Macron dénonce une droite
réactionnaire anti-européenne
* Il accuse Jean-Luc Mélenchon
d'avoir "trahi les siens"
par John Irish
CHÂTELLERAULT (Vienne), 28 avril
(Reuters) - Emmanuel Macron a renvoyé dos-à-dos vendredi soir le
candidat de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon, qui a refusé
d'appeler à voter pour lui au second tour de l'élection
présidentielle, et le souverainiste Nicolas Dupont-Aignan, qui a
fait alliance avec son adversaire du Front national, Marine Le Pen.
L'ex-ministre de l'économie
achevait à Châtellerault, dans la Vienne, devant environ un millier
de personnes brandissant des drapeaux européens et tricolores, un
déplacement qui l'avait
auparavant conduit à
Oradour-sur-Glane, village martyr de la seconde guerre mondiale, en
Haute-Vienne.
Dans un discours retransmis dans
une cinquantaine de lieux dans toute la France, en particulier dans
des villes moyennes ou petites et en milieu rural, il a déploré
qu'il n'y ait pas eu de "front républicain" contre
le FN, après le premier tour qui a vu la candidate d'extrême droite
arriver en deuxième position.
"Non, les Françaises et les
Français n'ont pas juste eu un coup de colère en ce premier tour
(...) Le FN n'est pas un parti comme les autres" et ne pas en
tenir compte est "une faute politique morale grave", a-t-il
dit.
Emmanuel Macron a ironisé sur
l'alliance annoncée vendredi par le président de Debout la France
avec le FN ( ), décision qu'il a imputée à des difficultés
financières après un premier tour qui n'a pas permis à Nicolas
Dupont-Aignan de franchir le seuil des 5% des suffrages.
Nicolas Dupont-Aignan "recompose
la droite, cette partie-là de la droite", a-t-il poursuivi,
plus gravement. "Il y aura durablement une droite réactionnaire
qui veut la fin de l'Europe et qui est fascinée par le
nationalisme (...) Et à cette droite-là, je ne laisserai jamais la
France."
MÉLENCHON "TRAHIT LES SIENS"
Il a exhorté ses partisans à ne
pas confondre nationalisme et patriotisme : "Nous sommes les
patriotes, ils sont les nationalistes !" a lancé le candidat
d'En Marche !
Jean-Luc Mélenchon, arrivé
quatrième au premier tour, a pour sa part de nouveau refusé
vendredi de donner des consignes de vote, tout en laissant entendre
qu'il voterait personnellement Macron.
Emmanuel Macron a reproché à
Jean-Luc Mélenchon d'oublier qu'ils partageaient, au-delà de leurs
divergences sur nombre de sujets, un attachement à débattre de ces
désaccords dans un
cadre républicain. "C'est notre
vraie différence avec le FN et il l'a oublié et c'est une faute
grave, lourde", a-t-il dit.
La deuxième faute de Jean-Luc
Mélenchon est "de trahir les siens", notamment ses
électeurs proches du Parti communiste, ouvriers et paysans, la
jeunesse étudiante ou les cadres de sensibilité écologiste.
"Tous ceux-là, ils ont
quelque chose à voir avec le ni-ni qu'il leur sert ?" a lancé
Emmanuel Macron. "La plupart se sont battus, ont payé pour
lutter contre les extrémismes, pour se rappeler cette vertu morale
qu'il est en train d'oublier."
L'ancien ministre de l'Economie a
ensuite longuement expliqué ses projets en faveur d'un monde rural
où le Front national a fait ces dernières années une percée,
avant de répondre aux questions de la salle.
"J'entends depuis dimanche
(...) qu'il y aurait deux France", a-t-il notamment. "La
France des villes qui réussit serait en ma faveur et la France des
champs qui doute serait derrière Mme Le Pen. Merci d'être là pour
témoigner du contraire."
(Avec Emmanuel Jarry à Paris, édité
par Cyril Camu)