Un
sommet spécial avait lieu ce samedi à Bruxelles, où les membres de
l'Union européenne ont acté les grands principes du Brexit. Le divorce
sera effectif en 2019.
La machine était pour une fois parfaitement bien huilée. Il a donc fallu moins de trois heures aux 27 états membres de l'Union européenne pour adopter les «orientations générales», la première étape du Brexit, officiellement lancé il y a un mois avec le déclenchement de l'article 50. Les grands principes du Brexit sont désormais actés. Il n'y a pas de retour possible. Les états membres de l'UE ont désormais un peu moins de deux ans pour finaliser le divorce, qui devra être effectif en mars 2019.
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C'est le principal message du conseil extraordinaire convoqué à Bruxelles le 29 avril: l'unité de l'Union a été non seulement préservée, mais renforcée. Ils ne s'entendent sur aucun des autres grands sujets internationaux, s'opposent sur la Russie de Vladimir Poutine, divergent sur la relation vis-à-vis des Etats-Unis, n'ont pas la même vision des menaces ni les mêmes priorités au Moyen-Orient. Mais vis-à-vis du Royaume-Uni, ils ont réussi à bâtir un front uni, plus solide que d'habitude. «Il y a eu convergence spontanée des analyses et des attentes» confirme un diplomate français. Car il y va selon lui de l'avenir de l'Union. «Nous montrer laxistes ouvrirait la porte à des contagions. Il ne faut pas donner le sentiment que la situation est meilleure quand on est en dehors que quand on est dedans…». Le coût du Brexit sera «avant tout pour les Britanniques, sur tous les plans».
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Diminuer les incertitudes
À quelques jours du second tour de l'élection présidentielle en France, alors que des forces centrifuges secouent l'ensemble du continent européen, chacun s'accorde à dire que le Brexit doit davantage être un repoussoir qu'un modèle pour les autres États membres. «L'Europe doit être une solution et pas une série de problèmes» a résumé François Hollande, qui participait samedi à son dernier Conseil européen. «Il y a toujours un prix, un coût, des conséquences à quitter l'Union. Ce n'est pas une punition. Mais en quittant l'Union, on perd ses avantages» prévient le président français. Même la Pologne et la Hongrie, souvent considérées comme les enfants terribles de l'Union, ont soutenu cette vision consensuelle. «L'unité des 27 n'est pas dirigée contre le Royaume-Uni. Nous sommes ensemble, car nous avons des raisons d'être ensemble» a affirmé Michel Barnier, le négociateur du Brexit pour la Commission Européenne. «Personne ne s'est allié contre la Grande-Bretagne», a déclaré la chancelière allemande Angela Merkel.» La France parmi les pays européens les plus exposés au Brexit
Un an après le résultat du référendum britannique, il n'existe plus aucune tentation chez les 27 de favoriser le statu quo ou d'essayer de réduire au maximum les conséquences du Brexit. La volonté des états membres est surtout de «diminuer les incertitudes», d'organiser au mieux le divorce avec le Royaume Uni afin qu'il ne génère pas de chaos. Theresa May plaidait pour une négociation parallèle, elle voulait quitter l'Union tout en organisant avec elle ses relations futures. Les 27, qui se disent déterminés à défendre leurs intérêts avec «fermeté», ont refusé. D'abord le divorce, ensuite le rapprochement. Aucune discussion ne démarrera sur un futur accord commercial avec Londres avant que les grands principes de la séparation n'aient été actés. D'ici là, la négociation se concentrera sur trois priorités: la défense des droits des citoyens européens au Royaume-Uni, la question frontalière avec l'Irlande et le solde des comptes, qui pourrait atteindre 50 à 60 milliards d'euros.
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