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lundi 15 janvier 2018

Pourquoi rénover une chapelle aujourd'hui ?


Rédigé par Robert Mestellan, propos recueillis par Odon de Cacqueray le  dans Culture
Pourquoi rénover une chapelle aujourd'hui ?
Il y a quelques années, Robert Mestelan et sa femme acceptent le défi de la rénovation d'une chapelle dans le sud. Ils ont redonné à la sueur de leurs fronts et grâce à l'aide de toute une communauté, son éclat à ce qui n'était plus qu'une ruine menacée de destruction. Alors qu'il ne reste plus qu'un an de chantier, Robert Mestelan présente les origines et la réalisation de ce projet hors du commun. 

Comment est né le projet de restauration de la Chapelle Saint-Hilaire ?
Il y a à peu près sept ans, le paysan propriétaire de cette chapelle était harcelé par les Monuments historiques l’avertissant qu'il était responsable de cette chapelle qui tombait en ruine, et que si une pierre tombait sur un passant, il serait tenu pour responsable.
Il a donc eu envie de s'en séparer, il a même pensé monter avec son tracteur pour la démolir. Il a finalement décidé de la donner au monastère du Barroux, ce monastère qui représente une stabilité est une durée dans le temps. Il a donc donné la chapelle à dom Louis-Marie.

Dom Louis-Marie nous a contactés, nous disant qu'il n'avait pas les moyens de s'en occuper, il nous a demandé si nous pouvions en faire quelque chose. C'était en 2006. À la suite de nombreux pèlerinage, nous avions constitué la Route de l'Europe chrétienne qui bâtissait des oratoires dans toute l’Europe. Bâtir des oratoires ce n’est pas grand-chose, mais là il s'agissait d'une totale reconstruction, la chapelle étant alors complètement en ruine. Elle était envahie par les broussailles, des arbres avaient poussé à l'intérieur, de 5 ou 6 mètres de haut déjà. Les Monuments historiques l’estimaient déjà perdue. Ils s'en désintéressaient complètement. 
Comme saint François d'Assise à San Damiano, nous avons vu ici l'appel du Christ à reconstruire le toit de son église. Nous avons réussi à réunir toute une équipe de bénévoles décidés à rendre à ces pierres leur vocation initiale, être une maison de Dieu. Il y a eu un gros travail de défrichage au début, bien aidé par les scouts du Barroux et d’autres groupes de jeunes. 
La Providence a voulu que nous rencontrions rapidement un tailleur de pierre, Marc, 20 ans de métier, avec un copain Cyril, qui nous a dit se sentir apte à rénover cette chapelle, les bénévoles remplissant les tâches qui ne demandent pas de compétences particulières.
Nous travaillons comme cela depuis maintenant cinq ans, et nous sommes arrivés à la phase finale. Il ne reste plus qu'une année d’efforts, il s’agit de couvrir la nef. Nous espérons qu’à la fin de l'année 2019, nous pourrons dire la messe de minuit à l'intérieur de la chapelle.

Où est située la Chapelle Saint-Hilaire ?
Celle-ci est située au-dessus de Beaumes de Venise, à l'entrée de ce qu'on appelle le massif des Dentelles de Montmirail. Une partie très belle où il y a des feuilles de pierre qui se dressent vers le ciel. La chapelle occupe un site très ancien. D’après le curé de Beaumes de Venise, qui a écrit la première monographie en 1888, elle daterait du VIe siècle. Nous, nous pensons qu'elle est peut-être même plus ancienne, puisque l’autel très caractéristique qui a été mis de côté, et que nous pouvons voir actuellement dans l’église du village de Beaumes, ressemble aux autels que nous avons pu voir à Maaloula en Syrie. Le prêtre qui nous accompagnait alors, y avait vu une preuve de l'ancienneté de notre chapelle, sachant que ces autels ont été remplacés à partir du concile de Nicée, en 325.
La chapelle se trouve sur une colline, à 325 m de haut. Elle fait face à la plaine du Comtat, on peut apercevoir Carpentras ainsi que le massif des Dentelles de Montmirail et le massif du Ventoux. Un très beau site donc, qui a toujours été parcouru par les amoureux de la nature et tous ceux qui cherchaient à découvrir la Provence.

Quels ont été vos moyens humains et financiers dans la restauration de la chapelle ?
Comme tous ceux qui se lancent dans des gros travaux de rénovation, j'ai commencé par casser ma tirelire, celle-ci étant vite épuisée. J'ai donc fait appel à de nombreux mécènes. J'ai été aidé particulièrement par « Sauvegarde de l’art français », « Vieilles Maisons Françaises », une entreprise locale : les Ciments Lafarge, nous a dépanné en chaux. Au fur et à mesure des avancées, nous avons vu l'intérêt des gens, nous avons créé l'association et aujourd'hui nous sommes plus de 600. Mon objectif est d'intéresser la Provence, mais également toute la France en lui indiquant que rénover une chapelle, à l'époque que nous traversons, c'est l'image de la rénovation de notre pays, qu’il faut également réaliser.

La chapelle est située sur un chemin de randonnée, il y a beaucoup d'étrangers qui le fréquentent. Cette chapelle est donc connue aujourd'hui hors des limites étroites de la Provence. Parmi les personnes qui ont aidé à la rénovation, il y a de simples passants. En effet, quand au début nous avions beaucoup de souches à enlever, et que mon épouse et moi n'y arrivions pas, nous demandions un coup de main aux randonneurs qui nous aidaient avec grand plaisir.

Pourquoi avoir appelé cette chapelle Saint Hilaire ?
Nous sommes au débouché du Rhône, à l'endroit d'où venaient toutes les invasions, et en particulier l'invasion wisigothe qui transportait avec elle l’hérésie aryenne. Tout le sud de la France a été touché par cette hérésie, le seul qui ait tenu le coup était alors l'évêque de Poitiers, saint Hilaire. Nous pensons qu'aujourd'hui saint Hilaire nous aide à résister à toutes les nouvelles hérésies.
Nous souhaitons que cette chapelle devienne à terme une église dans laquelle la messe soit célébrée fréquemment. Il y a déjà une veillée de Noël sur place. Avec une crèche vivante. Cette année nous avons réitéré l'opération, à la différence que nous avons demandé aux personnes qui devaient venir de s’habiller en provençal, afin de privilégier la culture régionale.
Lors de la Semaine sainte nous organisons un chemin de croix. Nous voyons dans tous ces évènements religieux un moyen de poursuivre l'évangélisation, de tous les curieux et autres passants qui nous rejoignent.
Nous avons souhaité l'aide de saint Joseph dès le début et nous avons construit un oratoire à cette intention.

Il faut ajouter que notre projet est sur la plateforme participative de Dartagnans1 encore jusqu'au 28 janvier 2018.