La place de l’Europe dans le « nouvel ordre de la Terre »
par Daniel COLOGNE
Georges
Feltin-Tracol publie un nouveau recueil de textes dont la lecture est
aussi agréable que celle de ses ouvrages précédents. La diversité des
registres d’écriture n’y a d’égale que la cohérence du fond. C’est un
livre qui rassemble des conférences prononcées dans des cercles
identitaires, des essais très documentés comme celui qui clôt ce
passionnant florilège, des articles plus courts où l’auteur dévoile
aussi un authentique talent de journaliste capable d’élever un fait
divers au rang de témoignage patrimonial : le tout sous-tendu par une
abondance de notes infra-paginales qui classe l’ouvrage parmi les
prestations éditoriales de haut niveau universitaire (1).
L’auteur
ne fait pas mystère de son programme : refonder l’Europe au prix d’une «
implosion (p. 103) », d’un « abattage (p. 111) » ou d’une « destruction
(p. 129) » de l’Union européenne. Refaire de l’Europe une « patrie
idéale » intégrant de manière organique les « patries historiques » (les
nations) et les « patries charnelles » (les régions) : c’était l’idée
chère à Georges Gondinet, mais elle doit évidemment être réactualisée à
la lumière d’un contexte qui n’est plus le même qu’il y a quarante ans.
Ainsi « le nouveau régionalisme » doit-il rechercher des « champs de
force », « des portions d’espace dominées par un pôle urbain et pouvant
être animées à partir de ce pôle (Pierre Fougeyrollas, cité par
l’auteur, p. 204) ».
«
L’union souveraine et fédérale des peuples, des nations et des régions
d’Europe est l’ultime chance du continent de survivre au XXIe siècle (p. 73). » Cela nous paraissait une évidence, à Georges Gondinet et moi-même, dès 1977, lorsque nous écrivions Pour en finir avec le fascisme.
Nous remercions Georges Feltin-Tracol de nous citer à plusieurs
reprises et de considérer des brochures comme la nôtre, celles de nos
amis italiens de l’époque (Giorgio Freda et Adriano Romualdi) et celles,
plus récentes, de Gabriele Adinolfi, comme de « véritables munitions
pour la réflexion [facilitant] la diffusion de pensées concises et
ramassées (p. 169) ».
On
peut adresser à Georges Feltin-Tracol l’éloge que décernaient les
contemporains d’Hippolyte Taine au doctrinaire de la « race », du «
milieu » et du « moment » : tous deux sont de remarquables bâtisseurs de
pyramides intellectuelles. Taine avait repris à son compte la devise de
Spinoza, « Vivre pour penser », mais ceux qui veulent prolonger cette
ambition théoricienne dans un engagement politique en arrivent
inéluctablement, quelle que soit leur famille idéologique d’origine, à
s’interroger sur un « nouvel ordre de la Terre (p. 189) », sur un «
possible latéral (Raymond Ruyer) » meilleur que « l’imparfait du présent
(Alain Finkielkraut) », sur un équilibre mondial « harmonique » plutôt
que « dissonant », pour reprendre les termes du lexique de l’astrologie.
Partager
la conception que Georges Feltin-Tracol se fait du « nouvel ordre de la
Terre » implique de se débarrasser de certains préjugés véhiculés via les media de masse par l’intelligentsia dominante. La première de ces idées reçues est celle de l’« origine uniquement
africaine de l’homme (p. 3, c’est moi qui souligne) ». Aucune vraie
confrontation n’est organisée entre cette théorie, présentée comme un
dogme et non comme une hypothèse, et d’autres types d’évolutionnisme,
comme par exemple celui de René Quinton, pour qui les pôles sont les
foyers d’origine des formes supérieures de vie. Tout se passe comme si
l’on voulait face à face le transformisme darwinien et la puérile
interprétation catéchistique de la Genèse biblique (2).
Georges
Feltin-Tracol accorde à Bastien Vallorgue un entretien liminaire où
sont introduits les grands thèmes développés dans les chapitres
ultérieurs. Il distingue la « mondialisation », « processus historique,
géographique et économqiue », et le « mondialisme », « idéologie
politique (p. 3) ». Plus loin, il précise « la portée politique » du
mondialisme en se référant à se sdéfinitions encyclopédiques (Grand
Dictionnaire Larousse de 1984). Le mondialisme a pour objectif « l’unité
politique du monde considéré comme une communauté humaine unique ».
Dans la même page, la mondialisation reçoit une acception « plus
économique, géographique et technique (p. 33, c’est moi qui souligne) ».
Selon
Jacques de Mahieu, « historien méconnu (p. 2) » dont six ouvrages sont
opportunément rappelés, les drakkars vikings et les bateaux templiers
ont précédé les caravelles de Colomb sur la route de l’Amérique du Sud.
Il n’en reste pas moins que le début de la mondialisation se situe au Quattrocento,
grand siècle de la peinture italienne, mais aussi des navigateurs
portugais, de leur nouveau type de navire et de leur nouvelle méthode de
trafic maritime. Quatre et cinq siècles plus tard, l’accélération des
moyens de transports (chemins de fer, automobile, aviation) et le
perfectionnement des outils de communication (du télégraphe à Internet),
achève le processus de mondialisation à l’époque même où s’impose
l’impérieuse nécessité de trouver une alternative au mondialisme.
Georges
Feltin-Tracol suggère « la constitution de grands espaces continentaux
fermés (p. 28) ». En prenant acte du processus pluriséculaire décrit
plus haut, on peut admettre la relativité de cette fermeture, au moins
pour les blocs voisins, comme pourraient l’être une Europe de l’Ouest
débarrassée de son « esprit mouvant d’ordre océanique (p. 22) » et des
pays comme la Hongrie, la Roumanie ou la Bulgarie susceptibles de se
fédérer sur la base d’une « façon d’être qui est typiquement différente
de la nôtre, peuples d’Europe occidentale (Fanny Truilhé et Mathilde
Gibelin, citées par l’auteur, p. 96) ».
Une
des recensions les plus originales recueillies dans l’ouvrage est en
effet celle de la marche pédestre de 6 000 kilomètres de ces deux jeunes
femmes à travers toute l’Europe. Ces anciennes adeptes du scoutisme
sont frappées par l’« euroscepticisme certain (p. 95) » qui se développe
dans ces zones de l’Est européen, mais auquel l’auteur préfère l’«
eurocriticisme (p. 161) ». « Il s’agit de donner à l’Europe une
souveraineté réelle au contraire de l’Union actuelle qui dissout les
souverainetés nationales sans pour autant s’en forger une de dimension
continentale (p. 162) ».
Georges
Feltin-Tracol plaide pour une Europe fédérale en rappelant tout au long
de la page 6 que le fédéralisme fait partie de l’héritage politique de
la France, où souvent « on le confondit avec l’anarchisme et le
socialisme libertaire du fait de la proximité de Proudhon (p. 7) ».
L’auteur invite à se souvenir que « fédérer c’est réunir les éléments
diversifiés dans un équilibre dynamique (Ibid.) », un peu à
l’image du système solaire qui est lui-même en mouvement dans notre
galaxie, mais qui gère en même temps les cycles différenciés des
planètes, les unes rapides, les autres lentes.
Étroitement
lié au fédéralisme, le principe de subsidiarité se définit d’après la
maxime : « Il ne faut jamais confier à une grande unité ce qui peut être
fait dans une plus petite (Dusan Sidjanski, cité par l’auteur, p. 12). »
Le fédéralisme et la subsidiarité sont donc aux antipodes du
nationalisme qui s’insurge certes contre « la tyrannie de l’ego
(p. 13) », mais qui est lui-même un produit de la modernité et qui
s’apparente à toutes les tendances hégémoniques des États
centralisateurs au détriment des réalités locales (régions, communes).
D’aucuns seront surpris de lire au bas de cette même page 13 : « Le
fédéralisme est une avancée majeure vers l’Europe impériale. » C’est
qu’ils confondent, comme beaucoup de Français, l’idée d’Empire avec
celui de bonapartisme. D’une manière plus générale, en Europe, la notion
d’imperium est devenue incompréhensible en raison des pesants
souvenirs laissés par les colonialismes, l’annexionnisme hitlérien,
l’impérialisme d’après 1945 avec ses mâchoires étatsunienne et
soviétique se renfermant sur les pays européens de l’Ouest comme une
tenaille de fer.
Il
ne s’agit évidemment pas de revenir à la Chrétienté médiévale ou « à un
empire de type espagnol, ultra-catholique et inquisitorial comme celui
de Charles-Quint (Otto de Habsbourg-Lorraine, cité par l’auteur, p. 16)
». Pourtant, l’Empire doit être « animé par une ferveur spirituelle (Ibid.)
». C’est ainsi que le conçoit Julius Evola, sur qui Georges
Feltin-Tracol a prononcé une longue conférence en 2013, dans le cadre
d’un colloque organisé par Terre & Peuple. Le texte de
cette allocution, « revue, modifiée et augmentée, suite à des
discussions postérieures (p. 175) », constitue un des chapitres les plus
brillants de l’ouvrage. Pour Evola, L’Empire ne signifie nullement « la
dissolution des nations dans une nation unique, en une espèce de
substance sociale européenne homogène, mais au contraire l’intégration
organique de chaque nation (p. 185) ». L’organicisme évolien repose sur
l’idée qu’une totalité est d’autant plus solide que ses parties
constitutives sont différenciées.
La
construction d’une Europe impériale implique donc l’octroi d’une
certaine autonomie aux nations qui, à leur tour, doivent accorder une
part d’indépendance aux régions et respecter les identités diverses qui
s’expriment sur leur territoire (3). « Mais l’Europe aura-t-elle enfin
les moyens d’associer en sérénité l’identité, la puissance et la
spiritualité ? (p. 123) », s’interroge Georges Feltin-Tracol dans le
chapitre terminal de son livre.
«
Retrouver le concept de puissance (p. 210) » est en effet aussi
important que de répondre aux exigences de la ferveur spirituelle et de
la fierté identitaire. La « volonté de puissance » fait écho au « conatus
» et préfigure la « persévérance dans l’Être ». Une filiation
philosophique Spinoza – Nietzsche – Heidegger permet de donner au
concept de puissance une signification qui le met en harmonie avec
l’identité. La puissance est la consolidation de l’identité, l’effort
contre l’oubli ontologique.
Il
convient de préciser la place qu’assigne Georges Feltin-Tracol à
l’Europe dans le « nouvel ordre de la Terre » considéré, non plus comme
une épure ou ne sorte d’alter-utopie, mais comme la succession
des soubresauts anti-mondialistes qui agitent la « post-modernité »,
mais en restent au stade de croquis plutôt chaotiques. Le mondialisme est une utopie selon l’étymologie ou-topos,
un « pays de nulle part (Raymond Trousson) », une construction
abstraite et universaliste faisant fi des différences « bio-culturelles
», pour reprendre un adjectif souvent et judicieusement utilisé par
l’auteur. Les grands espaces différenciés qui devront se substituer au
mondialisme seront des pyramides tendant vers l’idéal de l’eu-topos
(le lieu où l’on se sent bien), dans le cadre d’un « uni-diversalisme
(Michel Maffesoli) », au sein d’un ensemble organiciste comme le
composent le Soleil et les planètes tournant autour de lui à différentes
vitesses.
La
critique de Georges Feltin-Tracol n’épargne pas les courants qui
prétendent s’opposer au mondialisme mais qui, en raison de leurs
contradictions et en dépit de la sympathie que peuvent inspirer leurs
dirigeants, ont un effet contre-productif et sont ainsi voués à être des
« impasses intellectuelles majeures (expression employée par Rodolphe
Badinand, co-fondateur du site Europe Maxima dans son magistral
essai pour désigner la Contre-Révolution) ». Ces courants « s’exemptent
un peu trop facilement des rapports de force socio-historiques (p. 28) »
et, par-delà les qualités humaines d’un José Bové, avec « son abondante
moustache [qui] en fait un moderne Gaulois en lutte contre
l’impérialisme marchand (p. 55) », ils affichent des incohérences qui en
font des complices objectifs du mondialisme (4). « Souverainistes en
agriculture, les altermondialistes se méfient de la souveraineté
politique. Ils condamnent la circulation des capitaux tout en exigeant
l’abolition de toutes les frontières et la circulation sans contraintes
des êtres humains (p. 58). »
Autrement plus sérieuses sont les réactions comme le Brexit, l’America First
d’un Donald Trump au tempérament toutefois très imprévisible, la
volonté de la Russie et de la Turquie de redevenir sujets de l’histoire,
après la période troublée consécutive à la chute du communisme (dans le
cas de la Russie) et après la parenthèse laïcisante du kémalisme (dans
le cas de la Turquie). Soulignons au passage l’objectivité avec laquelle
évoque « le bien-fondé » de certaines institutions de pays musulmans
telles que le millet ottoman (p. 210) ou la « dyarchie
inégalitaire (p. 180) » entre le Guide suprême de la Révolution
islamique iranienne et le triumvirat (Président de la République,
Président du parlement et Chef du pouvoir judiciaire) qui dirige cette
grande nation (de souche indo-européenne et de confession chiite, il est
vrai). Quant aux pays dits « émergents », comme le Brésil, l’Inde ou la
Chine, on peut leur appliquer la remarque de Pierre Béhar citée par
l’auteur : « Plus qu’il ne leur confère de droits, leur poids leur
impose des devoirs : ceux de stabiliser l’univers politiquement et
économiquement, autrement dit d’assurer la paix et de favoriser la
prospérité (p. 214). »
La
future Europe impériale devra s’ériger en modèle, non seulement par son
aptitude à harmoniser le trinôme spiritualité – puissance – identité,
mais aussi par sa capacité « à agir en faveur des faibles et des
opprimés (Karl Haushofer, cité Ibid.)». Dès 1930, le
géopoliticien allemand notait que « la possession d’espace sur la terre »
devait donner aux puissants une conscience pour les amner à se
préoccuper de ceux que Raymond Abellio appelle les « hommes d’exécution
». En subdivisant en « exécution » et « gestion » la « fonction
productive » de Georges Dumézil, Raymond Abellio semble insister sur la
production économique (agricole ou industrielle) alors qu’il existe
aussi des producteurs culturels (artistiques, musicaux, littéraires). Un
espace plus ou moins grand de territoire va donc présenter une
multiplicité d’identités rurales et citadines, mais aussi culturelles.
Il y a par exemple une identité littéraire française et c’est le rôle
des dirigeants politiques de la mettre en valeur par un enseignement de
qualité. Ce sont donc bien les « hommes de puissance (Abellio) » qui
doivent combattre pour la préservation identitaire. La fonction directive consolide la pluralité d’identités forgées par la fonction productive.
Mais
il reste une troisième et dernière étape à franchir. C’est le rôle des «
hommes de connaissance », toujours selon la terminologie d’Abellio (fonction cognitive).
Pour faire une comparaison littéraire, les identités forgées par la
fonction productive et consolidées par la fonction directive sont
pareilles au corpus diversifié des œuvres d’un écrivain.
Fondateur de la stylistique, le critique littéraire allemand Leo Spitzer
propose de dégager l’« étymon spirituel » de l’écrivain. Analogiquement, la fonction cognitive doit se préoccuper de faire émerger l’« étymon spirituel
» européen, filigrane des identités nationales et des « mémoires
locales » (expression de Georges Feltin-Tracol dans le titre de son
deuxième ouvrage paru en 2011). La fonction cognitive se situe donc au
niveau de la « volonté continentale » et de l’imperium. C’est la « fonction souveraine » distinguée par Dumézil au sommet de la tripartition fonctionnelle des peuples indo-européens.
Plutôt
qu’un « corps mystique militant » (Dominique Venner, dont je salue par
ailleurs admirativement la mémoire), je verrais plutôt, à la tête de
l’Europe impériale, un conseil de sages chargé de réfléchir sur l’«
esprit européen » (ou le « style européen », pour rester dans la
comparaison littéraire). Une assemblée sapientielle du même type est
imaginable au faîte de la fédération mondiale des grands espaces
différenciés. Une des tâches de cette sorte de « collectif Terre »,
comme disait un jour un Africain anonyme dans une intervention
télévisuelle, serait de mettre la Tradition Primordiale à l’épreuve d’un
double comparatisme singularisant et unifiant. Cela dit, si la
structure conçue par Dominique Venner se situe « en marge de la sphère
proprement politique » et se veut « formatrice d’une nouvelle classe
dirigeante (p. 10) », c’est parce que la fonction directive des « hommes
de puissance » s’est coupée depuis longtemps de toute référence
spirituelle. Même si l’idée de Tradition primordiale peut faire l’objet
d’un débat, le dernier mot à rené Guénon à travers le thème fondamental
de la révolte des kshatriyas. Celle-ci n’est pas une simple
insurrection de « guerriers » contre des « prêtres » ou des « clercs ».
C’est l’affirmation de l’autonomie de la substance (ce qui se tient
en-dessous) figurée par les « eaux » de la Genèse biblique sur lesquelles plane le « Principe » (arché, erronément traduit par « commencement »).
C’est
pourquoi Georges Feltin-Tracol nous invite à nous dresser contre un
monde globalisé caractérisé par sa « liquidité (Zygmunt Bauman, cité p.
190) ». L’Europe, pas le Monde convie les Européens à rompre
avec cet « univers chaotique de fluidités tempétueuses (p. 4) ». À
l’heure où de nombreux analystes déplorent une montée des « radicalités »
politiques et religieuses, c’est la refondation principielle de l’Europe que nous propose ce remarquable ouvrage.
Daniel Cologne
Notes
1 : Georges Feltin-Tracol, L’Europe, pas le Monde. Un appel à la lucidité, les Éditions du Lore, 2017, 224 p., 25 €. Les citations suivies d’un numéro de page sont extraites de ce livre.
2 : La Bible comporte deux récits distincts relatifs à la Genèse. Le second peut faire penser à une « création », bien que le titre du Premier livre soit Genesis (le devenir) et non Poiesis (la création). Mais le premier, qui recouvre les 34 versets initiaux, fait plutôt penser à une conception.
Sa litanie « Il y eut un soir, il y eut un matin » indique une priorité
accordée à l’Hémisphère boréal du « jour », qui ne doit dès lors pas
être pris dans son sens littéral, mais comme une sorte de « structure
absolue » telle que l’a recherchée Raymond Abellio.
3
: À propos des « formations politiques régionalistes », l’auteur pense
qu’elles « nuisent à l’idée européenne en réalisant une fragmentation
d’une éventuelle puissance continentale (p. 17) ». Il s’interroge sur «
le poids géopolitique » qu’aurait par exemple une République
indépendante de Catalogne face à des blocs comme les États-Unis, la
Chine, la Russie ou un grand Califat islamique. Cependant, il écrit un
peu plus loin : « Les régionalismes et les autonomismes sont légitimes
et ont toute leur place dans le cadre impérial à venir. » Il faut donc
distinguer les indépendantismes actuels contre-productifs et les autonomismes
futurs voués à fleurir dans l’Europe de demain en même temps que
l’échelon intermédiaire des nations fortes. Pour reprendre une belle
image de l’écrivain belge Sander Perron, l’Europe est une gerbe
rassemblant les bouquets nationaux colorés par les fleurs régionales.
4
: On peut en dire autant de l’écologisme auquel « il manque […] la clef
de voûte des identités bioculturelles ». Pourtant, l’auteur considère
qu’« une écologie bien pensée pourrait assurer à l’Europe une
autosuffisance énergétique et alimentaire, les deux priorités pour
l’indépendance véritable des Européens (p. 29) ».