Le général de Gaulle avait coutume de dire qu’il n’aimait pas les
socialistes parce qu’ils n’étaient plus socialistes. À en juger de la
personnalité et du parcours de Delphine Batho, éphémère ministre de
l’Écologie de François Hollande, qui vient de déclarer sa candidature à
la tête du PS, difficile de lui donner tort, tant il y a de quoi avaler
son képi.
Avant de devenir le Parti socialiste, en 1971, au congrès d’Épinay, la SFIO (Section française de l’Internationale ouvrière) prône la rupture avec le capitalisme. Un temps, François Mitterrand entretient l’illusion. Avant d’écarter Jean-Pierre Chevènement, sa politique industrielle, sa vision néo-gaulliste d’une Europe des nations. Et de lui préférer ses fameux visiteurs du soir – Jacques Delors au premier chef -, qui ne tarde pas à lui faire troquer les idéaux portés par Jean Jaurès pour ceux de Jean Monnet.
L’Europe sera libérale et supranationale ou ne sera pas. François Mitterrand, qui n’est socialiste que de loin, embrasse le « delorisme ».
Delphine Batho (c’est la suite logique) incarne, après l’échec de la gauche politique et de la gauche économique, la gauche sociétale. Ou la « génération morale », qu’affirme alors Julien Dray, son mentor. « Génération morale » à mettre en regard, à droite, de celle d’un François Léotard : les deux hommes ont ceci de commun de pratiquer une « morale » n’étant guère du goût de la Justice.
C’est à SOS Racisme et à la FIDL (Fédération indépendante et démocratique lycéenne) que Delphine Batho entre en politique. La première organisation est une émanation directe de l’Élysée ; la seconde du Parti socialiste, vivier de jeunes pousses. Dès l’adolescence commence donc sa carrière d’apparatchik. Au fait, qu’est-ce que la gauche, pour elle ?« La nécessité d’un parti de gauche de gouvernement n’est pas morte. Mais cet outil devrait être au service des causes du XXIe siècle, l’écologie, le féminisme, la laïcité, la conquête de la démocratie numérique menacée par les géants du Net, la valeur travail. »
« Valeur travail » ? Cherchez l’intrus, car pour le reste, nous sommes loin de la défense de la classe ouvrière. Ce n’est même plus la « gauche caviar », mais la « gauche Starbucks »: commerce vaguement équitable avec les électeurs, mais développement durable aléatoire. Après l’imposture, la posture : Delphine Batho affirme partir en guerre contre les lobbies, mais pas n’importe quel lobby.
En ligne de mire, celui du nucléaire. Soit le complexe industriel permettant à la France de connaître une autonomie énergétique relative ; il faut bien aller chercher l’uranium au-delà de nos frontières. Soit un lobby qui produit quelque chose de tangible, au contraire d’autres lobbies qu’elle ne mentionne pas, sûrement parce qu’elle en est issue. Lobbies qui défendent des activités dont le moins qu’on puisse prétendre est qu’ils ne sont pas exactement d’utilité publique, puisque consistant à culpabiliser un peuple français éternellement suspect de racisme, d’homophobie et de haine de l’autre. Un vrai train fantôme…
En ce sens, la candidature de Delphine Batho à la tête de l’ancien parti présidentiel n’a rien d’incongru, sachant qu’elle incarne mieux que personne ce que la gauche est devenue. Une sorte de bureau des pleurs pour victimes plus ou moins imaginaires, destiné à soigner les bobos des bobos et à soulager leurs douleurs existentielles. Ou quand la cause du peuple devient celle du people.
Il était une fois la gauche…
Nicolas Gauthier
Source
Avant de devenir le Parti socialiste, en 1971, au congrès d’Épinay, la SFIO (Section française de l’Internationale ouvrière) prône la rupture avec le capitalisme. Un temps, François Mitterrand entretient l’illusion. Avant d’écarter Jean-Pierre Chevènement, sa politique industrielle, sa vision néo-gaulliste d’une Europe des nations. Et de lui préférer ses fameux visiteurs du soir – Jacques Delors au premier chef -, qui ne tarde pas à lui faire troquer les idéaux portés par Jean Jaurès pour ceux de Jean Monnet.
L’Europe sera libérale et supranationale ou ne sera pas. François Mitterrand, qui n’est socialiste que de loin, embrasse le « delorisme ».
Delphine Batho (c’est la suite logique) incarne, après l’échec de la gauche politique et de la gauche économique, la gauche sociétale. Ou la « génération morale », qu’affirme alors Julien Dray, son mentor. « Génération morale » à mettre en regard, à droite, de celle d’un François Léotard : les deux hommes ont ceci de commun de pratiquer une « morale » n’étant guère du goût de la Justice.
C’est à SOS Racisme et à la FIDL (Fédération indépendante et démocratique lycéenne) que Delphine Batho entre en politique. La première organisation est une émanation directe de l’Élysée ; la seconde du Parti socialiste, vivier de jeunes pousses. Dès l’adolescence commence donc sa carrière d’apparatchik. Au fait, qu’est-ce que la gauche, pour elle ?« La nécessité d’un parti de gauche de gouvernement n’est pas morte. Mais cet outil devrait être au service des causes du XXIe siècle, l’écologie, le féminisme, la laïcité, la conquête de la démocratie numérique menacée par les géants du Net, la valeur travail. »
« Valeur travail » ? Cherchez l’intrus, car pour le reste, nous sommes loin de la défense de la classe ouvrière. Ce n’est même plus la « gauche caviar », mais la « gauche Starbucks »: commerce vaguement équitable avec les électeurs, mais développement durable aléatoire. Après l’imposture, la posture : Delphine Batho affirme partir en guerre contre les lobbies, mais pas n’importe quel lobby.
En ligne de mire, celui du nucléaire. Soit le complexe industriel permettant à la France de connaître une autonomie énergétique relative ; il faut bien aller chercher l’uranium au-delà de nos frontières. Soit un lobby qui produit quelque chose de tangible, au contraire d’autres lobbies qu’elle ne mentionne pas, sûrement parce qu’elle en est issue. Lobbies qui défendent des activités dont le moins qu’on puisse prétendre est qu’ils ne sont pas exactement d’utilité publique, puisque consistant à culpabiliser un peuple français éternellement suspect de racisme, d’homophobie et de haine de l’autre. Un vrai train fantôme…
En ce sens, la candidature de Delphine Batho à la tête de l’ancien parti présidentiel n’a rien d’incongru, sachant qu’elle incarne mieux que personne ce que la gauche est devenue. Une sorte de bureau des pleurs pour victimes plus ou moins imaginaires, destiné à soigner les bobos des bobos et à soulager leurs douleurs existentielles. Ou quand la cause du peuple devient celle du people.
Il était une fois la gauche…
Nicolas Gauthier
Source