Hassan Nasrallah répond à Trump sur le trafic de drogue du Hezbollah
Hassan Nasrallah dénonce le soutien de Steven Spielberg à Israël
Vladimir Poutine : face à Trump, Kim-Jong Un a gagné haut la main
Discours du Secrétaire Général du Hezbollah, Sayed Hassan Nasrallah, le 19 janvier 2018, à l’occasion de la commémoration du décès du père des martyrs Jihad, Fouad et Imad Moghniyeh
Transcription :
[…]
Durant les dernières semaines, des accusations américaines ont été
portées. Elles ne sont pas nouvelles mais prennent une nouvelle
dimension. Le Ministère de la Justice américain a créé une Commission
d’enquête qui va venir au Liban – je ne sais pas si elle est déjà là,
les médias ne l’ont pas clairement précisé – pour rencontrer des
responsables et des partis libanais et faire une enquête. Sur quoi ? Sur
les liens du Hezbollah avec le trafic de drogue. Une histoire a été
concoctée aux Etats-Unis, selon laquelle Obama aurait empêché toute
investigation sur la question du trafic de drogue du Hezbollah, mais que
Trump, plus intransigeant, a formé cette Commission d’enquête. La même
démarche est actuellement menée par la France, et il y aurait des
arrestations de personnes liées au trafic de drogue, au blanchiment
d’argent, etc.
Quoi
qu’il en soit, je ne vais pas m’arrêter longuement sur ce sujet, mais
je tiens à rappeler notre position de principe immuable. Je tiens à vous
dire, ainsi qu’à tous les spectateurs, de manière catégorique, que ce
sont des fabrications, et des accusations mensongères qui ne reposent
sur aucun fait et n’ont aucune vérité. Le Hezbollah, en ce qui concerne
cette question, a une position religieuse, légale et éthique très
claire. Pour nous, le trafic de drogue est illicite, interdit, et fait
même partie des grands péchés. Et nous interdisons le trafic de drogue
même dans la société de l’ennemi. Peut-être que quelqu’un dira quel est
le problème à vendre de la drogue à la société israélienne pour la
détruire (de l’intérieur) ? Même le trafic de drogue avec la société
israélienne pour la détruire est illicite selon nous. Le trafic et la
propagation de drogue sont illicites par principes (quelles que soient
les circonstances), même avec une société ennemie. Cela n’a rien à voir.
Telle est notre éthique, tel est notre engagement, auxquels on se tient
de manière absolue. Et par conséquent, toutes (ces accusations) n’ont
aucun fondement de vérité.
La
vraie question est : dans quel cadre s'inscrivent ces accusations ? Je
l’ai déjà dit, et je le répète : en ce qui concerne le commerce, et non
pas seulement la question de la drogue, j’ai déjà rappelé à plus d’une
occasion, ô les gens, que même le commerce licite, nous, au Hezbollah,
n’en faisons pas. Même le commerce licite. Tout ce qui est commerce,
action lucrative, nous en sommes complètement détachés. Ce n’est pas par
ascétisme ou parce que ce serait illicite, je parle du commerce licite.
Au contraire, le commerce est une action recommandée. Le commerce, du
point de vue de la loi et de la jurisprudence (islamique), est une
action recommandée. Mais en ce qui concerne le Hezbollah, en tant que
parti, qu’entité particulière, politique, djihadiste, nous avons pris la
décision de ne faire aucun commerce. Et cette décision est motivée par
les sanctions, la volonté de ne pas nuire aux commerçants libanais, sans
quoi demain tout commerçant libanais serait accusé de disposer de
l’argent du Hezbollah ou de le faire fructifier.
Nous
ne menons absolument aucune action lucrative. Nous ne faisons pas
fructifier notre argent (ni par le commerce, ni par les prêts ou
intérêts bancaires…). L’argent que nous avons à notre disposition est
seulement celui qui nous suffit à nos frais et à nos dépenses sur les
différents terrains où nous sommes présents, et principalement les
batailles armées que nous menons. Et par conséquent, nous n’avons pas
d’argent qui fructifie, nous n’avons pas d’entreprises, et nous n’avons
pas de membre ou bureau chargé de faire fructifier notre argent.
Et
également, entre parenthèses, je l’ai déjà dit par le passé et je le
rappelle aujourd’hui, car maintenant, Dieu merci, après la victoire en
Irak et la victoire presque définitive en Syrie, le retour de la paix et
la reconstruction, il y a des entreprises et des commerçants libanais
qui vont travailler en Irak, en Syrie et dans d’autres pays, je tiens à
affirmer à tout le monde : il n’y a personne, il n’y a aucune action
projet de ce type appartenant au Hezbollah. Le Hezbollah n’a rien (de
tel). Le Hezbollah ne fait fructifier de l’argent nulle part, ne
participe ni n’intervient dans aucun projet lucratif ou commercial.
Bien
sûr, nous ne l’interdisons pas. Il y a des commerçants qui sont sur la
ligne du Hezbollah, qui sont nos frères, il y a des riches, il y a des
gens qui ont des capacités, mais ils travaillent de manière
individuelle. Nous n’interdisons pas aux Libanais de commercer. Si
quelqu’un a de l’argent et fait du commerce, c’est à titre en tant que
particulier, avec son argent personnel. Ce sont des entreprises
individuelles. Le Hezbollah en tant que Hezbollah n’a désigné ou
autorisé personne à parler en son nom et à mener des projets lucratifs
personnels. Car il n’y a aucune telle action lucrative. Je le dis entre
parenthèses pour confirmer cela.
Quant
à la question de la drogue, c’est une question clairement (illicite)
pour nous, comme je l’ai dit, mais elle s’inscrit dans le cadre de la
guerre contre nous. Elle fait partie de la guerre qui est menée contre
nous. Et c’est une chose naturelle. Lorsque (l’ancien ambassadeur US)
Feltman reconnait que l’ambassade américaine au Liban à elle seule a
dépensé 5 milliards – pardon, 5 millions de dollars pour salir l’image
du Hezbollah et en éloigner les jeunes. Cela fait partie de l’effort
(ennemi) pour nous salir.
Les
Américains ont fait leur possible pour convaincre le monde que le
Hezbollah est une organisation terroriste. Certains pays ont marché,
d’autre non. Et même certains pays qui ont accepté de nous inscrire sur
la liste des organisations terroristes, en coulisses, nous contactent et
travaillent avec nous et seraient prêts à mourir pour préserver leur
relation avec nous. L’idée de (nous désigner comme) organisation
terroriste n’a pas fonctionné. Elle n’est pas logique. Le Hezbollah a
prouvé, surtout durant les dernières années, qu’il fait partie des
forces les plus importantes – ce n’est pas la plus importante, mais
compte parmi les plus importantes – qui luttent contre le terrorisme et
les groupes terroristes dans la région. Comment pourrait-on nous
désigner comme terroristes alors que nous combattons les terroristes ?
Ceux que le monde désigne unanimement comme terroristes (Daech) ?
C’est
pourquoi les Américains essayent autre chose. Ils veulent présenter le
Hezbollah comme une organisation criminelle. J’espère que l’opinion
publique sera attentive à cela. Il y a la désignation comme organisation
terroriste et il y a la désignation comme organisation criminelle.
Qu’est-ce qu’une organisation criminelle ? Une organisation qui fait du
trafic de drogue, qui vole des voitures, des bandits, des mercenaires et
des assassins, etc. Ils essaient de nous décrire comme une organisation
criminelle.
Très
bien. S’ils veulent faire une enquête au Liban, ils sont les bienvenus.
J’invite cette Commission du Ministère de la Justice américain à venir
faire leur enquête au Liban. Et nous espérons que les Libanais qui
rencontreront les membres de cette Commission diront la vérité et seront
honnêtes. Que personne ne mente pour inciter contre nous. Il y a
(malheureusement) des gens comme ça au Liban. Au Liban, on sait bien qui
a une position ferme sur le trafic de drogue, les trafiquants de drogue
et tout ce dossier. C’est bien connu. Si quelqu’un a quelque chose
contre nous, qu’il l’avance. Nous espérons qu’ils diront la vérité, même
si je sais bien que les Américains ne recherchent pas la vérité. Ils
cherchent n’importe quoi pour soutenir cette accusation et placer le
Hezbollah sur la liste des organisations criminelles.
Quoi
qu’il en soit, je m’en tiens là sur ce point et je déclare que nous
rejetons cette accusation. Sur cette question, notre position est ferme
et immuable. Nous n’acceptons aucune accusation. Il n'y a rien de sale
chez nous. Au contraire, ils devraient d’abord examiner leur propre
situation, enquêter sur la manière dont les Américains, la CIA, les
agences de sécurité (FBI, etc.) eux-mêmes font du trafic de drogue et
détruisent des sociétés en y répandant la drogue. Allez donc faire une
Commission d’enquête sur vos propres agissements, sur le trafic de
drogue de vos responsables et de vos agences de sécurité. […]
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Hassan Nasrallah dénonce le soutien de Steven Spielberg à Israël
Discours
du Secrétaire Général du Hezbollah, Sayed Hassan Nasrallah, le 19
janvier 2018, à l’occasion de la commémoration du décès du père des
martyrs Jihad, Fouad et Imad Moghniyeh
Transcription :
Le
troisième point concerne la normalisation (des relations) avec l’ennemi
israélien. C’est un point de discorde et de débats au Liban, qui se
sont tenus dernièrement. J’appelle à ce que calmement, dans un endroit
déterminé – par exemple au gouvernement, à l’Assemblée –, avec tous les
ministères, toutes les personnes, tous les groupes parlementaires
concernés, se tienne une discussion qui aboutisse à une position sur ce
que sont les signes de normalisation avec l’ennemi israélien. Le (rejet)
du principe même de normalisation (avec Israël) est une position
libanaise officielle. Le Liban est résolu à ne pas normaliser ses
relations avec l’ennemi israélien, tant qu’il n’y aura pas ce qu’ils
appellent une « paix juste et globale ».
Eh
bien, où est donc la « paix juste et globale » ? Le Liban doit
appliquer son engagement à ne pas normaliser ses relations avec l’ennemi
israélien. Cette question doit être adressée et résolue, afin qu’il n’y
ait pas de problèmes dans le pays. Au sens où demain, au prétexte que
telle ou telle chose relèveraient de l’art, du tourisme ou autre… Nous
ne voulons pas entrer dans les débats religieux ou de pensée pour cette
question politique. Par exemple, qu’un réalisateur libanais [Ziad
Doueiri] se rende en Palestine occupée, à l’ambassade israélienne,
demande un visa, y fasse des allers et retour, s’y rende finalement
(après obtention du visa) et tourne un film là-bas, et cela ne serait
pas de la normalisation ? Si cela n’est pas de la normalisation, il faut
nous expliquer ce qu’est la normalisation. O mon frère, je suis un
libanais et je te demande de m’expliquer ce que signifie la
normalisation des relations avec l’ennemi israélien. Qu’est-ce que
c’est ?
C’est
pour cela que cette question est très sensible, surtout maintenant, à
cette étape. Après les dernières développements concernant la cause
palestinienne, il y a beaucoup de gens au Liban – que personne ne les
sous-estime, et nous en faisons partie – qui ne tolèreront jamais
(peut-être que sur certaines autres choses, on a pu être compréhensif et
les tolérer) les mesures de normalisation qui se produisent sous les
yeux de l’Etat, et parfois avec l’accord de responsables dans l’Etat
libanais.
Eh
bien, traduisons donc cela, expliquons-le. Personne n’est opposé à
l’art, personne ne demande de fermer les cinémas ou de ne pas y aller,
jamais. Personne n’a pas même abordé ce sujet. Mais qu’au nom de l’art,
au nom du cinéma, au nom du tourisme, vous normalisiez les relations
avec Israël, cela s’oppose aux engagements de l’Etat libanais. Que
personne ne vienne dire demain « le Sayed, comme d’habitude, se charge
de prendre les décisions de guerre et de paix ». O mon frère, c’est là
une décision de l’Etat libanais. C’est une décision du gouvernement
libanais. Tenez-vous donc à vos décisions, à votre stratégie, à vos
positions. Soyez fidèles à votre parole. Voilà pour la position de
principe.
Deuxièmement,
quant à l’application (de cette décision). Au Liban, dans les
discussions intra-libanaises, certains de nos frères libanais nous
disent toujours que « Le Liban se tient aux décisions de la Ligue
arabe ». Et ils nous créent toutes sortes de problèmes, prétendant
qu’ils sont arabes et que nous ne sommes pas arabes, et qu’ils se
tiennent aux décisions de la Ligue arabe. Eh bien, parmi les décisions
de la Ligue arabe qui ne sont pas appliquées par certains pays arabes,
il y a la non-normalisation des relations avec Israël. Et parmi les
décisions de la Ligue arabe, il y a la formation d’un bureau qui
s’appelle le Bureau arabe de boycott, avec un Comité composé de délégués
de pays – le Liban en faisait partie, je ne sais pas si c’est toujours
le cas – qui se réunissent et débattent. Cela ne concerne pas la
normalisation. Il ne faut pas confondre les deux choses. Parfois ils
sont d'accord entre eux, parfois ils divergent.
Que
décident-ils ? Par exemple, telle entreprise, qui n’est pas une
entreprise israélienne mais une entreprise néerlandaise, japonaise,
chinoise, ce que vous voulez, américaine, etc., mais qui apporte une
aide à Israël, qui soutient Israël. Au sein du Bureau arabe de boycott,
ils étudient de près les informations concernant cette entreprise et
l’inscriront (éventuellement) sur la liste noire qu’ils distribuent aux
pays arabes. En général, quels sont les pays qui se tiennent le plus (à
ce boycott) ? Le Liban et la Syrie. Et nous invitons les autres pays
arabes à la respecter. Imaginez par exemple, un Comité arabe composé de
14 pays, qui prend la décision de boycotter (telle entreprise), et il
n’y a que 3 ou 4 pays qui la boycottent effectivement. Tel est (le
niveau de) l’engagement arabe. Mais cela existe. Il y a un Comité arabe
de boycott.
Eh
bien, ce Comité arabe de boycott a placé sur la liste noire…
maintenant, si les informations que je vais donner se révèlent erronées,
je m’excuse auprès des responsables, mais si elles sont vraies, je leur
demande d'assumer leurs responsabilités. Le Comité a désigné un
réalisateur américain – cela n’a rien à voir avec sa religion, il est
juif mais ça ne pose pas de problème – qui s’appelle Steven… je ne sais
quoi. Attendez, je cherche son nom (dans mes papiers). Il s’appelle
Steven… Sbel… Berg… [Spielberg], je ne sais quoi, peu importe. Il a
réalisé un film intitulé The Post. Certes, dans ce film, il n’y a
pas de normalisation des relations avec Israël. Nous ne prétendons pas
cela. Parce qu’il parle du Vietnam par exemple. Je ne l’ai pas vu, mais
c’est ce que j’ai lu. Mais le problème n’est pas le film lui-même. Le
problème, c’est le réalisateur.
Ce
réalisateur est inscrit sur la liste noire (à boycotter). Il y a une
décision du Comité arabe de boycott, à laquelle le délégué du Liban a
participé, de boycotter ce réalisateur et ses films. Pourquoi ? Pas
pour la Palestine. Pour le Liban, ô gens. Ce réalisateur, pendant la
guerre de 2006, a annoncé son soutien à l’agression israélienne contre
le Liban. Il l’a soutenue publiquement. Et j’espère que mon propos, à
travers les médias, parviendra à Son Excellence le Président de la
République, au Président de l’Assemblée, au Président du Conseil des
ministres, au ministre de l’intérieur et au ministre des affaires
étrangères, et qu’ils m’entendront.
Cet
homme a annoncé son soutien à la guerre israélienne contre le Liban en
2006, qui a causé plus de 2000 martyrs, des milliers de blessés, des
dizaines de milliers d’habitations détruites, 33 jours de la plus atroce
guerre israélienne contre le Liban, et cet homme a soutenu cette
guerre. Et il a payé 1 million de dollars de son argent personnel, 1
million de dollars de soutien pour Israël de son propre argent. Ce qui
signifie que lorsque vous amenez un film au cinéma au Liban, et que les
Libanais vont le voir et payent de l’argent, lorsque ce dénommé Steven
reçoit sa part de cet argent, cet argent peut finir entre les mains
d’Israël.
Eh
bien, le Comité arabe de boycott qui était composé de 14 pays arabes,
lorsqu’il a pris la décision de boycotter ce Steven, c’était pour le
Liban, ô les gens, car il a soutenu la guerre israélienne contre le
Liban. Car il a soutenu Israël avec 1 million de dollars de son argent
personnel, pour l’assassinat de vos enfants, la pulvérisation de vos os,
la destruction de vos maisons. Et après cela, on devrait permettre à
Steven, au nom de l’art, de la liberté et du tourisme, de projeter son
film dans les cinémas libanais sans aucun problème.
Nous
rejetons cette décision et la considérons comme une faute. Je ne vais
pas dire plus que cela maintenant, c’est une faute. Peut-être que vos
informations n’étaient pas correctes, auquel cas il vous faut les
corriger. Et si mes informations sont fausses, corrigez-moi, il n’y a
pas de problème. Nous ne prétendons pas à l’Infaillibilité. Mais tel est
le résultat de nos vérifications faites il y a quelques jours. Nous
espérons que ce problème sera corrigé. Nous espérons que ce problème
sera corrigé, et pas seulement ce problème, mais toute cette histoire
(de normalisation). Nous ne sommes pas opposés à l’art, ni au cinéma, ni
à la télévision, ni à l’internet, ni au tourisme, en aucun cas. Que
personne ne fasse de confusion entre ces questions. Que personne ne
sous-estime leur importance. Et que personne ne nous prenne la tête. En
ce qui concerne Israël, il doit y avoir une unanimité libanaise sur le
fait qu’Israël est un ennemi. Et il doit y avoir une décision libanaise
officielle de boycotter Israël et de se tenir aux décisions de la Ligue
arabe en ce qui concerne le boycott des entreprises (ou personnalités)
qui sont désignées comme soutenant Israël. Tenez-vous à vos décisions,
c’est tout. [...]
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Entretien de Vladimir Poutine avec les médias et agences de presse russes, 11 janvier 2018
En
prélude à la journée de la presse russe, le 13 janvier, Vladimir
Poutine s'est rendu à la rédaction du journal Komsomolskaya Pravda avec
les médias et les agences de presse russes. La discussion a porté sur
les problèmes professionnels actuels.
Transcription :
[...] Journaliste :
Monsieur le Président, j'ai une question à propos de la péninsule
coréenne. La nouvelle année a apporté de bonnes nouvelles sur les
contacts, les tendances et les rencontres possibles. En même temps, il y
a des nouvelles alarmantes au sujet des boutons nucléaires et de la
question de savoir qui a le plus gros. Que pensez-vous des
développements concernant la péninsule coréenne dans les premiers jours
de la nouvelle année?
Vladimir Poutine
: Je pense que Kim-Jong Un a évidemment gagné ce round. Il a atteint
son objectif stratégique. Il a une ogive nucléaire, et maintenant il a
aussi un missile avec une portée globale de 13 000 kilomètres, qui peut
atteindre presque n'importe quelle partie du globe, au moins sur le
territoire de son adversaire potentiel. Et maintenant il veut clarifier,
calmer ou dé-escalader la situation.
C'est
déjà un politicien mature et très perspicace. Cependant, nous devrions
être réalistes et, compte tenu de ce que nous devons faire, nous devons
agir avec beaucoup de précautions. Si nous voulons atteindre l'objectif
difficile de dénucléariser la péninsule coréenne, nous devons le faire
par le dialogue et les négociations.
Je
crois que, aussi difficile que cela puisse paraître, nous pouvons
accomplir cette mission si toutes les parties prenantes de ce processus,
y compris les Nord-Coréens, sont convaincues que leur sécurité peut
également être garantie sans armes nucléaires.
C'est
ainsi que je veux répondre en conclusion. Cela est étroitement lié à
votre question et à la question précédente également. Nous discutons du
nouveau traité START avec nos partenaires américains. Ils ont
soudainement déclaré, même si leur intention colle à la lettre du
traité, qu'ils voulaient convertir certains de leurs véhicules de
lancement - avions et sous-marins - avec des silos pour empêcher leur
utilisation pour lancer des armes nucléaires.
En
principe, cette possibilité est stipulée dans le traité. Mais le traité
dit aussi que cela n'est possible que si l'autre partie, en
l'occurrence la Russie, vérifie la conversion et est convaincue qu'il
n'y a pas là de potentiel de rupture, que ces silos ou équipements
aéronautiques ne seront pas reconvertis pour l'usage d'armes nucléaires.
Nous
n'avons aucune preuve de cela jusqu'à présent. Et nous sommes donc
préoccupés par cela. Mais notre dialogue est en cours. J'espère que ce
sera positif. [...]