Il aura fallu moins de 45 minutes au candidat vaincu
François Fillon et à la majorité des dirigeants du parti Les Républicains pour
offrir aux Français le révulsant spectacle d’une « droite » qui, non contente
d’être confite dans sa bêtise obstinée, trahit ses électeurs, brade les
principes qu’elle prétend défendre, s’avilit à faire voter pour l’ennemi, à
plat ventre devant les impératifs de la gamelle ou les réflexes de la lâcheté
morale.
A aucun moment nous n’avons participé à la curée contre
François Fillon, les pratiques abjectes du conglomérat des juges et
journalistes de gauche nous répugnant au plus au haut point. Certains de nos
proches ont pu voter pour lui au premier tour pour empêcher Macron d’arriver au second. Une part considérable de
l’électorat traditionnel des catholiques de droite (public que l’on vit jadis
aux Manifs pour tous et naguère au Trocadéro pour défendre, légitimement,
François Fillon pourtant accablé) a voté sincèrement pour lui. Ce sont des
attitudes que nous comprenions parfaitement et, avec Richard Haddad, dans nos
émissions de la Réplique sur Radio Libertés, nous nous sommes efforcés de
défendre les diverses positions possibles de la droite de conviction pour cette
élection présidentielle.
Mais le voir, défait
à tous les sens du terme, se précipiter pour appeler à « faire barrage au
FN en votant Macron » dépasse l’entendement : voter pour son ennemi
principal, mis en place par Hollande dont le fameux « cabinet noir »
serait à l’origine des ennuis judiciaires de Fillon ? Voter pour le tenant
de non-idées ou d’idées inverses que de ce que Fillon disait défendre
(restriction de l’immigration, fermeté contre le « totalitarisme
islamique ») ? Voter pour celui qu’une importante proportion des
électeurs LR veulent encore moins qu’un Fillon englué des les affaires ?
Est-ce un état pré-dépressif qui conditionne cette déshonorante attitude ?
Il faut croire que non puisque,
derrière Fillon, les autres figures du parti se sont précipitées dans le
soutien à Macron : le frangin chiraquien François Baroin, le transparent
Copé, l’arriviste de gauche NKM, Juppé, Xavier Bertrand, Raffarin, Le Maire, et
aujourd’hui Sarkozy, tous s’y sont mis, sans pudeur, sans vergogne, sans
respect. Même le faux dur Longuet qui souhaite « l’échec de Marine Le Pen » ! Les plus gamellards se
vendent déjà à celui qu’ils voient remporter l’élection, comme le consternant
Christian Estrosi, appelant à sortir les conservateurs du parti LR (donc les
gens de droite de la droite…) et se disant prêt à entrer dans un gouvernement
Macron, ou comme Baroin, se voyant déjà Premier Ministre en cas de
cohabitation. Seuls Wauquiez, Ciotti, Morano et quelques autres parlementaires
se retiennent un minimum et restent sur le « ni-ni ». Cela fait peu
pour envisager l’avenir d’un « grand
parti de droite de gouvernement » dont l’implosion et/ou la scission
deviennent vraisemblables, entre les quelques tenants d’une droite de
conviction qui subsistent tant bien que mal et la masse des apparatchiks
visiblement désireux de faire du giscardisme 2.0. Merci, mais sans nous !
La synthèse de ce grand déshonneur a
été donnée par la phrase hallucinante du nuisible Luc Chatel, relevée par
Libération de ce lundi : « l’honneur
de la droite française était précisément d’avoir le courage, parfois, de ne pas
suivre ses électeurs ». Amis lecteurs de ce blogue, méditez bien cette
phrase, proférée par un triste énergumène, et répétez-la aux indécis : ces
politiciens vous méprisent et vous trahissent, bafouent leurs promesses, ont
l’outrecuidance d’appeler cet avilissement « honneur » et reviendront
demander vos voix comme si de rien n’était ! Je vous laisse le soin d’en
tirer les conclusions qui s’imposent.
Pierre
Henri