Dans un long billet publié sur son blog ce
samedi, l'ancien Premier ministre exhorte à empêcher l'arrivée au
pouvoir de Marine Le Pen.
"La France court au désastre." Les mots sont forts, sans détour. Dans un long billet publié ce samedi matin sur son blog
, Alain Juppé exhorte à faire battre Marine Le Pen au second tour de la
présidentielle. Le maire de Bordeaux et ancien Premier ministre pointe
"ce qui paraissait impossible il y a peu de temps encore [et] n'est plus
aujourd'hui improbable". "La victoire de l'extrême-droite en France
constituerait un séisme géopolitique. L'Union européenne qui peut
résister au Brexit, et même en tirer profit, ne survivrait pas à un
'Frexit'", estime-t-il notamment.
Il y a moins d'une semaine, Alain Juppé avait, sur Twitter, dit "sans hésiter" qu'il voterait Emmanuel Macron. Depuis, Nicolas Dupont-Aignan s'est engagé aux côtés de la candidate du FN , Jean-Luc Mélenchon s'est refusé à donner aucune consigne de vote
. Des attitudes qu'il dénonce, auxquels il ajoute "les finasseries de
certains de mes propres 'amis' politiques", une référence sans les
nommer à ceux qui, comme Laurent Wauquiez, n'appellent pas à voter
Emmanuel Macron.
"Désastre économique", "défaite morale"
Outre
le risque de "dislocation de l'Union européenne", Alain Juppé pointe
aussi le risque de "désastre économique" d'une victoire de Marine Le
Pen. Dénonçant en particulier l'abandon de l'euro, qui serait "une faute
majeure". Enfin et "'par dessus tout", il souligne le risque de
"défaite morale". "Quelles que soient, ces derniers temps, les
tentatives de dé-diabolisation des dirigeants du FN ou leurs danses du
ventre à l'intention de l'extrême-gauche (ce qui est là une constante
historique), la vérité est criante : l'histoire, l'idéologie, les hommes
et les femmes qui ont fondé ou animent ce parti, bref le monde FN est
depuis toujours aux antipodes du nôtre", écrit-il.
Alain
Juppé n'accorde pour autant pas un blanc-seing d'avance à Emmanuel
Macron. "Nous ne le connaissons pas bien. Sa 'nouveauté' séduit, son peu
d'expérience des hautes responsabilités inquiète. Quant à son
programme, il reste flou et ambigu", juge-t-il. Mais les échéances
électorales suivantes, en premier lieu les législatives de juin,
permettront de "reconstruire une proposition politique, fondée sur les
valeurs de la droite et du centre que j'ai toujours portées". Et de
conclure son appel dans un style enflammé : "Je ne me lasserai donc pas
de vous dire : Peuple de France, ressaisis-toi, reste fidèle à ton
génie, aie confiance."