SAUF
ÉNORME surprise, le Front national ne passera pas le printemps. Après
quelque quarante-cinq ans d’existence, sa présidente Marine Le Pen a
décidé de le saborder, de le liquider, de l’assassiner. Faisant fi de
l’avis du père fondateur, des militants et cadres historiques, et même
des adhérents actuels qui, d’après plusieurs sources concordantes,
restent très majoritairement attachés au nom Front national et à son
logo, la flamme tricolore copiée de celle du MSI italien et symbole de
l’espérance, la quinquagénaire acariâtre a choisi d’en finir avec un
mouvement qui a suscité depuis près d’un demi-siècle tant de dévouements
militants, tant de combats désintéressés, tant de sueurs, de joies et
de larmes, tant d’espoirs, de rêves et de désillusions, tant de bonheurs
et de sacrifices. Marine Le Pen a décidé de tout changer, sauf
elle-même. Tout doit disparaître, sauf elle. Tout doit s’évanouir, tout
doit être détruit, anéanti, jeté aux oubliettes, sauf elle. Tout doit
être jeté par-dessus bord, sauf le chef qui a mené ses troupes au
désastre.
Il y a dans la démarche obsessionnelle et macabre de
Marine Le Pen une logique implacable. Après avoir liquidé les
fondamentaux du mouvement, après avoir passé à la centrifugeuse des pans
entiers du programme historique, de la défense de la famille et de la
vie innocente à la réduction de la pression fiscale en passant par
l’abrogation des lois liberticides et le rétablissement de la peine
capitale, après avoir traîné en commission de discipline, suspendu puis
exclu, et de quelle odieuse manière, le père auquel elle doit la vie,
son patronyme, sa carrière, son pouvoir, ses biens, sa position sociale,
après avoir purgé les cadres historiques et valeureux du mouvement,
après avoir pourchassé impitoyablement sur les réseaux sociaux les
militants et candidats qui avaient commis le crime de poster des
messages politiquement, moralement ou historiquement incorrects, elle
parachève son entreprise de liquidation en supprimant le nom et le logo
du Front. La rose bleue couchée qu’elle avait choisie comme emblème pour
sa campagne présidentielle était déjà tout un programme : elle était
couchée comme le sont les fleurs gravées sur les pierres tombales, elle
était horizontale comme l’est un encéphalogramme plat, elle était au
fond déjà morte comme l’est le mouvement dont elle a hérité clé en main
et qu’elle a tué en moins d’un septennat.
MAIS LE PLUS impardonnable sans doute dans le bilan de
la déménageuse passée à la lessiveuse lors du débat du 3 mai, funeste
soirée qui fut le cimetière de la poissonnière, c’est d’avoir tué l’âme
et l’esprit du mouvement. Car aussi imparfait et critiquable que fût
l’ancien Front national, on ne peut nier qu’il constituait une famille,
qu’en son sein la camaraderie militante, l’amitié, la chaleur et la
profondeur des sentiments nés de combats menés en commun y régnaient en
maîtres. Qui ne se souvient, pour ceux qui y ont participé, des
universités annuelles du Front national de la jeunesse dans le château
de Roger Holeindre à Neuvy-sur-Barangeon (Cher) avec le lever des
couleurs, les discours émouvants de “Popeye” qui, dans cette bâtisse
coloniale, retraçait avec sincérité, avec chaleur, les sacrifices et
l’héroïsme de tous ceux qui sont tombés au XXe siècle pour que France
continue ? Qui a oublié ces immenses et magnifiques rassemblements au
Bourget ou sur la pelouse de Reuilly à l’occasion des BBR et où des
Français venus de tous les horizons communiaient dans une même ferveur,
un même enthousiasme, une semblable espérance ?
Mais Marine Le Pen et ses conseillers,
l’homosexualiste Chenu et l’ectoplasmique Philippe Olivier, l’assemblage
de Gay-Lib et du grand vide, de Têtu et des malotrus, n’ont cure de ces
souvenirs. Ils ne peuvent donner ce qu’ils n’ont pas, transmettre ce
qu’ils n’ont pas reçu, ils sont sans cœur, sans principe et sans
honneur. Ils se moquent éperdument de tous ces militants anonymes qui,
par amour de leur pays, au nom de leur idéal, ont perdu leur travail,
leur conjoint, leur famille, leur santé, leur liberté ou leur vie. Ils
piétinent sans vergogne les huit militants du Front national qui ont été
assassinés parce qu’ils étaient fiers de porter les couleurs de ce
mouvement et qui l’ont payé de leur vie, à commencer par François Duprat
tué par un engin explosif activé à distance pendant l’entre-deux-tours
des législatives de mars 1978. Ils oublient Robert Lagier, mort en
prison et que Thémis a laissé expirer derrière les barreaux alors qu’il
était atteint d’un cancer pour avoir fait usage dans la panique d’une
arme à feu, lors d’un collage nocturne à Marseille, ayant tué
accidentellement un Comorien, alors qu’il se sentait menacé et encerclé.
Ils n’ont cure des combats, ô combien courageux, d’une Marie-France
Stirbois, poursuivie dans sa ville de Dreux par des hordes, et face
auxquelles elle n’a jamais reculé, cette même Marie-France Stirbois que
Marine Le Pen traitait élégamment de “mémère” et contre laquelle elle se
déchaînait en bureau exécutif alors que la malheureuse était atteinte
d’un cancer du péritoine en phase terminale ! La quinquagénaire et sa
bande d’arrivistes et de dégénérés sont totalement insensibles à
l’histoire de France, à ses traditions, à ses terroirs, à ses paysages, à
ses monuments, à sa foi, à ses héros, ses soldats, ses saints et ses
martyrs, à la messe traditionnelle, latine et grégorienne. Ils n’aiment
et ne connaissent que les discothèques et les night clubs, les chansons
et les séries télévisées débiles et débilitantes.
De ce qui était un assemblage de Français aimant
charnellement leur pays, elle a fait un lupanar pédérastique, une cage
aux folles, un sauna gay, une immense et vomitive backroom. A l’heure où
nous écrivons ces lignes, nous apprenons que Bruno Bilde, député FN du
Pas-de-Calais, concubin du maire inverti d’Hénin-Beaumont et secrétaire
général du FN Steeve Briois, est accusé par d’anciens salariés du Front,
eux-mêmes invertis, de « harcèlement homosexuel ». La réalité dépasse
la fiction. Le néo-FN, c’est le vice à tous les étages, c’est
l’assemblage de la harpie et de la sodomie, de la furie et des invertis,
de la poissonnière et de la pissotière, d’un parti qui périt par les
parties !
SCANDALES sexuels, escroquerie en bande organisée,
financement illégal de campagnes électorales et du parti, mises en
examen pour abus de confiance, le Front national, à l’ère de Marine Le
Pen, se sera vraiment normalisé et aura épousé les mœurs nauséabondes
des autres partis du Système. Comme le notait fort justement Carl Lang,
le président du Parti de la France, dans un tweet, comment se fait-il
que le Front national soit par deux fois mis en examen, en tant que
personne morale, ce qui n’avait jamais été le cas pendant les quelque
trente-neuf ans de présidence de Jean-Marie Le Pen ? Comment se fait-il
que toutes les campagnes électorales du Front national depuis que Marine
Le Pen a pris la tête du parti ont systématiquement fait l’objet
d’instructions, de mises en examen et de renvois devant le tribunal
correctionnel des principaux dirigeants et que l’on ne compte plus les
scandales politico-financiers, de l’affaire des kits de campagne à celle
des assistants parlementaires ? Comment se fait-il que les enquêteurs
suspectent la mise en place et l’organisation d’un système mafieux au
niveau du conseil régional du Nord-Pas-de-Calais où siège Marine Le Pen
et du Parlement européen ?
Alors que les réadhésions sont en chute libre, que les
doutes taraudent jusqu’à la base militante et jusqu’au noyau dur des
électeurs, que beaucoup de responsables du mouvement n’hésitent plus à
dire en off aux journalistes tout le mal qu’ils pensent de Marine Le Pen
qui ne sait plus où elle habite et qui est incapable de fixer un cap et
de s’y tenir, la simple dignité et le sens des responsabilités auraient
dû conduire le chef de cette faillite à quitter la scène et à laisser à
d’autres, plus compétents et plus sages, la conduite du navire. Mais
pour cela il faudrait beaucoup d’humilité, de courage et d’honneur,
qualités dont est totalement dépourvue l’enfant gâtée qui préside aux
destinées du mouvement et qui n’a d’autre but que de se maintenir à la
présidence du parti pour continuer à bénéficier jusqu’à la retraite sans
se fatiguer de la manne publique et des mandats électifs grâce à son
seul patronyme qu’elle n’a pourtant de cesse de déshonorer. Mais peut-on
attendre autre chose d’une femme qui danse sur sa défaite comme elle le
fit le soir du 7 mai, guinchant et se déhanchant jusqu’à l’aube sur des
rythmes endiablés comme si elle avait perdu en finale d’un jeu télévisé
et qu’elle pouvait enfin s’amuser et s’éclater ? C’est le constat cruel
et définitif que fit ces jours-ci Philippe de Villiers, invité de BFMTV
: « Une femme qui danse sur sa défaite n’a pas d’avenir ». On ne
saurait mieux dire.
Jérôme Bourbon
Éditorial du numéro 3312 de RIVAROL daté du 10 janvier 2018