Philippe Delbauvre
Ainsi que
l'indique le titre de l'article, le présent écrit constitue une
réactualisation de l'article précédent publié sur ce même site (1),
savoir Eurolibertés. Il faut bien avouer que la donne, en l'espace de
quelques jours.
J'avais
effectué donc une analyse qualitative mais surtout quantitative du
second tour de la présidentielle 2017 qui se rapproche vertigeusement.
J'y indiquais que, contrairement à ce qu'affirment sondeurs et
journalistes très intéressés – sens péjoratif bien sur – nous étions
beaucoup plus, chiffres à l'appui donc, d'un 55/45% que d'un 65/35%,
dans les deux cas au profit d'Emmanuel Macron.
Lors de
l'écriture de mon premier article, je n'ai pas voulu importuner le
lectorat avec la notion d'abstention, le fait quantitatif avec les
nombreux chiffres inhérents, étant déjà fastidieux. Je ne peux plus
faire de même aujourd'hui au motif que les derniers événements ont
révolutionné l'équation.
C'est ainsi que :
Jean-Luc
Melenchon vient de se prononcer pour le « Ni, Ni », comprendre le refus
d'apporter son soutien à Emmanuel Macron, quand bien même Marine le Pen
lui est opposé. Or, La France insoumise a représenté au premier tour
près de 20% des suffrages, ce qui n'est pas rien. On peut se douter
qu'une partie de cet électorat passera outre, votant soit Macron, soit
le Pen, ou pourquoi pas, optant pour la pêche.
Contrairement à
l'article précédent, je vais cette fois ci tenter de comptabiliser les
voix d'Emmanuel Macron puis en déduire celles de Marine le Pen.
Il n'est pas de
réelles raisons qu'Emmanuel Macron n'obtienne de nouveau les 24% dont
il bénéficia lors du premier tour. Voilà qui semble acquis.
Il est bien peu possible qu'une partie, même minime de l'électorat de Marine le Pen, se reporte sur lui.
On reste donc à 24%
Quant à
l'électorat de François Fillon – une vingtaine de pour cent – la donne
vient d'être bouleversé. Si l'analyse que j'avais effectuée lors de
l'article précédent reste valide, la donne vient de changer.
On le sait,
Marine le Pen vient de faire savoir que si d'aventure elle venait à être
élue, elle choisirait alors Nicolas Dupont-Aignan comme premier
ministre.
Qui est ce personnage aux yeux de l'électorat de droite ?
Un homme de
droite justement. Tout comme un Philippe de Villiers. Turbulents l'un
comme l'autre néanmoins. Il n'empêche, si le second vient du parti
républicain, le premier a fait ses classes et longuement au Rpr avant
d'intégrer l'Ump. Nicolas Dupont-Aignan, on le sait, fut aussi un temps
compagnon de route de Charles Pasqua, gaulliste des plus engagé s'il en
est. Or, l'électorat gaulliste – François Fillon s'est lui aussi
toujours réclamé de l'homme de Londres – est assez légitimiste, et donc,
n'a guère goûté la trahison quant au traité de Lisbonne. Cet électorat
considère donc Nicolas Dupont-Aignan comme l'un des leurs. Il ne s'agit
pas d'affirmer que nul électeur de François Fillon ne se reportera sur
Emmanuel Macron mais que cette partie seraa très minoritaire. Comptons
5% sur les 20% du premier tour.
Voici Macron à 24 + 5 = 29%
Viennent
maintenant les 20% de Melenchon dont il est des plus difficiles de
prédire le devenir. Outre qu'une partie non politicienne votera Front
National ou plus exactement Marine, ne serait-ce que par aversion pour
la finance internationale, le positionnement très excentré du Front de
gauche empêchera nombre d'électeurs de voter Rothschild. Considérons
donc que 11% des suffrages se reportent sur Emmanuel Macron. (les études
par la suite montreront que ce sera bien moins)
24 + 5 + 11 = 40%.
Et les quatre grands blocs d'avoir déjà été pris en compte.
On peut accorder à Emmanuel Macron les 6,5% du parti socialiste. Même si, quelques exceptions …
24 + 5 + 11 + 6,5 = 46,5%
L'électorat de
Nicolas Dupont-Aignan, ravi de voir son poulain, nommé en cas de
victoire du Front National premier ministre ne votera presque pas pour
Emmanuel Macron. 0,5% ?
24 + 5 + 11 + 6,5 + 0,5 = 47%
Reste les tous petits candidats.
Accordons à Emmanuel Macron les cinq sixième de l'électorat de Jean Lassale – c'est beaucoup – soit 1%.
24 + 5 + 11 + 6,5 + 0,5 + 1 = 48%
Accordons
maintenant à Emmanuel Macron – et là c'est vraiment abuser pour cause de
détestation de la finance internationale - les 1,75% des deux candidats
de l'extrême gauche :
24 + 5 + 11 + 6,5 + 0,5 + 1 + 1,75 = 49,75%
Accordons, là encore c'est beaucoup, 0,25% des suffrages des Asselineau et Cheminade à Emmanuel Macron.
49,75 + 0,25 = 50%
Et ce sera très certainement bien moins ...
Autrement
exprimé, la messe n'est pas dite. D'autant plus que Philippe de Villiers
va peut être bien sortir du bois. Encore une fois de plus, l'électorat
de droite de Fillon, c'est à dire non centriste, frustré de son absence
au second tour, qu'il croyait acquise depuis plusieurs années va vouloir
se venger …
La dynamique de la campagne de la semaine qui s'annonce, y compris le débat de mercredi soir, vont être déterminants.
« Rien ne va plus, faites vos jeux »
Philippe Delbauvre