays-Bas, Luxembourg, Allemagne, Finlande,
Biélorussie, Suisse, Tchéquie, Slovaquie, Autriche, Serbie, Monténégro,
Portugal, Ouzbékistan, Thaïlande, Philippines, Nouvelle-Zélande, Bénin.
– Baissière : Venezuela,
Equateur, Bolivie, Argentine, Uruguay, France, Espagne, Danemark,
Italie, Slovénie, Croatie, Bosnie-Herzégovine, Hongrie, Roumanie, Grèce,
Ukraine, Moldavie, Russie, Kirghizistan, Cambodge, Liban, Egypte,
Sénégal, Ghana, Botswana, Angola, République Démocratique du Congo,
Ethiopie.
Par rapport à 2014, la France reprend en
2017 la seconde place mondiale à l’Espagne mais est toujours derrière
l’Italie. Notons que les surfaces dédiées à la vigne ne correspondent
pas à la hiérarchie de la production, puisque sur les 7,6 millions
d’hectares dans le monde (76.000 km², soit en gros la superficie du
Benelux), la France n’est que 3e avec 10 % et l’Italie 4e avec 9 %, derrière l’Espagne 13 % et surtout la Chine 12 %, la Turquie étant 5e avec 6 % (alors qu’elle n’est même pas dans les 25 premiers producteurs mondiaux).
En 2017, la hiérarchie de production de vin était la suivante :
– Plus de 15% : Italie (17 %)
– Plus de 10 % : France (14,7 %), Espagne (12,5 %).
– Plus de 5 % : Etats-Unis (9,3 %), Australie : (5,5 %)
– Plus de 2,5 % : Argentine (4,7 %), Chine (4,3 %), Afrique du Sud (4,3 %), Chili (3,8 %), Allemagne (3,1 %), Portugal (2,6 %).
– Plus de 1 % : Russie (1,9 %), Roumanie (1,7 %), Brésil (1,4 %), Hongrie (1,2 %), Nouvelle-Zélande (1,2 %), Grèce (1 %).
– Autres producteurs par ordre décroissant : Autriche, Serbie, Moldavie, Ukraine, Bulgarie, Géorgie.
Si la production mondiale a baissé de 9
%, la tendance a été différente dans les pays du monde : sur les 23
principaux producteurs mondiaux, 11 ont vu leur production décliner
(dont les 4 premiers mondiaux), 10 augmenter et 2 rester stable :
– Plus de 150 % de hausse : Brésil (169 %).
– Plus de 25 % de hausse : Roumanie (31 %), Argentine (25 %).
– Plus de 10 % de hausse : Autriche (23 %), Moldavie (20 %), Portugal (10 %).
– Plus de 5 % de hausse : Hongrie (8 %), Australie (5 %).
– Moins de 5 % de hausse : Afrique du Sud (3 %), Grèce (2 %).
– Stable : Ukraine, Géorgie.
– Moins de 5 % de baisse : Bulgarie (-2 %), Etats-Unis (-1%).
– Plus de 5 % de baisse : Nouvelle-Zélande (9 %), Chili (-6%), Chine (-5%).
– Plus de 10 % de baisse : France (-19 %), Italie (-17 %), Allemagne (-15%), Russie (-10 %).
– Plus de 20 % de baisse : Serbie (-21 %), Espagne (-20 %).
Notons que selon Le Point du 22
mai, une pénurie de vin rosé est à attendre. Pénurie qui, comme celle
du beurre est parfaitement instrumentalisée selon l’économiste Charles
Sannat dans son article du 24 mai :
« Bon, il est vrai qu’il y a eu du gel l’année dernière et que cela a entraîné une perte importante dans les récoltes de raisins et donc s’il y a moins de raisins, il y a moins de vin… Logique me direz-vous. Sauf qu’en fait, tout cela c’est en réalité du prétexte pour une guerre de gros sous que se livrent les industriels les uns contre les autres, le tout sur fond de demande mondiale qui explose, faute à la mondialisation !! C’est un peu la même histoire que le beurre. La demande est forte, la récolte pas terrible, les prix montent. Pourquoi livrer la grande distribution française à prix préférentiels alors que les Chinois ou les Brésiliens payent deux fois plus pour le même produit ? Il n’y a pas de pénurie, il y a une dépossession de nos productions qui entraîne de facto des diminutions de disponibilité de nos propres produits. Pour continuer à avoir accès à notre propre production, il nous faudra payer les prix internationaux, donc plus cher. Dans les années qui viennent, nous allons redécouvrir le véritable coût de l’alimentation. Cela ne va pas faire rire tout le monde et pour le moment, notre indépendance alimentaire est traitée comme la dernière roue du carrosse par notre sainteté présidentielle. »
Hristo XIEP