L’âge des « nouveaux seigneurs » dans lequel nous sommes entrés est
un âge oligarchique reposant sur un modèle économique inévitablement
inégalitaire. L’élite gouvernante actuelle continuait de se dire
« socialiste » mais ne l’était plus, ce qui a ouvert un angle à sa
gauche, et l’investiture de Hamon, réputé plus radical que Hollande,
n’aura pas suffi. Il est donc possible que la gauche soit en train de se
recomposer, laissant apparaître deux nouveaux grands partis : un parti
d’inspiration communiste – du moins dans son imaginaire – désormais
piloté par l’ancien trotskiste et toujours charismatique Mélenchon ; et
un parti de centre gauche piloté par Macron. Notons, en passant, que
l’addition des scores réalisés par les candidats crypto-communistes
donne un chiffre impressionnant (28 %).
La gauche modérée proprement dite disparaît peut-être avec le Parti socialiste. Pour l’instant, le projet de Macron, consistant à réunir des gens de droite et de gauche, semble avoir échoué : à part quelques personnalités centristes, Macron a surtout mobilisé des socio-démocrates du Parti socialiste, et personne véritablement classable à droite. Le risque, pour lui, est évidemment de se laisser enfermer dans une posture centriste de type giscardien, qui le conduira bientôt à devoir subir les attaques et de la gauche et de la droite, dans un climat socio-économique tendu. D’ailleurs, sera-t-il en mesure d’obtenir une majorité parlementaire, alors même qu’il est menacé d’échouer à donner à la politique française les « nouvelles têtes » promises, lui qui jusqu’à présent n’a pu que sortir de leur retraite de vieux chevaux de retour (Bayrou, Cohn-Bendit, etc.) ?
En principe, Marine Le Pen n’a aucune chance d’être élue. Cela dit, un chercheur éminent, Serge Galam, a formulé le concept « d’abstention différenciée », donc de niveau différent d’un camp à l’autre, qui, s’il est valide, provoquerait une victoire de la candidate.
Son idée est que trop d’électeurs du deuxième tour répugneront à voter Macron, même pour faire barrage à Le Pen.
Les lecteurs qui m’auront fait l’honneur de lire mon Abrégé des définitions politiques se souviennent que j’y formule une théorie de l’abstention vue comme un simple « miroir de la participation » : à quelques points près, les abstentionnistes qui soudain se mobilisent se répartissent de la même manière que les « participationnistes » ; donc il est vain d’appeler à la rescousse les abstentionnistes à l’issue d’un premier tour difficile, puisque le camp d’en face obtient la même chose. En formulant sa théorie d’une abstention dite « différenciée », Galam donne raison à ma théorie tout en lui prévoyant une exception, mais il reste à savoir si le deuxième tour la confirmera. Ce qui rend ce chercheur digne d’être écouté est qu’il a déjà prédit le Brexit et la victoire de Trump.
La gauche modérée proprement dite disparaît peut-être avec le Parti socialiste. Pour l’instant, le projet de Macron, consistant à réunir des gens de droite et de gauche, semble avoir échoué : à part quelques personnalités centristes, Macron a surtout mobilisé des socio-démocrates du Parti socialiste, et personne véritablement classable à droite. Le risque, pour lui, est évidemment de se laisser enfermer dans une posture centriste de type giscardien, qui le conduira bientôt à devoir subir les attaques et de la gauche et de la droite, dans un climat socio-économique tendu. D’ailleurs, sera-t-il en mesure d’obtenir une majorité parlementaire, alors même qu’il est menacé d’échouer à donner à la politique française les « nouvelles têtes » promises, lui qui jusqu’à présent n’a pu que sortir de leur retraite de vieux chevaux de retour (Bayrou, Cohn-Bendit, etc.) ?
En principe, Marine Le Pen n’a aucune chance d’être élue. Cela dit, un chercheur éminent, Serge Galam, a formulé le concept « d’abstention différenciée », donc de niveau différent d’un camp à l’autre, qui, s’il est valide, provoquerait une victoire de la candidate.
Son idée est que trop d’électeurs du deuxième tour répugneront à voter Macron, même pour faire barrage à Le Pen.
Les lecteurs qui m’auront fait l’honneur de lire mon Abrégé des définitions politiques se souviennent que j’y formule une théorie de l’abstention vue comme un simple « miroir de la participation » : à quelques points près, les abstentionnistes qui soudain se mobilisent se répartissent de la même manière que les « participationnistes » ; donc il est vain d’appeler à la rescousse les abstentionnistes à l’issue d’un premier tour difficile, puisque le camp d’en face obtient la même chose. En formulant sa théorie d’une abstention dite « différenciée », Galam donne raison à ma théorie tout en lui prévoyant une exception, mais il reste à savoir si le deuxième tour la confirmera. Ce qui rend ce chercheur digne d’être écouté est qu’il a déjà prédit le Brexit et la victoire de Trump.
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Durant la campagne, le peuple français a surtout débattu des costumes
onéreux de Fillon. Il est probable qu’avec Le Pen au second tour, les
véritables sujets vont être abordés, mais la politique – surtout dans un
régime d’opinion — est d’abord le royaume de l’imaginaire. C’est ainsi
que gouverne l’oligarchie, derrière un théâtre d’ombres chinoises où le
peuple s’agite en vain. Je continue de croire que l’autorité – je ne dis
pas le pouvoir, mais l’autorité, qui est plus essentielle – d’un roi
permettrait d’alléger un peu le poids de l’oligarchie sur les masses.
C’est d’ailleurs, s’il faut le croire, l’idée de Macron lui-même, telle
qu’il l’a formulée quand il était encore ministre de l’Économie sous le
Président sortant : un ministre regrettant l’absence d’un roi, du
jamais-vu sous la République. Nous donnera-t-il à voir encore quelque
chose d’autre ?
Yves-Marie Adeline